after dark -- nora

personne n'aime night falls. personne n'aime vivre dans le poumon pourri de crescent heights, la tête noyée dans les poussières carmines. wade s'estime plus ou moins chanceux, presque en sécurité en habitant tout près de la frontière qui mène à highland village. il pourrait s'en aller n'importe quand pour y habiter, mais l'idée ne lui frôle jamais trop longtemps l'esprit. les obscurités sont plus rapides; elles attrapent sa main et lui brisent les phalanges, lui rappelant qu'il ne mérite certainement pas une place sous les chaleurs des néons. alors il ne s'attarde pas trop sur le ciel. c'est night falls et rien d'autre. et même si wade déteste y vivre, il s'est toujours mêlés aux ombres les plus agitées. il avait les capacités de s'assurer qu'on ne le retrouve pas mort dans la rue voisine un jour.

son coeur se serait étouffé tout seul. enfermé dans son appartement, son prédateur le plus redoutable n'était que lui même. les nuits n'avaient plus rien de menaçant, les étoiles moqueuses non plus. c'était lui face à la vitre, le dos déchiré par les quelques souvenirs qui lui rongent constamment la chair. et le silence, toujours ce même silence dans lequel wade se libérait. les alarmes naissantes dans le quartier, les bruits soudains et les voix levées. il n'y faisait plus attention, favorisant les regards de glace aux mots brûlants.

c'était lui qui implantait l'idée qu'il fallait mieux agir avant tout. quand il apprend à des plus jeunes à déchirer des sacs de frappe, il se reflète dans la violence. comme il l'a toujours fait d'ailleurs, à s'évader dans les rages rouges. ça lui prenait souvent la tête, de quoi perturber son sommeil extrêmement léger. il se retrouvait encore et toujours à la fenêtre, à se projeter dans le vide. il enfila un t-shirt blanc et un jogging noir, s'échappant de la chambre avant de se faire surprendre par le soleil levant. ses yeux s'arrêtèrent sur le canapé qu'il trouva occupé par une présence que trop familière. wade soupira bruyamment et frappa le canapé de la paume de sa main, de quoi légèrement le secouer pour réveiller la jeune femme. « debout. » grogna t-il de façon neutre en se dirigeant vers une cafetière. « t'as rien à faire ici. » c'était loin d'être la première fois qu'elle ne l'écoutait pas. et pourtant, ça ne le froissait pas tant que ça. juste de quoi froncer les sourcils, marmonner un peu. si nora le dérangeait tant que ça, il ne lui aurait jamais laissé l'accès à son appartement un jour. mais c'était plus facile de cracher la colère que de lui offrir une étreinte.