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 Run boy, run. (Andrea)

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MessageSujet: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyVen 27 Oct - 10:53

Run, boy, run.
Andrea,
Bo.


Les cercueils ne sont jamais fermés, dans les rites funéraires juifs. Certaines personnes demandent même à ne pas être enterrées entre quatre planches de bois, mais simplement dans un drap blanc. De cette façon, les esprits peuvent s’échapper des prisons de chair, les esprits peuvent partir veiller sur les êtres chers, les esprits peuvent revenir à la maison. Bo, il aime à imaginer le regard réprobateur de babushka, alors qu’il s’allume une cigarette, adossé à sa voiture, devant les Bucharan. Il s’imagine sa babushka, flotter au-dessus de lui, gardant le silence, lui reprochant d’un regard noir de se tuer à petit feu. Mieux vaut boire de la vodka, pour ça, qu’elle lui disait de son vivant, sortant une bouteille de nul part comme un magicien fait apparaître une pièce de monnaie entre ses doigts. Il aime se dire qu’elle est toujours là, à le protéger, à le surveiller, à lui montrer le bon chemin. Il sourit, Bo, il sourit parce que babushka aurait tenté de lui gifler le derrière de la tête. Babushka, elle lui aurait dit que ce ne sont que des balivernes, une fois mort, on est mort, il n’y a rien après, simplement l’espoir d’un monde meilleur. Elle lui aurait qu’il n’a plus besoin d’elle. Qu’il est grand. Que c’est un homme, et qu’il doit toujours garder la tête haute. Il sourit, Bo, mais c’est un sourire d’apparat, parce que babushka, elle lui manque terriblement, et il a beau essayer de garder prisonnières ses larmes, elles brisent toute entrave une fois la nuit tombée, une fois Bo replié dans la solitude de ses draps. Il profite de quelques instants pour souffler. Il vient de s’occuper de sa patiente préférée. Mme Bucharan. Sur  plusieurs points, elle ressemble à sa grand-mère. Elle a une autorité naturelle. Elle a cette force qu'ont toutes les matriarches, qu'elles soient russes ou italiennes. Mme Bucharan, celle pour qui il est prêt à ranger sa blouse d'infirmier pour devenir homme à tout faire l'instant de quelques minutes. Une ampoule à changer. De l'eau à faire chauffer. Il ne peut rien lui refuser, et elle le sait. C'est ce qui pourrait faire d'elle la plus dangereuse des Bucharan. Mais le danger est ailleurs. Le danger, il vient avec le bruit du moteur d'une voiture de sport. Quelle douce mélodie, que ce moteur. Le danger, il vient après le claquement de cette portière, ce claquement qu'il reconnaîtrait parmi tant d'autres. Le danger, il porte un prénom aux accents chaleureux, aux accents entêtants. Le danger, il s'appelle Andrea, et c'est peut-être un peu pour lui, qu'il est là, à fumer une cigarette devant la résidence de Bucharan, à fumer cette cigarette avec une lenteur étonnante, afin de s'offrir quelques secondes du bel italien qui colonise ses pensées si troublées. Il sourit, il sourit car il se sait idiot. Idiot, à jouer ce petit jeu, idiot, à perdre son temps. Idiot. Il regarde sa cigarette se consumer. Une dernière fois, il remplit ses poumons, contemple le tabac partir en cendres, et son sourire disparaît dans un écran de fumée qui s'échappe de ses lèvres entrouvertes.
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyDim 29 Oct - 1:19

Il avait pris l'habitude de leur rendre visite plusieurs fois dans la semaine, s'arrachant à ses activités, s'arrachant au bitume sale et recouvert par les mégots des cigarettes, foulé par les talons hauts et les semelles des baskets des quartiers Sud. Ici, on aurait pu entendre le ronronnement d'un chat à des mètres à la ronde. Le calme laissait entrevoir des espoirs d'harmonie, une certaine civilité qui ne le troublait plus dès qu'il y posait un pied. Il n'avait jamais vécu dans un tel endroit, Andrea, et se refusait encore à y vivre. Il était né dans les quartiers agités de Brooklyn et, quand, adolescent, sa mère avait fait leurs valises pour Crescent, c'était dans le Sud sauvage qu'il s'était vu grandir, et qu'il vivait toujours. C'était plus son truc ; dans un lieu trop aseptisé, il se serait fait l'impression d'être un imposteur, marchant dans un inconnu dont il ne possédait aucun repère. De cette belle maison, il n'en voulait pas. Il la réservait à elles, à ces deux femmes qui imprégnaient son cœur de leur douceur et de leur rudesse, d'un amour parfois vache. Ce qu'il possédait de plus précieux, avant l'argent, avant cette crainte qu'il aimait voir briller dans les rétines qui croisaient les siennes, avant son club et ses filles. Son autre famille qui ne connaissait pas cette rue, pas ces allées fleuries, pas ces quatre murs devant lesquels il gara sa voiture de sport. Il en sortit, repéra rapidement la silhouette de Boris, et son cœur se serra douloureusement. Il ne souriait pas, Andrea, pas encore. Il prit le temps de dégager une cigarette de son paquet, de la coincer au coin de ses lèvres avant de faire mourir la distance qui le séparait du jeune homme. A sa hauteur, il laissa enfin naître un sourire fin sur ses lèvres, se penchant légèrement vers le garçon. « tu as du feu, piccolo ? » il arqua un sourcil, ses yeux croisant les siens et s'y accrochant. Si Andrea pouvait diriger un empire, il se trouvait, là, comme un simple paysan ; incapable d'agir devant cet air si innocent, cette joie presque insolente dont faisait toujours preuve le garçon. Il y avait quelque chose, dans son visage, qui noyait son cœur dans des sentiments nouveaux. Il n'y avait pas de place pour l'amour chez Andrea Bacharan. Sa mère l'avait souvent prévenu qu'un homme ne pouvait emprunter tous les chemins que réserve une vie ; jamais en même temps, jamais avec empressement. Tu es fait pour le succès et l'argent, disait-elle, alors oublie l'amour car tu deviendrais faible Andrea, tu exposerais ton cœur à tout le monde, et certains viendraient le piétiner. Tu es un sensible, mon fils, continuait-elle, le genre d'homme qui brûlerait Rome pour les yeux de l'être aimé ; ne fais pas cette erreur, à moins d'être certain que le reste ne te manquerait pas. Il n'y avait pas de place pour l'amour chez Andrea Bacharan ; il connaissait la baise anonyme, les souffles mélangés, saccadés de corps qui se mêlent, qui s'embrassent et s'embrasent, s'épousent et se rejettent. Il avait connu trop de corps pour pouvoir tous les nommer, trop de femmes aux cheveux de miels qui venaient chatouiller son visage, trop de mains qui retraçaient les courbes de son torse, et le carré de sa mâchoire. Mais les sentiments, non. Bo lui faisait l'effet d'un vertige. Il le voulait, il le désirait, mais s'interdisait un seul pas vers lui. Ça ne marchait pas comme ça, dans son monde à lui. « tu aurais pu prendre quelques jours de plus. Nanna n'y aurait rien eu à redire. »
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyDim 29 Oct - 7:46

Quelques secondes de plus. Il s’adjuge quelques secondes de plus, à regarder brûler le mégot de sa cigarette entre ses doigts, à regarder les fébriles braises s’étouffer, à contempler le cadavre voleter dans les airs lorsqu’il s’en débarrasse enfin. Il s’apprête à tourner les talons lorsque la libération arrive. Lorsque les notes résonnent au loin et se font de plus en plus proches. La musicalité ne fait aucun doute. Elle emballe son cœur qui se mettrait à battre en rythme si le choix lui était donné, elle enchante son sourire, qui s’impose en maître sur son visage, bien qu’il essaye de le dompter, et à défaut, de l’atténuer. Bo a attendu depuis l’enterrement de babushka pour le revoir, même s’il s’agit de l’entrevoir, de l’apercevoir, sans échanger de mots, sans croiser son regard. Andrea. Andrea. Une musicalité aussi belle que celle du moteur de sa voiture, qui s’engage dans la cour de la maison. Il ne sait pas combien de temps il a patienté, là, à tuer le temps, à s’arroger le plaisir d’espérer, à se languir d’une vision qui est la seule à calmer le flot de ses pensées. Il ne le quitte plus, Andrea, depuis quelques jours, depuis qu’il l’a aperçu sous ce ciel gris, ce ciel si pesant qui a accompagné les derniers instants de babushka sur la terre. Andrea ne le quitte plus, apparaissant lorsque ses paupières se ferment, apparaissant lorsque le sommeil l’emporte, apparaissant à l’improviste, la plupart du temps. Andrea ne le sait pas. Et c’est peut-être ce qu’il lui plait le plus, Bo. L’adorer telle une idole dans la plus grande clandestinité. L’admirer. Le vénérer. Sans que l’objet de l’obsession n’en ait la moindre idée. Il ne s’attendait pas à le voir, ce fameux jour. Peut-être que sa nanna le lui a demandé. Peut-être a-t-il écouté son libre arbitre. Pour faire preuve de politesse. De gentillesse. Qu’importe, en fin de compte. Il était là, et Bo le lui sera reconnaissant, en silence, jusqu’à la fin de ses jours, s’il le faut. Il s’adosse à la carrosserie de sa voiture, et sourit. C’est ce qu’il fait de mieux. Un sourire peut enchanter, un sourire peut apaiser. Un sourire peut berner. Mais celui de Bo brûle d’une passion qui le dépasse, et lorsque Andrea est à sa portée, lorsqu’un sourire se dessine sur ses lèvres, quoique timide. Bo se retrouve là, sans arme, sans retraite, à la merci des frissons qui s’emparent de lui. Il a quatorze ans à nouveau, nu, devant un corps étranger, prêt à s’offrir pour la première fois à l’inconnu. Il le déteste pour cela. Il le déteste. Babushka aurait plongé son visage dans ses mains, et aurait prié Dieu pour que son petit-fils retrouve ses sens. … « tu as du feu, piccolo ? »  … Il en a, du feu. Dans ses entrailles, dans le creux de ses reins, entre ses mains, dans son cœur. Tout finira un jour en cendres, sur lesquelles ses démons danseront en chantant qu’il avait été prévenu. Мне не нравится ваш итальянец! Bo sort un briquet de sa poche et le tend à Andrea. … « tu aurais pu prendre quelques jours de plus. Nanna n'y aurait rien eu à redire. » … Il sourit, à nouveau, bien que ce sourire se fond dans le précédent, et qu’il ne sera pas plus différent que le prochain. Lire dans le jeu de ses lèvres n’est pas donné à tout le monde. Sa mama peut faire la différence. Sa babushka pouvait le faire. Il sourit, simplement, baisse les yeux un instant, puis balaie les mots d’Andrea en secouant légèrement la tête. « Non … j’ai besoin de travailler. Ça me change les idées ». En vrai, il aimerait pourquoi rester avec sa mama, quelques temps, pour essuyer ses larmes qui ne cessent de couler. Pour calmer ses nerfs qui craquent lorsqu’elle oublie et qu’elle appelle babushka pour le thé. Mais il ne peut pas, il ne peut pas se permettre de louper une journée de travail. Il lève la tête, à nouveau, mélange son regard à celui d’Andrea. Une vague de chaleur l’emporte, comme à chaque fois. Une tire une cigarette de son paquet. Une cigarette, pour partager quelques minutes avec lui. « Je voulais te remercier. Pour l’enterrement. D’être venu à l’enterrement. » Il arque un sourcil, mimant Andrea, l’invitant à lui rendre sa flamme, pour allumer sa cigarette qu’il capture entre ses lèvres.
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyJeu 2 Nov - 2:35

La rage au ventre il connaît, Andrea. Ce truc qui brûle et vous fait marcher comme un lion au milieu des loups. Ce truc qui fige un sourire carnassier sur ses lèvres quand il se grille une cigarette aux abords de son club. Il cueille la nuit plus qu'il n'a jamais cueilli le jour, dans les boom boom sonores des basses du club, les épaules taillées dans l'acier, qui semblent détendues et pourtant ne le sont jamais. Parce qu'un roi n'a qu'une peur en tête, le jour où on le décapitera pour prendre sa couronne. Il le sait, il n'est pas fou Andrea. C'est un monde sale et risqué, un champ de mine où le moindre faux pas pourrait être votre dernier pas. C'est un monde où, même sans mine, la lame n'est jamais loin. Il n'a pas peur, pourtant. Il connaît les risques et les a acceptés il y a bien des années. Il l'aime, cette adrénaline qui roule dans ses veines, demande à son cœur toujours plus d'effort pour en pomper le sang. Il l'aime ce monde, son monde. Andrea connaît la rage au ventre, celle qui brûle comme des cendres rougeoyantes. Mais, ce qu'il ne connaissait pas, c'est « ça ». Il ne parvient même pas à le décrire. Il ne parvient même pas à mettre un mot sur ce nouveau sang, si différent, qui pulse quand le sourire de Bo éclaire son visage et se reflète sur le sien. Il a la peur au ventre, ouais, l'angoisse d'être découvert, l'angoisse de ne pas savoir, ou de peut être comprendre qu'il se ment à lui même. Il y a le désir, et plus encore. Il y a ces picotements, dans les mains, dans les doigts. L'impression que le souffle vous manque tout en sachant que jamais vous n'avez aussi bien respiré, que jamais vous n'aviez réussi à capter tous ces détails, toutes ces couleurs, toutes ces odeurs qu'en la présence de l'autre. C'est un truc pour les fous, un truc pour les autres, et peut être qu'ils sont tous dingues, les autres, de s'y adonner, de s'y abandonner, à ce truc inexplicable, à ce truc inexpliqué. L'amour, il ne veut pas en entendre parler, ne veut pas se le murmurer. On aime pas comme ça, on aime pas juste pour un sourire, juste pour une voix, juste pour l'innocence et cet éclat dans les yeux. L'amour c'est pour les autres, c'est pour les fous. Pas pour lui, Andrea Bacharan. Et pourtant, il se trouve là, penché sur la flamme d'un briquet, avec un sourire qui ne veut pas le lâcher. Il se redresse, pose son coude sur le toit de sa bagnole, sa clope près de son oreille. « ça te change les idées, ou ça t'assomme ? ». son sourire s'étend un peu plus, sur le côté, malin. « il y a d'autres manières, de se changer les idées. » Est ce que Bo le voit, son trouble ? Non, impossible. Même sa propre mère ne remarque rien. Il se montre charmant et sur de lui, comme toujours. Alors qu'il dégringole, qu'il a la face à terre, quand Bo Boykov le regarde. Il laisse passer les paroles de Bo, chasse ses remerciements d'un mouvement de poignet, la fumée grisâtre de la clope dansant dans le mouvement. « Nanna, elle m'a menacé d'organiser mon propre enterrement si je ne faisais pas une apparition. » il tire une latte sur sa clope, recrache une ligne de fumée en direction du bitume. « je ne l'aurais pas manqué, de toute façon. Menaces ou non. » il laisse passer un silence, son regard retrace les angles de celui de Bo. « tu voulais te changer les idées, non ? Alors cesse de parler des morts et parle des vivants. » il approche la main et son cœur se serre. Ses doigts pincent légèrement sa joue, rapidement, comme on le ferait là-bas, au pays, avec un ami ou un frère. Il a la peau douce, Bo. C'est la première fois qu'il le remarque.
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyDim 5 Nov - 5:56

Quand il se met à sourire, la lumière change. Les couleurs se réchauffent. Bo, il se soulève, et il sent son cœur se serrer, tenailler entre le bonheur d'être le témoin d'un si beau spectacle et la douleur d'avoir à se dire que jamais il ne pourra poser ses mains sur lui. Jamais il ne pourra qu'un avec lui. Jamais il ne pourra partager l'extase d'un moment intime. Jamais ils ne pourront. Alors Bo, il se contente de sourire. Un sourire ardent qui lui brûle les lèvres. Derrière elles, des mots veulent se faire entendre. Des mots embrasés. Engagés. Enragés. Son cœur tente de lui crier qu'il ne veut battre que pour lui. Qu'il ne veut qu'un maître, lui. Mais Bo le censure, alors c'est peut-être pour cela que son palpitant pulse plus vite que d'habitude, pour crier sa frustration. Pour crier sa peine. Pour appeler le cœur de l'italien et lui demander de battre en rythme avec lui. Bo, il tente de cacher ces émotions derrière des lèvres closes, étendues en un sourire innocent. Il ne peut rien faire. Andrea appartient à un monde qui ne sera jamais le sien. Andrea est inaccessible. C'est cette pierre brute, si précieuse que l'on recouvre d'un dôme en cristal. Bo ne cherche même pas à le soulever. Il sait qu'il n'y trouvera rien qui satisfasse ses envies. Ses désirs nocturnes. Il connaît le prix à payer. Des longues journées à ne penser qu'à Andrea. Des nuits à ne rêver que de lui. La silhouette d'Andrea, omniprésente autour de lui, et des papillons qui s'emballent à chaque mirage, pour s'évaporer et ne laisser qu'un goût amer derrière eux. Bo, il s'est laissé ensorcelé. Bo, il regarde son geôlier avec un air presque nostalgique. Il sait qu'il devra trouver un remède à cette obsession. En en trouvant une autre, à défaut de pouvoir se laisser corrompre par celle-ci. En adoptant un chat, qu'il pense, et Bo réprime un rictus.
Il prend une grande respiration pour reprendre le contrôle sur lui, écarquillant les yeux en écoutant les paroles de l'italien. Dans un premier temps, il se contente de sourire, de baisser les yeux et de se concentrer sur le bout de sa cigarette. Il fronce les sourcils. Andrea, il a visé juste, mais Bo ne sait pas vraiment quoi ressentir. Il aurait préféré que ce soit une autre personne qui lui disent ces mots. Qui le confronte à la vérité. Parce qu'il ne pourra pas aller dans les détails avec lui. Parce que Andrea est son employeur et pas son ami. Pas son amant. Parce que Andrea il se contente d'être poli, non ? Peut-être que la nanna lui a dit d'être gentil avec Boris, de lui dire quelques mots, quand l'occasion se présentera. Peut-être que cette cigarette échangée n'a rien d'improvisé. Peut-être que tout était déjà écrit d'avance, comme ces mots qui viennent d'être prononcés.
Bo relève la tête. Dans son cœur, Bo lui conjure de ne pas être là parce qu'il en a été forcé. Il prie Dieu qu'Andrea soit là, à côté de lui, parce qu'il le veut. Parce qu'il l'a décidé. Il prie pour que ce moment soit sincère, Bo. Il aligne les mots de sa réponse dans sa tête, et quand il est prêt à lui répondre, la foudre s'abat. Elle le transperce, il ressent la douleur vive et soudaine sur sa joue. Là où les doigts d'Andrea viennent de déposer leurs empreintes magiques. Bo, il est condamné. Condamné à repenser à ce geste si anodin pour Andrea, sans doute, mais si précieux pour lui. Sa main se pose sur sa joue, et pendant quelques secondes, il caresse l'endroit où Andrea venait de commettre son crime. Il se sent rougir, Bo. Il est soulevé par une force mystérieuse qui le fait flotter. Il est gêné, Bo, alors la caresse se transforme en frottement, et le trouble sur son visage se mue en une expression de douleur improvisée, puis en un sourire amusé. Il n'a aucune idée, Andrea, qu'avec ce simple geste il vient de le plonger dans une atroce souffrance. Il sait qu'il va ressentir pendant des jours, sans s'y attendre, cette douleur si extasiante qu'il vient de lui offrir. Il n'y a rien de plus beau en ce moment que ce pincement. Il n'y a rien de plus fort. Il n'y a rien de comparable. Bo essaie de sauver les apparences en tirant longuement sur sa cigarette. Il laisse la fumée dans ses poumons jusqu'à en être étourdi, puis la recrache en faisant tomber sa tête en arrière. Et là, en plongeant son regard dans celui d'Andrea, il souffle : « T'as raison » [mais c'est dur, tu sais ?]. « T'as entièrement raison ... » [et si tu m'aidais ?]. Il jette sa cigarette et plonge ses mains dans sa poche, l'épaule posée sur sa voiture. « Je vais prendre des vacances. Je vais aller ... en Italie, tiens », sourire malin, « voir si les femmes sont aussi belles qu'on le dit » [ne m'écoute pas, parce qu'en ce moment y a que toi qui importe, mais ça, je ne peux pas te l'avouer, hein ?]. « M'intéresser aux vivants », qu'il dit, Bo, en écho au bel italien. Un rictus s'empare de lui. « Si seulement c'était aussi facile que ça ! ». Il soupire, tue l'envie de griller une nouvelle cigarette et regarde à nouveau Andrea en se redressant. Il l'observe et l'interroge d'un regard. Il le jauge. Il sent son cœur s'affoler et lui supplier de ne pas faire ce qu'il compte faire. Bo il prend une grande respiration. Il essaie de prendre un air détaché. Presque désinvolte. « Si un jour t'as du temps à perdre, je t'invite à boire un verre. Pour te remercier d'être venu. Et pour te remercier de me faire confiance avec ta famille. Si t'as envie ... ». Bo s'embrase. Il met la main sur son torse et mime de se gratter. En réalité, il essaie de sentir si son cœur ne s'est pas arrêté, tout en se maudissant d'avoir prononcé cette invitation. Mais Bo il est sûr d'une chose : y a qu'un remède à son mal. Andrea.
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyDim 5 Nov - 10:41

Qu'est-ce que j'ai à t'offrir ? a-t-il envie de lui demander à chaque fois que ses yeux l'observent, courent le long de son dos, scrutent sa nuque, guettent ses regards et ses sourires. Qu'est-ce que j'ai à t'offrir Bo Boykov ? La vérité lui tord le ventre. Quelques étreintes, des baisers à vous en étourdir et à vous en rendre les lèvres sèches, une part de cette fameuse dolce vita, de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, une maison et ses meubles comme il en avait acheté une aux deux femmes de sa vie, une voiture peut-être, tous les trésors, tous les cadeaux dont le russe aurait pu rêver. Mais, être avec lui, il le savait, c'était ouvrir une boîte de Pandore qui, elle, n'avait rien de mythologique, faisait couler le sang plus qu'il n'aurait fait couler l'encre des grecs. Si Bo avait pris sa main, il l'aurait entraîné, tôt ou tard, dans un endroit qui lui aurait ravi sa jeunesse, ravi son innocence, cette naïveté et cet éclat qui brillait sans cesse dans ses prunelles. Cet éclat qui y brillait toujours, avec timidité, après que sa babushka s'en fut allée briller parmi les étoiles. Andrea, parfois, laissait son esprit vagabonder, se laissait aller aux hypothèses, aux théories farfelues qui tenaient plus du fantasme que des rêves. Car les rêves, on court après, on cherche à les réaliser, à les atteindre, à les voir prendre vie devant nos yeux ; tandis que les fantasmes restent les secrets bien cachés, ceux que l'on se plait à garder près de soi, qui nous font trembler les mains, serrer les doigts et les mâchoires à l'idée de les vivre un jour. Si on les vivait, les fantasmes, nos cœurs battraient vite, trop vite, au point d'éclater, pas vrai ? Alors il imagine, Andrea. Il imagine un Bo à lui, un Bo qui ne respirerait que pour lui, qui ne sourirait qu'à lui, qui enverrait valser les autres pour devenir sien. Un Bo qui se tiendrait devant cette maison et passerait ses doigts sur sa nuque, le regarderait droit dans les yeux, lui parlerait avec franchise, sans contours, sans angles. Puis, quand les rêves et les fantasmes se taisaient enfin, la réalité reprenait ses droits. La réalité pleine de carcasses, se moquant bien des cœurs et des espoirs qu'elle ensevelissait en un claquement de doigt. Bo, si tu me connaissais vraiment gamin, tu ne m'aimerais pas, pense-t-il. Si tu me connaissais vraiment, ton sourire se casserait la gueule. Comme le mien, là, quand tu me parles de femmes, des sirènes aux cheveux noirs et aux yeux d'ébène. Il devient plus aigre, son sourire. « si elles étaient si belles, il n'y aurait plus aucun homme ici. » Il tire une dernière latte sur sa cigarette. En fait tomber le mégot par terre, qu'il écrase de la pointe de sa chaussure. Il reste interdit, après les paroles de Bo, après son geste et ses doigts qui semblent encore le brûler. Puis son sourire revient, et il se remet à bouger, il se remet à parler, à gesticuler, de ces mains qui discutent aussi bien que peuvent le faire les mots, les traces de Naples. Il frappe le toit de sa bagnole, la contourne pour en ouvrir la porte. « maintenant » il lance. Un coup d'oeil vers Bo, un coup d'oeil vers la maison. « elle s'en sortira sans toi. » il arque un sourcil. « moi, pas sûr. » ça passerait pour une blague, avec cette voix chantante. « allez Boykov, emmerde un peu le devoir. Avec ou sans toi, j'irai boire un verre. Tu ne serais pas assez cruel pour me planter devant ma propre maison ? »
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MessageSujet: Re: Run boy, run. (Andrea)   Run boy, run. (Andrea) EmptyLun 6 Nov - 3:31

Bo pensait que son cœur s’était arrêté de battre, brusquement, sous l’onde de choc de l’invitation qu’il venait de formuler en essayant de paraître détendu, détaché ; en essayant d’être le plus désinvolte possible, de n’être qu’un mec qui propose un verre à un autre mec, sans plus, deux buddies et de la bière, point. Mais son cœur, lui, il a déchiffré le message crypté. C’est un rencard, c’est un putain de rencard déguisé comme Bo a pu le faire, en prétextant vouloir le remercier de sa gentillesse, de sa politesse, de sa bienveillance. Mais Bo, il n’en a rien à faire, de ça ; ce qu’il veut, c’est une toute autre ivresse, c’est la communion de leurs deux corps, de leurs deux êtres, l’espace d’un moment, d’un instant, il veut Andrea entre ses bras, entre ses jambes, il veut ses lèvres contre les siennes, il le veut, rien qu’à lui. Il le veut depuis qu’il l’a rencontré, là, sur le perron de cette maison ; Bo, il avait senti cette vague de chaleur le submerger, l’électriser. La beauté de l’italien, le sourire de l’italien, sa démarche, sa prestance. Une poignée de main avait suffi pour sceller son sort : Bo, il s’est condamné, condamné à rêver d’Andrea, condamné à ressentir son parfum, condamné à ressentir la force de sa main serrant la sienne, condamné à l’obsession, vaine et futile. Ne pozvolyayte sebe ubayukivat' illyuziyami. Ne pozvolyayte sebe potreblyat' to, chego u vas nikogda ne budet, Bo. Babushka. Des mots gravés dans sa mémoire, que son cœur à renier, que son cœur à esquiver. S’il doit être bercé d’illusions, autour que ce soit par Andrea. S’il doit brûler d’envie pour quelque chose qu’il ne pourra jamais avoir, autant qu’il se laisse consumer par Andrea. Et lorsqu’il ne sera plus que cendres et que son cœur pansera ses plaies, Bo pourra dire que c’était pour une bonne raison. Une belle raison : Andrea. « Andrea, Andrea, Andrea ! Tu vas nous rendre folles, bezumnyy, avec cet Andrea ». Fou, lui il l’est déjà, et il sait qu’il le regrettera. Il sourit, Bo. Il sourit même lorsqu’il voit le visage d’Andrea se tendre, après sa remarque sur les femmes italiennes. Il sourit, parce que sinon il lui répondrait que si elles étaient si belles, il resterait quelques hommes tout de même, les plus intéressants : est-ce que toi, Andrea, tu resterais, si elles étaient si belles ? Si elles le sont vraiment, et si tu es là, est-ce parce que les femmes, italiennes ou non, ne t’intéressent pas tant que ça ? Il n’arrive pas à lire sur son visage. Il n’y a que des brides d’informations, des indices, des signes qu’il n’arrive pas à décrypter. Il aimerait pouvoir lire dans ses yeux, traduire correctement ce qu’il y découvrirait, pouvoir parler le même langage qu’Andrea. Mais Bo, il en est incapable ; c’est effrayant. Ou peut-être qu’il refuse d’admettre qu’il n’y a rien à trouver, dans les yeux d’Andrea, qu’il n’y a rien à interpréter, dans ses gestes, dans les variations de ses sourires. Bo, il l’observe, il ne rate aucun de ses mouvements : une dernière latte, la chute de sa cigarette, la semelle pour éteindre les dernières cendres. Son cœur bat de plus en plus vite, petit à petit, espérant l’impensable ; de plus en vite, son cœur il s’emballe et la sensation est divine, parce que Bo il se met à penser l’improbable et quand l’insensé se produit, il ne sait pas si il a survécu à l’explosion qui vient de saccager son thorax. Maintenant. Je ne m’en sortirai pas sans toi. Avec ou sans toi… Les mots lui parvient, il les analyse, un par un, et il se sent définitivement flotter ; mais une autre réalité le frappe. S’il bosse si dure, c’est qu’il a besoin d’argent ; s’il en a besoin, c’est qu’il n’en a pas, et aujourd’hui, comme hier, comme depuis le mois précédent, ses poches sont vides. Mais il ne peut pas refuser. Il ne peut pas dire non alors que c’est lui qui a lancé l’invitation. « Euh … » Incertitude ? Doute ?, Bo cherche ses mots, même s’il n’y en a qu’un qui se présente à lui : « D’accord », qui lâche dans un sourire qui contraste avec son euphorie intérieure. Il n’arrive pas vraiment à y croire : boire un verre avec Andrea. Là, maintenant. Monter dans sa voiture. Dans sa voiture. « Ok, d’accord. Attends une seconde » qu’il dit, se retournant pour ouvrir la portière de sa voiture. Il se penche en avant, vers la boîte à gants, qu’il ouvre en lui assénant un coup de poing, fouille parmi les papiers et grappillent quelques dollars abandonnés. Il attrape quelques pièces gisant sur le tableau de bord et dans un soupire s’extrait de la voiture. Il trouvera une solution le moment venue. Il verrouille sa vieille voiture, qui a bien mauvaise mine, et se tourne vers Andrea. Il le regarde, sourire aux coins des lèvres, un sourcil arqué : « Faudra expliquer ça à nanna » qu’il dit, adoptant un ton faussement autoritaire avant de laisser échapper un éclat de rires. Bo, il parcourt les quelques mètres qui le séparent de la voiture d’Andrea, et il y monte, presque religieusement : il veut se rappeler de chaque détails. Même les plus insignifiants. Peut-être qu’il ne lui restera que ça, à la fin de la journée. Il pivote vers Andrea ; il ne s’est jamais senti aussi gêné – sa position lui paraît débile, là, avec les mains posées sagement sur ses genoux. « J’ai l’impression d’avoir quinze ans et d’être en train de faire une connerie » qu’il lui lance, l'air amusé, excité. Mais qu’est-ce que c’est bon. Qu’est-ce que c’est beau. C’est un rêve qui prend forme, mais comme tous ses rêves, celui-ci finira probablement en un cauchemar déroutant. Qui sait ? Il s’en fiche. Il verra. Tout ce qui importe, c’est Andrea, et il est là, assis à côté de lui, prêt à faire vrombir le moteur de sa voiture de luxe. Le bruit sera peut-être assez fort pour couvrir les battements de son cœur qui s’affole et menace de céder à chaque instant.
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