Longue distance (P.V Toni)

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Life is not that easy. Don't give up on love, if people gave you love. Un appel est parvenu jusqu'à lui. De détresse. De parents, qui pleurent leur enfant partie du cocon familial de manière brusque selon leurs propres mots. Le pasteur Nikolova a reçu nombre de leurs lettres concernant cette fille nommée Tony Brar, habitant à Crescent Heights. Aucune nouvelle donnée à la famille ou très peu, la jeune femme, dans l'esprit du pasteur, ne semble pas vraiment encline à retourner dans leurs girons. Cependant, l'on ne peut refuser le désespoir d'une âme en péril, qu'elle soit fortunée ou non, que l'enfant soit en tord ou non.
"Seigneur Jésus Christ mon Dieu, Tu as daigné pour notre salut devenir homme par la grâce du très saint Esprit. Tu as connu l’état du nouveau-né, de l’enfant et de l’homme mûr. Ta Mère très pure, la Vierge, s’est réjouie de connaître ton visage à ta naissance."
Sa voix légère, ponctuée d'un grave solennel pourtant vifs, donne quelque couleur mature à cet univers pimpant et bruyant. Cael feuillette son livre, roman de science fiction où l'afrique est plongée dans l'apocalypse la plus totale. Une afrique où une femme tente de triompher des traditions et de sa différence. Le tout, en récitant une prière pour les parents et leurs enfants. On lui apporte une tasse de thé, alors que de base ce bar sert le plus souvent des milkshakes. Pas du tout perturbé par le bruit ambiant composé de hurlements d'étudiants voulant se donner des airs dans leurs récits, d'autres se bécotant en se passant une main furtive sur la cuisse alors qu'un serveur passe par là. Goût du risque, goût du bruit. Le parfait endroit pour que son rendez-vous reste à l'aise.

"Pasteur ?
- Hm ? Oh. Mademoiselle Newman.
- C'est rare de vous voir ici à cette heure."
Le fin amateur de thé hausse un sourcil. Il est vrai qu'il n'est pas du genre à venir aux heures où l'étudiant se décide à se prélasser, ou plutôt à prendre prétexte une envie soudaine de milkshake pour venir crier, éclater son égo pour paraître le plus sensationnel possible.
"Je vous l'accorde. Fort heureusement, notre Dieu bienfaiteur ne m'absout pas de me déplacer et de vivre comme tout autre humain.
- Vous pensez qu'il est possible que ... vous nous rejoigniez ?
- Vous rejoindre ?"
Cette fois, il fixe avec une certaine incompréhension (relative) la demoiselle. Celle-ci lui désigne une table, où sont assis deux comparses féminines et deux masculins. Ils se parent de sourires idiots en regardant leur amie. Cael, pas du tout dupe après cette oeillade, lâche un léger sourire en coin, avant de se lever et faire face à la demoiselle.
"Je suis au regret de refuser votre invitation. Mais nous nous verrons très certainement à la collecte qui aura lieu dimanche dans le cadre du cinéma.
- Juste quelques minutes ... !"
Le pasteur pose alors ses mains sur ses épaules. Elle frémit instinctivement en le voyant faire preuve de contact, comme lors de leurs discussions à l'église.
- Mademoiselle Newman. Je n'ai que peu de vertu à me livrer jour et nuit à la joie et au consentement perpétuel. Je suis un homme de devoir, et je m'efforce de le rester pour que chaque jour, vous puissiez jouir du bonheur et de l'apaisement de vos sens. Profitez de vos heures en compagnie de vos amis."
L'étudiante baisse les yeux, ses joues prenant une teinte rosée par la gêne et la honte de s'être montrée aussi présomptueuse et évadée dans ses envies. Surtout en sachant qu'en ce moment même, le pasteur lui offre un regard bienveillant. Elle balbutie son pardon, retourne en trottinant sur les talons de ses bottines puis s'assoit en se touchant les joues sur sa chaise. Le pasteur évite d'écouter ou lire sur leurs lèvres, se posant à nouveau sur son assise et reprenant sa lecture. Ah la jeunesse. Ses émois, ses désirs, ses frustrations. Et dire qu'ils n'ont pas fini de ressentir toutes ces choses ... en espérant que vieillissants, ils deviennent plus tempérés sous le conseil de quelque bonne âme.

Cael reprend sa lecture, dos aux vitres du bar. Il vérifie sur son smartphone, mis bien évidemment sur silencieux afin de ne pas rajouter du bruit au bruit, si son rendez-vous a décidé de venir. Il attend cette fameuse Toni Brar. Cette fille décrite comme le trésor, le coeur battant de deux parents riches. Partie trop tôt, trop loin de leur influence. Qu'est-elle ? À quoi ressemble-t-elle depuis ? Le pasteur n'a eu que quelques photos d'une adolescente, son nom, une enveloppe et son adresse pour se faire une idée sur la persuasion qu'il devrait pourvoir sur cette demoiselle. Lui écrire une lettre avait été chose facile. Lui donner lieu, heure, date de rendez-vous aussi. Le plus incertain reste de savoir si elle viendra.
Il a d'ailleurs l'impression d'entendre des pas venir vers lui, ou du moins, sentir un regard se poser sur son dos. Ne disant mot, il reprend sa tasse, attendant que cette présence lui fasse l'honneur d'entendre sa voix.

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@toni brar

La lettre:

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Ça remonte à quelques jours déjà, la gamine s'apprêtait à sortir de son appartement quand elle voit sur le pas de la porte une lettre, sur le coup elle manque même de ne pas la ramasser, mais la curiosité la pousse à s'emparer de l'enveloppe pour constater avec une certaine surprise que l'enveloppe lui est adressée. Elle prend le chemin de l'extérieur tout en ouvrant la fameuse enveloppe, puis elle voit la lettre soigneusement pliée en deux. Fronçant les sourcils, elle ne peut pas s'empêcher de se questionner et de regarder brièvement autour, s'imaginant le pire des situations. Peut-être un pauvre psycho, un habitué du sinners; l'endroit où elle bosse qui veut lui faire une frousse? Prenant une bonne inspiration, elle se décide enfin à déplier le papier pour y lire le contenu;

Citation :

Chère Mademoiselle Brar,

Je me présente à vous en tant que le pasteur Nikolova. Je n'ai guère le plaisir de vous connaître, mais là n'est pas le plus important. Il y a des âmes à qui d'autres âmes manquent en ce monde et vos parents en font partie. Couvée de mots qui malheureusement ne peuvent vous atteindre, ils m'ont alloué la tâche de vous contacter, prendre de vos nouvelles et de bien sûr, vous fournir une grande enveloppe. Ils ont signifié que celle-ci pourrait vous être utile dans un futur proche.
Je souhaiterai que nous nous rencontrions au Babette's dans trois jours, à compter de la date de reçu de cette lettre. Quinze heures quinze. N'y voyez pas là une contrainte, mais ma présence en votre lieu de travail sera quelque peu compromise en vertu du lien qui me lie à Dieu et ses âmes pénitentes.
Que la journée vous soit profitable, mon enfant.

Cordialement,
Pasteur Cael Nikolova.

Sur le coup, elle ne peut pas s'empêcher de croire à une putain de conneries. Par contre, là encore elle est poussée par une curiosité peut-être malsaine à savoir qui est l'auteur de cette lettre. Qui est ce fameux pasteur et qu'est-ce qui le pousse à prendre contact avec elle. Toni, elle ne pense pas une seconde que cette idée étrange pouvait être une initiative de ses parents. Ceux-ci sont tellement obnubilés par leurs emplois respectifs, ils se perdent tellement dans l'appât du gain, qu'ils ont toujours un peu oubliés leurs fille chérie. C'est vrai, la belle blonde n'a jamais manquée de rien; mais, à la fois elle a manquée de l'essentiel c'est-à-dire de l'amour et de la reconnaissance de la part de ses parents. Venant à ranger cette lettre dans ses poches, elle continue sa journée malgré le fait que les propos de ce bout de papier lui reste dans l'esprit. À la fin de sa journée, elle se rend à l'église orthodoxe désirant en apprendre davantage sur ce fameux Nikolova. Les gens parlent de lui avec un sourire bienveillant aux lèvres; il semble apporter un baume sur les plaies de ces êtres croyants. Toni et la religion, ça fait littéralement deux, la demoiselle n'est pas croyante pour deux sous, elle ne sait jamais accroché à cette divinité pour apaiser ses maux; jamais. Avec les informations qu'elle recueille, la demoiselle réalise que cet inconnu est réellement celui qu'il prétend être dans sa lettre. Bien sûr, elle ne manque pas de peser le pour et le contre de cette fameuse rencontre et même encore, elle hésite alors qu'elle vient à franchir la porte du Babette's, les jours suivants. Comme prévu, elle débarque là-bas à l'heure indiqué; au moment indiqué. Ce qui l'étonne c'est la référence qu'il a effectué concernant le Sinners; bien, sûr Toni a rapidement lu et comprise entre les lignes, mais comment a-t-il pu savoir tout ça à son sujet? L'endroit est rempli d'adolescents regroupés, de couples aussi, elle ne manque pas de le remarquer assis près de la fenêtre. Alors qu'elle s'avance, ce dernier est dos à elle. Elle a conservée la lettre, lettre qu'elle garde précieusement dans sa main d'ailleurs et qu'elle vient déposer sur la table pour ensuite prendre place devant lui. Voilà, la manière qu'elle s'annonce Toni. Elle est comme un animal sans défense, elle demeure septique et sur la défensive aussi devant cet individu qui semble en connaître assez sur elle, chose qui l'agace royalement d'ailleurs. Ses prunelles s'ancrent dans ceux de l'homme, comme si elle tentait d'y déceler quelque chose; des réponses assurément.

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Life is not that easy. Don't give up on love, if people gave you love. Ainsi donc, c'est bien Toni Brar qui le regardait, le fixait. Sans doute se pose-t-elle des questions, a-t-elle ses doutes; nous en avons tous face à l'inconnu. La voilà maintenant face à lui, posant la lettre de manière policée. Le pasteur lève les yeux de son livre au moment où Oyensonwu, après un passage peu fructueux dans la hutte de Mwitta, revient vers sa mère, contrainte de rester sur l'expectative quand à son initiation. Il pose son marque page, ferme le livre, se cale un peu mieux sur sa chaise, jambes croisées. Et il la fixe, à son tour, sans piper mot. Cael ne fait que rester rivé à ces yeux verts rieurs, encore empreints des draps doux et chauds du cocon familial. Et ce, malgré son job actuel. Il hausse finalement les sourcils, reprend un peu de son thé, penche la tête sur la droite pour regarder on ne sait quoi sur la joue droite de la jeune fille. Décidément, une fille de bonne famille qui tente de trouver son indépendance en devenant strip teaseuse ... en voilà un cas spécial.
"Ravi de vous rencontrer, mademoiselle Brar.

Cael s'accoude et relève le menton. Il a l'air détendu, de ressembler à tous les hommes modestes de son âge, ceux frôlant la quarantaine. Pull gris, cheveux noirs bien coiffés, barbe taillée et sa cape noire aux motifs tartan sur l'intérieur accrochée au dossier de la chaise. Le serveur vient finalement les voir, tout sourire de revenir servir le pasteur, un des rares êtres en ce lieu à le remercier, voir à le calculer, et lui donner un pourboire. Même si il n'est pas le plus gros consommateur du bar.
"Souhaitez-vous autre chose monsieur Nikolova ?
- Hm. Oui. Je vais prendre un thé au citron.
- Et vous mademoiselle ?"
Il laisse Toni répondre, profitant du moment pour sortir de sa mallette la fameuse enveloppe marron qui lui a été envoyée. On peut voir le nom de famille Brar dessus, l'écriture d'un des parents assurément, ainsi que le relief de la chose se trouvant sous le papier. Cependant, il ne la tend pas à la jeune fille. Non, il la pose sur sa droite, en mettant son lourd livre d'au moins cinq cent pages dessus. Le serveur débarrasse la tasse maintenant vide et s'en va en fredonnant un air, pensant déjà au pourboire qu'il va récolter.

"J'espère que l'endroit n'a pas don à vous incommoder. Il n'y avait guère d'établissements un tant soi peu ... enclins à nous laisser discuter calmement."
Il dit cela comme si il n'avait pas l'habitude de traîner dans des établissements peu recommandables, mais à quoi bon. Le pasteur grimace et racle un peu de ses dents le côté droit de sa lèvre inférieure. Le serveur revient avec leurs commandes rapidement, les ayant fait lui-même pour se donner un air puis repart encore en fredonnant. Cette fois Cael pivote la tête pour le fixer, arquant les sourcils. L'Homme par moments ne manque pas d'assiduité face à l'appel de l'argent. Dans le brouhaha ambiant, il reste diablement calme, concentré sur le breuvage et la chaleur qui s'e dégage. En inspirant le parfum, il ferme quelque peu les yeux, comme transporté vers des rivages éloignés de ce tapage de rires forcés, ou d'oeillades parfois hypocrites.
"Rien de meilleur qu'un thé pour apaiser les consciences agitées."
Si elle s'attend à ce qu'il lui pose des questions ou vienne entrer dans le vif du sujet, c'est bien le jauger. Non, le pasteur ne demande jamais. Écouter ou prendre est bien plus utile. Que ce soit pour vous, ou bien pour votre ennemi.

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La gamine, elle s'assit devant l'homme, elle n'ouvre pas la bouche se contentant de l'observer. En vrai, ils s'observent chacun mutuellement, malgré le fait qu'elle démontre une force de caractère avec son air nonchalant, de multiples questions lui traversent l'esprit. "Ravi de vous rencontrer, mademoiselle Brar. L'homme face à elle, semble complètement détendu comme si c'était un habitué de ce type de situation. Quant à la belle blonde, elle tente de demeurer impassible et de marbre, mais ça s'agite en elle. Bientôt un serveur apparaît sur sa droite venant briser un peu la dynamique silencieuse qui s'était installée. "Souhaitez-vous autre chose monsieur Nikolova ? Toni ne détache pas son attention de l'homme en face d'elle, continuant de l'observer et de l'analyser. - Hm. Oui. Je vais prendre un thé au citron. Choisis ce que tu bois et je te dirai qui tu es? Le serveur s'adresse finalement à la belle blonde qui répond dans un souffle; « Un milkshake à la fraise, s'il vous plaît.» Ce choix témoigne à quel point, malgré les airs d'adultes qu'elle tente de se donner, elle a toujours ce côté enfant en elle. Puis bon, elle n'allait pas commander une bière non plus, sachant qu'il risque de ne pas vendre ce type de consommation ici. Le serveur repart en sifflotant un air satisfait sur le visage, de nouveau Toni rapporte son attention sur l'homme; toujours sans un mot, les lèvres pincées. Son regard vient se perdre un instant sur l'immense livre ou plutôt la brique à sa droite. "J'espère que l'endroit n'a pas don à vous incommoder. Il n'y avait guère d'établissements un tant soi peu ... enclins à nous laisser discuter calmement."

Discuter de quoi au juste? Toni a aucunement envie de discuter de sa vie avec un pur étranger, même s'il semble être perçu comme le meilleur homme qui soit d'après les commentaires qu'elle a recueillit des gens fréquentant son église. Bientôt le serveur revient avec leurs breuvages; Toni continue de porter une attention à l'homme devant elle, qui n'a toujours pas exprimé la raison cette rencontre. Ces expressions faciales pourraient presque la faire sourire et rire un peu, mais elle est trop sur ses gardes pour laisser transparaître un quelconque amusement. Ce dernier se concentre sur son thé au citron comme si c'était la dernière merveille du monde. Son comportement calme et plutôt étrangement serein fait sourciller la demoiselle qui approche son breuvage venant capturer la paille pour en boire une gorgée. "Rien de meilleur qu'un thé pour apaiser les consciences agitées." Dit-il simplement, aurait-il remarqué l'agitation présente chez elle? Probablement, à nouveau le silence plane et la gamine sait qu'elle ne pourra pas jouer à ce petit jeu encore bien longtemps. Autant aller droit au but et avoir le coeur net sur sa venue ici; qui n'a rien d'une rencontre hasardeuse, elle était planifiée et orchestrer, mais par qui et pour quel motif? « Qu'est-ce que vous me voulez?» Sa voix fend l'air et voilà la discussion peut officiellement débutée.

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Life is not that easy. Don't give up on love, if people gave you love. Humer les arômes du breuvage est comme l'homme qui soulage ses bronches dans la vapeur salvatrice de la source. On apprécie sa chaleur et la paix qu'elle apporte au corps disgracieux qui vient troubler sa quiétude, boire ce qui fait sa force alors que nous sommes des êtres faibles. Oui, faibles. Notre hauteur et nos membres n'apportent en soi que des outils supplémentaires face à sa magnificence. Le pasteur reste un moment plongé dans sa torpeur bien que Toni Brar lui ait posé sa question avec une certaine impatience. Ce n'est qu'en remarquant cette même demoiselle le fixer paille en bouche que Nikolova relève son regard, la fixe à son tour et ...
"Je voulais voir si vous étiez malheureuse."
Dit comme cela, la chose peut paraître malsaine. Surtout en voyant le presque quarantenaire reprendre son thé sans détourner son regard du vôtre. Et ce, en semblant sérieux.
"Mais je vois fort heureusement que vos parents avaient tord."
Il pose alors sa tasse, définitivement cette fois, s'emparant de l'enveloppe pour mieux faire mine d'en discerner le contenu. Un contenu dont il se doutait, depuis ses conversations avec la famille si attristée par l'abandon de l'enfant. Des billets, une lettre pliée avec soin. De l'encre sur du papier avec de l'encre sur du papier. Du papier censé gagner l'affection et persuader le destinataire autant par les mots que par les nombres.
"Maintenant que nous avons établi ma propension à la franchise, je pense que notre conversation va se dérouler tranquillement."

Le pasteur arque un sourcil, guettant la réaction de la demoiselle avec considération. Ceci fait, il joint ses mains, les pose sur la table et se remet à parler après avoir laissé le temps nécessaire à la belle blonde de répliquer.
"Je ne suis pas là pour vous offenser, ni pour vous remettre dans le ... droit chemin. Je suis là pour entendre le pourquoi."
Il passe la pointe de sa langue sur l'arrière de ses dents en baissant quelque peu son visage, un signe de pénitence, dira-t-on. Et dans le brouhaha ambiant de la clientèle de plus en plus survoltée, la guitare de Kurt Cobain commence à résonner et faire vibrer le coeur de l'un des personnels du bar, qui d'ailleurs est en train de secouer les cheveux. Réceptif lui aussi à la musique "de vieux" pourtant reprise et aimée par les jeunes, dans leur mal être intérieur.
"Dites-moi. Par simple curiosité ... dansez-vous tout le temps sur les vicissitudes décadentes de l'être humain ? N'est-ce pas déprimant sachant que la tristesse et la violence ne cessent d'être évoquées à fortiori ?"
Juger sur la personne, ses convictions importe peu. L'obliger à les défendre est bien mieux. Se montrer ouvert à toute discussion, d'autant plus. Cael penche la tête, attendant à nouveau la réponse de son interlocutrice.
"Je cherche après tout à savoir pourquoi, vos parents ne cessent de dire à quel point vous devez être malheureuse, là où vous êtes.", lâche-t-il de sa voix rauque, filtrant avec quelques vibrations dignes de râles mélancoliques.

Mais tandis que Cael s'attarde sur la conversation pour amener la jeune femme sur la voie de la paix intérieure et du dialogue, celui-ci se perd dans sa contemplation un instant. Ses longs cils couvrent de superbes iris olive. Elle porte en elle une incandescence foudroyant votre âme, soulevant votre coeur comme le vent balayant le grain de sable resté bien trop longtemps sédentaire. De magnifiques cheveux dorés qu'un homme se plairait à enrouler dans son poing pour les baiser.
"Et je peux ... tout à fait comprendre pourquoi vos parents vous considèrent comme un trésor à garder et protéger."
Son éclaircissement de voix se fait faible, mais on peut voir que l'homme, aussi attaché à Dieu qu'il puisse l'être, peut encore voir la beauté des choses en ce monde. Il cligne des yeux et étire un peu plus son sourire, sous d'autres regards qui se font plus insistants; pas ceux de Toni, mais ceux de l'étudiante venue voir le pasteur précédemment. Des regards noirs. De plomb.

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» toni brar.
» DÉPOTOIR À SENTIMENTS. - toni
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