ROUGE // teddie

il est lointain par moment Dani. tu le saisis pas bien, tu comprends parfois un peu trop rien. peut-être parce qu'il est plus jeune. beaucoup trop jeune, le genre de détails qui travaillent trop dans ton cerveau. le genre de détails qui fait que ta tête elle essaye de gérer le reste. parce que c'est un peu difficile par moment, face à lui. parce qu'il te fait comme ça sortir tard le soir, sans trop savoir pourquoi. pas pour un fifa ou un verre dans un bar, juste lui et toi. et ça aide pas. de le voir comme ça, de le voir les cheveux toujours aussi emmêlés, de voir son visage traduire son essoufflement. tu restes debout, tu l'fixes un peu trop Teddie par moment, et parfois tu dois te reprendre. parce que sa bouche qui s'ouvre et se referme, tu dois juste ne pas autant la fixer; tu dois juste t'arrêter. vraiment. je sais pas, il est tard, j'arrivais pas à dormir de toute façon. toi non plus Teddie, toi non plus t'arrives pas à dormir, t'as les yeux trop grand ouvert et encore l'esprit embrumé par le noir de la maison. et Dani c'est un peu le sursis de ce soir, même s'il te plonge trop souvent dans la tourmente; même s'il envoie un peu trop valdinguer tes pensées. c'est bien mieux que le reste. ouais... moi non plus de toute manière. tu te décides d'avancer, de faire quelques pas, juste pour bouger; pour pas rester ici à stagner. puis aussi parce que si tu restes encore figé face à lui, y'a rien de bon qui va arriver. rien du bon du tout. tu te connais, tu connais tes pensées, tes envies, et le reste aussi. c'est grave si j'ai envie de te voir sans aucune raison valable ? il aurait pu le dire de mille autres manières pour que ça ne viennent pas encore une fois bousculer tes pensées. Dani il se noie dans son page, dans ses pensées, dans ses barrières qu'il se créer. parfois tu le comprends, ce genre de truc. mais parfois nan. puis là il te met l'esprit à nouveau en vrac, juste comme ça. heu... ouais, enfin non c'est pas grave mec... t'as pas besoin d'avoir de raison c'est juste que.. que toi t'as vingt ans Teddie et que tes pensées elles sont pas sur le même modèle que lui. vraiment pas. tu veux faire quoi ? tu questionnes, pour couper le reste. parce que le reste ça mène nul part, ou plus tôt ça mène à des choses que t'as du mal à gérer.

tu vois Teddie, son visage se fermer, ses yeux se bloquer. tu l'vois Teddie que t'es paroles ont merdé, que tes paroles l'ont blessé. ou énervé avec Dani tu sais jamais sur quelle onde te fixer. perdu, c'est un peu le maître mot de tes pensées. de ce genre de tête à tête qui te met plus la tête à l'envers que la tête face à lui. tu sais pas trop ce que t'as dit pour ainsi tout provoquer, t'en sais rien. parce qu'en vrai avec Dani c'est un peu comme marcher sur un terrain miné. trop de possibilité de faire exploser, t'es toujours vaguement sur la retenue. parce que tu sais jamais ce qu'il pense, ce qu'il veut. tu le sens parfois paumé mais il t'aide pas vraiment à toi même tout trouver. je sais pas j'me faisais chier c'tout...on peut s'balader, aller boire un verre, manger des glaces, je sais pas. tu l'écoutes, t'en sais rien. manger une glace à cette heure t'es pas tellement contre, mais il fait pas si chaud alors t'en sais rien... en faite Teddie tu bloques surtout sur sa manière de dire qu'il se faisait juste chier. pour expliquer sa venue, il se faisait juste chier. alors voilà. alors... puis le bug, ses doigts sur ton bras, ton bras qui reste entre sa main, juste comme ça. what ? pardon ? tu dis rien, tu tournes pas la tête parce que bon... parce que tu sais pas, Dani il a le don de te faire un peu trop tourner la tête. et pas que la tête. sans doute parce qu'il te fixe parfois trop, et sans doute aussi parce que t'as pas mit la main dessus. c'est pas que t'es toujours comme ça, mais t'en sais rien; t'es pas du genre à te retenir quand on t'fixe avec ce genre de regard. encore moins avec ce genre de gueule et ses sales répliques bien chiantes qui sont devenu entêtantes... j'te propose déjà d'aller se chercher une bière, et après ... on verra ok ? ouais parce que t'as pas trop envie de te poser dans un bar en vrai, juste prendre une pinte, sans doute dans un bar qui donne des gobelets; puis aller trainer. peut-être parce que t'es un peu maso Teddie, de frôler un peu trop la tentation, de jouer avec tes émotions. mais tu t'en fous un peu en vrai Teddie...

une bière. t'en as besoin Teddie, une bière pour t'échapper, une bière pour oublier. oublier que la nuit tes rêves il se glisse vers lui, oublier que le jour quand t'es face à lui ça devient plus possible. c'est pas de l'obsession Teddie, c'est juste une putain de frustration. les mots qui sautent la réalité, les regards qui se cherchent sans se trouver. oui. après on verra. ouais. après... après Teddie t'es pas trop sur que ça ira mieux, t'es pas trop sur de gérer mieux. en vrai tu pars en freestyle complet face à Dani. trop jeune pour les jeux de manipulation, trop jeune pour en faire une autre raison. c'est pas que tu veux le bousiller, puis Dani il a l'air trop paumé pour qu'en plus tu ailles foutre le drame dans tout ça. le drame tu l'vis assez dans ta tête, le drame, c'est d'te réveiller en sueur avec son image imprimé sur la rétine, avec sa gueule d'ange, et son corps trop tentateur. il a quinze ans putain Teddie, t'as le cerveau retourné ou ça se passe comment ?
air frais, ciel découvert, respiration et boisson. tu gardes le gobelet entre tes lèvres un instant, t'en prends une longues gorgée. juste bien assez. juste pour essayer de contrôler que tu sens toujours ses doigts sur ta peau, juste là juste sur ton poignet, comme un bracelet brûlant, enserrant ton bras sans te lâcher. alors il l'sens ton palpitant qui bat un peu trop pour se calmer ? fuck it. dis, teddie... tu tires sur ton bras tu laisses ses doigts se dégager, juste un peu, juste en marchant. juste en avançant, style de rien... vas-y continues de parler Dani sinon c'est pas facile de continuer. pas facile de penser à bien respirer. et y'a ses doigts qui te libèrent, un peu, jusquà pouvoir glisser ta main à la sienne, jusqu'à attraper ses doigts avec les tiens. tu sais pas ce que tu fous Teddie, tu sais vraiment pas à quoi tu joues. c'est juste que... j'dois dire quoi ? ah ah, on rit tous Teddie, on est tordu devant ton humour Teddie. mais tu sais pas trop quoi dire, parce qu'en vrai toi ton cerveau il est déjà trop bloqué sur vos mains, c'est crétin. ces doigts qui attrapent les siens juste comme ça, juste dans le froid.

le problème avec Dani, tu vois Teddie c'est qu'il a pas ton âge. le problème avec Dani, c'est que même quand il agit aussi bien, aussi calme et comme s'il était ton égal, tu dois pas oublier que c'est faux. que tu ne tromperas personne dans tes pieux mensonges, que t'essayes de berner ton propre cerveau mais qu'il n'y a pas plus dur. alors t'agis stupidement, alors t'agis comme un con faut le dire. parce que la vérité c'est qu'avec les autres ça serait pas pareil; que tu réfléchirais sans doute pas autant. où alors ça serait que trop différent. Teddie, je... arrêt d'un instant, tu tournes le regards Teddie juste un simple et court instant, juste le temps d'croiser le sien un peu trop insistant. voilà ce dont tu parlais, le genre de moment où tout serait différent. avec un autre il n'y aurait que son trouble qui t'empêcherait d'agir, il n'y aurait que son regard et son air trop perdu. mais ici il y a l'incertitude, et la différence, entre lui et toi. entre vous et le reste. tu fais chier. rire surprit, rire nerveux. tu le fixes encore un instant, un peu trop, avant de te rendre contre que vous êtes beaucoup trop proche. que le souffle contre toi c'est ps le vent, mais c'est le sien. que tes pensées t'empêchent de trop y voir clair, mais en même temps t'es trop lucide Teddie. vous êtes trop différents. il lutte pour comprendre cet attirance, tu luttes pour contrer votre attirance. c'est pas lui le problème, c'est son ignorance. et pourtant dans le loin y'a ta volonté qui se fendille, et tu mordilles ta lèvre, tu le fixes lui trop... trop lui. bordel. t'es con. et pourtant tu craques un bref instant, rien d'indécent et pourtant. juste de quoi dérailler, juste une secondes pour poser tes lèvres sur les siennes. rien d'indécent, à quinze ans tu faisais bien pire; mais tu ne tenteras rien à lui faire subir. tu sais que ce soir tu te tortureras l'esprit Teddie; mais t'es maso. un pas en arrière, le lâcher. désolé. non tu l'es pas. ou peut-être que si, parce que tu sais bien que dans sa tête ce truc si banal pour toi peut signifier Bagdad pour lui. tu voulais pas... c'est même pas un vrai baiser, rien de tout ça, qu'un simple bisou mais le reste t'as pas le droit. tu merdes grave Teddie, tu le sais.