sous les néons. (sony)

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sous les néons.
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encore une autre soirée à se déhancher sous les néons du sinners. la belle blonde est toujours fidèle au rendez-vous prête à faire fantasmer ceux qui viennent la voir elle et les autres danseuses. malgré ce qu'on peut imaginer, la gamine elle est bien traitée entre ces murs. elle doit encore prouver qu'elle à sa place, mais elle a du caractère la petite; une main de fer dans un gant de velours et elle ne compte pas tourner les talons et partir même si plusieurs en rêve. tenace, le fait qu'on veuille la sortir lui donne encore plus envie de rester pour prouver le contraire. elle prends toujours soin d'arriver un peu plus tôt que ton quart de travail, venant observer un peu l'ambiance et voir si ce sera une bonne soirée pour elle ou pas. à son arrivé, y'a déjà des gens de présent dans la salle; la musique donne une bonne ambiance et elle peut entendre un brouhaha de la clientèle qui échange entre elle. comme à l'habitude, elle se dirige à l'arrière de la scène pour aller se préparer. son regard azur se glisse sur l'horloge suspendu au mur, se sera bientôt à son tour; elle a le temps de se maquiller. barrières, qu'elle s'inflige pour entrer dans ce personnage pas si lointain de sa propre personnalité au final. la belle princesse s'applique, le regard rivé dans le miroir devant elle. qu'est-ce que papa et maman diraient à voir leur fille entre ces murs? toni, elle essaie de ne pas trop y songer; elle ravale cette boule qui parfois s'installe au travers de la gorge et elle relève la tête prête à affronter le monde, comme si rien ne l'affectait ou l'ébranlait. princesse des temps modernes, l'héroïne de l'histoire, ayant aucunement besoin d'un chevalier servant pour la sauver. elle veut son entière dépendance toni, de toute façon, elle s'est toujours débrouillée pratiquement seule étant enfant, alors ça ne change pas grand chose. enfin prête, on l'attend pour monter sur ce qui sert de scène; la musique qui décolle et elle qui fait ton entrée venant capter le regard des messieurs assis qui ne manquent pas de la bouffer des yeux comme un vulgaire morceau de viande. sourire discret et enjôleuse, elle essaie de les rendre unique comme si elle n'avait de yeux que pour eux. son corps qui bouge suivant le rythme lascif de la musique. puis, voilà qu'elle le reperd assis avec une bière à la main et son air décontracte. évidemment, comme les autres; il la déshabille du regard portant attention sur chacune des courbes de ton corps. la gamine, elle a toujours trouvée qu'il détonnait dans ce lieu, elle qui est habitué de danser pour des vieux ploucs. lui, il émane la jeunesse et comme la plupart des hommes; la condescendance aussi. ton regard azur percute le sien un moment et elle détourne le regard pour continuer son numéro jouant la femme fatale et intouchable. toni, elle vacille entre illusions et réalité.

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ça pue l’habitude. la routine, même. un soir comme les autres, à fermer le garage des heures après la nuit tombée. et finir la soirée au sinners, à te perdre dans les décolletés des filles. au fin fond des verres de whisky. pas si mal, la routine. y a pire. comme par exemple rentrer à l’appart et y trouver cece affalée quelque part. dans ton lit ou dans celui de desi, jamais le sien en tout cas. cette même routine que tu retrouveras dans quelques heures, redoutant déjà le moment où tu devrais lui faire face. tu veux pas la voir, encore moins lui parler. tu veux pas qu’elle te rappelle tout ce que t’as raté, tout ce que t’as foutu en l’air, par la simple force de ton égoïsme. alors tu l’évites. tu rentres tard, bien trop tard pour qu’elle s’endorme en espérant te trouver. tu repousses le temps, égraines les minutes, secondes. et t’erres comme le pauvre fantôme de toi-même la plupart du temps, rien que pour ne pas lui faire face. connard. crie l’écho. connard, ouais. tant pis. ce soir, t’as pas envie d’y penser. t’as fini d’te torturer, d’penser à ce qu’elle pourrait dire, faire, avec quelle nouvelle pique elle pourrait t’attaquer. tu t’laisseras faire un autre jour sony, ce soir t’es occupé. parce qu’elle est là, ce soir, la princesse du sinners. les gestes délicats et l’innocence d’une gamine, de quoi faire rêver. de quoi rendre fou, aussi. t’as le regard qui se perd, forcément. la tête qui tourne déjà, étourdi. ils sont tous comme toi, à se languir d’elle. elle est douée, la princesse. tu peux pas leur en vouloir, sony. ça se comprend. et puis la voilà, qui te regarde. les yeux azur dans les tiens. voraces. impatients, affamés. ils la détaillent, le rictus abruti calqué sur ta gueule d’enfoiré. quelques secondes à peine, et elle s’en va. ailleurs, de l’autre côté de la scène. ça te fait se marrer encore plus. t’avales la dernière gorgée de ton verre, soudainement remis sur pied. de bonne humeur, tout d’un coup, maintenant qu’on vient titiller le loup pour lui demander de jouer. et t’es un mec plutôt sympa, sony, tu vas quand même pas refuser ? tu vas lui donner ce qu’elle veut. tu te lèves et tu bouges à ton tour, t’avances au même rythme qu’elle, sans la lâcher des yeux. et quand t’arrives de l’autre côté, c’est sur le dernier tabouret que tu te places, pour qu’elle finisse son numéro devant toi. y a les billets que tu t’extirpes du porte-feuille, que tu remues entre tes doigts. des coupures de un dollar que tu pourrais lui offrir directement, pourtant tu l’fais pas. t’attends de capter son attention, qu’elle s’approche de toi. et tu t’approches d’elle à ton tour, pour lui glisser dans la confidence : elle est pas là, jasmine ? c’est elle que j’voulais voir, ce soir. et le rictus du parfait connard qui se pointe à nouveau. c’est elle qui a commencé non ?

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gamine, elle danse au rythme lascif de la musique. elle joue son rôle comme s'il n'y avait pas de lendemain. elle incarne tellement bien le personnage qu'elle s'est imposée à son arrivé au sinners; tu pourrais presque finir par t'y perdre. perdue entre ce que tu es vraiment et celle que tu joues. probablement, que tu es un peu des deux à la fois. tu danses pour ces hommes qui viennent se rincer l'oeil et boire leurs verres. tu danses alors que la plupart d'entre eux te dévorent du regard comme un putain de morceau de viande et qu'ils s'imaginent des trucs peu catholique de quoi faire rougir une nonne. au début, t'avais ce frisson de l'inconnu, mais finalement avec le temps; tu ne ressens plus ces frissons dérangeant qui te donnais l'impression d'être une débutante. tu le repères au fond de la salle; tu remarques son sourire d'abruti qui s'affiche sur ces lèvres. puis voilà, qu'il vient à se lever pour s'avancer vers toi; suivant le rythme de la musique sur laquelle tu te déhanches. ça pourrait presque te faire sourire, mais tu demeures dans ton rôle celle de la gamine inaccessible aux mortels. puis voilà qu'il vient se poser les fesses sur le tabouret pour que tu puisses terminer son numéro devant toi, tu le vois brandir ces billets entre tes doigts; évidemment tu es déjà proche de lui continuant la fin de ton numéro. il s'approche de toi, venant à te souffler dans la confidence; elle est pas là, jasmine ? c’est elle que j’voulais voir, ce soir. évidemment, ça te pique un peu dans ton orgueil gamine. mais quand tu vois son rictus de connard apparaître sur son visage; tu essaies de garder un peu de contenance jouant le jeu, après tout c'est toi qui l'a initiée. « elle est pas là jasmine, tu devras te contenter de moi.» ta langue qui claque un peu, paroles irritées malgré le fait que tu joues, princesse agacée. tes iris clairs qui se noient dans les siennes un moment et l'un de tes sourcils qui s'arque, tu te dis que c'est à prendre ou à laisser de toute façon, ton quart de travail se termine bientôt, du coup s'il préfère une autre; il a le loisir de le faire. cependant, tu sais qu'au fond de toi, tu ne lui déplais pas. t'as cette confiance qui gronde au creux de ton ventre quand tu croises sa route. «je termine dans 5...» qu'elle ose dire, puis finalement la musique qui baisse d'un ton annonçant la fin de ton numéro. tu viens à te redresser après avoir chopper ces billets entre ces doigts. les hommes te sifflent, tu souris à ceux-ci et tu viens à tourner les talons pour disparaître derrière le rideau. ton quart de travail est terminé, tu te vêtis de vêtements adéquats; d'autres filles viendront prendre le relais au plus grand plaisir des hommes dans la salle. tu as envoyé une invitation déguisé à sony lui signalant que tu terminais dans cinq minutes, mais évidemment il peut décider de rester là; à boire des bières et regarder la suite du spectacle. cependant, t'espères qu'il veuille te voir toi ce soir et pas les autres. un brin égoïste la princesse probablement. le truc c'est que tu sais que tu es sa préférée dans le lot, comme il est ton client préféré, mais évidemment tu ne l'ébruites pas. y'a juste ce petit jeu perpétuel entre vous.

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