edge of the night - the gang

T’as les muscles un peu tirés d’avoir trop enchainé. Faut dire, t’as eu la merveilleuse idée d’aller frapper un peu avant d’bosser. Juste un ou deux matches. Mais comme un con, t’as sous-estimé ton adversaire. Quelques coups bien placés t’ont franchement mis à mal. T’as gagné, mais pas avec la facilité que t’aurais espéré. T’as pris un sale coup à la pommette qui a déjà pris une couleur un peu sombre. Puis y’a l’égo aussi. Qu’a pris un sale coup. C’est p’tète le pire finalement. Ce putain d’égo. Surtout face à eux là. Tu fais un peu tache au milieu. Avec tes muscles moins saillants, avec ton sourire trop présent. T’as pas vraiment l’portrait type du mec de gang. Pourtant, t’en as la rage.

Tu ranges le bar en observant les filles terminer. Tu vérifies que tout se passe bien. T’as jamais été un grand fan de s’moment. Parce que les gars sont bien bourrés et qu’ils sont pas forcément chaud à l’idée de quitter ces corps trop bien formés. Tu t’apprêtes à réagir quand un p’tit pervers se permet un geste déplacé envers Nevan, mais il s’éloigne déjà. Tu croises un instant son regard, à la gamine. Celui qui veut dire j’suis là, t’inquiète. Tu souris vaguement avant d’te servir une pinte, la portant à tes lèvres. T’as pas franchement envie d’ranger. Tu passes un coup de torchon sur le bar, te contentant de ça. Les filles disparaissent pour se rhabiller et toi tu t’assois sur un tabouret, buvant rapidement ta bière jusqu’à ce que ton prénom résonne dans la salle suivante. Grognement. Tu vas faire comme si t’avais rien entendu. C’est bien aussi. Au pire, ils s'ramèneront si c'est important.

Jamais à l'heure et sûrement pas pressé. Ça fait sûrement cinq minutes qu'ils sont tous là, pourtant il prend le temps de finir sa clope, d'observer les gens qui passent devant le sinner. Des gueules aussi peu glorieuse que la sienne et de ceux qui sont à l'intérieur. Ça ressemble à ça les mauvais quartiers ? Clichés de sales tronches ou on voit presque sur les fronts qu'ils sont tous cons ? faux rois il écrase le mégot sur le trottoir avant de retrouver l'ambiance du sinner, comme un retour chez soi. L'endroit qu'on connaît bien, les filles habituelles qui se déhanchent sur la scène et les même têtes derrière le bar. Il entend gueuler le nom de sil en approchant de la porte, l'oeil qui se porte sur le sale gosse qui a pas l'air décidé à bouger son cul, il préfère siroter sa bière en lorgnant sur la scène. « t'as une sale gueule »  ça ressemble sûrement à un bonjour., peut-être. Ça l'fait rire, de voir sil la gueule abîmé. Le sourire qui suffit pas à masquer les bleus. Il a moins l'air fier avec cette dégaine-là. Et ca gueule encore à côté, sans aucune discrétion pour le faire venir.  « allez bouge toi. » coup de pied dans le tabouret, juste assez pour le déranger, un peu amusé, avant d'aller rejoindre les gars, dernier coup d'oeil sur la salle avant de s'enfermer dans la pièce. Il se laisse tomber sur un fauteuil. Il sait pas vraiment pourquoi ils sont là, les réunions c'est pas trop le genre ici. c'est sûrement important, ou si ça l'est pas il prie pour que ça se termine vite. « Y a tout l'monde? » elle est con, sa question, mais faut bien quelqu'un pour parler plutôt qu'attendre dans le silence. il pense déjà à aller prendre l'air,
il peut sûrement repasser plus tard et demander un résumé, ça suffira non ?

Sans trop de concentration je tape rapidement des lignes vertes sur l’écran noir qui accompagne chacune de mes journées et de mes nuits. Cette salle est sans doute celle que je préfère dans le coin, le bunker. Pas de musique ahurissante, pas de salopes, pas de bruit, rien. Uniquement le clavier de mon ordinateur qui joue sa symphonie familière jusqu’à ce que j’en ai ma claque – excuse banale pour faire une pause qui ne s’éternisera seulement le temps de tuer une clope. Je m’affale dans le pouffe et puis finalement je réalise que j’ai envie de partir. Je ne sais pas où, chez moi ou chez quelqu’un d’autre, ailleurs, accompagné ou bien seul. L’atmosphère du sinners me serre un peu la gorge alors j’appelle le nom de Sil histoire que le beau monde se ramène, qu’on puisse finir cette réunion pour que je me casse. « Y a tout le monde ? » J’écrase le mégot encore incandescent d’un geste leste mais lent, les réunions n’ont jamais été une partie de plaisir. Faut bien avouer que trouver des ententes avec ces têtes brûlées n’est pas une mince affaire, surtout que personne ne semble vouloir rien faire. « Apparemment non, il n'y a que vous. » Ma voix résonne d'un ton sec qui ne sait cacher une once de déception, ce n'était pas ce qui était prévu.. Je me redresse d'une manière involontairement nonchalante pour me rapprocher de mon ordinateur puis je me concentre à nouveau dessus. « alors... autant s’y mettre tout de suite. » Je suis bien venu jusque-là pour faire ce que j’ai à faire.

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