risky business (lia)

Invité

risky business

un bon vendeur n'arrache pas une vente, il se la fait offrir.
doux principe qu'est celui de l'offre et la demande, fructueux dans le domaine des armes. la guerre, plus que l'amour. à night falls au beau milieu de la nuit, les livraisons se font au vieux hangar. pas très glamour, comme lieu de rencontre, mais personne n'est là pour un love date. ce qu'on veut, c'est de l'argent. du cash en échange d'une cargaison de petits tubes métalliques qui crachent du feu, qui soufflent du plomb.
dans ce qui est le business peut-être le plus risqué de la ville - voir du monde - lia est une partenaire hors pair. calée, la gosse, très professionnelle, et il faut bien l'admettre, vraiment très douée. écoutez-la parler de ses produits. admirez-la vous vendre l'arme la plus sophistiquée et au prix qu'elle le souhaite. hommes pendus à ses lèvres quand elle se met à décrire les capacités et les caractéristiques de son dernier hk. petits bijoux qui semblent flotter entre les mains expertes de la jeune femme. elle vend du rêve, elle vend du feu, elle vend son âme en même temps que les armes. certains diront que c'est la facilité, les revenus au black que tu ne déclares jamais et sur lesquels tous les bénéfices te rentrent dans la poche. ce qui est absolument faux. pour aimer ce métier, il faut vivre avec l'amour du risque. la pression dans les veines quand ça commence à devenir chaud. quand le mec en fasse n'est pas content, quand il s'impatiente ou pète les plombs. supporter les débiles notoires qui n'y connaissent rien et veulent tout, tout de suite. c'est là tout un engrenage de survie au quotidien, dans lequel la jeune stones prospère.
un agneau au milieu des loups, certes. mais un agneau armé.
face à la douceur de ses traits, tous s'y trompent. comment une si belle enfant peut-elle tremper dans ce business ? et c'est là que cael avait vu tout juste. qui de mieux placé pour vendre des armes à une clientèle essentiellement masculine qu'une poupée torturée qu'on dirait tout droit descendue des podiums de défilés ? vous ne connaissez pas encore lia stones ? vous n'allez pas être déçus.
javi, en arrière-plan, observe. javi écoute. la logistique, ça le connaît. le dialogue, un peu moins. pour ça, lia est bien plus douée, et pour ne rien gâcher, sa palabre semble très efficace sur l'affreux bonhomme qui lui fait face. les mains dans les poches, javi s'est posé contre la caisse en bois qu'il a fait ramener jusqu'ici, afin que sa partenaire puisse conclure cette affaire une bonne fois pour toutes. trente mille paroles, plus qu'il n'en faut de la part du type qui semble autant intéressé par la vendeuse que par la marchandise. javi s'impatiente, se rapproche. "et si on parlait du paiement ?", le mexicain demande. le client ne lui adresse qu'un regard furtif et lui tend la mallette. lia, au premier plan, garde un œil sur les acheteurs. javi, de son côté, vérifie le contenu et adresse vite un petit hochement de tête à l'attention de sa collaboratrice. c'est tout bon. y'a le compte.
et là, javi qui a déjà remis la mallette dans la voiture, prêt à démarrer et attendant sa collègue, javi qui a l'habitude de ne pas s'attarder sur les formalités, n'a presque pas la temps de voir ce qui se passe. l'homme, client satisfait qui a payé pour son produit, semble réclamer plus que son dû. comme si les billets soigneusement rangés lui donnaient un quelconque droit sur la chair de lia. il l'attrape par le bras, la plaque contre le mur. le sang qui ne fait qu'un tour dans les veines, réaction plus rapide que l'éclair, le mexicain s'interpose entre les deux, appliquant une poigne ferme sur les muscles contractés de l'avant-bras du client pour le faire reculer. "t'as eu ce que tu voulais. barre-toi." javi pulse, il sent le feu brûlant le consumer de l'intérieur. si l'autre ne lâche pas, ça va partir. et ça peut partir très loin. c'est l'histoire de quelques secondes, tout au plus. et ça ne tient qu'à l'homme de s'éloigner au plus vite de lia.

Invité

risky business

ce soir, il n'y a que javi et lia pour conclure l'affaire. elle qui d'habitude ne se déplace pas sans sa horde de chiens de gardes. mais ce soir, c'est pas censé être une ventre trop ardue. c'est censé s'passer bien. c'est pas censé déraper. elle entame son monologue la gamine, ne prête pas attention au regard du gars en face d'elle. parce qu'il ne l'écoute pas. il ne fait que la regarder. le regard qui épouse ses formes au rythme de ses pas. lia elle serre les poings sans pour autant craquer. elle ne se laisse pas déstabiliser. c'est son lot quotidien, les regards lubrique qui la détaillent. ceux qui croient qu'ils peuvent la toucher. l'enlacer. elle continue son discours, comme toujours. elle s'arrête finalement devant les acheteurs, ses prunelles qui accrochent celles de l'homme face à elle. ne pensez pas pouvoir faire meilleure affaire ailleurs. lia pose les mains sur la table devant elle. une vieille table en bois qui traîne sûrement ici depuis des décennies. elle se penche légèrement, essaie de couper court aux négociations. ça n'existe pas, une meilleure affaire. l'homme continue de déblatérer. jusqu'à c'que javi s'pointe. il s'arrête pendant seulement quelques secondes, lui tend la mallette qui contient les billets avant de reporter son attention sur lia. la gamine, elle entend les pas de javi qui s'éloigne pour retourner à la voiture. alors elle reporte son attention sur l'type en face d'elle. c'est l'moment de s'en aller. c'était un plaisir de faire affaire avec vous. messieurs. un signe de la tête et elle fait demi-tour, lia. leur tourne le dos. mais elle n'a le temps de n'faire qu'un seul pas. l'gars à qui elle parlait quelques secondes plus tôt l'attrape par le bras sans qu'elle n'ait le temps de réagir. elle se retrouve placardée contre le mur, sans aucun moyen de s'en sortir. y'a un éclair de panique qui passe dans les prunelles de la gosse. elle se revoit enfant, quand papa frappait maman. mauvais souvenir, haut-le-cœur. lia ça vrille dans son cerveau, l'sang qui s'met à bouillonner. la voix de javi qui résonne entre les murs effrités du hangar. mauvais réflexe, l'type il lâche lia pour poser sa main sur l'bras de javi à son tour. la gosse, elle sort le hk qui est accroché à sa cuisse et l'colle contre son torse. à lui. il a raison. t'as eu c'que tu voulais. les prunelles qui s'assombrissent, la mâchoire qui se serre. dégage avant que j'devienne moins sympa. l'type en face, il hésite un instant. mais il sait qu'il est foutu si il insiste. il sait qu'il ira pas bien loin. vous me l'paierez. il lâche en partant. lia, elle baisse finalement son arme, le corps raidi par la haine. note pour plus tard, ne jamais leur tourner le dos. elle souffle la gamine, tandis qu'elle pose son arme sur la table devant elle. merci. elle lève enfin les yeux vers javi, partagée entre le reconnaissance et sa fierté légendaire. elle a pas besoin que quelqu'un vole à son secours, lia. mais j'aurais pu m'en sortir toute seule. faut l'dire, faut pas que quelqu'un puisse croire qu'elle a des faiblesses. elle veut pas qu'ils sachent que parfois elle redevient amelia. la gosse des rues. celle qui s'réveille toutes les nuits, secouées par les cauchemars sans fin. ces nuits où elle se revoit lui ôter la vie. à lui. son père. ces nuits où elle entend de nouveau les os de sa mère se briser sous les coups. dis moi qu'il y a un truc à boire dans cette foutue voiture ? elle a besoin de boire lia. d'oublier. de tout oublier.

Invité

c'est un plaisir de faire affaire avec vous. trop de politesse, peu de vérité dans des propos plus commerciaux que sincères. car c'est loin de n'être toujours qu'une partie de plaisir. c'est même rarement le cas. pourtant il faut avouer que parfois, réaliser une vente en compagnie de lia est tout sauf une corvée. c'est qu'elle sait y faire, la petite. il faut voir avec quel tact elle retourne le cerveau des acheteurs, et avec quelle maîtrise elle manipule ses armes, en énumérant chacune de leurs caractéristiques. tout ça en fonction de ce que le type en face veut entendre. la plupart du temps, ça se passe bien. sauf que ce soir, le charme de lia fait un peu trop d'effet au client. à qui n'en fait-il pas, certes, mais pas de là à attraper la jeune femme comme un prédateur mord sa proie au cou... javi s'emporte, direct. et c'est sur son propre bras que la main du mec se referme. javi s'en fiche, javi s'en fout. s'il faut aller au combat, il ira. exquise impression que tous les muscles en alertes sont prêts, parés à bondir et asséner le premier coup, s'il le faut. mais c'est sans compter sur lia, et ses jouets. un hk dégainé depuis la cuisse de la jeune femme et porté sur le torse du malfrat. "dégage avant que j'devienne moins sympa.", la gosse siffle. le client n'insiste pas. plus d'aplomb que de plomb. plus de trouille que de couilles. c'est qu'elle sait impressionner, lia. la belle a parlé, tout le monde se tait. même javi en reste bouche bée, mélange étrange entre admiration et désir. elle a du chien, personne ne peut le nier.
vous me l'paierez. dernière menace en l'air insufflée par le client, avant qu'il ne daigne finalement tourner les talons et s'en aller, cargaison chargée et payée. voilà une affaire qui finalement se termine bien. contrairement à la tournure que ça aurait pu prendre s'il avait insisté, et s'il n'avait pas lâché les deux vendeurs. "note pour plus tard, ne jamais leur tourner le dos". leçon évidente, bien plus dans la pratique que dans la théorie. leçon parfois oubliée, lorsque les choses paraissent trop simples. le principal c'est que l'autre avait lâché, sans chercher plus loin. "à mon avis celui-là te voulait plus de bien que de mal. un peu trop, même." javi constate, même si lia l'avait certainement deviné. goût amer dans la bouche en y pensant, lia possédée par ce mec. petite chose trop précieuse entre les mains d'un gros bourrin, qui la jèterait dehors une fois que se pointerait l'aurore. peut-être même avant, lorsque le mal serait fait.
lia lève les yeux sur javi, presque comme gênée d'avoir à faire des remerciements. "merci. mais j'aurais pu m'en sortir toute seule". vérité avérée, mais ç'avait été plus fort que lui. le sang qui bouillonne trop fort, qui fait le tour si vite que ça en brûle les veines. "je sais, j'en doute pas un seul instant." elle avait les armes pour se défendre, elle avait le tempérament pour ne pas se laisser faire. mais... mais l'impulsivité ne s'explique pas. quelque chose en lui, ce dragon malsain qui sommeille la plupart du temps, s'était réveillé. on ne touche pas à lia, à moins qu'elle vous le demande. c'est tout. y'a pas à discuter. "d'ailleurs j'ai rien fait, si tu remarques bien. t'as dégainé comme une vraie pro" et c'était peut-être parce qu'elle en était une. là-dessus non plus, aucun doute à avoir. expertise acquise malgré son jeune âge, sa maturité et son aplomb font d'elle une vendeuse hors pair.
la main de javi effleure son épaule, y laisse une caresse amicale. soupir bienvenu, la tension qui redescend doucement. il avait vu pire, le mexicain, bien pire. et s'était déjà retrouvé dans des traquenards bien plus dangereux. celui-là s'était réglé en moins de temps qu'il faut pour le dire. et c'est tant mieux. lia et javi battent lentement en retrait vers leur véhicule, les doigts encore crispés de la montée d'adrénaline soudaine. "dis moi qu'il y a un truc à boire dans cette foutue voiture". en voilà une idée plaisante. alcool désinhibant, enivrant. alcool qui fait oublier, dans lequel on aime à se noyer. là-dessus, javi n'allait pas contredire la jeune femme. la bouteille de mezcal, cet alcool mexicain se rapprochant plus ou moins de la tequila, va enfin être débouchonnée. javi ouvre le coffre, en sort la bouteille et la débouchonne avant de la tendre à lia. "après l'effort, le réconfort. à la tienne, ma belle". tu l'as bien mérité, t'as fait le taf comme une reine. un sourire se dessine sur les lèvres du sudaméricain. "vas-y doucement, c'est assez fort". simple mise en garde, à prendre ou à laisser. et tandis qu'elle porte à la bouteille à ses lèvres pour en avaler une première gorgée, les doigts de javi glissent sur son visage où une mèche de cheveux est venue obstruer le passage de la boisson dans sa bouche.

Invité

enfin parti, l'gros lourd. corps crispé, c'est pas la première fois que ça lui arrive. pas la première fois qu'un mec croit qu'il a tout les droits sur son corps. elle a jamais vraiment vécu de deal qui soit parti en vrille réellement. elle a jamais eu besoin de tirer pendant un échange. mais elle sait la gamine. elle sait qu'un jour ça arrivera, qu'elle devra s'défendre pour de bon. elle est formée pour ça, elle est certaine d'pas rater sa cible. rictus dégoûté qui lui fend l'visage quand elle entend les paroles de javi. dommage que les gros porcs qui s'croient tout permis ce soit pas mon genre. poings qui se serrent, elle envie de vomir la gamine. lia elle reporte son attention sur javi. javi qui est venu à son secours. elle lui est reconnaissante, même si elle s'sent obligée de préciser qu'elle avait pas besoin de lui. parce qu'elle est comme ça lia. elle a besoin de personne. elle s'démerde toute seule depuis qu'elle a seize ans. l'poids de son secret qui pèse sur ses épaules. elle a éloigné tout l'monde, consciemment ou non. pour s'enfoncer. s'enfoncer dans c'monde qui est devenu l'sien. un monde dangereux qui lui joue parfois des tours. adrénaline qui lui donne l'impression d'exister. sourire qui étire ses lèvres quand il ne la contredit pas. au moins un qui l'apprécie à sa juste valeur. un qui n'essaie pas de la dévaloriser. un qui sait. ça, c'est parce que je suis une pro. chéri. sourire enjôleur, elle décompresse la gamine. elle essaie d'passer à autre chose. d'oublier cet accrochage. parce qu'il n'y pas mort d'homme après tout. la catastrophe a été évitée. ils forment un bon duo, après tout. lia et javi. ils s'en sortent bien, à deux. et quand l'envie de boire se fait pressante, il prend la direction d'la voiture, la gamine sur les talons. pas l'meilleur endroit pour boire, mais elle a pas vraiment envie d'aller ailleurs. pas envie d'attendre non plus. une fois devant l'bolide, elle s'appuie contre la carrosserie avant d'attraper la bouteille déjà ouverte que lui tend javi. c'est exactement ce dont j'avais besoin. sourire qui étire ses lèvres tandis qu'il la met en garde. elle l'avouera pas lia, mais elle aime ça, ce côté protecteur qu'il a javi. c'sentiment d'être en sécurité quand elle est sur le terrain avec lui. j'te fais confiance pour t'occuper d'moi si ça me monte à la tête. elle porte la bouteille à ses lèvres tandis que javi laisse ses doigts parcourir son visage. un frisson lui parcourt l'échine. léger. rapide. conséquence directe du liquide qui coule dans sa gorge et de ses doigts sur sa peau. elle grimace légèrement quand elle avale finalement une deuxième gorgée. elle lui tend la bouteille, lia, avant de laisser ses doigts glisser le long de son bras. tu t'es déjà fait tirer dessus ? elle demande la gamine. curieuse. elle s'demande c'que ça fait. c'moment où on a l'impression qu'on va mourir. où on pense qu'on va rendre son dernier souffle. parce que ça lui fait peur ça, à lia. ça lui fait peur d'mourir. d'mourir et d'être oubliée. parce qu'elle manquera à personne, la gosse des rues. et c'est l'genre de truc qui lui tord les entrailles. de s'dire que l'jour où elle partira, personne ne pensera plus à elle. qui sera là, à son enterrement ? qui pour fleurir sa tombe et cultiver sa mémoire ? qui pour la pleurer les durs soirs d'hiver ? elle s'demande la gosse. les doigts qui parcourent toujours son bras, les yeux dans l'vague. elle lui reprend la bouteille des mains pour en avaler une longue gorgée. picotements dans la gorge, elle ferme les yeux quelques secondes. t'as raison, bois. c'est mieux, pour avoir les idées claires, lia.