fleur assassine. (nebby)

elle vagabonde un long moment, l'esprit retourné, embrumé. dans peu de temps, elle y retourne. là-bas. au sinners. elle va lancer des sourires, des regards vicieux, envieux. et tout ne sera que faux semblant. comme d'habitude. ses yeux rougies lui donneront un côté encore plus attirant, comme certain s'amusent à le dire. puis, au bout de deux trois danses, elle va suivre un client, qui encore une fois, va insister lourdement. pour se la taper. la souiller. encore un peu plus. nevan, elle aime pas ça. elle déteste, même. mais elle supporte, parce qu'elle n'a pas le choix. parce qu'elle ne veut pas décevoir sa famille. parce qu'elle ne veut pas entacher la réputation du club. de sa famille. elle se laisse entraîné, à jusqu'à l'hôtel juste à côté. dégueulasse. tout comme elle, comme son corps. souillé, malmené. puis après, comme d'habitude, elle va prendre une pause. fumer. fumer. et fumer. frotter ses jambes, sales, puis elle va aller dans les vestiaires, se nettoyer comme elle le peut, se changer. et tout recommencer. jusqu'au bout de la nuit. comme d'habitude. alors elle souffle longuement, comme pour se donner du courage. elle reste planté là, devant la grande porte, en train de fumer une dernière clope. puis elle lance un regard de travers à ali, qui la fixe en rigolant. elle se retient même de lui présenter son doigt. crasseux. elle aimerait bien voir sa tête, s'il s'agissait de sa petite sœur à sa place. il ferait sûrement moins le petit con. elle pense. mais elle ne sait pas, en faite. mais elle aimerait voir ça. juste pour voir. puis finalement, elle passe, l'ignorant au passage. elle retrouve les autres. niamh. jill. puis les autres. mais les autres, elles ne l'intéressent pas tant que ça. elle se change, retouche un peu son maquillage. masse ses jambes avec une crème. et c'est parti. première danse. la soirée commence. dans la foule, elle reconnaît certains clients, d'autres pas. des anciens. des nouveaux. beaucoup ne savent pas où donner de la tête, avec toutes ces danseuses. c'est compréhensible. à leur place, elle serait pareil, la nev. le temps passe donc, parfois lentement, parfois vite. puis voilà. le premier lourd arrive. elle se baisse pour pouvoir l'entendre, et poliment, elle prend la main tendue. il la fait descendre, puis l'invite. elle regarde derrière elle. personne ne remarque. personne, sauf niamh. mais elle, elle ne peut rien faire. juste, danser. alors nevan, elle continue son chemin, sans rien dire, se préparant psychologiquement. elle aurait dû fumer un peu plus. parce que là, elle ne se sent pas assez défoncé. non. puis une fois dehors, par la sortie officieuse, elle la croise. son double. son autre elle. elle s'arrête net. et le client fronce les sourcils en la regardant. mais son regard trouble reste bloqué devant elle. sur bobby. du coup, le balourd détourne le regard, puis la remarque aussi. il prend un air choqué, les regarde à tour de rôle. puis gueule un coup. grogne qu'il ne comprend plus rien. puis s'en va. nev, elle ne sait pas quoi dire. alors elle reste planté là, sans trop savoir quoi faire. alors elle pose une question. débile. mais elle la pose. "tu as de quoi fumer, s'te plaît?" elle fait style de rien.

@bobby lo

les semelles qui traîne. frotte. brûle le béton armé sous ses pieds. y a la fatigue qui s'immisce. sur ses traits. dans ses gestes. partout. doucement. lentement. elle la sent, bobby. quand ses yeux clignent, un peu. quand sa respiration faiblit, un peu. poison lent. poison puissant. il fait nuit. depuis combien de temps ? les journées qui sont longues. celles passées à récurer. nettoyer. ranger. toutes les mêmes. récurer. nettoyer. ranger. la même chose toute la journée. récurer. nettoyer. ranger. y a ses mains qui tremblent un peu. la douleur qui lance. doucement. pas assez pour grimacer. assez pour tiquer. elle a pas envie de rentrer, bobby. pas tout de suite. pas maintenant. pas cette nuit. frêle silhouette qui navigue dans la nuit noir. le froid qui réveil. le froid qui mord sa peau. les joues roses. nuages blanchâtre au-dessus de sa tête. brune qui rôde. corps qui erre. elle a l'esprit loin, bobby. d'elle. d'ici. percher à quelques mètres au-dessus du sol. là où la réalité est moins dur. là où on peut relativiser. parce qu'elle n'a plus que ça, bobby. alors qu'elle bouillonne. alors que sa mâchoire se crispe. sous la fatigue. sous la pression. mais il ne faut rien dire. il faut tout garder pour soi. parce qu'elle a pas envie, bobby. de voir ces regards emplit de pitié penché sur elle. ces sourires faussement doux. ceux qu'elle a envie d'arracher. de tirer. de griffer. un soupire et son regard qui se redresse. silhouettes courbées aux couleurs vives. ça détonne. déchire la nuit noir. elle aime ça, bobby. la lumière qui agresse sa rétine. s'imprime. club aux allures glauque qui attire ses pas alors qu'elle s'arrête un instant. se stop devant. main qui se glisse dans sa poche pour en tirer un paquet de clopes. le dernier. c'est ce qu'elle se dit à chaque fois. elle en tire une, la glisse entre ses lèvres rosées avant de l'allumer. et un instant, elle a l'impression que ça va un peu mieux. un instant, elle sent ses muscles se détendre. son esprit aussi. celui qui carbure à mille à l'heure. souvent. tout le temps. une taffe. la fumée qu'elle extirpe. elle l'entend, la musique qui résonne à l'intérieur. son esprit qui imagine déjà l'intérieur. tout le monde en parle, du sinner. à voix basse. à coup de regard tendancieux. et bobby, elle a envie de voir. de découvrir. d'apprivoiser ce terrain inconnu. mais y a nevan là-dedans, et y a sa mâchoire qui se crispe un peu. y a nevan qui bosse ici et y a son regard qui s'assombrit alors qu'elle voit encore l'inscription rouge vif du sinner quand elle ferme les yeux. incrusté. seule silhouette qui se dessine devant l'endroit. mais y a une porte qui claque. qui brise le silence presque reposant. cendre qui dégringole, fumée qu'elle expire. y a des silhouettes qui se dessinent. s'approchent. lentement. doucement. un homme, une femme. elle a envie de sourire, bobby. pendant une seconde. elle aurait pu, bobby. si seulement elle ne la connaissait pas. ce profil qu'elle partage. cette allure qu'elle connaît. reconnait vite. arrêt sur image. prunelles sombres qui glissent d'un corps à l'autre. sa clope qu'elle lâche. cadavre de cigarette qu'elle écrase. durement. vivement. y a sa gorge qui se crispe, sa mâchoire qui se crispe un peu. y a nevan qui croise son regard et elle bouillonne bobby. c'est dur, violent. l'image qui s'imprime. les intentions aussi. celles qu'elle devine. celles qu'elle aimerait ignorer. mais c'est pas n'importe qui. c'est nevan et tout est différent. elle prête même pas attention au type. y a que son reflet qu'elle fixe. qu'elle ne quitte plus. ses mains qui se serrent un peu. elle se retient bobby. de la regarder. elle. seulement, elle. pour ne pas sauter au cou de ce type. pour ne pas le frapper. le pousser. hurler. cracher. sa salive. ce flot de mots qui remonte dans sa gorge aussi. les mots-couteaux. sa voix qui brise le silence pesant et c'est le feu aux poudres. tu te fous de ma gueule ? c'est dur alors qu'elle s'avance un peu. bobby, elle sait pas trop comment gérer la colère qui la submerge. la détresse aussi. sa sœur qu'elle aimerait protéger. aider. mais la réalité ce sont ces années séparées. la vie qui casse. la vie qui brise. les destins. les existences. c'est souvent, ça ? son visage qui mouve un peu. un mot pour désigner la situation. celle un peu trop dur à formuler. à réaliser. son regard qui se plisse, ses mains qui tremblent. c'est comme ça que ça marche là-dedans ? qu'elle crache. elle a envie d'hurler, bobby. contre nevan. contre le patron de ce club. contre la vie. peut-être contre elle aussi, de lui avoir volé sa vie.

nev, elle ne sait plus quoi faire. elle affronte le regard, ces prunelles identiques aux siennes. elle la voit, devenir colère, haine. ça lui flanque limite la trouille, parce qu'elle sait pertinemment que face à bobby, elle ne peut rien faire, rien dire. elle ne le peut pas, veut pas. incapable de briser leur lien récemment développé après un début de vie séparées. alors elle encaisse sans rien dire, elle laisse sa sœur lui cracher au visage comme si elle n'était qu'une vulgaire prostituée. comme si ce qu'il risquait de se passer avec cet homme résumait sa vie, alors que pas du tout. non. elle n'est pas comme ça, elle ne l'a pas voulu, mais elle ne veut pas non plus faire tord au sinner, à sa famille. alors oui, elle s'apprêtait à le faire, pour le bien de son équipe. mais au bout d'un moment, elle se trouve obligé de répondre, de donner des réponses. alors elle le fait. "non, c'est la première fois. je te jure.." elle prend une pause, essaie de trouver les bons mots. "je ne me voyais pas refuser.. c'est tout. je ne veux pas perdre mon boulot. je ne veux pas que le sinner ait une mauvaise réputation auprès des clients.." nouvelle pause. elle baisse les yeux, fixe le sol, n'ose plus trop regarder son double. "comme on dit, le client est roi... non?" elle hausse les épaules, comme si cette réponse était une excuse. comme si cela changeait réellement quelque chose. elle en doute fortement, mais elle le fait quand même. quitte à s'enfoncer, de toute façon. elle ne cherche à défendre personne. non, elle ne cherche même pas à défendre le sinner lorsque bobby insinue que les choses se passent toujours ainsi pour les filles, parce qu'elle ne veut pas empirer son cas à vouloir défendre quelqu'un. et parce qu'elle ne veut pas que la discussion tourne vraiment mal entre elles, surtout que les choses sont déjà suffisamment tendues. en temps normal, elle l'aurait déjà fait, défendre ceux qui l'avaient sauvé d'une vie merdique, mais là, non. parce qu'elle ne veut perdre ni l'un, ni l'autre. elle ne veut pas se mouiller. dans le fond, elle sait pourquoi. pour qui. mais elle ne le fera jamais, parce qu'elle sait aussi qu'elle risque gros. dans tous les sens du terme. et elle ne veut pas, pas tout de suite, pas pour une histoire aussi compliqué. mais elle sait aussi que sa jumelle ne lâchera pas l'affaire aussi facilement. ce qui lui fait peur. très peur.