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 happy hour is not happy for everybody (nejma)

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Nikos Avergopulos
- some guys really can't hold their arsenic -
Nikos Avergopulos

happy hour is not happy for everybody (nejma) H5jd

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MessageSujet: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyJeu 4 Jan - 9:17

Sa crinière brune tombant dans son dos et son sourire effacé, Nikos la regardait servir au comptoir tandis qu'il faisait les comptes dans un coin du bar. Elle semblait particulièrement lente aujourd'hui, le bad mood était évident. Elle était arrivée en marmonnant un bonjour peu engageant et n'avait pas pipé mot depuis à part pour annoncer le prix des consos. Nikos était pas du genre très bavard, genre collègue social qui demande si le week-end avait été bon ou à faire des remarques débiles sur la météo dehors mais quand même. En général elle lui parlait un peu, tentait de le dérider, lui racontait des banalités. Le soucis c'est que Nikos avait longuement hésité à l'engager et qu'il n'avait pas envie d'être déçu. Sa première réticence venait du fait qu'elle était beaucoup trop jolie pour servir dans un trou à rat comme le roaring lion et qu'il n'avait pas envie de passer son temps à calmer les ardeurs des gros porcs qui venaient poser leurs gros culs sur les sièges du bar. Mais voilà, la nana semblait avoir besoin de fric et Nikos savait bien ce que c'était que d'avoir besoin de frics. C'était la racine du mal chez lui, avec un peu de fric il aurait pu se barrer et ne jamais revenir de ce bled pourri, réaliser ses rêves, espérer autre chose que de finir co-gestionnaire de ce bar merdique. Sauf que sa mère était morte, que son père était devenu un connard alcoolique misogyne, chose qu'il était déjà avant d'ailleurs, y'avait qu'à voir l'état de sa mère. Pas étonnant qu'elle avait développé un cancer avec le stress et les violences que lui faisaient subir Stavros. N'importe qui vivant aux côtés de ce monstre voyait sa durée de vie rallonger. A moins de faire comme Nikos et de décider de se priver de toutes émotions. Ne pas ressentir, c'est ne pas souffrir. C'est ce qu'il s'est répété toute sa vie et jusqu'ici ça lui a réussi. Alors ouais, il la comprend la jolie brune qui tire la gueule derrière son comptoir et à qui il arrive d'oublier les commandes. Sauf que voilà, le rush commence, on est vendredi soir il est 20h. Il lui avait pourtant demandé si elle pensait pouvoir s'en sortir seule et elle lui avait répondu oui. Sauf qu'à l'évidence, ce n'était pas le cas. Nikos referma le livre des comptes qu'il coinça sous son bras et se dirigea jusqu'au comptoir, il passa derrière et posa le bouquin sur l'étagère du haut. T'es sous l'eau là, je pensais que tu t'en sortirais. Les clients affluaient, bruyants et agressifs, ou parfois calme et morose. Il y avait de tout au Roaring Lion mais on dirait bien qu'ils étaient tous là ce soir. Visiblement, certains avaient rapidement oubliés leurs résolutions de fin d'année. Faut vraiment que t'actives dans des moments comme ça parce qu'ils ont pas patience comme deuxième prénom. Si son père arrivait et voyait le bordel ambiant, il risquerait de faire une syncope. Un comble pour un mec qui en branlait pas une et se contentait de jouer l'inspecteur des travaux finis. Mais peu importait Stravros en faite, Nikos n'avait pas grand chose dans sa vie autre que le Roaring Lion justement et il était important pour lui que les choses se déroulent bien. C'était le seul truc qu'il contrôlait, le seul truc qu'il avait. Puisque la fac avait été trop chère, puisque son avenir était merdique, il voulait qu'au moins le seul truc qu'il avait gardé de sa mère reste à flot. Même si ça voulait dire secouer la jolie brune écorchée par la vie qui servait des whisky secs un peu trop lentement ce soir.
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyMar 9 Jan - 12:51

Le verre humide qui glisse entre ses mains, ricoche sur le bois usé du comptoir, atterri entre ses doigts fins alors qu’elle le rattrape de justesse, l’instant avant qu’il ne vienne s’écraser au sol, se brise en mille fragments tranchants. Le verre qu’elle repose précautionneusement sur le bar, la main qu’elle vient glisser dans ses mèches brunes en un geste fatigué. Y a des jours avec et des jours sans ; cette journée qui s’inscrit sans hésitation dans la seconde catégorie, cette journée au cours de laquelle elle n’a su que se traîner, l’attente aliénante que passent les heures, qu’enfin de jais se teinte le firmament. Mais avant de regagner son lit y a un passage obligé, le boulot, celui qu’elle a décroché y a quelques jours à peine, celui qui lui permet de survivre, lui rapporte le blé grâce auquel elle a ce lit qu’elle chérit présentement tant. Le lit auquel elle rêvasse en essuyant le verre qu’elle vient de sauver d’une mort certaine, sursaute en entendant un client l’appeler pour la cinquième fois, le ton qui a fini par se hausser. Oups. Et la gamine des sables qui s’approche, le pas plus lent qu’elle ne le voudrait, la soirée va être longue et elle le sait.

Vingt heures, elle est pas au bout de ses peines Nejma, les commandes qui s’accumulent plus vite qu’elle ne peut gérer. Elle a les paupières qui se ferment toutes seules, elle s’en va par moments, le corps toujours présent derrière le comptoir mais l’esprit ailleurs, partout, nulle part, n’importe où. Y a les bras qui se font trop lents à son goût, au goût de tout le monde, et les jambes qui lui semblent lourdes, trop lourdes pour pouvoir courir à droite à gauche, prendre une commande, servir la boisson, encaisser l’argent, débarrasser, nettoyer, essuyer, la mélodie infernale qu’elle rejoue en boucle depuis son arrivée dans le bar, mais pas assez vite malheureusement, pas ce soir. Et l’patron qui a disparu un instant, elle saute sur l’occasion la demoiselle, se rue dans la réserve, sur son sac à main, y cherche désespérément les p’tites boîtes de médocs. Celles qui pourraient peut-être lui permettre de tenir, insuffler un peu d’énergie à son corps fébrile, fluidifier un peu la respiration qui se fait difficile depuis un moment. Et elle soupire Nejma, le soupir de rage, le cri de frustration à deux doigts de lui échapper lorsqu’elle réalise qu’elle les a oubliés au motel. Elle les voit très clairement, c’est ça l’pire, soigneusement alignés sur la petite table de la chambre, tout comme elle se voit partir à toute vitesse, en retard, distraite, comme trop souvent. Elle se maudit intérieurement de n’pas les avoir aperçus au dernier instant, fourré dans son sac en vitesse, une fois de plus elle va rater une – plusieurs – de ses prises quotidiennes, une fois de plus elle fait de la merde, elle abuse la Saoudienne.

La p’tite brune bien vite revenue à son poste, comme si de rien n’était, et la mine plus déconfite que jamais tandis qu’elle s’escrime à remplir une nouvelle chope de bière alors que, de son autre main, elle pousse un fond de whiskey dans la direction de l’un des clients, le sourire qu’elle lui adresse, le sourire qui n’atteint pas ses yeux. Elle fait de son mieux la gamine, le cœur y est mais le corps fait défaut, trop lent, parvient pas à rattraper le retard qu’elle a pris. Et les yeux qui s’écarquillent, horrifiés, lorsqu’elle voit encore de nouvelles personnes pousser la porte du bar, la demoiselle loin de s’douter que c’est que le début des problèmes pour elle. Parce qu’y a le patron qui approche déjà, prêt à remettre les pendules à l’heure, c’est seulement en entendant le son de sa voix qu’elle se retourne, l’ayant pas vu arriver, la fatigue qui limite les facultés de ses sens.

J’pensais que tu t’en sortirais. Ouais, elle aussi elle pensait, malheureusement tout s’passe pas toujours comme on l’croit dans la vie, et elle non plus ça l’amuse pas d’être aussi peu efficace, elle aussi elle préférerait être en mesure d’honorer les promesses qu’elle lui a vendues pour se faire embaucher. Les dents nacrées qui viennent se planter dans sa lèvre inférieure pour ravaler les paroles qui lui brûlent la langue, les prunelles sombres qui viennent se planter dans celles de son supérieur, soutiennent son regard sans ciller malgré la fatigue, parce que jamais elle détourne les yeux Nejma, jamais. Et les méninges qui s’activent comme elles peuvent, vite, trouve un truc à répondre, n’importe quoi, faut juste pas qu’il sache ; les méninges qui s’activent pas suffisamment vite, parce qu’elle c’est rapidité qu’elle a pas pour deuxième prénom ce soir.

- Ouais, désolée, qu’elle commence, pour gagner du temps. J’vais m’rattraper, t’inquiètes.

Et le regard décidé, la gamine qui joue toutes ses cartes pour gagner, qu’il la croit, peu importe combien les chances pour cela sont minces.

- J’ai juste eu un p’tit coup de mou là, j’ai mal dormi cette nuit, mais ça va aller, dans deux minutes tout sera rentré dans l’ordre.

Elle s’efforce de se montrer convaincante alors qu’elle formule des mensonges auxquels elle est la première à ne pas croire, son corps qui se charge pour elle de hurler qu’elle se sent trop mal pour rattraper quoi que ce soit, la fatigue au fond des rétines et les mains trop fermement cramponnées au comptoir.
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Nikos Avergopulos
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyVen 12 Jan - 11:28

Si le Roaring Lion n'avait pas été le seul héritage que sa défunte mère lui avait laissé, il aurait classé le dossier depuis un moment. Ce pub puant où se retrouvaient les âmes en peine était un nid à ordures, la source de tous ses problèmes. Et pourtant il s'obstinait à le gérer comme si sa vie en dépendait, malgré le désintérêt évident de son père pour l'affaire familiale. Bizarrement, le Roaring Lion était plus que rentable, Nikos avait jeté un coup d'oeil aux comptes que son père protégeait scrupuleusement et les dépenses couvraient largement les bénéfices. C'en était bluffant, c'était d'ailleurs pour ça qu'il avait pu se permettre d'arrêter de se vendre à des femmes qui avaient parfois plus du double de son âge. Mieux encore, de nouveaux clients arrivaient tout les jours, on se demandait d'où ils sortaient étant donné l'impopularité de ce trou paumé mais le fait que l'argent rentrait. Et ils avaient fini par manquer de manoeuvre : d'où l'embauche du joyaux noir qui tanguait derrière le bar dans une danse que Nikos connaissait bien : celle de l'épuisement. Moral ou physique, il était bien là. Perceptible comme le soleil un jour d'été, impossible de l'ignorer. C'était flagrant. Sa façon de se tenir, sa façon de parler, sa façon de sourire. Tout chez cette nana criait que quelque chose n'allait pas. Sauf que voilà, il ne la connaissait pas encore pour savoir si il avait affaire une malade imaginaire bien rodée ou à une nana qui perdait pieds. Nikos n'était pas très doué pour deviner les émotions humaines, bien qu'il fut capable de les coucher sur papier ou de les chanter au piano. Mais il savait reconnaitre certains signes. Il la voit se cramponner au comptoir comme si sa vie en dépendait alors il se retourne, s'empare d'un grand verre à bière et y fait couler de l'eau avant de rajouter des glaçons. Il le tend à Nejma. Bois ça, t'es pâle comme la mort. C'est jamais bon signe ce teint là. Ça lui rappelle sa mère, au moment où elle avait commencé à passer tous ses examens. Avant d'apprendre qu'elle avait le cancer et qu'ils n'avaient pas le fric nécessaire pour se soigner. Pas le moment de penser à ça. Va te reposer un peu dans la réserve, reviens dans dix minutes. Nikos prend le relai, sert les clients les plus impatients, ceux dont les minutes considéraient trop longues pouvaient mener facilement à une altercation. Il écoule la vague de monde accumulée au comptoir, et vingt minutes plus tard le calme est revenu, le rythme de croisière est pris et tout le monde semble occuper à apprécier sa conso. Nikos balance le torchon qu'il a entre les mains sur son épaule et rince ses shakers, c'est en les mettant sur l'égouttoir qu'il remarque que Nejma n'est toujours pas revenue. Super, si ça se trouve la nana s'était barrée sans demander son reste et il se retrouvait seul comme un con pour gérer toute la soirée. Nikos jete un oeil à la porte de la réserve entre-ouverte et hausse les sourcils lorsqu'il voit une jambe allongée à même le sol. What the hell. Nikos lâche tout, avançant à grandes enjambées jusqu'à la réserve, il ouvre la porte et celle-ci bute sur le corps inanimé de Nejma. Oh, fucking hell. Il s'abaisse immédiatement, prend le visage de la serveuse entre ses mains. Nejma, tu m'entends ? Il commence à paniquer, il prend son poul et pousse un soupir de soulagement lorsqu'il réalise qu'elle respire. Il n'avait pas besoin de ça, il n'avait vraiment pas besoin de ça et le bar qui continuait à tourner sans personne au comptoir. Dans quel bordel s'était-il foutu ? Le control freak qui était en lui commençait à péter une sérieuse durite face à l'imprévisibilité de la situation. La seule chose dont il avait besoin dans l'immédiat c'était que la nana qu'il avait employé il y a quelques semaines reprenne ses esprits et lui dise ce qu'il se passe. Il savait qu'elle n'était pas américaine, elle n'avait sûrement pas d'assurance et faire déplacer une ambulance était sûrement hors de prix pour elle. Putain d'Amérique et son absence de sécurité sociale. Ce n'était vraiment pas sérieux, vraiment pas du tout sérieux. Nejma, réveille toi s'il te plait. Il la secoue un peu plus fort cette fois et Dieu soit loué, la magnifique brune finit par ouvrir les yeux. Putain de merde, tu m'as fais peur ? T'as pas mangé aujourd'hui ou quoi ? Ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un perdre connaissance, lui-même quand il était ado était sujet aux crises d'hypoglycémie, les malaises vagaux étaient sa spécialité. Mais c'était de sa faute, elle était putain de pâle quelques minutes plus tôt, il aurait du anticiper, il aurait du l'accompagner et s'assurait qu'elle allait bien. Voilà que son instinct de Superman refaisait surface, pourtant là dans la réserve avec la frêle Nejma dans ses bras, Nikos n'avait rien d'un super-héros.
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyLun 22 Jan - 9:10

Amer, le rictus qui effleure ses lèvres aux mots du garçon. « Pâle comme la mort », ah, Nikos, si tu savais… Mais il sait rien le jeune homme, n’a pas la moindre idée de c’qu’elle traverse, la demoiselle qui ne lui a bien évidemment rien dit de son état. Elle lui a pas dit pour sa maladie, qu’elle était pas à l’abri de faire une crise en plein service, s’essouffler ou perdre connaissance parce qu’elle le considère pas assez sérieusement, son traitement. Bien évidemment qu’elle lui a rien dit, c’est pas le genre d’infos très vendeuses sur le CV. Et les doigts fins qui se referment autour du verre qu’il lui tend, s’agrippent au matériau froid, le portent à ses lèvres pour en boire quelques gorgées. Elle boit mais ça fait pas grand-chose, le liquide glacé qu’elle sent couler le long de sa trachée, qui suffit à peine à désembrouiller un peu ses pensées ; car c’est pas d’eau qu’elle a besoin la p’tite brune, mais bien de repos, ses médicaments, éventuellement. C’qu’elle n’a pas, en l’occurrence, elle se prépare déjà à faire sans mais y a Nikos qui lui propose de prendre une petite pause dans la réserve. La demoiselle qui se fera pas prier pour une fois, elle a pas la force pour ça actuellement, se contente donc de reposer le verre à moitié plein sur le comptoir, hoche doucement la tête.

- Merci.

Merci pour le verre d’eau, merci pour le repos accordé, merci de pas la foutre à la porte lorsqu’elle assure clairement pas ce soir, le mot aux significations multiples, le mot trop rare dans sa bouche qu’elle expédie rapidement avant de tourner les talons, disparaît dans la réserve, tâchant de faire bonne figure. Et à peine y est-elle entrée, la porte même pas bien refermée dans son dos qu’elle s’autorise à relâcher un peu la pression, souffler un coup, appuyée contre un mur. Elle se sent vraiment pas dans son assiette la Saoudienne, la maladie avec laquelle elle cohabite depuis trop longtemps pour ignorer qu’il faudrait une intervention divine pour qu’elle se tire de cette soirée sans encombres. Mais faut croire que le Ciel est pas de son côté ce soir, faut croire qu’elle paie jour après jour pour enchaîner les conneries, pour avoir rangé son tapis de prières depuis trop longtemps, parce que y a la tête qu’elle sent tourner, la pièce foutoir qu’elle voit tanguer sous ses yeux, les yeux qu’elle cligne difficilement et les mains qui, paniques, cherchent prise là où elles peuvent, c’est-à-dire nulle part, glissent maladroitement sur le mur sans aspérités. Y a rien pour la sauver de son triste sort, elle le sait, et la poupée démunie qui sent ses jambes se dérober sous elle, qui s’écroule lourdement au sol, sur le revêtement dur de la réserve. Les paupières qui tiennent plus ouvertes. Noir total.


La lumière crue de l’ampoule qui agresse ses yeux à peine rouverts, myriade d’étoiles et comètes qui pleuvent dans le flou obstruant ses rétines. Les paupières qui battent, sourcils froncés tandis que la brunette tente de remettre un peu d’ordre dans ses idées, comprendre c’qui s’est passé, où elle est, comment elle en est arrivée là. Et le regard qui se pose sur Nikos, Nikos, son patron qui la tient dans ses bras, « tu m’as fait peur », qu’elle entend vaguement. Merde. Il lui faut pas cinq cents ans pour comprendre à Nejma, le raisonnement qui se fraie un chemin dans les limbes de son cerveau fatigué, le constat qui l’inquiète soudainement, elle-même. Parce que jamais ça lui était arrivé de faire un malaise au travail, des coups de fatigue elle en avait connu, trop souvent, mais était toujours parvenue à éviter que cela aille aussi loin. Jusqu’à aujourd’hui. Et ça pouvait vouloir dire qu’une chose : que sa santé se détériorait, sans surprise, le constat qui pue la mort, le constat qu’elle s’efforce pourtant de balayer du revers de la main, elle a autre chose à gérer, pour l’instant, son employeur qui la tient toujours entre ses bras, l’air clairement paniqué. Et s’il y a bien une chose qu’elle déteste c’est d’inquiéter les gens, le grand drame de sa vie étant que sa simple existence allait immanquablement de paire avec cela, puis ce job elle en a plus que besoin, Dieu seul sait si elle saurait trouver autre chose à la place, elle peut pas permettre de se faire virer.

- Ouais, ça doit être ça, qu’elle répond doucement, l’éclat de rire désabusé mourant entre ses lèvres. J’dois être en manque de sucre, quelque chose comme ça.

Et elle hoche la tête la Saoudienne, l’expression qui se veut convaincante avant qu’elle ne se dégage des bras du jeune homme.

- Mais ça va aller. J’vais y retourner, t’inquiètes pas, j’vais pas te laisser galérer tout seul.

Les paroles prononcées sans y croire, la demoiselle qui sait déjà que sa tentative est vouée à l’échec lorsqu’elle se redresse sur ses petites jambes, espère seulement, que par miracle, ce p’tit somme imposé lui ai prodigué la force nécessaire. Mais c’est sans surprise qu’elle voit le sol tanguer sous ses pieds sitôt debout, s’effondre de nouveau l’instant suivant. Putain.

- J’vais p’t-être rester ici cinq minutes de plus, tout compte fait…

Le petit sourire qu’elle lui adresse, penaude, avant que ses lèvres ne viennent se serrer, la gamine qui comprendra sans doute jamais qu’arrivé à un certain point, on peut plus lutter contre la faiblesse de son corps.
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Nikos Avergopulos
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyMer 24 Jan - 3:19

Il finit par oublier ce qu'il se passe de l'autre côté de la porte, les clients qui s'agitent, les éclats de voix. Il est sûr qu'ils se sont même pas rendus compte qu'ils avaient tous les deux disparus de derrière le comptoir. Il n'entend même pas un connard d'ivrogne faire tomber sa bière sur le sol près du billard où il a déjà demandé mille fois de ne pas boire. Ces salauds n'apprenent jamais. Non, Nikos n'entend rien de tout ça parce que sa fréquence à Nikos, à l'instant T, c'est la respiration de Nejma. Soulagement intense quand elle finit enfin par rouvrir les yeux, elle le regarde de ses prunelles noires et  il a le sentiment que c'est un peu plus grave qu'une simple crise d'hypoglycémie. Son petit ton presque moqueur lui confirme son pressentiment, il sait à cet instant que c'est autre chose, qu'elle sait ce que c'est et qu'elle ne va sûrement pas en parler à son employeur par peur qu'il la jette et décide de prendre quelqu'un qui ne s'évanouirait pas avant la fin de son service. Il comprend. Il ne parlerait pas non plus s'il était à sa place. C'est pas ses affaires, il veut pas savoir, il n'est pas médecin. Il a jamais été doué pour ce genre de choses. Les contacts humains représentaient déjà une épreuve en soi alors lorsque l'humain en question commençait à s'avérer dysfonctionnel, c'est là qu'il rend les armes. Il est totalement dénué d'empathie envers les gens à l'accoutumé, aucune raison que ça change cette fois-ci et pourtant l'inquiétude est lisible dans ses yeux noirs, plus qu'il ne le voudrait car dans un ultime effort, Nejma tente de le rassurer. Bullshit. Il devrait se lever et la laisser reprendre ses esprits tranquillement, mais un truc, peut-être le sentiment de responsabilité ou de culpabilité l'étreint et il finit par rester là comme un con, totalement impuissant à regarder cette gazelle tentait de remonter à la surface. Il reste là. À la regarder reprendre pieds dans leur monde. Elle le rassure, lui dit qu'elle va pas le laisser galérer et Nikos secoue la tête. L'idée de reprendre du service derrière le comptoir est aussi absurde que de la laisser crever sur ce carrelage froid. Regarde toi, t'es pas du tout en état de faire quoique ce soit. Et maintenant quoi ? La renvoyer chez elle ? Seule ? Nikos se passe une main sur le visage, dépassé par les événements. Faut dire que ça lui rappelait des mauvais souvenirs, pour ne pas dire sa défunte mère dont les malaises n'avaient fait que se multiplier au fil du déroulé de la maladie. Nikos ne veut pas penser à ça, il a besoin d'un shot. Non il faut qu'il se reconcentre. C'est pas lui la poupée de chiffon aujourd'hui. Elle tente de se lever et lui donne raison une fois de plus, elle n'est pas du tout en état d'assurer le service ni même de marcher sur dix mètres. Nikos la rattrape in extremis, il doit se rendre à l'évidence : va falloir qu'il joue les gardes-malades. Il dégaine son portable resté à l'arrière de sa poche, demande à Adam de rappliquer en vitesse, écrivant qu'il lui expliquerait. Il n'a aucune envie de voir ce connard arrogant mais il manque de moyens ce soir, il calera un peu d'orgueil dans son emploi du temps de demain pour se rattraper. Allez, accroche toi. T'es pas en état de rentrer chez toi. Tu vas te poser un peu en haut. Il passe un bras sous les siens pour l'aider à marcher, la soutenir, éviter qu'elle s'effondre à nouveau sur le sol sale de la réserve. Une petite porte sur le fond débouche sur un escalier en colimaçon qui conduit directement à l'appartement qu'il partage avec son père. Enfin, lorsqu'il était là, Stavros dormait chez sa nana la plupart du temps, laissant Nikos livré à lui-même pour son plus grand plaisir. La brune et le brun entament alors leur ascension vers les humbles pénates des Avergopulos. Attention les marches. Leur appart' était assez petit mais plutôt cosy, ce qui est assez surprenant pour deux mecs vivant ensemble. Nikos était maniaque à la mort, blindés de TOCs. Si bien que tout était nickel, on aurait pu manger sur le sol. Dans le salon trône une énorme télé mais surtout un canapé d'angle beaucoup trop grand pour la taille de la pièce mais qui n'en apparait pas moins confortable. Il escorte Nejma jusqu'au canapé, puis repositionne quelques coussins pour lui aménager un endroit confortable. Allonge-toi ici je reviens dans vingt minutes. Et il redescend.
30 minutes plus tard, Nikos rentre à nouveau dans l'appartement. Adam est arrivé, a prit le relais et il peut désormais s'occuper de Nejma. Nikos remarque que Nejma est toujours allongée sur le canapé, mais ne devine pas son état dans la douce lumière tamisée du salon. Il part réchauffer du Mac and Cheese qui restait de la veille, le fait réchauffer et lui apporte. Tu devrais manger ça, c'est 100% américain, c'est pas ce qui se fait de mieux en matière de gastronomie mais ça va te coller en corps et tu vas te sentir mieux. dit-il en lui tendant l'assiette et les couverts. Il s'étonne lui-même de son altruisme, avant de se dire que c'était quand même sa serveuse et qu'il tenait pas à ce qu'elle lui claque entre les bras. Quelque chose lui disait que Nejma avait besoin de ça, besoin d'une pause, besoin qu'on s'occupe un peu d'elle. Il sait peu de choses à son propos mais il sait reconnaître une âme en peine quand il en voit une. Et là allongée sur son sofa, le teint pâle, c'était tout l'effet quelle lui faisait.
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyVen 2 Fév - 3:22

La poupée réduite à l’état de chiffon abandonnée au sol, la poupée que toutes ses forces ont quittée, lâchement, sournoisement. La poupée qui relève soudainement les yeux vers son employeur en entendant les palabres qui s’échappent de sa bouche, répète à voix basse, l’interrogation en arrière-plan :

- En haut… ?

Comment ça, « en haut » ? C’est quoi « en haut » ? Nejma elle sait pas, Nejma elle comprend pas, se demande si le bar possède un étage, sans doute que non, il l’en aurait informé si c’était le cas, puis de toute façon ça existe pas les bars sur deux étages, les restaurants, oui, à la rigueur, mais le Roaring Lion a rien d’un restaurant. Alors quoi ? Il habite à l’étage, peut-être ? Oui, sans doute que c’est ça, ça doit être ça, elle voit que ça, et de toute façon il répond pas, il a peut-être même pas entendu la question, en fin de compte.

Nejma elle sait pas, Nejma elle comprend pas, le genre de chose qui aurait tendance à la mettre en rogne, mettre à mal ses petits nerfs trop fragiles, et pourtant ce soir elle se révolte pas. Elle ouvre pas sa trop grande gueule pour protester, se révulser, crier à qui voudra bien l’entendre qu’elle refuse de le suivre sans savoir c’qui l’attend, que de toute manière elle en a pas besoin, qu’elle saura faire seule, c’est ce qu’elle a appris Nejma ces dernières années, faire seule, se démerder seule, petite princesse à laquelle on a cessé de faire attention du jour qu’elle a quitté ses terres embrasées par l’astre solaire. Mais ce soir non. Ce soir elle est trop faible, réduite à l’état de loque, et pour une fois elle décide de pas se montrer trop bête, d’être un minimum raisonnable, cesser de tenter le diable lorsqu’elle peut en faire autrement. C’est pas comme si elle avait une meilleure solution sous la main, de toute manière.

Le bras qu’elle sent se glisser dans le haut de son dos, suffisamment puissant pour la soulever de terre, la gamine qui s’efforce pourtant tant bien que mal de garder la tête haute, ne pas profiter de l’occasion pour se laisser aller à une faiblesse qu’elle déteste montrer. Et c’est guidée par son bras qu’elle se dirige vers la petite porte qu’elle a souvent remarquée sans avoir la moindre idée d’où elle pouvait bien mener, s’engage dans les escaliers, léger hochement de tête lorsqu’il lui indique la présence de marches. La p’tite brune qui se fait reconnaissante, la p’tite brune qui a cette fâcheuse tendance à trop aisément s’emmêler les pieds, trébucher, aurait bien été capable de s’étaler de tout son long dans l’escalier sans que Nikos ne lui soit d’aucune aide, cette fois-ci. Et la porte d’entrée qu’elle voit s’ouvrir sous ses yeux, quelques pas et une Nejma qui comprend que oui, il s’agit bel et bien d’une habitation. L’habitation de Nikos, à n’en point douter. De son patron. Et la demoiselle qui se voit quelque peu embarrassée de mettre ainsi les pieds chez son employeur, les limites floutées entre personnel et professionnel qui ne la dérangent d’ordinaire pas des masses, mais dans une certaine mesure. Mais, encore une fois, elle n’a pas le choix. Alors elle se laisse installer sur le canapé, prenant soin d’ôter ses chaussures pour ne pas salir les coussins, hoche doucement la tête lorsque le brun lui explique qu’il revient sans tarder, et le mot qu’elle ne se permet que trop rarement, le mot pourtant plus que de rigueur dans la présente situation :

- Merci.

Et les deux syllabes à peine formulées qu’elle laisse sa tête trop lourde tomber au creux des coussins, les mèches brunes qui s’éparpillent de part et d’autre sur le canapé, et la porte qu’elle entend déjà se refermer. Il lui faut pas longtemps à Nejma, quelques instants tout au plus avant de sombrer dans les bras de Morphée, poupée éreintée abandonnée sur le canapé. Elle sait pas combien de minutes, de quarts d’heure s’écoulent Nejma, le sommeil qui lui fait perdre la notion du temps, petite princesse toujours assoupie lorsqu’est de nouveau poussée la porte de l’appartement. Elle se réveille pas tout de suite, bercée par la lumière tamisée et le silence relatif régnant en ces lieux, il faudra attendre l’agitation en cuisine et l’odeur pleine de promesses qui s’en échappe pour qu’enfin ses paupières ne décident à se rouvrir. L’appel de la bouffe, comme trop souvent.

Les yeux désormais grands ouverts, elle fixe le plafond du salon, prend le temps de se tirer du sommeil toujours léger dans lequel elle était plongée. Elle se sent un peu mieux Nejma, le repos qui, bien que bref, aura su recharger un minimum la batterie à plat, elle se sent un peu mieux mais y a toujours sa gorge qui la gêne, la respiration qui se fait un peu plus difficile que de coutume, et elle a beau déglutir cela n’arrange rien. Alors elle se redresse, lentement, la tête qui lui tourne déjà assez sans qu’elle ne chercher à aggraver la situation, les jambes qu’elle ramène en tailleur et les doigts qui se glissent dans ses mèches brunes désordonnées, tentant tant bien que mal de redonner un semblant de forme à tout ça. Et l’instant d’après le patron qui revient, une assiette à la main, le repas dont elle s’empare pour le poser à côté d’elle, faisant bien attention de ne rien renverser, hoche la tête. Il a raison, un repas si calorique ne pourra que lui faire du bien, mais y a sa gorge qui la gêne toujours autant et elle se voit pas manger dans cet état, la demande qu’elle formule alors doucement, la voix un peu étranglée du fait de son état :

- De l’eau…

L’eau qui, à l’image de la nourriture et du repos, ne pourra que lui faire du bien. L’eau qui constituera un maigre substitut aux médocs qui lui font défaut, l’eau qui reste son unique recours, loin de chez elle, dans cet appartement inconnu. Et c’est sans surprise qu’elle le voit s’éloigner, elle libère un léger soupir, soulagée, le regard qui se perd alentour en attendant son retour, prend pour la première fois le temps de détailler la pièce, cette pièce dont l’ordre contraste si bien avec l’habitation bordélique de Jax. Un peu trop, même. Et il revient enfin, le verre d’eau dont elle se saisit avec empressement pour le vider à grandes goulées avides, ça la fait même tousser un peu lorsqu’elle lui tend le verre vide, mais tant pis.

- Merci, qu’elle dit enfin, reprenant son assiette pour manger une première bouchée.

Et elle veut pas qu’il lui pose de questions, peu importe combien Nikos peut se montrer attentionné il n’en reste pas moins son employeur, et elle ne veut pas rester en ces murs si c’est pour s’entendre dire qu’il se passera de ses services. Alors elle se force à lui faire la conversation, entre deux bouchées, tout pour ne pas lui laisser l’occasion de lui poser les questions qui fâchent, et peu importe si c’est indiscret, les questions c’est toujours elle qui les pose de toute façon :

- Tu vis seul, ici ?
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Nikos Avergopulos

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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyVen 2 Fév - 14:15

L'odeur du Mac & Cheese embaume l'appartement et Nikos résiste à l'envie d'ouvrir une fenêtre pour ne pas créer un courant d'air qui risquerait de la mettre encore plus à mal. Même si un peu d'air frais lui ferait sans doute le plus grand bien. Il se redresse légèrement lorsqu'elle se met à tousser après avoir satisfait sa soif avant de se rasseoir prudemment. Elle est fragile, pas besoin d'avoir fait dix ans de médecine pour s'en rendre compte. Un mal la ronge et faut être stupide pour penser que ça va passer avec un doliprane et une sieste sur son canapé pourri. Mais Nikos est pas du genre à taper la discussion, à poser des questions qui le regardent pas ou à tenter de s'insinuer là où il n'avait pas de raison d'exister. Si elle ne lui en avait pas fait part au moment de son embauche c'est que c'était soit trop grave pour qu'il soit judicieux d'en parler au moment de décrocher un job, soit totalement anodin. Dans une situation comme dans l'autre, le résultat était le même puisque Nejma avait fini sur ce canapé. De toute façon, Nikos n'était pas avide d'anecdotes médicales. C'était mauvais pour son côté hypocondriaque et c'était pas bon non plus pour son hippocampe. Il y avait des souvenirs qu'on avait pas envie de se remémorer pour des raisons évidentes, et la lente agonie de sa mère en faisait partie. Alors, il passe sous silence les questions que Nejma redoutait sans doute aussi de son côté. Il la regarde manger lentement quand elle lui demande si il vit seul ici. Nikos s'esclaffe. Son père était tellement peu présent au bar et à l'appartement depuis quelques semaines qu'il n'était même pas sûr que Nejma ait déjà croisé son autre patron. J'aimerais bien mais officiellement mon père vit toujours ici. Tu as pas encore eu l'immense plaisir de le croiser mais ne sois pas trop pressée ça finira par arriver. T'apprendras vite à l'éviter. Stavros était un homme trapu, musclé, à la beauté grecque indéniable. La plupart des nanas étaient folles de lui, surtout quand leur Q.I était réduit, de ce qu'avait remarqué Nikos, son père étant un sacré goujat doublé d'un enfoiré. Bref, rien d'enviable mais il avait son petit succès. Il sortait avec une nana depuis un moment, de la ville d'à côté et Nikos savait qu'il ne foutait pas le camp juste pour le faire chier. Alors la plupart du temps Nikos faisait comme si il n'existait pas, gérant le business seul. Il avait hâte de le voir faire ses valises pour enfin pouvoir transformer sa chambre en studio.
Nikos est toujours assis sur la table basse et se dit que c'est peut-être un peu stressant pour Nejma de manger devant son patron assis devant elle à l'observer. Alors il se lève et s'installe dans le fauteuil d'en face, totalement avachi il se passe les mains sur le visage, levant les yeux vers le ciel dans un élan de fatigue. Se poser lui fait du bien, c'est la première fois depuis l'ouverture du bar à 11h. Il regarde à nouveau Nejma. Je ne sais pas ce que t'as et je veux pas le savoir. Si tu as besoin d'un jour, si tu as besoin de t'absenter pour raison médicale dis le moi et on s'arrange. C'est pas l'usine ici, y'a toujours moyen de trouver une solution. La santé d'abord. Elle ignore qu'il a perdu sa mère des suites d'un cancer atroce et pernicieux, mais il a besoin qu'elle sache qu'elle avait la sécurité de l'emploi ici malgré sa condition médicale. Sa maladie ne serait jamais un motif de licenciement, il ne pouvait pas se le permettre de toute façon. Personne n'aimait travailler ici, et le salaire était pourri alors il n'avait pas de quoi faire la fiche bouche. Au delà de ça, Nikos voyait difficilement comment elle pourrait s'en sortir si elle se retrouvait malade et sans emploi alors autant cocher une case. Je connais une association qui peut t'aider à prendre en charge tes frais médicaux. Ils sont habitués à s'occuper des étrangers. On est grec et quand on est arrivé ici on avait aucune couverture sociale. Je te donnerai l'adresse, tu demandes Shauna, tu dis que tu viens de ma part. Elle s'occupera de toi. Shauna était une bonne femme afro-américaine à la voix grave et au regard parfois dur. Elle approchait les soixante-dix ans maintenant et pourtant elle n'avait pas perdu de son punch. Elle avait été une vraie bénédiction pour la famille Avergopulos, Nikos avait appris à cuisiner la Soul Food à ses côtés et elle lui avait donné de vraies leçons de vie qui lui servait encore. Shauna avait l'amour des autres, une empathie infinie que Nikos avait toujours admiré chez elle. Peut-être que ce soir, il s'en approche un peu en la recommandant à Nejma. A son échelle, il arrivait à faire quelque chose de bien Il se promit alors de passer la voir très rapidement, elle lui mettrait sans aucun doute une petite tape sur la tête, du moins elle essaierait, pour le silence qu'il avait laissé s'installer au cours des dernières années. Il imaginait déjà la tête de Shauna quand elle découvrit cette beauté sur son palier. Elle essaiera sûrement de te faire manger quand elle te verra, ses cookies sont bons mais hyper sucrés. Tu seras toujours trop maigre à ses yeux donc te laisse pas avoir mais prends un pour lui faire plaisir. Dernier tips et après il la laisse tranquille. Il lui a donné assez de conseils et de recommandations qu'elle n'avait même pas demandé. Elle trouverait peut-être ça instrusif même si ça se trouve. Mais en tant que grec déraciné, il pouvait comprendre ce qu'elle ressentait même si il était né ici, il avait toujours ressenti cette différence culturelle qui le séparait des autres. Même si il adorait le Mac and Cheese et la bière Duff.
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyLun 12 Fév - 6:27

Elle mastique en silence Nejma, la nourriture calorique qui lui fait du bien, soulage une faim dont elle n’avait même pas conscience jusqu’à ce qu’elle prenne sa première bouchée. Et c’est un regard reconnaissant qu’elle lève vers son employeur, un regard spontané, qu’elle ne réalise même pas, avant qu’elle ne se risque à lui poser une question, cherchant à tout prix à éviter d’éventuelles interrogations de sa part. Y a la surprise qui se peint sur ses traits lorsqu’elle entend un éclat de rire pour première réponse, la gamine qui attend, intriguée, les mots qui viendront expliciter une telle exclamation. La gamine qui saisit, hoche doucement la tête sans cesser de manger, peut comprendre que tous les enfants n’ont malheureusement pas la chance d’être aussi bien dotés qu’elle. Petite Nejma qui a eu la chance de tomber sur des parents aimants et pleins de bons sentiments, des parents qu’elle a salement laissés derrière elle au bled, étouffant sous la cloche aseptisée qu’ils avaient posé sur sa tête depuis son premier cri, et la pointe de culpabilité qui vient agacer le cœur, la pointe de culpabilité qu’elle chasse en un battement de cils.

- Pourquoi, il bosse aussi ici ?

La question qui fuse d’elle-même, la curiosité trop grande de la p’tite brune titillée par la récente réponse du jeune homme, et le désir qu’elle a de mieux appréhender ce boulot qui est devenu le sien, ainsi que tout l’univers gravitant autour. Et d’ajouter, sans même lui avoir laissé le temps de répondre, les engrenages crissant dans son cerveau affaibli :

- Le bar il lui appartient aussi, c’est ça ?

Et, peu de temps après, le Grec qu’elle voit se relever pour aller s’asseoir un peu plus loin, la poupée qui se laisse légèrement aller en arrière, s’enfonce dans les coussins dès lors qu’elle comprend qu’ils partent sur de longues explications. Elle hausse un peu les sourcils, surprise à l’entente des mots qui s’échappent de sa bouche. Mais c’est une surprise agréable, bien évidemment, la Saoudienne qui n’aurait jamais soupçonné un tel comportement de sa part, une telle bonté d’âme de la part de son patron. Elle, elle se voyait déjà mise à la porte, renvoyée du fait de sa maladie, car c’était pas rentable, trop compliqué que d’employer une souffrante. Et pourtant non, faut croire qu’elle avait eu de la chance la gamine, elle était bien tombée pour une fois, là où elle pensait qu’il la mettrait dehors il acceptait plutôt de la garder, proposait même des aménagements en fonction de son état. À en juger par les bribes d’informations qu’elle avait à son égard, elle doutait que le père fasse preuve d’une telle clémence, mais pour l’heure c’était avec le fils qu’elle se trouvait, et les paroles qui font chaud au cœur, redonnent quelque foi en l’humanité.

Il s’arrête pas là le brun, embraye sur une flopée de bons conseils, l’association qu’il mentionne, l’association dont elle n’avait même pas idée de l’existence, pour la simple et bonne raison que depuis qu’elle avait mis les pieds sur le sol américain, personne ne s’était jamais suffisamment soucié d’elle pour lui parler de ce genre de choses. Pourtant, c’est une aide sur laquelle elle cracherait pas, loin de là ; ses économies épuisées depuis peu et avec le salaire guère mirobolant qu’elle touchait, elle sait pas bien comment elle s’en serait sorti si elle avait en plus un loyer à payer, si Jax lui offrait pas le gîte et le couvert. Alors elle prend bonne note, « Shauna », le nom qu’elle se répète mentalement pour être sûre de bien l’imprimer à son esprit. Et le sourire doux qui empreint ses lèvres lorsqu’elle l’entend dresser un portrait chaleureux de l’inconnue, le regard reconnaissant qu’elle porte sur lui, écoutant avec attention ces mots trop précieux, acquiesçant de temps à autre, d’un simple signe de tête, pour lui signifier qu’il ne parle pas dans le vide.

- Shauna, donc, qu’elle répète pour la dernière fois, à voix haute. J’veux bien l’adresse oui, ça m’intéresse. Merci pour tout ça, en tout cas… Petit geste du bras, la main qui englobe vaguement la pièce pour mieux désigner les services rendus. Les conseils, le repas… Merci de comprendre.

Et la lèvre qui vient se nicher entre ses dents blanches, la p’tite brune qui aime pas dépendre des autres, l’a jamais aimé, elle y est pourtant plus ou moins condamnée, la vie trop fragile pour qu’il en soit autrement. Elle aime pas ça, devoir remercier, se voir prodigué des soins, la demoiselle tiraillée car c’est quand même pas désagréable qu’on fasse un peu attention à elle, elle en a juste perdu l’habitude.

- Mais j’prends bonne note oui, j’me laisserais pas engraisser par la gentille Shauna.

Et le gentil sourire qu’elle lui adresse avant de froncer les sourcils, soudainement soucieuse en se rappelant qu’elle est tout de même supposée travailler, en ce moment même.

- Comment ça se passe, en bas ? Tu t'en sors, t'as réussi à rattraper la situation ?

La lippe qui vient se prendre entre ses dents, princesse des sables inquiète d'avoir causé du tort à son patron, aggravé la situation déjà clairement instable du Roaring Lion, et les paroles qu'elle ajoute peu après, entre deux bouchées de pâtes :

- Mais quoi qu’il en soit, ça se reproduira plus. Tout ça, ce soir, et tout… J’ai fait une erreur mais j’ferais en sorte que ça recommence pas, c’est promis.

La promesse à peine formulée qu’elle sait déjà qu’elle la tiendra pas, elle a peu de chances d’y parvenir en tout cas, et ce malgré toute la bonne volonté du monde. La promesse en laquelle elle est la première à ne pas croire, elle veut juste pas perdre sa place et ce quoi qu’il en coûte, elle en a plus que besoin de cette saleté de travail.

- T’a dit que t’étais grec du coup ? Ça fait longtemps que vous êtes arrivé ici ?
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyMer 14 Fév - 5:11

Si Avergopulos Senior était là, il s'offusquerait de la réplique de Nejma. Il se demanderait sans doute comment une de ses employées pouvaient ignorer qu'elle bossait pour lui, au contraire ça faisait sourire Nikos qui se rendait compte que son père était en train de lui céder l'affaire petit à petit sans même s'en rendre compte. Quelle ironie quand on savait toute la rage qu'il avait ressenti quand Nikos avait été nommé co-propriétaire du bar. Dans un élan d'orgueil, Stavros s'en était occupé à outrance les premières années puis avait progressivement délaissé le bar pour laisser son fils s'occupait de tous les trucs chiants qu'il évitait consciencieusement. Ça arrangeait clairement les affaires de Nikos qui pouvait désormais mener leur business comme il le souhaitait mais il avait de sérieux plans pour le bar. Il espérait qu'à terme le Roaring Lion se transformerait en quelque chose de plus positif, de moins miteux, de moins... Dark. C'était tout ce qui le motivait ces derniers temps à bosser dans ce trou à rat. Il avait déjà commencé par virer tout le staff embauché par son père, seul subsistait Adam et Deva, mais Nejma était sa recrue. Il en était fier parce que non seulement elle bossait bien, malgré l'épisode de ce soir mais en plus elle se laissait pas faire avec les clients qui parfois abusaient un peu de son visage d'ange. Nikos l'avait prévenu pendant l'entretien d'embauche mais certains comportements de ces gros porcs pouvaient s'avérer vraiment déroutants. Le bar lui appartenait à lui et ma mère, quand ma mère est morte c'est moi qui ait hérité de 50% de ce bourbier. Le ton las, il soupire. Ce bar symbolisait tout ce qui l'avait retenu ici, les dettes étaient énormes, réduisant à l'état de poussière tous les rêves de Nikos de partir d'ici, faire de la musique, espérer autre chose que de servir des whiskys et laver des cendriers. 
Elle le remercia pour sa compréhension, pour son empathie et Nikos hocha la tête. Si on se sert pas les coudes dans ce trou à rat, qu'est-ce qu'il nous reste hein. La tritesse ironie du solitaire par excellence qui invoque la solidarité comme art de vivre. Foutaises. Toute la douceur et l'empathie dont il faisait preuve, il l'imitait de sa mère qui lui répétait souvent que son coeur était doux. Il se demande l'espace d'un instant ce que sa mère penserait si elle le voyait aujourd'hui à 24 ans, en train de gérer le bar seul comme un con pendant que son père s'envoyait des nanas de l'âge de son fils. Puis la voix de Nejma le tire de ses pensées, il ignore si elle ira vraiment voir Shauna mais au moins il lui avait donné de quoi voir un peu la lumière dans cet océan couleur encre. Elle lui demande comment ça se passe en bas et Nikos hausse les épaules. T'inquiète pas pour ça, le Roaring Lion pourrait tourner tout seul sans problème, y a certains habitués qui hésitent même pas à passer derrière le bar pour se resservir eux-mêmes. T'as déjà du voir ça. Les habitués du bar se divisaient en plusieurs catégories bien distinctes les unes des autres mais bizarrement la plupart d'entre eux étaient relativement réglos quand ils s'agissaient de payer leurs consommations, sans doute parce que ce tas de muscles qu'était son père était rancunier et que le gabarit de Nikos était relativement dissuasif. Ce qui était certain, c'était que le fait que Nejma lui pose la question soulignait l'existence d'une conscience professionnelle très forte chez elle.  Ce que Nikos ne pouvait que franchement apprécier. Elle répète encore que l'épisode de ce soir ne se reproduira pas et Nikos hoche la tête à nouveau. C'est des choses qui arrivent, te prends pas la tête avec ça et occupe toi de ta santé, je te dis pas ça pour le bar t'es remplaçable. Je te parle de toi. rajoute t-il d'un ton un peu dur malgré lui mais qui pourtant se voulait sincère. 
La conversation se détourne brusquement vers les origines de Nikos et ce n'est pas si étonnant. Il sait à son accent qu'elle ne vient pas d'ici non plus, et comme dans tous les pays, les étrangers se trouvent facilement des points communs. Surtout quand ils sont exilés dans une petite ville américaine comme Crescent Heights. J'avais cinq ans quand on est arrivé d'Athènes. Mon père était en cavale, ma mère jeune et amoureuse donc ils ont échoué ici en espérant qu'on les oublie. Je crois que ça a marché parce que personne n'est jamais venu nous chercher. Et toi comment ça se fait que tu t'es retrouvé ici ? Shauna lui avait dit un jour que tous les étrangers quittaient leur pays pour deux raisons probables, la première avec l'espoir de faire mieux l'autre avec parce qu'ils avaient déjà fait le pire. Les raisons de l'immigration des Avergopulos avaient toujours été floues mais Nikos savait que son père avait ôté la vie d'un ou deux flics dans le gigantesque merdier qu'avait été le braquage pour lequel il était recherché. Tout le reste avait été passé sous silence et Nikos n'avait pas cherché à en découvrir plus, l'aversion qu'il avait pour son père n'avait pas besoin d'être cultivée au delà de ce qu'elle était déjà. Ceci étant dit, contrairement à Nejma lui avait encore un semblant de famille. T'as personne de ta famille ici ? Vraiment personne ? Il a du mal à croire qu'un petit bout de femme comme elle soit venu ici sans raison, Crescent Heights était loin de représenter l'American Dream ou quoique ce soit d'utopique pouvant justifier l'abandon des siens.
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MessageSujet: Re: happy hour is not happy for everybody (nejma)   happy hour is not happy for everybody (nejma) EmptyJeu 15 Fév - 10:55

Petit hochement de tête, ouais, les habitués, elle commence à s’y faire, à les reconnaître à la longue, les habitués qui effectivement se prennent parfois pour les patrons du Roaring Lion, les rois d’un pétrole miteux marqué du sceau de Night Falls. Elle avait commencé par pester contre ceux qui se permettaient un peu trop de libertés, hésitant pas à élever la voix malgré son petit gabarit, malgré le fait que la quasi-totalité des clients fassent une tête, sinon plus, de plus qu’elle ; c’était là l’un des avantages à être mignonne, les jolies filles imposent naturellement le respect, bien plus que les laiderons, triste vérité qui régit cette société. Elle avait commencé par se lever contre eux, avant de lâcher l’affaire si elle voyait que ledit client payait consciencieusement ses consommations et faisait pas trop de vagues au sein du bar délabré. Petite poupée qui avait bien vite appris à discerner le bon grain de l'ivraie.

- Oui, quand tu vas redescendre tu t’apercevras même qu’il tourne mieux que quand on est derrière le comptoir, qu’elle répond simplement, le rire dans la voix.

Et elle revient sur le sujet Nejma, revient sur ce soir, l’incident, elle en fait peut-être trop mais c’est plus fort qu’elle, la gamine qui jamais ne se confond en excuses, de la même manière que jamais elle ne remercie, sauf si l’on touche au boulot. Car elle a une conscience professionnelle la Saoudienne, que le travail elle en a besoin de pour survivre, pour vivre, lorsqu’elle n’a depuis longtemps plus besoin des autres pour mener sa vie. Et le ton du boss qui se fait dur, dur mais ça la brusque pas, elle s’en sent pas heurtée Nejma, de par la nature de ses mots. Car elle comprend qu’il fait part, ici, d’un intérêt sincère pour sa personne, pour sa santé. Qu’il cherche pas à être blessant ou quoi, évidemment que non, et elle elle hoche la tête, doucement, réplique avec un p’tit sourire, forçant volontairement le trait de leur relation :

- Entendu, patron. Plus de bêtises.

Et parce que ça fait assez de blabla autour de sa petite personne pour la soirée, elle décide de s’intéresser un peu au brun, rebondit sur une information délivrée plus tôt : ses origines grecques. C’est pas le seul élément personnel qu’il lui a donné, y a aussi eu le décès de sa mère, la nouvelle qui l’a étonnée mais qu’elle n’a pas commentée, car elle avait rien à dire Nejma, ou plutôt qu’elle savait pas quoi dire, les « je suis désolée » qui sonnent bien creux dans pareils contextes, qui suffisent malheureusement pas à effacer la peine. Mais ça elle en parlera pas, inutile de remuer le couteau dans la plaie, brasser encore et toujours les souvenirs douloureux, la réponse qu’elle a involontairement obtenue à la question qu’elle commençait à se poser, « il parle de son père, mais où est passée sa mère ? ».

- Ça ressemble à un bon vieux roman d’amour, ça, qu’elle répond avec un doux sourire. Mais ouais, les États-Unis ont l’air d’être une bonne planque lorsqu’on vient de loin. Le bon plan un peu trop efficace où on devient bien trop difficile à retrouver.

Car les terres aux cinquante étoiles elles sont vastes, trop vastes, et la pointe d’amertume qui vient teinter le fond de sa voix, c’est plus fort qu’elle, quand elle entend parler de ce désir de se faire oublier de l’autre côté de l’océan elle pense à Jax, spontanément, automatiquement. Jax qu’elle aurait jamais retrouvé si elle était pas aussi butée, si elle avait pas cette pugnacité exacerbée qui en agace plus d’un. Et elle elle parle d’un roman d’amour tout en sachant que ce n’est en rien comparable, pas lorsque l’un des protagonistes est en cavale, que l’autre meurt avant la fin du bouquin, p’t-être un roman d’amour du vingt-et-unième siècle alors, l’époque où l’on aime un peu trop inclure le drame dans les récits les plus roses. Ça a sans doute rien à voir avec un roman d’amour et pourtant elle se permet la comparaison, juste parce que parfois, il est bon d’enjoliver un peu la réalité.

- J’ai cherché quelqu’un, pendant longtemps… C’est comme ça que j’ai fini par atterrir ici.

Elle reste volontairement évasive Nejma, les informations qu’elle divulgue au compte-gouttes, trop rares. Peu décidée à en dire davantage. Et puis, parce qu’il pose plus de questions, parce qu’il lui a tout de même révélé des choses, lui aussi, il ne faudrait pas l’oublier, elle décide de repousser un peu les barrières de ses secrets.

- Eh bien, mes parents, tout le monde, en fait, est resté à Riyad. Mais j’ai un ami d’enfance qui vit ici, lui aussi c’est la famille.

Les épaules frêles qui viennent se hausser et le petit sourire qui se dessine, elle laisse passer une seconde, peut-être deux, avant d’ajouter :

- C’est lui que je cherchais. C’est à cause de lui que j’suis là, j’habite chez lui…

Elle se mord légèrement la lèvre inférieure, incertaine quant à combien elle doit en dire ou non, se décide finalement à en rester là, lui épargner le récit de son long périple, ses recherches parfois infructueuses. Y a des trucs qui doivent rester secrets, notamment sur le sujet Jax Abalhadj, elle le sent, sent bien qu’il lui taperait sur les doigts s’il était là, s’il l’entendait ouvrir un peu trop sa jolie bouche.

- Et toi, alors ? T’as ton père, tu dois bien avoir quelques amis quand même pour te tenir compagnie ? Depuis le temps que tu vis ici.

Détourner l’attention vers l’autre. La clé, pour être sûre – presque – d’enterrer un sujet. Et elle se remet à parler sitôt réponse obtenue, juste pour ajouter quelques pelletées de terre supplémentaires au-dessus du sujet, gamine douée à ce p’tit jeu-là.

- Enfin, ça me rassure un peu de voir que t’habites ici depuis tes cinq ans… Ça fait un bail, ça doit bien vouloir dire que c’est pas si terrible ici, qu’on survit à Crescent Heights.

Le ton exagérément dramatique qu’elle adopte sur ces derniers mots et le rire dans la voix, le rire qui sonne un peu faux, peut-être, car plus les jours passent, et moins elle est emballée par la ville qui doit désormais être la sienne.
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