Bambino. (Tommi)

- la tête tournée vers les étoiles -

Parfois je mens;
Je ne suis pas toujours fière de moi. Je n'ai plus une vision très claire de mon enfance, je me rappelle des disputes et des trains à vapeur. Je me rappelle des baffes et des balançoires. Et, je me rappelle avoir toujours menti. Je pense m'être toujours inventé des histoires. Ça te sert à quoi ? Je me suis jamais inventé d'avenir, mais je sais que demain je mentirai moins.

Parfois je vole. Je combats les astres et les nuages invisibles. Je traverse l'horizon et je me fonds dans l'univers. Mais, mes bras sont fébriles, ils sont toujours fébriles. J'empêche mes lèvres de trembler fortement. J'ai un corps difforme, on peut voir mes côtes et mon bassin ressortir rageusement au niveau de mon ventre. Je me fais peur dans le miroir. Je continue à avancer quand même, j'évite les astéroïdes et les comètes fugueuses.

Parfois je me sens trop jeune, trop jeune pour le monde dans lequel je vis, trop jeune pour tout, trop jeune pour rien. Je supporte pas vraiment le monde qui m’entoure. J’ai déjà, pour mon jeune âge, une valise énorme sur le dos qui me pèse tellement certains jours que ça me rendrait fou. Parfois je pleure. Parfois ça me fait vomir. Mais je me considère quand même plus heureux que la moyenne mondiale. Ça n’en fait aucun doute. Je continue à avancer dans le vide intersidéral. Tous les pas que je fais me mèneront sans doute à d'autres univers.

Parfois je fume, je me drogue mais pas de la dure. Parfois je bois. Je m'abandonne. Je me libère.
Parfois je me déshabille devant eux, devant elles. Pour quelques billets, je suis nue. Je ne parle pas, ils ne me touchent pas. Ils m'admirent, je crois que c'est de l'admiration. J'ai la peau mouchetée de cicatrices éphémères, de traces fantômes renfermée dans mes gestes livides. On peut les voir dans mes yeux clairs.
Je suis leur prince, c'est le nom que je leur permets.