over my dead body (billy)

Regard noir, nuit noire, Led Zepplin qui agonise à la radio et l'envie de faire une embardée pour rejoindre le précipice de la nuit d’encre. Téléphone en mode avion et ses souvenirs noirs qu'il tente d'écraser sous ses pneus. Son vieux copain Jack Daniels suffira pas ce soir alors il a invité aussi Marie-Jeanne qui attend sagement son tour dans la boite à gant, bien roulée, aussi pure que le ciel étoilé de ce soir. La folie l'étreint parce que même dans le brouillard il jurerait voir son ombre. Un mois sans elle. Sans sa voix, sans ses yeux noirs qui l'affrontent, sans son rire qui tinte, et ses cheveux étalés sur son oreiller. Sans le sourire faux qu’elle lui accorde lorsqu’il la taquine, sans ses ongles qu’elle fait crisser sur sa peau. Son surnom qui s'affiche plus jamais sur son écran verrouillé, ses messages vocaux qui datent tellement qu'ils se suppriment au fur et à mesure que les jours passent et leurs souvenirs avec. Sa peau est hâlée mais il y a des zones d'ombres que le soleil de Miami ne pourra jamais éclairer. Les vacances ne font leur effet qu'au moment où on les vit, tout s'évanouit à la sortie de l'avion. A peine le pied sur le tarmac et le souvenir nous met un gros revers dans la gueule histoire d’estomper définitivement l’illusion de bonheur qui nous étreint pendant quelques jours et quelques nuits. Son sourire sur une photo Instagram et l’impression de pas vraiment manquer à sa vie malgré le bracelet qu’il espère qu’elle porte encore. C’est tout ça qui le mène à se rendre à la vue panoramique du planétarium. Il a besoin de son endroit, il a besoin de s’y retrouver, de se mettre dans sa bulle noire étoilée et de se laisser aller. Il accélère dans les virages, taquine un peu les dangers, les graviers s’enfuient au contact de ses roues et finalement il arrive enfin sur le plateau. Une autre voiture et un mec debout, avec un appareil photo ou un truc dans le genre. Sa mâchoire se contracte, tentative de tranquillité avortée par un bobo hipster qui se prend pour Yann Arthus Bertrand. Il finit par arriver sur le plateau et ses phares éclairent le mec de dos qui finit par se retourner en attendant le bruit de la voiture. J’espère que c’est une putain de caméra cachée. C’est le mec qu’il a vu à son bras, le type qui lui a le droit d’être montré en public et de se pavaner avec elle pendant que lui doit se cantonner à une engueulade dans le garde manger et les appels manqués. Il sent la colère affluer dans ses veines comme un tsnunami furieux. Il se penche par sa vitre déjà baissée et lance. Ca te dérangerait de bouger ta putain de caisse que t’as garé en plein milieu comme un connard ? Le prétexte. Pas son genre de jouer les cadors et pourtant. Sa caisse gêne pas. Lui en revanche, sa présence le gène. Tout chez lui le gêne parce qu’il matérialise tout ce qu’il n’est pas, et par conséquent tout ce que Gemma veut. Il sort de sa caisse, sa bouteille de Jack dans une main, il a oublié les deux joints qu’il a roulé dans la boite à gant mais pour le moment son attention est ailleurs. T’es pas avec ta petite copine ? Les nerfs sont tendus, si ça se trouve, elle était simplement retournée avec lui, purement et simplement. Ca aurait tout expliqué : son silence radio, ses vacances à Washington. Elle avait retrouvé sa petite vie dans son monde de gosses de riche avec son gendre parfait qui devait tellement plaire à sa mère. Pendant que lui était comme un con avec une cicatrice de cinq centimètres et el coeur en vrac. As usual.