Quelques pilules se bousculent sur le bord du lavabo, un peigne et une brosse à dent comme seuls témoins. C'est une salle de bain bien vide, un peu glauque avec ses carreaux blancs immaculés et le faible taux d'informations en couleur. Le bruit de l'eau se stoppe et un visage surgit derrière la buée figée sur le miroir, telle les denses nuages lorsqu'il va se mettre à pleuvoir. Mais il ne pleut plus depuis longtemps, chez Anthem. Il faut croire que l'eau manque dans ses prunelles.
Il se regarde un instant, l'air penaud ; il se redécouvre à chaque fois qu'il croise la glace. Il l'a d'abord évitée, refusant de se voir, de se rendre compte de comment on le voyait, mais ça ne lui pose plus de problème maintenant. Il chasse ces souvenirs de son esprit comme il envoit d'un revers de la main les quelques médicaments qui restent sur le rebord dans le siphon. Il se perds, s'il les remet dans le pilulier, tant pis s'ils n'ont pas été pris. Il n'en a plus vraiment besoin.
Il enfile des habits chauds après s'être séché, choisissant inconsciemment des vêtements en meilleur état qu'habituellement. Il admire souvent les étoiles par le velux de l'appartement, pensant aux âmes qu'il a croisé qui peut-être, regarde au même instant, les mêmes étoiles, les mêmes planètes que lui, et il trouve ça dingue. Ça l'est sûrement.
Alors après une douche pour éradiquer l'odeur pesante des chevaux – qui ne le dérange pas, il ne la sent même pas mais qui, il a cru le comprendre par certains regards à l'épicerie ne plaît pas à tout le monde, il enfile un sac à dos kaki qui vient contraster avec son look totalement noir, et file vers le planétarium l'air serein.
Il ne se mêle plus vraiment aux autres depuis quelques temps, Anthem, il a peur du regard des autres sur la personne qu'il a pu devenir, comme si ça pouvait se lire sur son visage qu'il avait été faible. Mais il a passé le cap de la déprime, et a finalement tiré profit de son expérience militaire. Il a côtoyé trop de fois la mort pour ne pas choisir de vivre, maintenant. Et ça commence par participer à ce que sa belle ville organise. Une nuit des étoiles filantes, ça tombe bien ; des vœux, il en a quelques uns à faire.
Alors il débarque près du planétarium, les mains sur les anses de son sac –
comme un gosse, et lève les yeux un instant.
Il profite d'autant plus du spectacle qu'il a vu des ciels pollués où aucune lueur ne parvenait à ses yeux. Il a toujours trouvé ça terrible, rendant la nuit encore plus noire qu'elle ne l'est normalement, il s'est même demandé quelque fois si elles n'étaient pas mortes. Des milliards d'étoiles filantes, qui se seraient éteintes d'un coup, répondant dans leur désespoir à tout les désirs qu'on leur a chuchoté. Mais on a des pensées bien étranges sous un ciel où tout ce qui file, ce sont les obus.
Là, les étoiles sont sublimes, et il s'installe un peu à l'écart sur un plaid, laissant couler quelques larmes. C'est une page qui se tourne, une nouvelle vie ici, un bonheur tant espéré qui ressurgit enfin.
Il sort une cigarette de son paquet et tente de l'allumer mais aucune flamme ne sort du briquet. Après quelques tentatives, il soupire, mais cette réaction ne fait que renforcer ses légers pleurs. Il y a encore quelques mois de cela, il aurait fait toute une scène de cette frustration.
Un rapide coup d’œil autour de lui et il aperçoit une autre âme égarée, une petite lueur reconnaissable qui suit toujours le même chemin. Alors Anthem essuie comme il peut ses larmes, et s'approche doucement de la personne assise un peu plus loin, pour ne pas lui faire peur. Il n'en a que faire de ses yeux rougis, se disant qu'ils passeront sûrement inaperçus dans la pénombre, et qu'il est temps qu'il arrête de rester dans son coin. Peu à l'aise avec l'idée d'aborder les gens sans raison, ça lui semble un bon moment pour tenter de s'ouvrir un peu - même si ce n'est que pour demander un briquet, qui sait, peut-être même retomber sur quelqu'un qu'il a connu avant de partir.
Il s'avance timidement, les mains dans les poches de son sweat.
«
Excuse-moi. Tu... Tu aurais du feu, s'il-te-plaît ? »
si tu veux une petite piste de rp, il est possible que tu reconnaisses Anthem si tu es à peu près du même âge. il a beau être parti à 16 ans, vous avez très bien pu vous côtoyer un peu et de ce fait, le reconnaître - il a une tête reconnaissable le gosse. mais libre à toi de répondre dans le sens que tu veux