high on you. (deva)

le monde tourne trop vite. juste quand il semble prendre le dessus, quand il pense enfin avoir le contrôle, tout lui retombe dessus. avance rapide. le monde tournait à sa vitesse et maintenant, il ne l’attend plus, prêt à partir sans lui. il a l’impression que la vie lui échappe, cash. sur le bout de la jetée, il fait face au courant d’eau, laisse la foule le dépasser, presque comme s’il n’existait pas. il sait ce dont il a besoin, toujours la même chose. incapable de s’en défaire, comme un gamin devant cette peluche dont il est incapable de se séparer. il aimerait la garder pour toujours, à ses côtés, voir les grands yeux d’admiration qu’elle lui porte et l’entendre lui dire que c’est lui le plus fort. qu’il conquerra le monde à lui seul. il sait bien que c’est d’elle dont il a besoin cash, parce qu’elle est la seule à lui dire ce que personne d’autre ne lui dit. sans doute qu’il devrait pas la retrouver, pas ici, pas maintenant. pas en public. mais cash est un homme faible qui ne résiste presque jamais, pas quand il y trouve son compte à la clé. tant pis pour cette voix qui murmure de plus en plus fort qu’il se met dans des emmerdes qu’il regrettera amèrement plus tard. il est incapable d’y résister cash, à cette envie qui le ronge de l’intérieur, cette envie d’être adulé, rien qu’un peu, rien qu’une autre fois. et après, peut-être qu’il décidera d’y mettre fin. c’est ce qu’il se dit encore et encore, avant de retrouver cette même envie qui n’a de cesse que de le hanter. connard. il s’en soucie pas plus, cash, se perd dans la masse de gens qui viennent tous à l’endroit le plus touristique du moment. et il sait qu’elle est là, cash, quelque part, qu’il lui suffit juste de la trouver. et il croit presque la reconnaître, au loin. il suffit de suivre les rires enfantins, il est presque toujours sûr de la trouver comme ça. il s’approche dans son dos, colle par surprise ses lèvres sur sa joue aussi gauchement qu'un ours. je t’ai manqué ? et il a le sourire du gamin heureux lui aussi, quand il la soulève avec malice, quand il s’amuse à la faire rire, encore un peu. t’es avec tes copines ? un coup d’oeil derrière elle, il aperçoit les gloussements des filles qui l’attendent. ça le rend un peu crispé, cash, parce qu’il avait pas vraiment besoin d’un public. pas vraiment besoin d’ébruiter les rumeurs, pas vraiment besoin de passer pour celui qui a un secret. lâche-les, j’te veux que pour moi. un rictus malicieux, des yeux joueurs. il a déjà des idées plein la tête, cash, des envies de s’échapper. il voudrait la prendre avec lui et ne plus jamais la laisser partir, son jouet préféré enfin à son entière disposition.

Elle pourrait y passer toutes ces journées, toutes ces nuits aussi. Elle aime l’effervescence des lieux quand les gamins rigolent et s'amusent et le calme le soir, quand tout le monde s'en va. Elle aime surtout l'impression de pouvoir être une enfant ici, de ne pas avoir a grandir si elle en a pas envie, de se contenter d'être heureuse en haut de la grande roue et de se nourrir de fast food assise sur un banc avec la vue sur le port. Ici, y a pas de visages qui se délitent, jamais de tristesse dans les regards, tout ce qu'elle voit c'est de la joie et forcément, tout ce qu'elle invente dans son esprit rayonne de bonheur. Peut-être que c'est pour ça qu'elle aime tant l'endroit. Elle sait bien que parfois, elle s'enlise dans son imaginaire au point d'oublier la réalité. Elle sait bien que, souvent, le réveil est douloureux. Jamais ici. Ici, bien éveillée, elle se sent bien. Si bien qu'elle a presque l'impression d'être encore tombée dans ses rêves quand les lèvres de cash l'embrasse, quand la voix de cash résonne. Elle sourit avant même de le regarder, état euphorique presque puéril. « tout le temps. » pas a chaque seconde mais presque, pas quand elle dormait, mais chaque fois qu'elle était éveillée. Elle se retournait dans la rue, espérant le croiser, le voir surgir soudainement et illuminer la journée. Elle était comme ces princesses ennuyeuses qui attendent qu'on viennent les trouver. Cash fini toujours par arriver, même quand elle parfois elle l'attend un peu trop longtemps. Elle perd pas de temps à regarder derrière elle pour voir ses amies glousser, pas plus qu'elle n'en prend pour poser des questions. C'est ancré comme une vérité muette entre eux, pas trop en public et elle peut pas s'empêcher de gratter derrière son oreille comme une démangeaison soudaine, elle se retient de taper du pied, de demander pourquoi.  « mais j'ai pas encore fais la grande roue. » elle l'a fait cent fois déjà, mais chaque fois elle recommence. Passage obligatoire chaque jour ou elle met les pieds sur la jetée. La lèvre inférieure qui ressort en une moue d'enfant boudeur semble pas franchement le convaincre et elle a pas non plus vraiment envie d'insister. Elle fini par sourire aussi vite qu'elle a boudé, émotions éclairs, un regard en arrière vers ses amies et l'envie puéril et fugace de se montrer. Il lui en voudra pas pour si peu, c'est ce qu'elle se dit quand elle l'embrasse vraiment. Au milieu de la petite foule, et puis tant pis. deva fait une représentation, elle joue au bonheur, elle l'étale là devant tout le monde. Pour les persuader. Pour se persuader elle, elle sait pas toujours. « ok, mais on va manger un truc d'abord, j'ai faim. » elle attend pas sa réponse pour agripper son bras et avancer loin de ses amies, elle les a déjà oublié, grisé par l'impression d'être importante. Volée à la foule pour être gardé jalousement. Elle en rêve un peu trop, tellement qu'elle se pose plus de question. Aujourd'hui, rien n'est important.

la surprise. l’étonnement qu’il devine sur son visage et il a l’âme un peu plus légère, cash. au moins aujourd’hui. des heures éphémères qui ne le démangeront que demain, quand les démons reviendront. quand les regrets l’assailleront. il finit par plus y penser trop cash, ça ne lui revient que par vague de réalité, des piques dans la peau qui l’empêche de s’enfoncer un peu trop dans le mensonge. une normalité volée. créée de toute pièce. l’idiot croit encore pouvoir s’en sortir. se dit qu’on ne le prendra jamais sur le vif, se laisse même un peu aller. des gens, la foule. l’imprudence qui lui brûle les doigts, il l’attrape pour ne plus la laisser partir. il s’en amuse presque, cash, l’éclat brillant au fond des yeux. il joue sa vie à pile ou face. pile, il gagne. face, il s’enfuit. il marche sur le fil, funambule. mais ça ne lui suffit jamais. la routine s’installe, il repousse les limites un peu plus loin. s’il sent que tout va trop bien, il va presque au devant des problèmes. tendrait presque le bâton pour se faire battre. il adore ça. il voudrait la serrer un peu plus fort, s’oublier dans le creux de son cou. la distraction s’en devient presque besoin, quand il redevient qu’un gosse, quand il est le gamin en quête de reconnaissance. il lit l’émerveillement dans les yeux de deva et c’est exactement ce qu’il était venu chercher, l’enfoiré. il voudrait pouvoir l’aspirer de son visage, s’en nourrir un peu plus encore. mais déjà, ils font des plans, il l’enlève, fait office de prince charmant auprès de ses copines. pense aux conséquences une toute petite seconde avant que la pensée fugace ne s’évapore de son esprit. il y pensera plus tard, peut-être quand il sera trop tard. c’est pas grave, on la fera tous les deux. elle résiste, une petite seconde elle aussi, et il la regarde changer d’avis à la vitesse de l’éclair, l’oeil malicieux. elle lui résiste jamais bien longtemps deva, c’est peut-être ce qu’il aime tant chez elle. il agit comme un enfant gâté, elle ne lui refuse rien. et il aurait dû le voir venir, au fond. donner de quoi rendre ses copines jalouses, deva qui franchit le pas. et le moment de lucidité, les membres un peu trop raidis pour l’occasion, il a dû mal à mettre dans leur baiser l’enthousiasme de d’habitude, il peut pas s’empêcher d’imaginer qu’on les piste. qu’elle est là, quelque part, mila, quelqu’un. il tangue un peu plus sur le fil de sa vie, prétend que rien ne l’inquiète vraiment. laisse-moi deviner. il prend la mine faussement pensive, il sait déjà parfaitement ce dont elle a envie. c’est pas très compliqué de deviner deva. c’est même presque trop facile. barbe à papa ? il lui laisse pas le temps de répondre, il l’attire déjà vers le stand, sort un billet de sa poche arrière qu’il glisse au marchand, et c’est à peine s’il la voit, derrière ce rouleau géant de sucre rosé. il passe le bras par-dessus ses épaules, la tire encore un peu plus loin. non, de la glace plutôt. il se prend au jeu, ne lui laisse pas le temps de dire non. il cherche le sourire, le rire enfantin, de quoi lui changer les idées. le faire oublier. perdure encore à se donner l’image du petit-ami parfait, peut-être même qu’il aime ça, au fond. être quelqu’un d’autre. ardoise neuve, il peut faire ce qu’il veut. les yeux de deva sont loin d’être aussi durs que ceux de mila. elle a encore le bâton plein de barbe à papa dans les mains quand il lui glisse le cône de glace dans l’autre, et il s’amuse encore à la presser, jusqu’au prochain stand au moins. j’suis sûr que tu veux un milkshake, en fait. il a le rictus doucement moqueur quand il commande une boisson à la couleur bien trop chimique, de la crème chantilly pour dix. celui-là, c’est lui qu’il le tient, parce qu’elle a pas assez de main pour tout tenir elle-même. il la gâte, aujourd’hui, peut-être bien qu’il n’attend qu’une chose. qu’elle le gâte plus tard.

il a jamais fallu grand chose a deva pour se sentir bien. pire encore, maintenant elle a l'impression qu'il suffit qu'il y ait cash et rien ne va mal. On parle de dépendance. Elle parle d'évidence. Personne peut comprendre ce truc qu'il y a entre eux – parce qu'elle le rêve pas, elle sait qu'il y a un truc – un peu comme ses âmes sœurs. Amour au premier coup d'oeil. Elle est pas folle, elle l'invente pas. Ou peut-être juste un peu. Mais pas totalement. Il peut pas ne pas l'aimer quand il la regarde comme ça. Elle voit bien qu'il a des étoiles dans les yeux, ou bien elle les invente. Peut importe dans le fond, tant qu'elle les voit. L'illusion lui convient. Et même si c'est pas vrai, peut-être que ça finira par le devenir. Dans tout les cas, ça ira. Elle le répète comme un mantra. Évidence des âmes qui se trouvent. Elle a cru que tout les autres c'était les bons, mais c'est cash. Elle le sait. « promis ? » un ton trop aiguë, surprise peut-être. Ils se voient pas souvent comme ça, à l'extérieur, trop peur d'occasion de se montrer. Parade nuptial au bras de cash. Elle a soudain envie de se suspendre a son bras et de ne pas le lâcher pendant qu'ils feront le tour de la jetée, encore et encore, jusqu'à ce que tout le monde les voit. Si ça tenait qu'a elle, elle aurait déjà rencontré sa famille, sûrement posé sa brosse a dent et son shampoing chez lui. Elle s'y accroche de toutes ses forces, pure folie ou l'instinct qui lui intime qu'il y a que comme ça qu'il partira pas. Dans tout ces gestes, elle voit une déclaration. Dans la barbe à papa, dans la glace, dans le milk-shake, dans sa présence. Dans chacune de ses respirations. Elle se demande s'il sait que ça fait trois mois et deux semaines qu'ils sont ensemble, que c'est pour ça qu'il lui donne tout ça. Elle lui avait acheté elle aussi, mais il est resté chez elle. Tout le problème des visites surprise, elle l'avait pas prévu. Elle sourit, presque extatique, totalement pathétique. Les mains pleines de cadeaux qu'elle voudrait manger sans oser les perdre. Elle devrait prendre une photo. « j'espère que t'as pas faim, je partage pas. » l'air taquin, elle pourrait sans doute pas tout engloutir. Et même si elle pouvait, il aurait qu'a demander pour qu'elle donne tout. il lui reste déjà plus grand chose, si elle pouvait elle aurait déjà tout posé a ses pieds. Elle tend bêtement la bouche vers la paille du milkshake avant de mordre dans la barbe a papa, elle s'en le sucre qui fond autour de sa bouche sans pouvoir rien y faire. Elle s'en fiche dans le fond, c'est l'image du bonheur. Celui qu'elle s'en fait. « j'vais grossir. » dis-moi que je suis belle.. elle papillonne comme une idiote, s'accrocherait bien a son bras mais elle peut pas avec ses mains prises. Elle se contente de manger, sans être sûre que le sucre soit une bonne chose dans son état. Elle a déjà l'impression de pouvoir courir dans tout les sens pendant des heures non-stop. Elle pose la glace dans les mains de cash pour récupérer le milkshake, elle oublie pas de l'embrasser au passage. « tu restes longtemps ? je travaille ce soir mais tu peux venir, t'auras des verres à l'oeil. » Nikos va encore l'engueuler, mais ça, c'est pas grave. Elle fera boire deux fois plus les pervers et ça passera bien. Ou elle dira qu'elle a cassé une bouteille. Peu importe, elle trouvera tant qu'elle peut grappiller encore quelques heures avec lui. Elle a l'impression de jamais le voir assez, même après toute une journée passé ensemble. Et déjà demain, il lui manquera. Elle veut juste en profiter encore un peu. « sauf si t'as des trucs a faire? » le nez qui se fronce d’inquiétude plus que de contrariété. Elle a l'habitude de pas tout savoir mais ce soir elle a envie d'être avec lui. Plus caprice que besoin. C'est pas comme si elle demandait grand chose. Beaucoup d'amour et une dévotion éternelle.

peut-être que c’est pour ça qu’il fait ça. la glace, le milkshake et la barbe à papa. peut-être que s’il en fait trop, c’est pour en arriver là. des yeux ronds d’adoration et un sourire qui ne s’en ira jamais. un truc qui regonfle son égo autant qui le fait douter. combien de temps ça va pouvoir durer ? il voudrait que ça ne s’arrête pas. elle est mignonne deva, elle a cet esprit des petites filles faciles à gâter, à contenter. un rien lui fait plaisir et c’est peut-être ce qui lui plaît autant chez elle. la vie facile. pas de complication. pas à y penser deux fois. pas d’engueulades ni de remises en question. deva tout lui va et ça lui convient très bien, à cash. il trouve en deva tout ce qu’il ne peut pas avoir avec mila. il trouve en deva le charme des premières fois, de l’engouement qui prend à l’estomac des amours naissants. il pourrait peut-être y prendre goût, à la longue. peut-être même qu’il commence déjà. deva, elle a ce petit quelque chose d’attachant, de confortable. il la voit manquer de tomber à la moindre pierre sur son chemin et il voudrait ouvrir ses bras et la protéger du monde. c’est ce qu’elle provoque chez lui, deva. il pourrait être n’importe qui. prince charmant ou fidèle compagnon, il porte le masque qu’il veut tant qu’elle ne se doute de rien. de la vraie vie, de ce qui l’attend de l’autre côté. mila. il n’a pas à s’en douter maintenant, persuadé qu’il cache trop bien son jeu. parce que deva est trop occupée à couler l’amour parfait, tête à tête avec ses sucreries, c’est tout juste s’il est invité. il a le sourire taquin quand elle lui dit qu’elle partagera pas, et ça le pousse à passer son doigt sur la glace pour en récupérer un peu. gamin. il se lasse jamais de la taquiner, il sait que ça fonctionne toujours trop bien. tant mieux, ça fera plus à manger. et il la pousse encore un peu, il lui dira pas ce qu’elle a envie d’entendre, s’amuse bien trop de la voir froncer le nez comme une enfant, faire une caprice de princesse qu’il calmera comme il pourra. à la place, il passe le bras autour de ses épaules et il la rapproche contre lui quand il feint de la croquer. ils échangent les sucreries, feint la surprise quand elle l’embrasse. baiser sucré. tu pars déjà ? ça, c’est vraiment une surprise. il s’attendait pas à ce qu’elle s’en aille si vite, il pensait encore profiter un peu d’elle, de l’insouciance qu’elle lui apporte. il sait pas trop comment ça le fait se sentir, de pas avoir le contrôle sur la situation pour une fois, de pas être celui qui décide quand ils se voient, et quand ils arrêtent de se voir, mais ça a le don de le rendre grognon. il est censé faire quoi, de ce foutu milkshake ? nan, j’peux pas venir. trop risqué. j’ai un combat. il le dit avec plus de maladresse, pour rattraper son ton un peu trop sec. un mensonge dont elle ne verra sûrement rien, parce que deva s’intéresse pas vraiment à la vérité. juste à ce qui l’arrange. il se raidit un peu, passe une main embarrassée derrière sa nuque. c’était pas vraiment ce qu’il avait prévu. et ça le rend de mauvaise humeur de savoir que deva s’en va plus vite que prévu, comme un jouet qu’on prendrait de force à un enfant trop gâté.

Il tombe pas dans le piège tendu pour recevoir des compliments facile, cash est de toute façon pas de ceux qui s'épanche énormément. Deva, elle croit le connaître parce que l'inverse serait douloureux, elle se persuade qu'elle a tout compris, que rien ne lui échappe. Et si, parfois, elle a vaguement conscience de ne finalement rien savoir de lui, de sa vie ni de ses états d'âme, elle l'étouffe rapidement à coup de rêve d'amour aveugle. « j'ai encore le temps de finir tout ça, ça m'évitera de piquer du pop corn là-bas » elle est presque sûre d'approcher de la crise de foie le temps de tout finir mais ça compte pas, elle cherche juste à justifier ce qu'elle fait jamais : partir avant que ce soit lui qui le fasse. Avoir une vie en dehors de lui, comme si c'était un crime. Horrible de penser qu'elle existe dans l'univers quand cash n'est pas là. Elle a parfois l'impression qu'il la voit comme ça, disparaissant comme une apparition éphémère chaque fois qu'il tourne les talons. Et peut-être que dans le fond, elle l'est. De ses absences, il ne reste d'elle qu'une ombre, souvent errante dans les rues, dans les nuits. Sur les traces de ceux qui ne l'ont jamais remarqué, ou dans un reflet dans les yeux vitreux des clients ivres qui l'oublieront au matin. Deva elle a jamais existé que dans le regard des autres, par besoin, par envie. Ca devrait pas la surprendre d'être un fantôme quand on l'a plus sous les yeux. elle se crispe un instant au ton trop sec, aussi vite oublié par la justification plus douce. C'est facile de retenir que ce qui l'arrange, de pas percevoir le mauvais. Le ton abrupt, l'emprise pernicieuse. « oh. » déçue mais habituée, il est comme la brise cash. Il vient et repart, toujours au gré de son emploi du temps, rarement au gré du sien. Mais plus que le contretemps, c'est le visage impassible qui l'a rend nerveuse. Sans savoir ce qui s'est passé, sa legerté l'a quitté. Soudain froid, presque distant. Elle ose plus l'approcher, les mains toujours remplis de cadeaux qui pèsent, d'un coup, pèse trop lourd. Elle voudrait tout lâcher et s'avancer, au lieu de ça elle reste statique, sourcils froncés. Les engrenages de son esprit qui tourne a mille à l'heure. Pour comprendre ce qui l'a ennuyé, a se demander si elle a pas rêvé la distance soudaine, à chercher une solution pour la combler. Elle se sent comme ces enfants prit en faute sans savoir laquelle elle a commise, bien décider pourtant a se faire pardonner. C'est toujours l'effet qu'il a sur elle, figure d'autorité. Juge incontestable. Toujours cette impression que la seule a flageller, c'est elle, peut importe de qui vient le faux pas. Elle, lui, un inconnu. Presque fière quand survient – l'insipide - éclair de génie, elle sourit comme un contraste avec l'air renfrogné de cash. « j'ai qu'a l'appeler pour dire que je vais être en retard. Ou non, que j'suis malade. » l'idée semble si génial qu'elle qu'elle jongle avec toute sa nourriture, se colle de la barbe à papa dans les cheveux pour sortir son téléphone. Elle regrettera sûrement d'avoir lâché Nikos quand elle le verra mais sur l'instant, il n'est qu'un souvenir fugace qu'elle remplace par des images d'une soirée bien plus douce que celle qui était prévue au départ. Un infime sacrifice, elle subira bien ses remontrances toute une soirée s'il veut pour quelques heures avec cash. Y a rien qui compte plus que de pouvoir le voir encore un peu, le travail, l'argent, les gens, c'est pas si important. « et j'pourrais même venir te voir a ton combat comme ça. » et le programme lui plaît, elle est déjà prête à lancer l'appel, elle attend plus que le sourire de cash. La même joie que celle qu'il doit voir dans ses yeux mais que les siens ne reflètent pas.

t’auras encore faim après tout ça ? les yeux écarquillés, il l’écoute avec surprise dire qu’elle aura toujours le pop corn pour se consoler. c’est ça, aussi, deva. l’innocence de tout vouloir sans vouloir faire face aux conséquences. il a presque l’impression de s’y retrouver, là-dedans, peut-être le seul point commun qu’ils partagent finalement. ça l’empêche pas de s’y attacher - certainement plus que ce qu’il ne devrait. mais ça ne lui importe pas, à cash, pas vraiment. il pense pas vraiment aux conséquences, lui non plus, même s’il a parfois l’éclair vif de se souvenir de ce qui pend au-dessus de sa tête, s’il fait le moindre faux pas. un jeu dangereux dans lequel il s’enfonce sans doute un peu trop. trop accroché pour pouvoir faire marche arrière, vouloir même reculer. il voit que la naïveté attendrissante de deva, la bulle dans laquelle elle l’enferme, avec ses grands yeux et ses envies de croquer le monde. il pourrait s’y perdre à ne pas y faire plus attention, se laisser emporter par l’admiration qu’elle lui porte, sentir que rien n’a d’importance. faiblesse d’un gamin délaissé qui vient demander son compte, il trouve l’affection là où on la lui donne, sans penser au reste. égoïsme de l’avare qui voudrait tout avoir sans rien donner, il accapare cash, ne s’en défait pas. il a l’éclair de panique, pourtant, quand elle trouve déjà de quoi le rassurer, une excuse lancée pour passer la soirée avec lui. va pas te faire virer pour ça. il se veut détendu mais il a les nerfs qui se crispent cash. l’idée fugage qu’elle ne veuille finalement pas le lâcher, que le plan s’effondre autour de lui comme un vulgaire château de cartes. peu habitué à ne pas avoir ce qu’il veut, il contourne l’excuse, renchérit à coup de sourire charmeur. les petits vieux s’en remettraient pas. eux et tous ceux dont elle doit faire tourner la tête, au roaring lion. une excuse bidon pour se désister, la décourager. il craint que ça fonctionne pas pourtant, qu’elle insiste et se décide à le suivre pour le reste de la soirée. il est presque sur le point de céder quand son téléphone à lui sonne, que le nom de mila éclaire son écran. il a le réflexe de cacher le téléphone quand il lui retire les siens des mains, pour la dissuader d’appeler. j’dois y aller, moi aussi. tant pis s’il s’enfonce, s’il éveille les doutes. il est persuadé que deva n’y verra rien, parce qu’elle s’inquiète jamais de rien, c’est tout ce qui fait son attrait. il remballe son téléphone aussi vite, colle un baiser sur sa tempe à toute vitesse. la prochaine fois, promis. des excuses pour remplacer les anciennes, il s’enfonce dans les mensonges, cash. pas assez soucieux pour se dire qu’un jour ça le rattrapera, il préfère penser que ce soir, c’est encore indemne qu’il s’en sort, quand il tourne les talons et l’abandonne aussi vite qu’il est venu la trouver.