toilettes des filles (tedil)

elle voulait faire un break pour la soirée, elle voulait sortir s'aérer les pensées, sortir te changer les idées. elle parlait de musique et de décompresser, tu voulais simplement la suivre et ne pas faire chier. changer d'air c'était pas une mauvaise idée, laisser de côté les dissertations économiques, oublier les grammes à écouler et les livraisons à terminer. puis tu voulais pas rentrer, club de lecture de cette mère effacée, te retrouver face à lui c'était juste pas dans ton envie première. pas pressé de rentrer, pas pressé de beaucoup de chose, juste t'éclater. c'était le plan, sans autres fioritures elle te promettait pas la lune juste de l'éclate et vos habitudes. simple, efficace, elle sait lire tes pensées. alors t'as lâché les bouquins, abandonné les crayons pour une chemise à carreaux et un jean un peu déchiré, baskets, cheveux à peine coiffés et t'as filé; sans le croiser. parce que ça fait tâche un jean moulant déchiré, parce que c'est pas propre ta veste en jean enfilée, parce que tes cheveux sont pas bien démêlés, ou parce que juste il aurait eut envie d'exister. pas de raison valable donc tu t'es esquivé avant qu'il te voit. rejoindre ses sourires et vos rires, rejoindre la vie plus jolie et les éclats de la nuit. soirée étudiante, before ou pas, tu savais pas trop mais maintenant t'es juste là. un bar trop grand pour être vraiment bondé, une piste de danse plus loin... ça fait pas partit de tes préférés. mais tu diras rien, parce qu'elle est tout sourire, parce que tu t'en fiches au final tant que tu sors ta carcasse. là-bas dans leur décor si parfait tu t'encrasses, ici tu redeviens toi. un peu. vous parlez, de tout, de rien, de la journée, de vos envies de boire. fausse identité, t'es un saint mais faudrait pas trop exagérer, le soda c'est pas ta boisson préférée. bière, musique et quelques potes avec qui discuter. déconner. Nima elle s'éloigne, te dit partir aux toilettes, sans doute finir ailleurs, vous êtes pas coller ensemble toutes les vingt quatre heure. alors tu parles, tu t'évades. simplicité. elle, si gentille, si parfaite, il en rit parce qu'il parait qu'elle va à l'église il te dit, toi tu dirais pas que la semaine dernière tu lui vendais des amphèt'à la fille qu'il fantasme. tu laisses les mythes se faire et défaire. puis tu t'égares, besoin d'aller pisser. puis après, tu penses que ça fait un moment que Nima elle s'est égarée. alors tu glisses vers les wc réservés aux filles, peu importe. tu pousses la porte de la pièce trop déserte. c'est pas censé être l'endroit où elles se remaquillent, parler garçons et choses futiles ? erreur de timing. tu avances sans te presser, errant dans la pièce songeant à la trouver. Nima ? ... Nima ? ... Niiiima ? ... Nimaaaa ? sale gosse dont la voix passe de l'aiguë au grave, du moqueur au joueur, tu joues sur les intonations alors que tes doigts poussent sur chaque porte des wc. abandonné ? tu te presses pas jusqu'à ce qu'une des portes s'ouvre au moment où t'allais la pousser. erreur de personne, erreur de l'endroit. pas assez brune, pas assez fille, malheureusement pas assez inconnu. erreur. tu t'es trompé de wc ? petit fantôme du passé ? le fuyard retrouvé, mais pas oublié. c'était ta meilleure amie que tu cherchais, mais c'est raté. tu bouges même pas, tu réagis pas tellement, une fille t'aurais compris... mais pas lui.

Entrainé par une fille rencontrée là par hasard, tu t’retrouves dans un bar à l’autre bout de la ville. Dans ces quartiers proches de l’université. Ces quartiers où tu fous jamais les pieds. Sauf pour te glisser dans le lit d’une étudiante un peu torché qui rêve le temps d’un instant d’un garçon moins rangé. Ou d’un étudiant, quand la chance est avec toi. Tu r’gardes ce monde à des années lumières du tient. Ce monde où les préoccupations s’arrêtent à cet exam un peu trop compliqué ou aux derniers ragots colporté.

T’observes un instant la fille qui t’a entrainé là. Petite brune au charme rieur. De celles qui réussissent tout trop facilement et qui recherchent en toi un éclair de différence. Bof, franchement, tu t’en bas les couilles. Qu’elle voit ce qu’elle veut en toi tant qu’elle te laisse te glisser entre ses cuisses écartées à la fin de la soirée. Tu l’observes, et tu penses un instant à Bobby. Tu penses à la folie et au jeu. Tout ce qui est trop absent à cet instant présent. Cette fille, elle a rien de fou. Y’a pas de jeu, tu l’as déjà dans la poche. Rien qu’avec ton air de petit voyou. Et toi, t’aimes pas ça. Quand y’a pas de jeu. Quand tout est déjà plié. Tu finis ta bière avant de te lever pour te diriger vers le comptoir. Le barman de tout à l’heure s’est cassé, laissant la place à un sceptique. Il te demande tes papiers. Connard. Heureusement, tu sors ton faux permis. Celui où t’es plus Sil, mais Logan. Celui où t’as plus dix neuf ans, mais vingt deux. Tu souris avec malice tandis qu’il te sert ta bière. Tu hésites un instant avant de t’installer au comptoir. T’as trouvé dans ce barman sceptique une occupation bien plus interessante. Le jeu démarre. Regard appuyé. Sourire charmé. Tu t’amuses à faire durer la partie. Mais ton étudiante se fait impatiente. Elle vient te souffler qu’elle t’attend dans les toilettes. Bordel, tu peux sentir tous les regards de ses copines sur toi. Comme si tout ça était qu’un putain de défis tordus. Quelle conne putain. Tu finis par faire un doigt à la tablée de filles avant de te diriger vers les chiottes. Tu lèves les yeux au ciel. Elle est là, robe sous les seins nus, cuisses écartées. Ok. OOOOK. Genre, elle a tué le respect la meuf. Enterré à jamais. « … Sérieux, rhabille toi … T’as jeté ta dignité dans les chiottes ou quoi …? » Pause. Regard choqué. Rhabillage express. Tu soupires. Ok. C’était pas très sympa. Elle t’crache une insulte avant d’se casser. Et toi tu lèves les yeux au ciel avant d’aller pousser la porte d’une cabine et pisser toute la bière que t’as ingurgité. T’espères qu’elle a pas crié au scandale dans le bar. Ou qu’elle préviendra pas ses grands frères. Tu laisses les dernières gouttes couler tandis que quelqu’un entre dans les chiottes. Un mec. C’est marrant, t’étais persuadé d’être dans les chiottes des filles. Etrangement, tu r’connais pas sa voix. Peut-être parce que tu l’as un peu effacé. Par contre, tu reconnais le prénom. Nima. Pas franchement commun. Tu souris, rangeant le matos avant de sortir.

Ok. What ? Wait … WHAT ?!!

Petit rire. Rire nerveux, il va s’en dire. T’ignores sa question. « … T’es pas mort toi ? » Nonchalance. Tu fais comme si ça t’faisait absolument rien de l’voir après toutes ces années. Comme si c’était juste une rencontre des plus normales. Alors tu vas t’laver les mains, observant sa gueule dans l’miroir. « Daddy t'as pas encore démonté la cervelle depuis ? » Tu hausses les sourcils. Provocation. P’tète ce que tu sais le mieux faire. Tu souffres là ? J’espère que oui.

t'aurais du attendre sagement la brune avec les gars. t'aurais du être patient. chaque dimanche, chaque soir, on te le dit que c'est une putain de vertu. et là dans l'instant tu y penses largement. tu aurais du. rembobiner, faire marche arrière. retrouver ta bière, repousser cette barrière. ce que parfois tu peux être con Teddie à foncer sans penser. où alors c'est parce que t'es comme ça, à attirer les emmerdes. les drames tu les créés c'est vrai; mais te retrouver comme ça sans le chercher c'est juste un coup du sort inégalable. comme si la ville était pas assez grande, en quatre ans elle a fait son office elle pouvait continuer. tu l'sens pas mais Teddie tu as l'souffle coupé. c'est bizarre, comme si tu t'y attendais pas. pourtant toi tu planifies pas mais ça... après autant d'année on oublie, on arrête d'y penser, on arrête d'attendre. puis faut pas croire, vous avez grandit. depuis. tu sais pas ce que tu aurais pu prévoir pour ce genre de retrouvailles, c'est puéril et dérisoire. tu sais pas quoi dire. c'est Sil, c'est du passé vous avez pas besoin de bloquer. ou si. après tout il a jamais été facile à gérer, et maintenant t'es plus rien dans sa tête. il rit, ça t'fait bizarre de l'entendre rire. ça semble loin ce son. même si c'est pas un rire drôle, pas un rire moqueur pour autant. le genre de rire qu'est coincé dans ta gorge. le genre de rire qui crie à la vie "sérieusement ? après tout c'temps c'est du délire." mais nan. … T’es pas mort toi ? sa voix elle a un peu changé, beaucoup évolué et ce ton, si dans le fond il est resté intacte, il s'est aussi durcit. non il s'est éloigné. tu le suis du regard là, juste arrêté devant cette fichue porte de toilettes. pourquoi t'es pas resté dans la salle Teddie, pourquoi t'en fais qu'à ta tête ?! il se lave les mains, il s'fout de ça. de toi. jusqu'à.. Daddy t'as pas encore démonté la cervelle depuis ? paupières qui clignent, esprit qui vrille. crevard. faut que tu réagisses. faire comme si ? comme si quoi ? et c'est quoi ce truc qui te mord les tripes ? c'truc de honte qui t'dévore sans comprendre d'où ça vient ? la gêne qu'il sache, le malaise dans les veines. il sait, c'est le seul, il est là, et il sait. ce que ça fait. ce qu'il te fait. et que tu devrais riposter mais que t'es juste là à encaisser depuis toujours. déglutition. c'est dur de soutenir l'regard quand l'autre à les armes et le savoir. qu'il sait que le soir c'est toujours la même chose. tu hausses les épaules, le gars parfait sous tout ses aspects. faut croire que non, pas encore. tu fais comme si. comme si c'était normal, comme si ça te touchait pas, comme si c'était pas le sujet. pluie et beau temps tu sais faire. qu'est-ce que tu fais ici ? tu jettes un regard dans les wc, seul. t'aurais presque parié qu'il y aurait eut quelqu'un dedans pour l'occuper. c'est triste de penser ça, parce que de Sil maintenant tu ne connais plus rien.

Tu souris à sa réponse. Tu souris en l’voyant rester calme. T’as jamais su comment il faisait Teddy. Pour rester calme. Pour rester impassible à tes provocations. Ca t’a toujours rendu fou. Son calme. T’aimais ces moments où t’arrivais à l’faire craquer. Sa voix qui s’barrait en couille quand il s’mettait à gueuler de toute son âme. Ses joues un peu rosies de honte d’avoir craqué. Bordel. C’est comme foutre une clope sous les yeux d’un gars qu’a arrêté. C’est irrésistible. L’envie de r’commencer. Le pousser à bout. Pour l’voir exploser.

« Ca va venir » Tu réponds ça comme si c’était rien. Comme si tu lui disais pas qu’un jour, il crèverait sous les coups de son père. Pourtant, il viendra surement. Le jour où il frappera trop fort. Le jour où l’gamin perdra tout son sang sur le sol trop propre. Tu l’sais depuis trop longtemps. Le jour où il saura le padré, tu sais déjà qu’il perdra son sang froid. Parce que Teddie, c’est un peu l’fils prodige. Il doit aller droit. Et aller droit, ça veut dire avoir une famille. Avoir une jolie femme et des ptites têtes blondes. Avoir une maison trop grande et un boulot trop important. Le jour où il saura qu’il aime un peu trop les garçons Teddie, ça explosera. Salement. Et ce jour, t’espères franchement que tu seras assez loin pour ne jamais en entendre parler. Trop loin pour voir son corps sans vie. Tu l’observes un instant à travers le miroir. Lui. Toujours vivant. Cette gueule que ton regard a caressé des milliards de fois. C’était comme y’a des années lumières. Des putains d’années lumières. Sa mâchoire s’est durcie un peu. A peine. Il a pas tellement changé. Tu détournes le regard avant d’aller essuyer tes mains. T’as pas envie d’le regarder. Pas envie d’le voir. Qu’il retourne chez son père se faire démonter. T’as pas envie d’être témoin d’ça.

« Je joue au carte, ça s’voit pas ? » Réponse qui pu l’ironie. Faut dire, elle est un peu con sa question. « Et toi ? Monsieur parfait s’est perdu dans un bar ? » Tu hausses les sourcils. La vérité, c’est que malgré toi, la question est sincère. Qu’est ce qui fout là ? Tu l’imaginais à faire ses devoirs ou une connerie comme ça. Du bon vieux Teddie. L’gamin trop bien. Trop sage. Trop tout. Ca t’fait bien rire tient. D’avoir cru un instant qu’il aurait pu te suivre. Qu’il aurait pu décider de s’barrer. De vivre au jour le jour sans savoir ce qui se passera le lendemain. Comme si c’était crédible. Il a bien fait d’dire non tient. T’as pu effacer son nom d’ton cerveau. T’as pu arrêter de ressentir ces trucs à la con qui te retenaient. Non. Franchement, t’as limite envie d’lui dire merci. Merci d’avoir été un putain de lâche.

il débloque Sil, pas lui, mais le truc dans ta tête. le truc un peu amer, un peu noirci qu'on voit sur les photos qu'on a délaissé. ambiance nostalgie ? t'es pas bien sur que ça soit possible entre vous, ici, ou même ailleurs. Sil c'est le passé, l'ombre qui un soir a décidé que c'est assez. fini les petits-déjeuners complices et silencieux le dimanche matin, à encaisser l'ambiance froide avant la messe, mais savoir qu'à deux c'est bien mieux. fini les devoirs qui se terminent tard le soir, les escapades nocturnes jusqu'à la chambre de l'autre. les regards, ou même juste le support. adios. bye bye. alors la nostalgie t'es pas bien sur de vouloir la laisser venir. c'était un autre temps, c'est du passé. achevé. il suffit de voir le temps qui a passé, de voir sa tête qui a évolué. terminé le petit adolescent qui faisait le grand. devenu trop grand aujourd'hui. tu restes à distance, tu restes derrière à le regarder faire sa vie, comme si c'était rien. il a raison, non ? Ça va venir. absence d'émotion, réalité balancée. il s'en fiche, il s'en fou. et tu sens que dans ta tête, dans ton corps y'a ton sang qui s'échauffe, y'a la respiration qui se durcie. il a pas le droit, de parler de ça, parler de lui. parler de ta vie. allusion de choses qu'il a quitté. qu'il oublie, qu'il laisse ça de côté. ça ne regarde personne, ni les gens, ni lui. problème étouffé, il s'en est barré, qu'il oublie et arrête de le mentionner. il ne sait pas. il ne comprend pas. Sil l'inconnu, Sil le passage, puis le disparu. il peut pas juger. malaise que tu contiens si mal à l'intérieur, si bien avec ce petit visage serein. façade quotidienne. c'est facile quand personne ne voit, quand les marques sont dans la tête ou bien cachées entre tee-shirt, jeans et savoir faire oublier. il peut pas te juger ! droits avortés. Arrêtes ça. regard vers la porte, contenance imposée. non il ne te fera pas t'énerver. provoquer c'est le deuxième but vital chez ce gars, tu le sais, tu en as que trop souvent fait les frais. du passé.

Je joue au carte, ça s’voit pas ? insolence et débilité, Teddie tu devrais faire demi-tour. que Nima vienne donc te sauver. parce que ça finira mal, pour toi, pour ta tête ébréchée. parce que Sil il se fout de tout, et qu'il arriverait bien à te faire culpabiliser. mais de quoi ? des années que tu ne l'as pas vu, plus vu, peut-être de loin... de trop loin, et puis on t'a dit de virer la page, d'avancer. et t'as pas eu le choix, de continuer. Et toi ? Monsieur parfait s’est perdu dans un bar ? hein ? il fronce les sourcils, il s'interroge vraiment ? il te pense enfermé au couvent ? à non pardon ça c'est pour les bonnes sœurs. et elle est là toute la vérité; vous avez changé. il a avancé dans sa vie, tu as grandit dans la tienne. il pense vraiment que l'éducation de papa t'interdit vraiment de respirer ? il pense vraiment que tu sois à ce point attaché à trop de rigidité ? oui papa est violent, mais papa n'est pas un prude aliéné. tu remets tes cheveux en arrière, cheveux qui passent leur temps à venir descendre sur tes yeux, s'emmêler. maman, elle voudrait te les couper. mais à vingt ans ils ont plus rien à dire sur ton style vestimentaire, on ne t'achète plus tes vêtements, on peut juste faire les reproches mais c'est rien. oui pour prêcher la bonne parole et sauver les âmes en perdition. tu lances avec un sourire à la Teddie, avec un sourire type standard du gars populaire qui vient même jusqu'à se perdre sur les bancs de l'église. tu ries, tu lèves les yeux au ciel. sérieusement, j'ai plus quinze ans; je sors où je veux et même que parfois, je bois. choquant n'est-ce pas ? tu te moques, tu ries; mais le pire Teddie c'est que c'est pas méchant, absence totale de provocation; tu devrais l'envoyer chier mais tu ne peux qu'en rire et ne jamais perdre la face. c'est pas un jeu, t'es juste comme ça, t'es pas construit comme lui. t'es pas conçu pour provoquer. tu as une version encore plus sage de ma personne que mes parents. je cherchais une amie, d'où ma présence dans ces toilettes. t'as bien envie de lui demander s'il est au courant qu'il y a des toilettes pour mecs; si son cerveau n'a pas trop grillé depuis quatre ans. t'as aussi envie de lui demandé ce qu'il a fait de sa vie, où il vit, ce qu'il fait. mais il te réduit au silence, tu sais pas comment mais son détachement t'impose de te taire. alors tu restes juste fidèle à toi même, image bien lisse d'un gars sans problème, sans vagues ni tempête.

Tu t’es construit ce stéréotype dans ta tête. Comme une façon d’te protéger de la réalité. Pour frapper sur ce cliché que tu t’es imaginé. Parce qu’au fond, tu l’sais que c’est pas si simple. Tu l’sais pertinemment parce que tu l’as vécu. Mais c’est tellement plus facile. Cracher sur les clichés. Teddie le p’tit religieux à la con. L’gamin qui a les couilles de rien. Celui qui suit juste aveuglément ce qu’on lui dit. Sans rien dire. Juste avec un sourire. C’est tellement plus simple que de faire face à la réalité. Celle où t’as juste été blessé. Non. C’est trop tard maintenant. Il reste plus que les choses que t’as choisi de garder. Les souvenirs déformés. Les caractères amplifiés. La vérité diminuée. Il t’fait presque sourire avec ses mots. Sourire à l’intérieur. Parce que tu l’imagines faire ça. Sauver les âmes en perdition. Bordel, il en aurait du boulot. Parce que t’en as à lui filer toi, des âmes en perdition. Une sacré tripotée. La moitié de la coloc. Tous les gars du Sinners. Puis les filles aussi. Ta vie c’est des âmes en perdition.

Teddie, il rit. Un rire moqueur. Il lève même les yeux au ciel. Il vient encore appuyer cette fausse image. Celle du gamin mieux que les autres. Celui qui sait mieux et qui en a conscience. Il s’fout d’toi et ça t’fout en rogne. C’est même pas vraiment méchant. C’est juste foutrement agaçant. Comme un rappel insidieux qu’il sera toujours mieux. Monsieur parfait. Tu t’souviens que ça t’gavait y’a des années. Sa façon de sourire. De toute réussir. Puis le premier coup est tombé. Et l’impression s’est barré. Encore quelque chose que t’as effacé. « Plus sage ? J’aurais dis plus chiante » Tu sèches tes mains et le bruit couche toute autre discussion. Tu t’concentres un instant. Ca t’gave qu’il soit là. Ca t’gave qu’il vienne fouiller dans ce passé que t’as mis de coté depuis des années. Qu’il se casse. Qu’il retourne au fond du trou. Il y était très bien. Le séchoir s’arrête. Tes pensées aussi. T’as plus rien à faire. Braguette remontée, mains lavées et séchées. T’as plus vraiment d’excuse pour rester là. Alors tu finis par te planter devant lui. « Elle avait envie d’se faire baiser ta copine ? Parce que si c’est ça, elle vient d’partir. » Yeux plantés dans les siens. T’as envie de lui faire mal. Qu’il souffre s’il peut encore. Aller quoi, les gentils garçons, ça oublie pas comme les mauvais. Son petit coeur doit être quelque part, battant encore parfois pour toi. Est-ce que tu peux encore l’écraser ? Aller. Souffre. Et reviens pas. Tu f’ras rien remonter. Casse toi. « Qu’est ce que tu fous encore là ? Tu veux sucer toi aussi ? » Provocation. Encore. Toujours. Il devrait savoir Teddie. Que ça finira jamais. Il devrait le deviner. Et prendre la décision la plus censée. Prendre la porte. Et plus jamais se retourner.

Nima, elle t'a lâché. Nima elle t'a abandonné et pousser sans même le vouloir dans cette situation dont tu veux déjà t'échapper. Sil tu ne veux pas le confronter, Sil tu ne veux pas le fréquenter. fantôme du passé, le blond trop con qui a finit par filer. tes pensées t'as du les calmer, les apaiser. tu as du avec les mois les assagir pour ne pas exploser. parce que Sil c'est le gars qui fait paraître les lieux moins durs, les semaines moins longues, celui qui rend la vie un peu mieux. qui t'aidait à respirer, qui t'aidait à ne pas trop sombrer. lueur d'espoir, tu détestais quand il s'interposait entre ton père et toi. mais il recommençait, encore et encore. il s'en fichait, de tes mots, de tes interdictions. parler dans le vide, c'était ce qu'il laissait paraitre avant de se fissurer... avant de te laisser croire que t'avais réussit à l'approcher. complicité impossible à expliquer. il est cette personne que trop rare qui sait. le vrai. et pourtant il s'est tiré, sans retour en arrière, il a tout oublié. alors tu ne veux pas de lui, de sa vue, de ses connerie. de cette manière bien a lui de faire comme s'il se foutait de tout. c'est pas Sil, tu le sais; et pourtant. parfois tu te dis que tu n'étais qu'un jeu, c'est plus facile à accepter. qu'il puisse avoir juste joué, plutôt que tourner la page aussi facilement. émotion fantôme. Plus sage ? J’aurais dis plus chiante. Sil et ses paroles qui peuvent faire mal, tu le découvres. redécouvre, cette personnalité que t'avais réussis à passer il y a quatre ans. les yeux qui se lèvent, qui tournent dans leur orbites comme si c'était puéril. sa manière de parler. t'aimerais juste qu'il arrête, te réveiller. t'es obligé d'être toujours aussi agaçant ? tu connais déjà la réponse, il s'amuse que trop avec les autres. surtout toi, il semblerait. le sèche main coupe le reste de cette discussion, qui mène à rien. comme vous deux en faite. crétin. c'était déjà voué à ça, c'était ça ce stupide destin. il arrête, il bouge. devant toi tu commences à te dire que tu devrais reculer, te tirer. le laisser là seul. après tout c'est ce qu'il a fait, il devrait pas s'en scandaliser. Elle avait envie d’se faire baiser ta copine ? Parce que si c’est ça, elle vient d’partir. tu sais pas si c'est parce que c'est Sil qui parle ou parce que c'est de Nima qu'il parle mais ça fait mal. les mots qui frappent, les yeux qui tuent. les yeux trop bleus qui s'accrochent aux tiens. mêmes couleurs différentes nuances. lui si transparents, toi si tempétueux.... ça colle si peu à vos personnalités. ou peut-être que si, trop bien justement. tu veux pas savoir. nerfs qui se tendent, poings qui se serrent, respires Teddie, ignores. ignores sa manière de trop te connaître, trop te chercher. joues pas à ça. trop proche, tu t'en rends comptes maintenant qu'il est là avec ses mots acérés, avec ses phrases prête à te frapper. Qu’est ce que tu fous encore là ? Tu veux sucer toi aussi ? Sil le connard, alors comme ça maintenant c'est vers toi que ses vannes viennent se tourner. qu'il provoque Sil, qu'il provoque, Jill y'a des années qu'elle a réussit à te faire revenir sur terre. à ne pas continuer de t'enfoncer. tu souries, Teddie le calme, Teddie le gars populaire qu'on voudrait bien posséder. mais il ne t'aura pas lui, il ne t'aura plus. redescends sur terre Sil, je refais pas deux fois les mêmes erreurs d'adolescents. ça me touche que t'y penses quand tu me croises aux toilettes, t'as toujours pas tourné la page ? si tu t'entendais tu te ferais flipper Teddie, depuis quand tu rentres dans ces jeux ? depuis quand tu sombres aussi vite dans la provocation et dans ce ping-pong verbal qui ne te ressemble pas ? y'a que l'apparence calme et le sourire doux qui te ressemble, tes mots sont d'ailleurs; et Sil il fait pas ressortir les bonnes choses. il serait temps de le fuir, pour de vrai.

C’est étrange. D’plonger tes yeux dans les siens. De s’souvenir un instant. De s’souvenir de tout ce qui a pu se passer y’a longtemps. De ces sourires échangés. De ces conneries partagées. Et bordel, tu les aimes pas ces conneries. Toutes ces images d’une autre vie. Une vie où tout semblait si … différent. Tu l’sens. Qu’il a envie de s’casser. Comme s’il sentait le danger arriver. Faut dire, il a surement raison. Y’a rien de très positif dans ta tête à ce moment précis. Rien que l’envie d’lui faire mal. L’envie de l’rendre fou. Alors quand il se tend. Et ça t’fait sourire. Ca t’donne l’impression d’avoir pressé la bonne blessure. Quand il te demande si t’es obligé d’être toujours aussi agaçant. Il devrait le savoir pourtant. Que ouais. T’es obligé. Parce que t’es comme ça. Et qu’on t’changera pas. Même lui. Même les autres. T’es chiant et c’est comme ça. T’aimes trop jouer .Trop provoquer. Ca changera surement jamais. D’ailleurs, t’en rajoutes encore. Comme si ça suffisait pas. Mais Teddie, il réplique. Et même si son ton est toujours aussi calme, tu peux sentir que ça brule à l’intérieur. Tu peux sentir qu’il n’est pas si insensible à tes mots qu’il voudrait le laisser croire. Que t’as réussi à lui faire mal. Peut-être. C’est tout son corps qui se tend. Comme toi quand tu t’apprêtes à frapper. Comme lui quand il se retient de frapper. T’as l’impression d’avoir gagner. Qu’il va craquer. Là. Maintenant. Et pourtant, il se contente de sourire. Là. Si simplement. Si naturellement. Il sourit. Avec son visage trop sage. Et la colère s’évapore presque. Ses poings se desserrent. Frustration. T’aimes pas ses mots. T’aimes pas qu’il parvienne à te répondre aussi facilement. Aussi calmement. Tu pensais pouvoir le faire s’énerver. Mais il est toujours là. Aussi foutrement calme. Et ça t’agace putain. Qu’il arrive encore à gagner. Mais t’as pas fini. Il gagnera pas. Non. C’est toi qui doit avoir le dernier mot. Toujours. Foutu obsession pour la compétition. « Tourner la page de quoi ? » Tu hausses les sourcils. Nouvelle provocation. Dernière provocation. Tu souris une dernière fois avant d’le dépasser pour te diriger vers la porte de sortie. Tu pousses la porte avant d’te retourner vers lui « Bon courage quand même pour ta copine ». Et tu t’casses, retournant t’assoir au bar, le joli barman ne tardant pas à t’offrir une bière. Derrière, la porte s’ouvre de nouveau tandis que tu te forces à ne pas le regarder. Non. Tu te concentres sur le garçon en face de toi qui te raconte un truc sans grand intérêt. Et t’as beau t’dire tout ce que tu veux, tu r’penses à y’a quatre ans. Allongés sur son lit après une énième altercation. A panser les blessures avec quelques baisers.

Fuck him.

tu dois sortir, partir. on te l'a déjà dis, que Sil cest du passé, du terminé. que Sil c'est juste de la fumée, qui pique les yeux, qui fait tousser, qui retourne l'estomac et qui fait mal rien qu'y penser. mais c'est du passé et tu dois t'y faire. faux, tu t'y es fais. c'était bancale, c'était brutale... et les coups de papa ils faisaient du bien pour oublier. douleur physique pour se soulager, douleur psychotique de quelqu'un que tu voulais oublier. "t'vois Sil t'es partit et c'est pire, ça fait encore plus mal, et tu les vois plus Sil, les bleus qui viennent colorer ma peau, les côtes qui sont douloureuses. et le soir Sil, tu vois plus à quel point c'est dur juste de se coucher, parce que la douche à rien apaisé, parce que ça brûle, parce que la peau elle est prête à exploser; parce qu'il frappe fort pour me faire culpabiliser. parce que tu vois Sil, c'est toi qui m'a abandonné, mais tu vois le soir c'est juste moi qui doit assumer" c'est finit, maintenant sil c'est l'évaporé. alors tu ferais mieux de tourner les talons Teddie, l'abandonner lui aussi. tu l'vois un peu s'énerver, ne pas aimer tes mots que tu laisses glisser. mais il sait pas s'arrêter, de vous deux c'est lui qui a jamais su se contrôler. sadique il l'est devenu et t'es pas épargné dans son envie de provoquer. Tourner la page de quoi ? tu laisses tes yeux se planté dans les sien, trop bleus. connard. tu l'fixes sans rien répondre, simple défis. "vas-y balances moi ta merde, essayes encore. essayes plus fort. parce que c'est pas tes mots qui vont réussir à tout casser, t'as déjà bien assez merdé pour que maintenant tes mots est un sens profond". tu le fixes juste, le visage neutre, le regard fermé. parce que Sil c'est finit, t'y as plus accès, à ces pensées que tu avais le droit de posséder. il bouge, tu restes là. il est doué pour toujours partir le premier. Bon courage quand même pour ta copine "fermes ta putain de gueule". c'est ça.. c'est dit comme ça, c'est dit sans but, sans provocation, celui qui crache l'acide c'est pas toi. et c'est pas nouveau de se retrouver seul, juste là. il calque ses agissements sur le même schéma. brutal, t'encaisses. de toute manière il n'est bon qu'à ça. t'inspires Teddie. il t'auras pas. plus cette fois. un regard dans le miroir, un sourire de persuasion, la main qui part remettre tes cheveux en bataille sous ta casquette. tu sors, tu l'fixes lui de dos, lui le salaud. peu importe. et elle est pas loin ta Nima, bordel la source de tout ce problème. tu souries, Teddie façade. tu souries pour la rejoindre, t'enfoncer entre les gens, t'enfoncer dans la salle plus loin, le camoufler. l'oublier.

END.

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