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 domingo en fuego (morrilov)

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MessageSujet: domingo en fuego (morrilov)   domingo en fuego (morrilov) EmptySam 30 Juin - 17:21

domingo en fuegoY’a la lumière de la vielle ampoule grésillant au-dessus d’ta tête. Tu l’observes d’yeux un peu hagards, un peu absents, un peu trop fixes pour faire vrai. C’parce qu’ils sont partis ailleurs. Loin de cette mauvaise imitation du soleil réfrigérée par l’air trop froid. Ton torse nu sur la table tout aussi glaciale, c’est vrai que ça n’aide pas beaucoup. Le teeshirt est calé sous ta tête comme un semblant de coussin. Ca fait des bosses dans le cou.
Pour c'que t'en as à foutre.
T’es ailleurs, Semyon.
Tu sais pas trop où, mais ailleurs.
Tu fermes les paupières et le halo lumineux explose dans le noir. Tu clignes des yeux, une fois, deux fois, et le spectre de l’ampoule s’imprime sur ta rétine. Ta chair nue réclame de la chaleur. Ça t’rappelle là-bas, en quelque sorte, quand t’avais que le plafonnier à fixer, et ces vêtements de papiers qui n’réchauffaient rien du tout. Les bestioles presque réelles qui se faufilaient hors et dans les fissures invisibles du plafond, pour te tenir compagnie, et ta contemplation du vide béant. Des rats en arrière fond, yeux rouges, rires déments, métal griffé, tableau noir lacéré, grilles coulissantes, grilles refermées, bouffe informe, visages d’outre-tombe, esprits ailleurs, cris étouffés, comme des échos. D’une vie antérieure. Seattle. Si loin. Trois amis dans les rues. La fumée à s’en faire péter la tête. Le gang pour s’soutenir. Et pis, tout ça, c’était rapidement balayé par la visite des psys qui te ramenait brutalement à la section psycho d’la prison. Leurs regards qui en disaient long sur leur indifférence. Pis les piqûres, aussi, les pilules, les trucs pour aller mieux. Foutaises.

Les souvenirs reviennent en boucle. Aussi régulière que la ronde des gardes. Qui t’attendant, là, au tournant, pour t’rappeler qu'ils t’attendent de pied ferme. Et ce serait poursuivre une chimère que de se convaincre qu’ils s’en iront aussi vite qu’ils n’apparaissent.


Les pas dans l’escalier te ramènent à la réalité.
Tu clignes encore des yeux deux, trois fois, et les fantômes s’évanouissent. Pour du bon tu l’espère. Nuque à moitié relevée, t’attends de voir la paire de jambes se transformer en une silhouette reconnaissable, et tu soupires intérieurement en voyant celle de Barrow se dessiner. Putain d’soulagement. Depuis quand tu t’accroches tant aux gens ? Faut croire qu’la taule, ça rend pas aussi indépendant qu’on le croit.
Tu te relèves totalement en position assise et saisis le paquet de chips à côté de toi. Dès que tu distingues le visage de l’homme, ça vole vers lui sans prévenir dans un bruit d’aluminium écrasé. « Trouvé ça en vidant l’ancienne piaule. J’pars du principe que c’est toujours bon. » L’emballage est tout chiffonné, pis l’ouverture est colmatée par un élastique au bord de la déchirure. Demi-sourire. C’est toi qui l’y a mis, pour pas que tout se répande dans ton sac pendant l’voyage. Les chips, t'en avais rien à cirer, tu les as balancés dans la poubelle, c'est ce par quoi tu les as remplacés qui compte vraiment. Cachés là pour ne pas que les regards indiscrets s’y attardent, au cas où.
Le soupir t’échappe tout seul. La pièce n’doit pas être plus large que votre ancienne cache, tu penses, à peine quelques mètres carrés dans lesquels on a casé vos sacs de couchage et le petit monticule de fringues sales entassées pèle-mêle. À peu près toutes vos possessions. Sans compter la table sur laquelle tu trône. Au moins ici êtes-vous à l’abri relatif de toute visite impromptue des flics. Mais tu t’fais pas d’illusion, tu sais qu’au moindre faux pas, ils vous vireront en moins de deux. Trop jeunes, encore, trop inconnus. Avec un peu de chance, le temps fera son œuvre et s’accompagnera de confiance.
En attendant, tu renifles, et jettes un coup d’œil à Clyde. « T’as pu récupérer du matériel ? » Sans quoi, tu renfileras vite le teeshirt.
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MessageSujet: Re: domingo en fuego (morrilov)   domingo en fuego (morrilov) EmptyMar 3 Juil - 12:19


T H E M E
j'revire les étoiles de bord pour m'occuper. j'marche su'l trottoir, le blunt entre les lèvres, la tête basculée par en arrière, la tête basculée en arrière jusqu'à mes talons qui traînent. le cou élastique. pus d'os. ça fait des bruits de crissement de poussières et d'gravillons. mes doigts viennent pogner le joint, je tire dessus lentement, je ferme les yeux. limite entre l'envie de m'asseoir et celle de partir à courir et pus jamais revenir. nulle part. juste m'en aller. suicide limonade vaguement envisagé. mais j'peux pas partir. j'soupire dans un nuage de fumée. j'ai le ventre en vrac à force de manger rien qu'le midi et d'enchaîner les rails de coke à la place des p'tits déjeuners. j'me frotte en haut du nombril. je sens que j'ai un bleu. un bleu et d'autres partout qui se confondent. des hickeys. des ongles rongés jusqu'au sang, des croûtes foncées. j'pousse la porte avec un coup de pied, le sac en plastique qui pèse au bout du bras. je reste un moment dans l'cadre de porte, le corps au ralenti. la tête, aussi. la planque est sale, j'ai l'impression qu'moi chus pareil. j'arrache mes yeux du vide que j'fixe et j'déboule les escaliers avec un peu plus de bruit que prévu. quand j'peux passer la tête pour voir si sem est toujours là, j'vois un paquet d'chips à la place et j'l'attrape de justesse par le bout attaché à l'élastique.

"putain merci, j'pensais qu'on était à sec..."

ça fait le bruit des toasts quand on croque dedans. c'est juste le plastique des chips et le plastique dans les oreilles. j'décâlisse l'élastique et je jette un coup d'œil qui a faim à l'intérieur du sac. c'est un esti d'trésor au milieu des quelques miettes de chips et du gras luisant. un sourire en coin. j'lui fait un regard, je fais les regards. j'en fabrique plein, des regards. pour lui, c'est toujours les mêmes. il a les yeux décâlissés. j'descends les marches qui me reste à descendre et j'lance notre fortune sur une pile de vêtements. j'm'approche, le blunt toujours coincé entre les lèvres. machinal. j'tire dessus un coup et j'lui tends. mes yeux s'arrêtent un moment sur lui, reviennent s'caler dans les siens.

"ouais, j'ai trouvé." j'vide mon sac à côté, pis je prépare mes affaires. "j'vais te faire ça au stick and poke." ça fait un bout que j'ai pas touché à ça. ça me fout les gestes en vrac, quand j'étale tout sur la surface plane d'la table. j'enfile mes gants d'abord, les trucs cheap achetés dans le dép au coin d'la rue. pis je shake le petit pot d'encre. "tu veux que j'commence par où ?" je regarde les tattoos sur son torse, pis j'tire un peu sur son épaule pour voir le dos. des retouches ça et là à faire, de l'espace à remplir par d'autres dessins fuckés. j'retourne à mes bouteilles d'alcool à 90 degrés et mes cotons emballés. "on peut faire le dos s'tu veux. couche-toi."



Dernière édition par Clyde Morrison le Jeu 2 Aoû - 16:33, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: domingo en fuego (morrilov)   domingo en fuego (morrilov) EmptyMer 4 Juil - 6:54

domingo en fuegoLe paquet d’chips arrive directement dans la tête de Clyde et sa main l’attrape de justesse, pour pas se le manger. À la façon dont il jette un coup d’œil à l’intérieur, tu t’attends presque à voir son visage se transfigurer à la vue de votre petit trésor vert. L’habitude des joints à rouler, les rails à dresser, les cachets à gober, les seringues à vider – nan, plus d’seringues en fait. Mais non, y’a juste un sourire collé dans l’coin de ses lèvres, complice, et un regard lancé dans ta direction que tu chopes dans un battement de cils. « Putain merci, j’pensais qu’on était à sec… » Tu lèves un sourcil pour mimer le choc amusé. « J’suppose qu’la gamine d’hier que j’ai remballée est arrivée à point alors. » Ca a du bon, finalement, d’te faire surmener par les gars du gang. Faut dire que ça t’a jamais vraiment trop ennuyé de faire le sale boulot, celui dont personne veut, ni d’accumuler les heures. Pis videur ça permet d’bloquer dans un coin les gens pas nets et de leur dire d’aller s’faire foutre – ou de sortir les meufs trop high et d’en profiter pour leur piquer leur stock en tout bien tout honneur. Tu pointes du menton le sachet toujours dans la main de l’Ecossais. « Fais quand même gaffe. J’pense que y a deux trois gens ici qui sont pas chauds d’voir ces machins-là traîner dans l’sous-sol. » Une tête blonde enfarinée en particulier, il t’a semblé.

Barrow vide d’un coup toutes ses affaires sur la table. « Ouais, j’ai trouvé. » Tu l’observes étaler le matériel à côté d’toi et fronces les sourcils en n’y voyant aucun fil, aucune machine dans son sac. « J’vais te faire ça au stick and poke. » Tu hoches la tête. Bien sûr. T’attires instinctivement les doigts de ta main gauche à la lumière, premiers souvenirs de cette technique, la fumée qui pique l’œsophage pis les baffles qui hurlent dans l’studio de Clyde, et cette douleur continue dans l’épiderme. Tu t’mords la lèvre. Y’a l’excitation qui commence à remonter l’échine – juste envie d’se taper là et de le laisser faire pendant des heures entières, comme avant. « Tu veux qu’je commence par où ? » Tu hausses les épaules et les dessins culbutent sur ta peau dans un sursaut de vie. Putain. Le con. T’y avais même pas songé. « Euh. J’sais pas, y’a p’têtre des trucs à réarranger depuis la dernière fois ? » Sans vraiment s’avancer. Le tatoueur se plonge dans la contemplation de tout c’bric à brac calcinant la chair et tu bascules un peu en arrière pour l’aider, torse illuminé par l’ampoule défoncée. Sa main gantée vient tirer ton épaule et tu te laisses faire. Frisson glacé. Muscles pétrifiés, juste pour une seconde. Ton regard tombe sur les grains de la table et ton poing se serre vaguement. Sans trop savoir pourquoi. Clyde, c’est sûrement l’seul que tu laisserais jamais te toucher comme ça. L’seul à qui t’aies jamais fait autant confiance. Et pourtant. Y’a plus la facilité d’avant. « On peut faire le dos s’tu veux. Couche-toi. » Couche-toi. Ca t’ramène en arrière, ça, et tu combats pour pas faire de connerie – comme te retourner et lui en foutre une. T’es con Semyon.
Tu te couches.
T’as la tête dans ton teeshirt et les mains dessous, coussin improvisé. C’est bon, le moment de stupidité est passé. Tu t’détends. Et l’idée sort d’un coup de ta mémoire. « Tu dis si tu veux qu’j’me bouge d’une quelconque manière. Et… » Ton index vient tâter le bas de ton dos à l’aveuglette et, en te contorsionnant pour y jeter un coup d’œil, il vient chatouiller la mâchoire du Baron Samedi. « Tu vois les serpents qu’y’avait dans l’entrée d’Skala ? Sur l’espèce de drapeau tout déchiré qu’on a fini par enlever ? Tu crois que y’a moyen d’en refaire une copie, plus ou moins ? » Skala, le gang. L’ancien gang. Dans ta tête, l’étendard reprend forme quelques instants, noir et poussiéreux, avec ses deux reptiles stylisés qui en parcourent les diagonales.
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