des mensonges (remie)

elle sort sans dire au revoir, maman est quelque part dans la chambre a oublier le monde, ou dans la salle de bain a se faire jolie pour disparaître cette nuit. Deva, elle fuit. Des pas qui mènent n'importe ou et c'est pas important, du soleil et de l'air frais et son regard sur les gens. Elle marche trop tranquillement pour l'effervescence d'une journée normal, face a ceux qui s'empressent d'être a l'heure, ceux qui sont déjà un peu en retard. Qui tente de courir sans en avoir l'air ou gambade maladroitement sur dix centimètre de talons. Elle sourit. Elle a toute sa journée avant d'aller au roaring lion, rien a faire a part combler l'ennui. Ou le savourer. Une journée c'est des heures entières a rêver, elle fait ça mieux que personne. Elle imagine la vie des gens qui passent, des belles histoires ou des tragiques. Rien de réel. Elle est tellement perdue dans sa non-contemplation du monde qu'elle est pas certaine que l'apparition soudaine soit pas, elle aussi, le fruit de son imagination. Elle cligne des yeux, une, deux, trois fois. C'est le monde qui tangue, des sensations comme elle en a trop l'habitude. L'intérêt mal placée pour ces gens qu'elle entrevoit seulement. Les cheveux blond, les yeux trop clairs, la peau blanche. L'air revêche. Elle la fixe sans la voir. Ou elle la voit, sans la fixer. Même en fermant les yeux, elle a l'impression de pouvoir se la représenter. Plus un brouillon qu'un chef-d’œuvre, elle se persuade que c'est son âme d'artiste qui a besoin d'une confirmation. Que c'est seulement pour ça que, quand elle passe a côté d'elle et continue d'avancer, elle entend sa propre voix qui l'appelle. Science personnelle qui l'oblige a savoir. Imaginer un nom. Rêver un son. Inventer son âge. Puis toute sa vie.  « hé. » elle réfléchit plus, ces pas qui font demi-tour, pressés, enfiévrés. Et sa main, indépendante qui s'avance, ses doigts un peu fou qui s’agrippe. « hé tu.. » tu quoi ? T'es jolie ? C'est quoi, le son de ton rire ? T'as l'air solaire. c'est pathétique. Elle fait que resserrer ses doigts pour pas la voir s'échapper, le cerveau qui tourne a mille a l'heure. Des tas de mots qui se bouscule mais aucun qui correspond. Y a dans son esprit l'évidence de ce qu'elle veut transmettre mais aucune formule qui suffirait à l'expliquer. Y a aussi les gens, ceux du vrai monde, ceux qui réagissent pas comme elle et avec lesquelles deva sait jamais y faire. Elle est peut-être comme ça, elle aussi. Du genre a la regarder de travers et passer son chemin. Ça lui laisse un sentiment d'urgence, les bons mots pour le bons moment. Si elle se foire, elle a l'impression qu'elle disparaîtra pour toujours, qu'elle la retrouvera jamais alors qu'elle habite sûrement cette ville. « tu ressembles a une de mes amies. »  premier mensonge, pierre branlante qui pose les bases de tout un édifice qu'elle voudrait construire. Impulsion soudaine. Elle ressemble en rien a ses amies, mais peut-être qu'elle pourrait. Ressembler a une amie. Le devenir. Elle sait pas, elle sait jamais rien deva mais ça l'empêche pas de rêver, d'y croire et de se lancer. Ça tient jamais longtemps, mais le temps que ça dure elle le savoure. « mais peut-être que t'es elle, tu te souviens pas de moi ? » n'importe quoi, elle fait mine de chercher sur son visage des traits qu'elle fait semblant d'avoir déjà vu parce qu'elle sait pas quoi faire d'autre. Des indices sur ses sourcils froncés qui lui donne envie de sourire. Elle voit rien, manque de clairvoyance, mais l'apparition elle, elle pourra peut-être l'éclairé. l'éclairer elle, ou juste sa journée.

Un peu pathétique quand elle mise tout sur son misérable coup de bluff, instille l'idée d'un peut-être qui n'a jamais existé. Se fait visage qu'elle tentera de chercher dans les limbes de son esprit, sans succès sans doute, qu'elle associera à tord – si elle est chanceuse – à une autre qui lui ressemble de loin. Mais elle s'en fiche, elle est tiraillé par le besoin soudain d'être quelqu'un, d'illuminé le regard d'une inconnue qui dira c'est toi. même si elle n'est personne. Rêve de se suspendre à elle, elle parmi tant d'autres, sans aucune raison. Un besoin éphémère qui s'étiolera sans doute a la tombée du jour mais qui est pour l'instant aussi vif que le soleil au zénith. Elle s’avachit presque sous la négation comme un couperet sur son espoir vain. Le regard fixé dans le sien l'air d'attendre qu'elle se souvienne quand elle sait pertinemment qu'elles sont deux inconnues en collision volontaire. Elle voudrait pouvoir s'immiscer dans sa tête, arranger ses souvenirs, posé là quelque part son visage flouté par le temps. Presque oublié mais présent. Elle fronce les sourcils « mais si, j'suis sûre. » assène sa propre vérité comme si elle était générale, fait mine de chercher dans les confins de son propre crâne une image qu'elle sait inexistante. Mais a la différence d'elle, c'est pas compliqué pour dev de l'introduire dans sa vie, placer ça et là son corps sur des souvenirs inventés puisque tout son être n'est fait que de songe, ceux qu'on ne fait que la nuit endormi dans son lit qu'elle passe son temps à faire pourtant, même éveillée. Et elle s'illumine tout entière à un simple peut-êtredeva s'enlise dans son mensonge, la belle qui plante les deux pieds dedans et son regard à elle qui s'illumine. Oui. Oui j'savais. Bien sûr qu'on se connaît. Quelques part, tu viens de mes rêves. visage inventé. « Ah oui ? tu .. » pas le temps d'être incrédule, pas le temps de trépigner de joie devant un karma divin qui laisse son mensonge faire la toile de fond d'une rencontre qu'elle espère importante. Y a déjà la fille qui tire deva, trop fort, trop inattendu. Ses yeux qui courent dans tout les sens comme si une catastrophe les menaçait soudain, elle se laisse entraîner, rendu presque sourde par les cris de l'autre qui hurle après ce qui n'est qu'un type en vélo, son pied qui frappe la roue et le le cyliste qui peine à pédaler. « t'es genre, une héroïne ? Il va devoir se racheter une roue ce gars. » elle sourit, mais elle l'imagine pas du tout en sauveuse, plutôt en bulldozer, la douceur d'un cactus. Un foutu chat, doux mais capable de vous griffer soudainement sans raison apparente. Elle reste perplexe, trop violent pour elle d'un seul coup, elle voudrait dire pardon au type qui a sûrement sa roue abîmée, dire pardon à la fille pour pas avoir fait attention. Scruter son poignet aussi, parce qu'elle est sûre d'avoir un bleu quelque part. Mais elle est trop happée par ses yeux à elle, son sourire qui fait naître le sien même si elle sait pas trop ce qu'il y a de drôle dans le fait de crier dans la rue, frapper une roue de vélo et lui déboîter l'épaule tout ça en vingt secondes.« j'veux dire merci. » même si elle a mal au bras, elle est polie, à tenter de frotter discrètement son poignée. En se demandant si elle a de l'arnica a la maison. « et donc tu … » t'es pas un peu folle? « t'appelle comment déjà ? J'me souviens plus. » t'as jamais su

fille des rêves au visage qui s'adoucit, hurlant après le cycliste elle reprend les airs de douceurs qui avait attiré deva comme un papillon de nuit vers la lumière. Ça lui donne envie de la rassurer soudain, malgré la poigne qui s'imprime encore sur son bras, le presque éteint qui ronge encore sa chair sous le geste abrupt. Parce qu'elle veut pas l'inquiéter, ni lire un air coupable, elle veut la voir sourire. Pas crier. Rire avec ses yeux et entendre un éclat de voix qui sonnerait mélodieux. Voix douce à ses oreilles sans que deva sache si c'est objectif ou décidée par son esprit pour coller à l'image resplendissante qu'elle voit quand elle la regarde. Elle est un tableau soudain d'une perfection maladroite. Bijou brut mais abîmé. Ça couperait le souffle si elle en avait pas besoin pour lui parler. S'accrocher un peu à elle, ses mots changeants comme son humeur. « tu m'as évité une catastrophe. » ou peut-être qu'elle est en plein dedans. Maintenant. Que le cycliste c'était le vrai sauveur. Au lieu de ça, deva se jette à corps perdu dans un instant mensonger, ou tout ce qu'elle bâti naît d'un mensonge pour les yeux clair d'une fille-tonerre.  « ça va. j'te jure, je m'y attendais pas, ça m'a surprise. » et effrayée, un peu. Elle l'a éclaboussé de sa fureur sans qu'elle s'y attend, provoquant un mélange moyennement agréable de crainte et de curiosité. Mais elle retire les doigts de son bras qui la lance comme pour souligner ses dires, pas d'égratignure ni d'hémoglobine. Un pas vers elle et les yeux fondus dans les siens. juré j'ai rien sinon un coup sur le cœur. Un coup de cœur. « ça me dit quelque chose, j'me souviens maintenant. » menteuse. « Remie. » elle répète, s'imprègne. Remie, remie, remie. venu de ses songes, glisse joliment sur les lèvres, est doux sur sa langue. Remie, le r agressif et le i qui adouci. Comme la fille volcan qui hurle trop fort avant de s'excuser doucement. Un prénom qui commence fort pour s'apaiser rapidement. Elle a déjà le sien aux bords des lèvres quand elle le lui demande. Lui donner un nom pour qu'elle puisse l'appeler. L'entendre le dire, juste pour voir ce que ça fait. Mais les quatre lettres s'écrasent contre les lèvres refermées. tu dois avoir un bon prénom. elle est pas sûre soudain, ça l'inquiète. Deva. Ça sonne moins joli que Remie. Peut-être qu'elle n'aimera pas quand tout ce que veux deva c'est justement lui plaire. Se façonner à l'image dont elle rêve, être appréciée. Beaucoup. Énormément. à la folie, reflet de la sienne. Alors elle sourit, joue les ingénues. « beau je sais pas. C'est quoi un beau prénom? » parce qu'elle se renommera bien des lettres qu'il plaira à remie, portera son bon plaisir en prénom. répondra au patronyme qu'elle aime le plus. Joli coïncidence. Beau mensonge.