freak show (misha)

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Les jambes qui fourmillent, la sensation de devoir bouger. L'aube d'une idée qui bourgeonne dans les confins les plus paumés de son esprit, ces endroits qui prennent le plus de place, grandissent et s'étendent à la lumière des espoirs fous. Une illumination comme une plante grimpante qui s'enroule autour son cerveau pour ne plus la lâcher. Un visage en filigrane dans son esprit qui la poursuit chaque seconde et deva se bâtit un monde autour de lui. Une folie qu'elle s'imagine passagère tout en tant incapable de s'en délester. C'est un rythme, pulsation du sang dans ses tempes qu'elle ne peut pas faire taire. Une cacophonie merveilleuse, expression symphonique d'un besoin vorace d'être vue, aimée peut-être. Jamais oubliée ni délaissée, surtout. Ces choses qu'elle n'avouera pas, cachées derrière des excuses chancelantes. Trouver son numéro par hasard, le chercher sur les réseaux sociaux juste pour savoir, appeler sa secrétaire parce qu'il faut bien savoir quand il rentre, chercher son adresse parce qu'il faut dire merci, passer prendre a manger avant parce qu'on peut pas remercier quelqu'un en deux minutes, mettre une heure et demi s'habiller parce qu'il faut être présentable, comme si c'était la rentrée des classes et se parfumer parce qu'elle le fait tout les jours (même si, non, elle le fait jamais). Avancer jusqu'à sa porte à une heure peu commode en se disant qu'elle voulait être sûre de le trouver, jamais dire qu'elle rêve d'y passer toute la fin de soirée. Et le vin. Le vin c'est juste pour laisser un cadeau, certainement pas une bonne raison de rester. Elle sonne, trop empressée et elle a beau se mentir cent fois elle sait que c'est un peu fou, cette euphorie qui l'habite soudain à l'idée de le voir, un peu stupide de croire qu'il l'attendait, bras ouverts, pour l'enlacer. Heureusement, tout ses mensonges deviennent des vérités. et sur le visage derrière la porte, elle rêve des traits heureux, un sourire chaleureux. « salut, j'ai apporté le repas. » elle montre le sac tâché de gras, fast-food attrapé à l'arrache pour se donner bonne conscience, une bonne raison d'être là quand elle en a pas vraiment. Elle s'engouffre dans l'appartement , glissant entre misha et sa porte comme si elle connaissait les lieux, invitée de marque attendu depuis longtemps. Petite squatteuse, plus sauvage que princesse. Avançant à tâton d'un air qui se veut assurer, faux airs de celle qui connaît les lieux, qui les découvre comme si elle en connaissait déjà les plans. Pose ses chaussures dans l'entrée, piétinement de pieds nus sur la fraîcheur du sol jusqu'à une table quelconque ou elle lâche le sac. Le prétexte l'encombre maintenant qu'elle est entrée. Aime se dire que c'est seulement pour cette fois, que les prochaines y aura pas besoins de ça, il l'attendra elle. Juste comme ça. « j'habite au bout de la rue, c'est drôle non? » question rhétorique, il pourrait bien donner une réponse qu'elle l'écouterait pas, occupée à laisser ses yeux vagabonder sur les lieux, retenir les détails, observer la décoration. Essayer d'entrevoir qui il est entre les bibelots et le canapé. Chercher des points communs, ou a défaut, les inventer. Scrutant les photos comme si elle connaissait les gens dessus, et peut-être que oui. Peut-être qu'elle les connaît, elle se souvient, venu du fond de ses mensonges, une vie qu'elle s'invente soudain. Des visages qu'elle a connu et aimé, rêvé. elle se laisse couler dans l'impression qu'elle fait partie d'un tout, sans que qui que ce soit ne le sache à part elle. Ça lui convient comme ça, suffit à faire naître un sourire, de ceux qu'on offre aux amis qu'on retrouve, à la famille qu'on revoit enfin après des années sans se croiser. « si j'avais une maison, je la décorerais comme ça. » faux. Sans doute que si deva vivait plus chez sa mère la déco ressemblerait à son esprit, bric à brac sans fil conducteur, mal tenu, mal rangé. Portraits d'inconnus sur les murs qu'elle appellera sa famille. Ou peut-être que ça ressemblerait à ici, appartement de célibataire trop vieux pour être seul. Elle sait pas trop mais elle veut y croire, comme si c'était une évidence sous ses yeux. Le signe qu'ils ont un lien unique en son genre qu'il finira par voir lui aussi, pourvu qu'elle reste assez longtemps dans les parages pour qu'il ai le temps de le comprendre. Et du temps, elle en a à revendre pour se faire sa place autant que pour lui trouver la sienne. « du coup j'me suis dit « hé deva, il t'a sorti de la panade la dernière fois, tu pourrais aller le remercier », et me voilà. » des phrases trop rapide lancées comme des balles, le temps de s'asseoir, s'installer pour plus partir. Combler les blancs et faire comme si. comme s'il l'avait attendu des jours, espérant peut-être entrevoir le visage d'une gamine se répandant en remerciements venus du cœur. Comme s'il l'avait pas oublié, déjà une heure plus tard parce qu'elle était qu'une inconnue qu'on croise, qu'on aide et qu'on laisse derrière soi. Une réalité que deva voit pas, quand elle sourit à misha.

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deva & misha dans « FREAK SHOW »

La journée avait pourtant si bien commencé.

C’était la même routine ; il s’était levé à l’aube, fait son jogging et partit à son cabinet en s’enfilant deux tasses de café sur la route. La journée commençait véritablement pour lui quand il enfilait ses gants et qu’il faisait passer patient après patient, consultation après injection, jusqu’à ce que sa secrétaire vienne le voir juste pour lui dire que sa journée était terminée. C’était la même routine, la seule qu’il aimait suffisamment pour la garder. C’est uniquement sur le chemin du retour qu’il prit acte de son téléphone et de ses notifications et fronça légèrement les sourcils en voyant plusieurs messages d’un numéro inconnu. Il n’attendait pas de message d’une personne en particulier et défila tous les messages reçus, tentant de faire fonctionner sa mémoire. Il remit son téléphone dans sa poche, le laissant pour plus tard et continua sa route jusqu’à chez lui. Il ressentit son téléphone vibrer et ne le sortit qu’une fois chez lui. Misha appréciait particulièrement le moment entre le taff et la maison, c’était le seul moment où il n’avait pas à se soucier de quoi que ce soit à part éviter de se faire renverser sur le chemin. Il se laissa alors porter et se déchaussa une fois avoir claquer sa porte d’entrée à east vista. Il examina son téléphone une deuxième, légèrement agacé qu’on l’empêche de terminer sa routine. Il haussa un sourcil devant le « t’es là » et une fois avoir relu les messages précédents, des souvenirs commencèrent à l’assaillir. Ils étaient encore frais de quelques jours et Misha ne s’attendait pas à recevoir un message à ce sujet. Généralement quand un incident de la sorte arrivait, la personne remerciait puis continuait sa vie comme si de rien n’était. Enfin, ça devait marcher comme ça normalement, non ? Misha décida alors de ne pas se prendre la tête et d’écrire une réponse générique avant de lancer son téléphone contre son vieux canapé en velours et partit sous la douche, les messages oubliés.

L’eau chaude le détendit suffisamment pour n’avoir plus rien à l’esprit, il le détendit un peu trop peut-être, ne le préparant pas suffisamment à la vague qui l’attendait. Il sortit de la salle de bain en jogging et tee-shirt noir, s’essuyant les cheveux avec une serviette et reprenant par réflexe son téléphone pour voir l’heure, et de nouveaux messages ? Son cerveau arrêta de fonctionner pendant 1 minute, procédant devant le « T’es dispo quand ? ». Pourquoi faire quand il était disponible ? Il continua de frotter sa serviette contre son cuir chevelu en répondant machinalement à l’inconnue ? Il défila vers le haut. Deva. Il lâcha son téléphone et récupéra son ordinateur pour finir ce qu’il avait prévu de faire et ignorant complètement son téléphone. Perdant la notion du temps, il sursauta presque en entendant la sonnerie de chez lui sonner. Il n’attendait personne, mais au lieu d’ignorer comme il le faisait habituellement, il se décida à ouvrir et tout se déroula un peu trop rapidement à son goût. Une salutation, un sourire et l’odeur de fast-food se répandant dans son grand appartement. C’était tellement rapide qu’il ne pensa même pas à bloquer l’accès quand la silhouette féminine pénétra chez lui, en faisait… comme si elle était chez elle ?

Sa tête se tourna mécaniquement dans sa direction pendant que la demoiselle visite son chez-soi tout en parlant mais à sens unique. Il cligna à nouveau des yeux. Elle parlait trop et il ne savait pas qui elle était. N’y qui il était d’ailleurs. Il attrapa un prénom à la fin de son pseudo-monologue et son cerveau redémarra brutalement, faisant alors la connexion. Deva avait fini de parler et lui souriait, attendant probablement qu’il finisse par s’exprimer au lieu de rester debout, la porte toujours ouverte. Il avait vaguement envie de lui dire si elle se croyait chez sa mère, mais Misha a été bien élevé. « Merci pour le repas mais. » Il hésita sur la suite, essayant de trouver les mots pour exprimer ses pensées en évitant d’être le moins vexant possible, parce que d’un côté ça venait d’une bonne action tout ce bazar. « Qu’est ce que vous venez foutre chez moi ? » Ah peut-être qu’il aurait pu le dire d’une autre façon, mais il était fatigué. Il attrapa un verre et une bouteille d’eau et le posa devant son hôte. Peut-être qu’elle l’avait dit en arrivant, mais il n’avait pratiquement rien entendu. Il entendait que son cerveau se demandant si son appart était devenu un zoo.

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Elle s'en est souvent inventé des pères Deva. Des visages laids à haïr, des beaux à rêver. Des hommes de passages dans le lit de sa mère qu'elle imaginait rester toujours. Mais elle a loupé misha. Pourtant pas si loin de chez elle, trop discret peut-être. Apparu soudain comme une évidence, un idéal rêvé. Elle a fait collé tout les morceaux d'une histoire fausse pour la rendre réelle. inconnu jusqu'à il y a quelques jours, il devient le centre d'un univers dont il ne connaît rien. Cible hasardeuse des rêves d'une gamine. Et Deva s'immisce, envahi. Elle est partout comme chez elle, il ne fait pas exception. Elle fait le tour des lieux comme le propriétaire, juge la déco comme si elle allait emménager, parle comme s'ils se connaissaient déjà. Et il a à peine refermé la porte qu'elle est déjà installée. Atmosphère qu'elle s'approprie, elle s'y voit déjà. Ce soir, demain, la semaine prochaine. Elle emmagasine dans un coins de son esprit mille excuse pour pouvoir revenir et elle parle pour combler le vide, pour pas lui laisser le temps de se rendre compte qu'elle est déjà installée. Assise et bien calée, prête a manger déjà. Elle se formalise pas vraiment des mots qu'il emploie, comme si elle était pas la bienvenue. Sans doute que, si elle était pas aussi euphorique à l'idée de venir ici, elle aurait saisi l'allusion désagréable suggérant qu'elle ferait mieux d'aller manger son fast food ailleurs. Mais pas ce soir, elle le regarde sortir une bouteille d'eau et un verre et c'est comme un signe de bienvenue. Invitation définitive a rester assise là pour partager un repas. Irritation passagère déjà évaporée qui laisse plus que la joie pudique qu'il de la voir ici. « t'as rien écouté de ce que je t'ai dis? » elle sourit avec la compréhension des adultes bienveillants qui pardonnent aux gamins distraits, comme si c'était évident et qu'il était idiot de ne pas avoir avoir compris. Dans son esprit, c'était si évident qu'elle n'avait pas besoin de l'exprimer pour qu'il le comprenne. « et je t'ai envoyé des messages aussi. c'est pour te remercier, pour l'autre fois. » il doit bien savoir, puisqu'il y a répondu. Elle pensait avoir été assez clair mais peut-être pas. Après tout, elle le connaît pas vraiment (pas encore mais bientôt), elle a pas trouvé assez d'information non plus, il a peut-être des troubles de l'attention, ou une mémoire défaillante. Elle sait pas a partir de quel âge on peut souffrir d’Alzheimer mais misha est quand même pas très jeune. « t'as quel âge déjà? » au rythme de ses pensées fluctuante, elle penche la tête pour le dévisager comme si elle allait voir son âge en comptant ses rides. A tout casser, l'âge d'être son père. Son père qu'elle connaît pas et qu'elle invente, qui change de visage au fil de ses rêves qu'elle hait un jour, adore le suivant. Espérant son retour tout le temps et qui maintenant, prend les traits de misha. Elle pourrait arguer que c'est possible, parce qu'il serait bien le genre de sa mère. Mais tout le monde est son genre. Trop de possibilités pour mener des recherches alors elle invente des conjonctures venues de nulle part, un type d'une quarantaine d'années arrivé en héro pour la sauver, habitant pas loin de chez elle et elle bâtit tout un passé dont elle n'a rien connu. Elle voudrait demander déjà, s'il l'a connu, sa mère. S'il l'a aimé. Ce qu'il a fait dans sa vie et un million d'autres détails. Mais à défaut de connaître les limites des espaces vitaux de chacun, elle a l'intelligence de pas ruiner ses chances dans la seconde, préfère déballer la nourriture et étaler son festin plutôt que de le pousser trop loin et finir dehors plus vite que prévu. « alors merci. » totalement désintéressée, lâché pour faire bonne figure parce que c'est bien pour ça qu'elle prétend être venu mais que, déjà, elle l'oublie. une banale excuse pour un plan merveilleux. et des remerciements balancé surtout parce qu'elle a la sensation que misha s'accroche à ce semblant de logique pour pas appeler la police. elle a toujours su percevoir quand les choses tournaient pas en sa faveur, quand elle a encore besoin de temps pour rassurer un animal sauvage. « je savais pas ce que t'aimais alors .. bah, j'ai pris ce que j'aimais. » ça passera pour de l'idiotie, elle dira pas qu'elle est partie du principe qu'ils ont sûrement les même goûts, qu'elle sent que dans le fond ils ont beaucoup en commun. Elle retient, en pinçant les lèvres, tout ce qu'elle voudrait vraiment dire. « bon appétit. » point final à sa présence, quand elle s'empresse de commencer a manger. Certaine de pouvoir rester au moins jusqu'à la fin du repas qu'elle pourra bien faire durer des heures s'il le faut.

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Peut-être qu’il rêvait, ou peut-être qu’il avait sauvé la peau de la mauvaise personne. Enfin, il n’y avait jamais de mauvaise personne à sauver quoique il commençait à s’embrouiller, mais voyez-vous, il attendait à ce qu’une équipe de caméraman débarque et lui dise que c’est une caméra caché, que la jeune fille sourit avant d’embarquer son repas et de quitter les lieux. Mais rien ne se passa. Toujours devant l’entrée et sa porte ouverte, il observa Deva s’installer devant la table avec son fast-food, la voix instoppable, presque innocente, l’attendant pour qui la rejoigne comme si elle était chez elle.

Pause.

Ses deux doigts massant sa tempe, il essaya de repasser toute la séquence depuis le moment où il avait quitté son travail, cherchant une erreur quelconque, quelque chose qui s’était passé de travers. Il se repassa les messages, écrit sur le moment sans réflexion particulière. Ces réponses n’évoquaient pas vraiment la catastrophe qui suivit, ou presque. Deva avait appliqué ses mots au sens propre et pas par politesse comme toute personne le ferait. Le problème venait de là. Et elle parlait encore et il la regardait comme si elle était tombée du ciel. Un soupir lui échappa alors qu’il ferma enfin la porte de chez lui. Ça ne pouvait pas être aussi terrible que ça, pas vrai ? Ça venait d’une bonne intention, et cetera et cetera.

Misha essaya de voir la chose de façon positive, même si c’était dur pour lui qui ne versait pas dans l’optimisme. Heureusement, la fatigue avait aussi de bons côtés comme bloquée ses pensées les plus négatives alors qu’elles devaient être plus sombres. Il ne s’interrogea pas à ce propos et finit par rejoindre la brune, comme si c’était lui qui était l’invité. « J’avais pourtant écrit que tout ça n’était pas nécessaire mais » Il ne termina pas sa phrase, ne sachant pas quoi dire d’autre à une personne qu’il ne connaissait ni d’Eve et ni d’Adam. Il tira une chaise et s’installa dessus, faisant alors face à Deva. « Deva, c’est ça ? » Il prit une frite lui faisant face, l’écoutant comme il le faisait depuis son arrivée, ne pensant pas une seconde à l’arrêter en plein discours. De toute façon, il avait l’intuition que ça ne fonctionnerait pas et qu’elle devait être une de ses personnes qui n’écoutaient que leur propre instinct, ignorant la parole des autres et voilà que Misha devint une de ses victimes. Elle était beaucoup trop à l’aise, ses parents ne lui avaient-ils pas appris à se méfier des inconnus ? Et surtout, à ne pas aller jusqu’à chez eux parce que. Allo, il y a un problème ici, un bug dans la matrice. Il se servit une autre fritte, il n’était pas très fast food mais de la nourriture gratuite ne se refusait pas. Il pria pendant une seconde que Deva n’était pas venue chez lui pour l’empoisonner. « Bon appétit à toi aussi. » A quoi bon vouvoyer quelqu’un qui se sentait à l’aise chez lui. Misha regarda la jeune fille dévorer son repas presque comme un père avec sa glace regardant sa fille dévorer son happy meal.

Et ça recommençait à être malaisant alors il se décida à répondre aux questions que la brune lui avait posées plus tôt et auquel il n’avait prêté aucune attention parce que la situation lui en empêchait. « J’ai surtout l’âge d’être ton père si tu as la vingtaine. Si j’aurai foutu ma vie en l’air au lieu de faire mes études. » Il croqua une nouvelle frite. Il regarda son salon, beaucoup trop grand pour une seule personne – comme toutes les pièces chez lui – mais l’homme détestait les pièces trop confinées et avait largement les moyens de se le permettre. « Tes parents ne t’ont jamais dis de ne pas suivre les inconnus jusqu’à chez eux ? » Il n’aimait pas tourner autour du pot et préférait attaquer directement, et puis il était chez lui. Qu’est ce qu’elle foutait ici. Nouvelle frite.

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Elle pensait qu'il fallait être assez intelligent pour faire son boulot mais peut-être pas finalement. Ele sent l'irritation grimper, courir dans ses veines a mesure qu'il met en cause sa présence ici avec l'impression de devoir expliquer mille fois la même chose pourtant si évidente. Y a son sourire qui se crispe un peu sur son visage, les doigts qui serrent le hamburger dans ses mains pour donner une contenance. mais quoi? elle, elle a bien répondu qu'elle y tenait. Elle juge – de façon totalement partiale, évidemment – que ça suffisait pour lui faire comprendre qu'elle finirait bien par débarquer puisqu'il n'y mettait pas du sien. Faut savoir forcer le destin -ou misha- parfois puisqu'ils traînent l'un et l'autre à aller dans son sens. Ca fait longtemps que deva s'encombre pas du poids des avis d'autrui, modèle les conversations pour faire ressortir les réponses qu'elle veut, oublier celles qui ne l'arrangent pas. « de toute façon, je suis là maintenant. » comme si ça coupait court à toute remarque à ce sujet. Sa présence impromptue, si oui ou non elle aurait du venir. Elle balance ça par dessus sur épaule comme si c'était rien, arguant que, puisque c'est fait maintenant, plus besoin de chercher à refaire la scène. Et dans le fond, misha a peut-être déjà conscience que peut importe ce qu'il lui aurait répondu ça aurait fini comme ça : avec deva a sa table farouchement décidé à s'immiscer dans sa vie. « ouais, deva klein, j'habite pas très loin. avec ma mère. et je bosse au roaring lion, si jamais tu veux passer. » elle se retient tout juste de faire un résumé de sa vie, de donner le noms des écoles ou elle a étudié et une anecdote sur sa meilleure amie au collège. Parce que si elle aime croire qu'un lien l'unit a misha elle est bien consciente qu'il est loin de ressentir la même chose. Et c'est pas sa faute, il doit pas en côtoyer beaucoup des gamines dans son genre (elle espère surtout) et même s'il semble pas très coopératif, elle peut prendre le temps de lui faire comprendre, prendre le temps d'avoir sa confiance pour arriver là ou elle veut aller. Ca fourmille déjà dans tout ses membres pourtant, l'envie de se faire entendre, de débiter mille mots minutes mais elle parvient encore a gérer ça. Ne pas faire fuir tout de suite, sourire, avoir l'air naturelle. Donner l'impression que c'est normal, presque une évidence. Et elle hoche la tête quand il parle, qu'elle écoute sagement comme s'il donnait de savant conseils. « c'est exactement ce que je pense. » parce que c'est forcément un message qu'il lui adresse. L'âge d'être son père. S'il avait pas poursuivit ses études. Et elle imagine misha aux traits plus juvéniles, aux relations éphémères balayées d'un revers de main au profit d'une carrière. Sa mère seule et en cloque. Ça semble si logique qu'elle le réfute pas. Elle veut pas. Et elle croit qu'il le sait aussi, l'avoue à demi-mot, que l'idée à germé dans son esprit aussi comme dans le sien y a déjà quelques jours. « je t'ai pas vraiment suivi, t'étais déjà chez toi. » cette fois demain, peut-être qu'elle suivra ses pas mais aujourd'hui non. Elle est presque incrédule devant sa question, pour une fois qu'elle fait différemment on l'accuse de suivre les gens. Y a un sourire ironique sur ses lèvres, et elle se dit finalement que misha sans la connaître la cerne bien, peut-être qu'il l'a déjà fait lui aussi pour en parler, peut-être que ça le surprend pas tant que ça dans le fond. « puis t'es pas difficile a trouver faut dire, tu sais qu'on trouve plein de truc sur toi sur internet? » pas une seconde elle songe qu'avouer avoir chercher des informations c'est peut-être une erreur, elle a tellement l'habitude de le faire, peut se cacher derrière cette génération 2,0 qui ne fonctionne que sur l’appui du net et ses ressources inépuisable. Mais ça aussi, peut-être qu'il est trop vieux pour le comprendre.