violent delight | ashley

La matinée n’égorge jamais les bavards. Il maudit le soleil de ne pas faire cuir le visage de la connasse qui continue de faire mouvoir des lèvres qu’il a peu embrassée la veille. Sûrement par manque d’envie. Flemme permanente lorsqu’il s’échoue dans des bras qui ne sont pas ceux de celle à qui il devrait vouer amour et autres conneries trop sucrées pour lui de bon matin. Il observe son visage, l’esprit cotonneux, incapable de savoir ce qu’il a pu voir en elle, son sang faisant déjà l’amour à l’alcool, s’enlisant dans l’ivresse. Il essaie de comprendre, silencieux, toujours muret dans son mutisme, un fort dans lequel il se retranche souvent, pour ne jamais en dire trop, pour ne pas cracher des choses futiles, se verrait bien brûler chaque filles de son genre, parlant trop, vantant trop leur existence aussi pourrie que la sienne. Elles font toutes semblant, se pare de l’artifice du bonheur alors que leurs organes sont aussi noircis que leurs âmes déconfites. Elles sont gourmandes, jamais satisfaites, cupides d’amour, d’attention, des caresses de regards sur leurs corps toujours trop dévoilés. Des salopes qui se croient véritables déesses descendues de leur Olympe pour bénir la Terre de leur présence. Ses prunelles s’abaissent sur la tasse qu’elle a entre ses mains, celle dans laquelle il verse plus souvent du champagne que du café, celle qu’il peut souvent tendre à Ro sans que son cerveau ne fasse des noeuds, boursouflés de dix milles questions  et le présent est comme un jet d’eau brutal dans sa face à peine éveillée, embrumée de l’alcool qui s’évapore à peine. “Va falloir que t’y ailles.” brute, sa voix dérape sur la troisième clope qui lui sert de petit déjeuner. La blonde aux cheveux filasses et aux yeux débordants d’un mascara pleurant s’arrête dans sa tirade “Hein ? Mais j’ai pas terminé …” même le timbre de sa voix crissante lui rappelle ses erreurs, son seul bonheur est que Rory débarque plus tard et sente encore les effluves de son égarement dans l’air, sur sa peau, que ça lui arrache un bout de cœur. Qu’elle cesse peut-être d’aimer la nuit et son absence de lumières. Nox s’échappe déjà du plan de travail, clôturant de lui-même la diatribe à sens unique. Affaires lancées aux bras de l’amante éphémère alors qu’il saisit finalement son bras pour la mener jusqu’à l’entrée, sa mémoire flanchant, sélectionnant ce qu’il veut bien retenir ou non  “Au revoir, hum …” il cherche un instant le prénom qu’elle a pu lui murmurer au creux de l’oreille ou au détour d'une conversation qu’il a déjà gommée avant d’abandonner, d’hausser les épaules et d’entrouvrir le battant prêt à la jeter dans le froid matinal. Il amorce un brutal recul alors que l’image d’un corps à la peau trop pâle s’inscrit dans ses rétines, lui agresse les neurones. Les hurlements qui brisent le silence à côté de lui le force à lâcher le bras qu’il tient encore prisonnier, l’albâtre déjà oubliée s’envole dans une course paniquée alors qu’il reste figé sur le pas de sa porte. Un cadavre échoué sur sa pelouse. Cadeau tout droit sortit de l’Enfer. Il s’avance, le pas presque trop calme alors que tout dans sa poitrine est en train d’exploser, d’écarteler organes sur organes. L’orangé des mèches caressant un visage qui aurait pu être agréable pour ses yeux fait ressurgir des réminiscences de conversations ourlées de violence, du poison à chaque rencontres. Il est incertain, bouscule du pied le corps allongé, sans trop de respect pour ce qui pourrait être un mort de plus sur une longue liste qui le laisse indifférent. Il n’a perdu qu’une seule personne et personne ne l’a pleuré. Jamais plus que lui. Il rebrousse chemin, attrape bien vite une bouteille d’eau glacée avant de revenir aux côtés de l’endormie, déversant sur sa face ce qui lui servira de réveil, sans dire un mot, attendant juste les cris, les insultes et de prendre plaisir à la voir ramper jusqu’à ce qui lui sert de maison.