idées sales. (luca&loevan)

si son frère aimait quelque chose plus que lui-même, c’était bel et bien son bar. aujourd’hui d’autres obligations le retenaient ailleurs et il ne pouvait donc pas être derrière le comptoir, mais d’habitude c’était sa place attitrée. un sourire enjôleur sur les lèvres, il draguait même ses homologues masculins pour plaisanter ce qui n’était pas du goût de tout le monde, mais au pire il avait le droit à quelques commentaires amers, au mieux des pourboires généreux. camden était le roi des lieux, et personne ne voulait se faire virer pour s’être mal comporté parce qu’ici se déroulaient la plupart des transactions des canailles de la ville, de l’herbe, de la farine, tout ce qui était assez petit et discret pour se cacher dans les poches et s’échanger sans paraître trop suspect. après tout, il y avait souvent des flics perchés sur le comptoir, c’était d’ailleurs un gros atout pour son frangin. il avait fait de cet endroit le repère des flics qui étaient loin de se douter de toutes les conneries qui se passaient sous leurs yeux. ils étaient confiants et donc aveugles et ça, ça rendait camden vraiment très fier. et cette fierté, elle agaçait de plus en plus loevan, en fait tout ce qui concernait son jumeau était source d’agacement ces derniers temps, il ne pouvait pas le voir en peinture, et encore moins ce soir alors qu’il l’imaginait aux bras de sa petite amie pendant que loevan avait été appelé pour jouer le videur dans son propre bar. pour que ceux qui servaient de collègue à son frangin ne fasse pas couler l’endroit en une seule foutue soirée - oh oui, ils en étaient capables cette bande d’abrutis. ce soir personne n’osait faire chier loevan devant les portes, on pouvait voir le nuage noir au dessus de sa tête à des kilomètres à la ronde, il ne valait mieux pas l’emmerder. et personne n’était venu s’y risquer ce qui d’un côté était encore plus frustrant parce qu’il ne trouvait personne d’assez con pour pouvoir se défouler, il avait envie de casser quelque chose, mais il ne trouvait jamais d’argument valable pour démonter la gueule d’un potentiel client alors il se tenait tranquille. quand la fin de son service arriva, il était déjà minuit bien entamé, il décida de ne pas rentrer tout de suite, il ne voulait pas entendre son frère et sa petite amie, il ne voulait pas savoir ce qu’ils faisaient, il se voilait la face parce qu’il n’était pas possible pour lui de faire autrement sans tout foutre en l’air. c’était bien la première fois que loevan avait autant de self-contrôle, mais le fait de refouler autant ses émotions risquaient de très vite devenir dangereux pour les autres plus que pour lui, après tout, il avait l’habitude que tout le monde le déteste. qu’on lui tombe dessus sans prévenir. il soupira en s’asseyant au bar, et leva les doigts vers le barman pour qu’il lui amène vite fait la même chose qu’il prenait d’habitude. une bonne demi-heure plus tard, il était toujours là à broyer du noir, son quatrième verre à moitié vide en face des yeux. le rire d’une gamine à peine sortie de la puberté l'agaçait depuis une bonne quinzaine de minutes, il tapait sur le comptoir avec des gestes absents pour ne pas lui cracher à la gueule de se la fermer. il avait pu observer qu’elle draguait un type trois fois plus âgé qu’elle, et sûrement cinquante fois plus friqué. elle le charmait avec des compliments dégoûtants et il était presque certain d’avoir vu sa main s’égarer sur la jambe de ce type. celui-ci se leva soudainement prétextant vouloir fumer une clope alors qu’il allait sûrement vider sa vessie, la môme en profita pour se refaire une beauté dans un miroir de poche, loevan se tourna complètement vers elle. « dis-moi, je me posais une question. » il commença en attrapant son verre de whisky qu’il vida d’un trait avant de fixer de nouveau la brune. « sur une échelle dont l’un des bouts serait le fait d’être affligeante et l’autre pathétique, tu te placerais où? »

au départ c'était simplement pour se changer les idées. une verre, peut-être deux (mais on sait comment ça va finir luca). rien qu'elle et la solitude de ces derniers jours, sans l'envie précise de demander à quelqu'un de l'accompagner. vile manie. trop sûre d'elle et de ses capacités à rentrer seule chez elle sans encombre ou en tout cas aucune envie de s'en soucier. luca quitte orange grove pour se rassasier en ville, sa voiture, ses fringues, tout sent la détermination à plein nez. pas la plus clinquante ni la plus chère, juste belle et parfaitement neuve pour se sentir élégante (ou parfaitement hautaine). elle n'a ses habitudes nulle part, cherche toujours à dépasser sa zone de confort pour aller trouver sa proie selon des catégories sociales bien plus vastes. heureusement, crescent est grande, vile, parfaite et éclectique à la fois, un véritable jardin de diversité qui lui a tant plu depuis sont arrivée. mais rien n'est plus grisant que l'appât du gain pour luca, et il ne lui en fallait pas plus pour finalement jeter son dévolu sur un homme d'une bonne quarantaine d'année, là, accosté dans la rue. sans aucune gêne, elle s'était garé sur le bas-côté, sans fausse note évidente. ça lui venait comme ça, d'un seul coup, aller voir ce gars avec au poignet sa rolex, charme évidement montrant l'étendu de sa richesse, ou bien est-ce un fossaire ? peu importe au final puisque l'homme ne se fit pas prier pour l'emmener dans le bar d'à côté, la priant de bien vouloir passer un instant en sa compagnie. un sourire faux mais enjôleur, une jupe bien trop retroussé par ses longues jambes et le tour était joué. celui n'était pas long à la détente. rassurée, accompagnée d'un verre entre ses doigts, elle s'était assise élégamment sur la chaise du bar qu'il vint à lui tirer poliment. jeune, vive d'esprit, souriante et pourtant mystérieuse sur sa vie privée, elle délaissait les questionnements trop intimes par des rétorques enivrantes dans lesquelles il tomba rapidement dans ce fossé du paraitre. verres gratuits, alcool bien trop imbibé dans ses veines pour en voir encore les effets, sa main glissa le long de son pantalon de ville pour venir caresser son flanc. rien ne peut l'arrêter, dans cette course folle aux biens matériels, luca se trouve n'être qu'un vautour dans un monde d'hommes aux multiples failles. un décolleté, de belles manières, des jambes affriolantes, rien de plus pour en faire d'excellents pions. il lui promit de l'emmener voir le couché de soleil, elle lui avoua ne pas vouloir laisser sa voiture sur le parking en rigolant le verre à la main. les minutes passent et sa patience faiblit en l'écoutant parler de son travail, mais elle reste digne et garde son but en tête avant qu'une déroute vint à terminer leur discussion pour un court instant. elle lui sourit avant de le regarder s'en aller, pressée de fouiller dans son sac à main pour y dénicher un miroir et s'y regarder. « dis-moi, je me posais une question. » luca lève la tête, surprise avant de diriger son regard vers un parfait inconnu ouvrant la bouche sans y avoir été invité. « sur une échelle dont l’un des bouts serait le fait d’être affligeante et l’autre pathétique, tu te placerais où? » ses sourcils se froncent, habituée à recevoir ce genre de mépris gratuit, luca toise ce client éhonté par un regard noir en le regardant vider son verre, avant de lui balancer. « j'admire ton vif sens de déduction, mais tu devrais l'utiliser à des fins plus importantes... » elle s'approche de quelques centimètres effrontément en le regardant dans les yeux avant de terminer. « pense ce que tu veux, je m'en fous » une vulgarité entre ses lèvres, elle ne garde ça que pour les personnes qui connaissent sa réelle image, celle de luca perdue au fil des années, luca le garçon manqué, celle dont on entends jamais parler. elle veut juste être ferme, jamais gêné face à ce genre d'attaque, pourtant persuadée d'être plus maligne que cela. peut-être pas si discrète qu'elle ne le pensait. luca jette un œil derrière lui de peur que sa proie ne débarque à nouveau. « maintenant que tes envies de provocation ont été rassasiées, tu peux dégager ? » un sourire narquois en cadeau empoisonné et l'idée même d'une incantation pour le voir mourir étouffé dans son whisky comme seule pensée.

c’est une envie soudaine d’ouvrir ta gueule qui te pousse à te retourner vers la gamine pour l’insulter, l’alcool qui coule dans tes veines, qui fait vriller tout le système. tu ne réfléchis pas vraiment quand tu lui balances la pique à la figure, tu te fiches éperdument de la blesser, elle pourrait pleurer que ça te ferait ni chaud, ni froid. mais elle ne le fera pas, ce genre de femme ne pleure jamais sauf sous la contrainte. si tu avais été sobre, tu n’aurais même pas daigné la regarder, qu’est-ce que ça peut te foutre que cette amoureuse des billets drague un client âgé pour se renflouer? des vices qui n’en a pas? personne. et tu connais ça, tu connais bien même. « j’admire ton vif sens de la déduction, mais tu devrais l’utiliser à des fins plus importantes. » elle n’est pas le moins blessée par tes mots, elle te regarde à peine quand elle répond, comme si elle avait bien d’autres choses à se préoccuper. sûrement qu’elle a l’habitude que des enfoirés dans ton genre prennent leurs pieds à l’insulter, mais la différence de ces connards c’est sûrement qu’ils sont frustrés que ce soit pas eux qui finissent par la baiser en fin de soirée. pour l’instant même l’envie de la prendre sur le bar ne t’a pas encore traversé l’esprit. tu hausses les épaules. « je disais ça pour t’aider c’est tout. » maintenant, elle te regarde. « pense ce que tu veux, je m’en fou. » ça se voit, oui. « maintenant que tes envies de provocation ont été rassasié, tu peux dégager? » les commissures de tes lèvres s’étirent en un sourire, le premier de la soirée en fait. « d’accord, mais il faut que je te dise que si mon sens de la déduction marche à la perfection, le tien est un peu rouillé. » tu pivotes sur ton tabouret pour héler le barman et qu’il te serve un autre verre quitte à être alcoolisé, autant que ça en soit jusqu’à tomber raide mort dans les chiottes à l’arrière. c’est pas comme si les autres allaient pas te foutre la paix et te forcer à sortir, c’est quand même ton frangin le propriétaire de cet endroit. au pire, ils l'appelleront paniqués en demandant quoi faire de toi et cet abruti serviable viendra te chercher. la gamine jette un oeil en arrière pour voir si l’autre revient, tu sens que tu as piqué sa curiosité, mais tu décides de pas lui donner toutes les informations tout de suite, tu veux voir son visage se figer sous les traits de la surprise, ça te fera du bien de te marrer un peu. le type qu’elle drague depuis une bonne demi-heure se rassoit cinq minutes plus tard à ses côtés. tu attends pas qu’ils redémarrent la conversation pour te tourner vers eux. « ça roule, randy? » tu demandes d’une voix amicale, ce qui ne te ressemble pas, mais tu veux faire comprendre à la môme que tu connais bien le spécimen. celui-ci t’observe sceptique, un peu surpris que tu emploies ce ton là, d’habitude t’es pas du genre à demander comment ça va. « pas mal, camden n’est pas dans les parages? » tu hausses les épaules, ton sourire qui te quitte pas, randy est un habitué du bar. comme beaucoup d’autres hommes paumés. « des affaires à régler ailleurs. alors ta femme est revenue? » tu décides de lancer les hostilités tout de suite. le visage du gars s’affaisse immédiatement, ses yeux s’embuent presque immédiatement de larmes et tu te retiens de rire tout de suite tant dit ce qu’il se met à geindre. tu fais un petit aparté à la gamine qui écoute l’échange sans un mot depuis quelques minutes. « sa femme l’a quitté. » tu offres une mine compatissante à randy. « désolé, mon pote. » tu sais que ça suffit pas à faire détourner la gamine de son objectif, c’est pas l’état émotionnel qui l’intéresse, déjà qu’elle s’intéresse pas à l’état physique. alors pour l’achever, tu fais tomber ta dernière carte. « avec tout le fric. » il est ruiné, tu ajoutes intérieurement. parce que c’est ce que tu lis dans les yeux de la femme assise à tes côtés. comme si ses pensées avaient traversé ton esprit au même moment.

« d’accord, mais il faut que je te dise que si mon sens de la déduction marche à la perfection, le tien est un peu rouillé. » cette phrase t'interpelle et tu vas comprendre bien vite à tes dépends que ce connard de bas étage à peut-être raison. mais avant ta chute, t'aimerais juste l'empoigner et lui casser les dents. ta force inexistante t'en empêche, alors tu pries sans être croyante qu'il dégage en vous foutant la paix. peine perdue. il a l'air de ces sages savants voulant régir le monde. toi, t'as la nette impression qu'il voit en toi un peu trop bien et tu risques de rater ton coup. tu lui en veux déjà à ce pilier de bar, tes yeux lancent des éclairs en vain et malgré ta répartie, il n'a pas l'air de bouger de son siège. tu fais mine de ne plus l'entendre, ne voulant pas envenimer la relation tumultueuse qui nait entre vous, il se lassera à un moment, non ?
ta proie revient quelques secondes plus tard, te délivrant ce piège pour rouvrir cette conversation dès plus ennuyeuses. c'était sans compter l'homme d'à côté, bien ignoré depuis le début s'immisçant volontairement dans la discussion.« ça roule, randy? » quoi ? randy ? ça roule ? mais t'es qui toi ? à moins que... tes yeux se portent sur ton interlocuteur, peu pressé de tourner son visage vers l'inconnu sans vraiment lui répondre. il est troublé ça se voit et toi, tu perds pied à chaque mot qu'il dégaine, comme un feu de joie pour lui, toi, tu vois les billets verts s'envoler un par un dans un trou noir. le fait qu'il est une femme, tu t'en moques éperdument, mais la suite luca, tu l'as pas vu venir putain. « sa femme l’a quitté. » ok, et alors ? « avec tout le fric. » tu dégluties, la gorge sèche et l'impression d'avoir parler des heures pour rien. ça te renvois aussi à ta propre expérience. parce que t'es pareil luca, t'as fais la même chose à ton "randy" à toi. mais ce n'est pas ce qui t'inquiète le plus à ce moment précis. t'aimerais juste partir et que lui, il ferme sa gueule, maintenant. l'énervement monte, le dépit aussi, ton verre manque de se briser dans ta main, mais au lieu de ça, dans une folie passagère, tu finis par te lever d'un coup. tu lances un regard noir à l'inconnu, aucuns mots pour randy que tu préfères ignorer sévèrement pour le plus perdre la moindre seconde à tenter de le soudoyer. ta main, ce verre et les quelques lichettes d'alcool encore à l'intérieur, viennent s'écraser sur le visage du jeune homme dans un geste brusque. le visage mouillé, tu t'en vas sans te retourner pour rejoindre la porte du bar en ayant pris soin de couvrir tes affaires. tu sais qu'il n'en restera pas là, même si tu aimerais beaucoup.