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 le juge et le pendu | & Franklin

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MessageSujet: le juge et le pendu | & Franklin   le juge et le pendu | & Franklin EmptyDim 29 Juil - 6:16


le juge et le pendu | & Franklin
(Said the sky - disciple)
† chapitre 19, verset 34Plus haut tu seras, plus dure la chute t’attendra. Variation infime sur une mélopée mille fois entendue dans la sagesse populaire. C’est, tu crois, derrière cette expression que se cachent les cancanières pour souhaiter au notable du village de s’échouer misérablement sur le bas-côté. Dangereuses aspirations teintées d’une funeste malveillance. Tes parents étaient peut-être des notables, tu n’en sais rien, mais ta chute à toi se fait sentir. Tu as l’oeil sombre, assise à l’arrière d’une voiture de police, dans un parfait silence. Tes mains sont jointes sur un médaillon en forme de croix, et tu mesures toute la déchéance dans laquelle t’a emmené ton jeu dangereux.

Tu sais par avance qu’Arelius sera déçu. Il t’a ouvert sa maison, t’a accueillie chez lui comme l’enfant que tu es, et qu’as-tu trouvé de mieux sinon te faufiler hors des murs en pleine nuit à l’aide de la clef qu’il t’a confiée pour vivre dangereusement ? Ta rencontre avec le flic qui t’a surprise une fois en pleine hésitation ne t’a manifestement pas vaccinée. Les sentiments que tu as voulu faire taire sous l’action extatique des médicaments que l’on t’a prise à acheter dans la rue tambourinent dans tout ton être. Tu te sens glacée de l’intérieur, effrayée. Tu redoutes la réaction d’Arelius, celle de tes parents qui ne manqueront pas d’être au courant. Tu sens poindre d’autres choses, plus profondes, plus noires. Une volonté d’en finir, un frisson au souvenir de l’étreinte sur tes épaules. Tu voudrais te réfugier quelque part. Où ? Chez toi. Mais où est-ce ? En Islande ? Chez Arelius ? Sous la nef sacrée d’une église ? L’impression de vide te déchire les entrailles. Pour un peu, tu pourrais voir tes tripes se déverser sur tes mains jointes. Et le sang, le sang. Pour un peu, les stigmates de la crucifixion pourraient danser sur ta peau sous l’éclairage des néons devant lesquels la voiture passe.

Flashs. Une seconde de lumière dans les ténèbres. La voiture s’est arrêtée dans Far Haven. Quartier trop chic pour toi où veillent les membres des forces de l’ordre. Sans ménagement, on t’extrait de la voiture, on t’emmène, on te balance dans une salle. Tes droits, on te les as lus. Ton identité, tu l’as déclinée dans un anglais hésitant trahissant ton statut d’étrangère. La pièce est comme celle des films : nue, avec une table, des chaises, un éclairage cru. De quoi te ramener au réel. De quoi t’extirper du Christ sanglant. Tu serres toujours dans tes doigts posés sur la table, la petite croix d’or. Sa chaîne coule sur ta peau pâle dans une rivière de mailles. On t’a confisqué le contenu de tes poches : une bible en islandais, un peu d’argent, les clefs de l’appartement d’Arelius, ton téléphone portable ; il suffit de fouiller un peu dans ce dernier pour trouver le numéro de tes proches et leur annoncer que tu es en garde à vue… Tu entends déjà gronder la tempête. On t’a épinglée au moment où tu sortais tes billets pour acheter l’interdit élixir. Chance dans ton malheur, tu n’avais pas encore la substance sur toi. Chance ou malchance. Tu redoutes de croiser Reed Taylor à nouveau. Il t’a fait peur lorsque tu l’as croisé à peine une dizaine de jours plus tôt.

Le signe de ta foi tremblote dans tes doigts, et malgré toi, tu laisses une dernière pensée s’envoler vers Arelius. Peut-être aurais-tu dû lui dire que ton problème d’addiction n’était pas totalement réglé, et que tu n’étais pas de taille à lutter contre la tentation. Tu laisses ton visage tomber sur tes mains jointes, front soutenu seulement, yeux vers le sol. Une prière, ou ça y ressemble à s’y méprendre.
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MessageSujet: Re: le juge et le pendu | & Franklin   le juge et le pendu | & Franklin EmptyDim 19 Aoû - 10:31

Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! — C’est pour te manger !




Ses doigts fendillaient les stupres de quelques clabauds scrofuleux, libellés sur du chiffon économique, sans cachet ni suavité. Quelques dossiers défraîchis avaient été avortés sur l’Acajou de cuba qui esquissait la silhouette de son bureau, un animalcule écart, certes ripailleur, qu’il s’était permis. Son grade l’astreignait à certaines obligations, selon lui superflues. Ces chinoiseries administratives n’étaient vraiment pas son violon d’ingres. Un long et sourd jappement s’évasait dans la petite enceinte privative qui lui servait d’interface.

« Et puis merde ! » Un lambin gorgeon de caféine jonchait d’un tapis aigre le fond de sa gorge. Déglutissant dans une moue inharmonique les derniers résidus de Robusta, variété de café qui diffère de l’arabica par son agrément terreux et escarpé. Son cheval de bataille était le « Death Wish Coffee », avec quelques deux-cents pourcent de caféine, rien que ça. Trente-cinq centilitres vous transformait normalement en véritable bombe à retardement. Cook, lui, se métamorphosait en « crème glacée », passant du hérisson misanthrope au clébard bougon qui aboyait délicatement sur ses subordonnés. Guère contraste, abîmé depuis le cap de ses quarante ans dans une accoutumance rétractée.

Déclarant forfait dans un grognement limpide, le capitaine de police arrachait son lourd fessier, aplati par le quintal de la gravité, de son fauteuil britannique, capitonné cuir marron. Un présent d’un Lord anglais avec lequel il avait bricolé quelques complaisances. Une géhenne lancinante traversait la méridienne de sa colonne vertébrale, ponctuée par un concerto de crépitements qui attestait d’un âge certain. Une moue déformait ses lèvres finaudes devant l’horizon lointain qu’évoquait en lui la fleur de l’âge.  

L’ours sortant de sa tanière, sa réflexion se sentait happée vers une dégaine bien connue. Une crinière cinabre flamboyait dans l’enceinte dogmatique, crachant de sa tonalité allochtone. Le bourgeon irlandais s’était encore laissé abuser par le marchand de sable. Le cerbère affamé de malice suivait le simulacre de culpabilité qu’elle laissait à la traîne. La graine fielleuse qui sommeillait jusqu’à l’heure dans le demi-jour de son existence s’éveillait furtivement. La bête avait besoin de se désengourdir.

« Je m’en occupe » avait-il glissé sans aucune prosodie, allégeant ses collègues d’une besogne selon eux, fastidieuse. Aucun émoi ne chatouillait un policier en quête de cartel devant une bambine indisciplinée.  

Elle lui ressemblait tant. Il pouvait presque se souvenir de la moindre esquisse de son visage. Un staccato le dépouillait alors d’une halenée. Cette affinité qu’elle affichait avec Lily faisait chanter pouilles au lutin qui déchirait lentement sa chaire de l’intérieur.  Une contraction pinçait la commissure de ses lèvres, délassées devant le chaton qui s’égarait dans des absoutes, mondanités auxquelles il n’avait jamais pu se soustraire.

« Tu crois qu’il t’entend ? »  Sa voix se voulait moelleuse, on pouvait pourtant y dénoter un coloris cendreux.  Dans un froissement perçant il avait trouvé quartier sur la chaise qui embrassait du regard sa voisine, sur laquelle l’éphèbe rouquemoute semblait essayer de disparaître.  « Alors petit chaton, on touche encore à la poudre d’escampette ? » poursuivait-il dans un raclement de gorge. Ses petites billes noires lutinaient sur la frimousse en porcelaine.



(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: le juge et le pendu | & Franklin   le juge et le pendu | & Franklin EmptyLun 20 Aoû - 2:49


le juge et le pendu | & Franklin
(Said the sky - disciple)
† chapitre 19, verset 34Tu as clos les yeux dans le silence de la salle d’interrogatoire. La blancheur délavée des murs t’insupporte au moins autant que les regards jetés sur la frêle silhouette que tu te trimballes du haut de tes dix huit ans. Une petite poupée jetée dans un féroce univers. Tu as dénoté dès ton arrivée dans le commissariat : on a hésité à te prendre pour une victime plutôt que pour la coupable. Tu n’as eu sur le visage que cette lente indifférence. Un masque.

Ce n’est que lorsque tu as pu être enfin seule avec toi-même que le parfait petit visage s’est étiolé en lambeaux de songe. Tête baissée, dissimulée à demi par la crinière d’ambre qui virevolte sur tes épaules, tu t’es laissée aller à un nouveau cocktail de sentiments. Des émotions que tu faisais taire jadis dans les limbes des médicaments. Ce fourmillement explosif, voici bien longtemps que tu ne l’avais plus ressenti. Cela t’effraie et te grise dans le même temps. Plus étouffant encore que la bienveillance d’Arelius que tu ne cesses de mettre à l’épreuve, encore et encore jusqu’à ce qu’il t’abandonne comme tous les autres.

Te retrouver là t’inspire de longues considérations sur le bien et le mal. Tu ne faisais de mal à personne, sinon toi-même. Pourquoi diable t’empêcher de t’abandonner à la morsure des drogues ? Cela fait à peine un mois que tu es clean… bien évidemment que tu ne le resteras pas. A chaque seconde, à chaque minute, à chaque heure que tu gagnes contre l’addiction, l’envie, elle croît d’autant plus. Tu aurais pu tout oublier, ce soir, tout laisser derrière toi dans la caresse des bras de Morphée. Somnifères, anxiolytiques, anti-dépresseurs. Peu importe le flacon tant que la médecine prend. Est-ce bien, est-ce mal que de te détruire à petit feu ? Tu l’ignores, mais tu espères trouver la réponse en refermant sur la croix tes doigts. Si Dieu, vraiment, existe, pourra-t-il te répondre ? T’entendra-t-il seulement ? Tu sembles abîmée dans une prière, et pourtant, comme de coutume, tu ne pries pas. Cela fait des années que tu ne t’es plus adressé au très haut. « Des années »… comme cela est triste pour une si jeune échine que la tienne.

Tu as perdu la notion du temps et de l’espace. Ne demeure dans ta conscience que l’image persistance d’Arelius, et l’étrange émotion qui t’a prise lorsqu’il a entouré ses bras autour de tes épaules. Quelque chose de chaud, de doux, d’apaisant. Est-ce ce que d’aucuns appellent « le bien être » ? Peut-être, tu n’as pas vraiment de point de comparaison. Tu songes à lui dire, tu réfléchis à la façon dont tu pourrais parler à ton hôte. Quel aveu lui feras-tu ? Comment le formuleras-tu ? Quel air se peindra sur ton visage ? Verseras-tu quelques larmes ? Tu songes à tous ces détails, tu peins le plus saisissant des portraits que tu puisses faire avec tes maigres pinceaux. Tu ne te savais pas si précise dans tes images mentales… Et tu ne te pensais pas si manipulatrice…

Une voix t’arrache à ta réflexion. Ce n’est ni Dieu, ni Arelius. Te voici brutalement rappelée à la réalité. Ici, Maintenant. Ce commissariat. Est-ce qu’un « il » t’entend ? L’intertexte est évident : ton vis à vis te pense perdue dans de dévotes pensées alors que tu ne penses qu’à la manière de tester les limites d’un acteur de génie qui est pourtant plus vrai et authentique que toi en dépit de ses masques. Tu lèves les yeux vers le nouveau venu, détaille prudemment les arrêtes busquées de son visage et les orbes brunes de ses yeux. Tu te sens vaguement mal à l’aise en sa présence, même s’il t’effraie moins que le vif Taylor Reed… L’ambiance est différente. Moins violente en apparence. Ton malaise n’en est que plus insidieusement profond. Tu essaies de reprendre contenance. Lorsqu’une nouvelle question t’arrive en plein visage. « Chaton ». « Poudre d’escampette ». Trop de familiarité pour n’aggraver pas ton malaise un peu plus. Tu te forces à un sourire, pâle étirement de lèvres qu’ont quitté toute couleur. Ta voix te paraît étrangement distante, plus marquée que jamais par ton accent islandais. Tu peines même à trouver tes premiers mots en anglais avant que la langue ne te revienne en mémoire. Une évidence.

« Pour qu’il m’entende, encore faudrait-il que je m’adresse à lui. » Tu ne vois pas bien ce que tu peux répondre à ses insinuations. Tu ignores ce qu’il sait, et plus encore ce qui t’attend. Comment pourrais-tu le savoir ? Tu sondes avec curiosité les prunelles noires de ton vis à vis, mais tu n’y trouves pas l’ombre d’une réponse, d’un sentiment, d’une intention. Si parfaitement indéchiffrables iris qu’ils en deviennent troublants. Un temps. Une question. « Que va-t-il se passer pour moi, maintenant ? » Tu veux juste savoir, et te débarrasser de ces tracasseries administratives… Après tout, qu’y joues-tu sinon ton avenir ?
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