Y a les premiers rayons de soleil qui viennent l'extraire de sa torpeur et donner à la chambre ses premières couleurs. C'est un matin comme les autres, rien d'particulier à déclarer si c'n'est qu'Ina se lève du bon pied. C'est assez rare pour qu'elle puisse le faire remarquer, assez rare pour que ça puisse se fêter – et apparemment, Luca y a pensé. Elle comprend facilement qu'c'est lui le premier levé, rien qu'au son de la musique qui sort des enceintes de la cuisine. Elle pourrait crier pour lui ordonner d'arrêter, puis hurler pour qu'il veuille bien l'écouter, mais pour le moment, elle a vraiment la flemme de se donner cette peine. Parce qu'elle sait que c'est qu'une partie remise, qu'elle trouvera bien un autre moyen de le faire chier. Ou alors il viendra la défier en premier – après tout en ce qui les concerne on n'est jamais sûr de rien. Une guerre trop souvent déclarée et les trêves trop souvent repoussées – c'est même grâce à ça qu'on les reconnaît. Et rien que le fait d'y penser, de penser à Luca et tout ce qu'ils se font subir, la gamine esquisse un léger sourire et s'extirpe de ses draps d'une facilité déconcertante. Faut croire qu'ça lui donne de l'énergie, assez pour enfiler un t-shirt trop grand pour elle par dessus ses sous-vêtements et se diriger vers la cuisine pour voir c'qui l'attend.
Visiblement, les autres gars sont pas encore levés, ou alors déjà partis. Ina elle sait pas trop quelle heure il est ni depuis combien de temps elle est réveillée mais ce dont elle est sûre c'est qu'il est trop tôt pour assister au spectacle qui se déroule sous son nez. Trop tôt pour voir Luca se faire bécoter le cou par une tignasse blonde qu'elle peine à distinguer et trop tôt pour voir la main au cul qu'il vient d'lui plaquer. « Hey, Ina. Bien dormi? » Y a ses cheveux ébouriffés et son air fatigué qui lui rappellent que visiblement, la nuit a été assez courte pour certains. Ca l'amuse intérieurement mais elle prend pas la peine de répondre sur un ton aussi enjoué. « Oh. Si tu pouvais éviter ça s'teplaît, ça m'arrangerait. Pas envie de gerber dès le matin tu comprends… » C'est un reproche qu'elle ne tente pas de cacher alors qu'elle attrape la boîte de céréales d'un air las pour venir s'asseoir en face d'eux, les deux zigotos dans son champ de vision. Au fond elle est habituée de côtoyer les meufs qu'il ramène à l'appart comme des trophées, mais faut dire qu'en ce moment elles défilent un peu comme si c'était tous les jours le 4 juillet. Alors Ina elle est un peu blasée, puis ça commence sérieusement à la faire chier – et aujourd'hui, elle se sent d'humeur à répliquer. Luca, j'espère que t'es bien réveillé parce que va falloir s'accrocher.
« Faut qu'on parle Luca. Vraiment. Pas la peine de ramener tes pouffes à la maison pour prouver que notre couple va mal. » C'est le ton calme qui ne prévient pas de la tempête sur le point d'arriver – elle sait bien mentir généralement, et elle comprend que ça fonctionne quand elle voit qu'la blonde est directement stoppée dans son élan. « Ah, désolée, il t'avait p'têt pas dit qu'il avait une copine ? Faut pas t'sentir spéciale, tu sais, t'es pas la première à qui c'est arrivé. » Ina s'redresse, froide, impitoyable, et elle contourne la table pour se rapprocher de la blonde qui se tient maintenant à une distance plus raisonnable du garçon. « Bref, j'espère que t'as bien profité parce que maintenant le p'tit jeu est terminé. Tu peux aller gentiment récupérer tes affaires puis t'barrer. » Y a un air trop méprisant, trop arrogant pour qu'elle puisse douter de la véracité de ses arguments. Parce qu'à ce jeu-là, aux petits jeus avec Luca, Ina sait être douée pour mettre toutes les chances de son côté. « Ah si, y a une chose qu'tu pourrais faire avant de partir. T'as encore le droit de l'insulter ou de le claquer, ça j't'en prive pas... J'aurais pas à m'en charger comme ça. » Puis elle se retourne vers lui, la lueur du défi dans son regard et la fierté dans son sourire, pour avoir provoqué tout c'bazar qu'il sera difficile pour lui d'arriver à en sortir.
Y a ce sourire béat qu'il lui adresse et dont elle comprend pas la signification. Elle comprend pas non, ce qu'il cherche à faire quand il s'amuse à tripoter la blonde à ses côtés, ce qu'il cherche à réveiller quand ses doigts deviennent trop baladeurs devant son regard inquisiteur. « Ça quoi, Ina ? La bouffe ou le fait que j’ai une vie sexuelle ? » Et la gamine offre aucune réponse valable hormis un haussement de sourcils un peu dédaigneux – pare qu'en vrai, y a un peu tout qui la dérange à cette heure-ci. Mais surtout le trop plein d'assurance de Luca et le trop plein de confiance de celle qui se colle à lui sans même accorder un tant soit peu d'attention à sa présence. Alors elle se dit que c'est le bon moment pour leur apprendre la décence – mais à sa manière. Et cette méthode se veut offensive, attaquer pour ne pas leur laisser le loisir de continuer leurs caresses suggestives. C'est les crocs qui sont de sortie pour marquer un territoire qu'elle voudrait sien, un souhait bien ancré mais qu'elle s'évertue à cacher sous des couches de sarcasme bien placé. Un désir qu'elle se tue à dissimuler grâce à une histoire bien rôdée, mensonge inventé de toute pièces en quelques secondes. Ca n'a pas demandé un effort très important au niveau de son imagination parce qu'elle a vite trouvé l'inspiration – et ça elle le doit à Luca qui frise de trop près les limites de sa patience. Alors à mesure que la brune s'amuse à cracher son venin, la distance entre eux se fait plus respectable et le spectacle face à elle plus soutenable. Parce que ses petites attentions ne suffisent plus pour la garder près de lui et que la fille s'éloigne sans se faire prier plus longtemps. Faut croire que la scène de ménage a eu l'effet escompté – peut-être un peu trop parce qu'il essaie même pas de venir la contrer. « Tsk, c’pas cool, Ina… » Y a juste cette remarque qu'elle trouve trop faible et qui vient casser son monologue, mais ça ne la perturbe pas plus autant. Au contraire, ça vient même confirmer ce qu'elle veut faire croire à son invitée. Alors elle achève ce petit numéro en la congédiant sèchement, avec cette envie pressante qu'elle remballe ses affaires rapidement. Mais la blonde ne fait rien de sa proposition, elle décide plutôt de se tourner vers Luca dans l'attente d'explications qui tardent à arriver. « Désolé, bambi. C’est pas contre toi, mais si j’ramène personne, elle m’regarde même plus. » Mais visiblement, Bambi ça lui convient pas cette justification, en témoigne sa main qui vient fendre l'air et terminer sur la joue du garçon dans un bruit d'enfer. Et à voir ça, elle tente d'étouffer un rire mais elle y arrive pas alors elle décide de ne pas se retenir. Parce que faut avouer que sa réponse était absurde, voir même ridicule alors cette gifle il ne l'a pas volée, elle en est maintenant persuadée. Tout autant que les insultes qu'il récolte histoire de le terminer un peu plus. Et Ina ça l'amuse, y a pas une once de culpabilité dans ses yeux quand elle remarque la joue un peu trop rouge de Luca et que sa conquête l'abandonne en plein milieu de la cuisine. « T'es vraiment une plaie, toi… » Y a le sourire de la gamine qui fait écho au sien. « Ah y a plus de doutes maintenant, tu sais comment faut parler aux femmes toi. » Mais ça non plus, elle l'avait pas volé. C'est vrai qu'après tout le pauvre n'avait rien demandé, mais il a réveillé un peu trop tôt son instinct de chienne enragée et en a fait les frais. Mais à crier victoire trop vite elle en oublie que Luca n'a pas encore répliqué – et à force de trop jouer avec le feu elle va finir par se brûler.
Parce que la partie n'est pas encore achevée tandis qu'elle a pratiquement joué tous les atouts dont elle disposait. Et à lui maintenant de dévoiler les siens à mesure que sa main vient frôler le creux de ses reins. Son souffle chaud qui s'échoue contre sa peau, s'infiltre sous le bout de tissu qu'elle porte pour venir faire s'embraser un à un ses organes jusqu'ici encore au repos. « Fallait le dire, que tu voulais déjeuner en tête à tête avec moi. Ça te va pas, de jouer la timide, bébé. » Des mots qui brûlent et sa tête qui hurle, parce qu'elle a l'impression que tous ses neurones sont en train de cramer, de carboniser l'un après l'autre jusqu'à annihiler tout geste sensé. Les tentatives de le repousser qui ne se concrétisent jamais, parce que jamais la distance entre eux ne s'était autant réduite. Et Ina elle est comme tétanisée paralysée face à ce petit jeu qui vient de lui échapper – elle qui d'habitude prend tellement de plaisir à le contrôler. Et contre toute attente c'est Blondie qui vient la sauver. « Sérieusement ? J’ai pas encore mis les voiles, que t’essaies de te réconcilier ?! » Elle avait même pas remarqué qu'elle était revenue, mais elle comprend que y a de quoi halluciner à voir comment les deux se sont rapprochés. Et elle pensait que sa présence allait la délivrer mais en vérité ça n'a que l'effet contraire de celui escompté. Parce que maintenant y a la caresse dans son dos qui l'électrise et qu'elle ne parvient définitivement pas à s'affranchir de son emprise. Elle tente quand même de garder un peu de consistance mais c'est dur parce que y a Luca tout près d'elle, même trop près d'elle, et que ça vient anesthésier tous ses sens. Mais heureusement que y a encore la blonde pour lui donner un temps de répit, histoire de lui accorder du temps pour retrouver ses esprits. « Te laisse pas embobiner, ma pauvre. Tu peux faire BEAUCOUP mieux que ça. » Réplique ultime balancée comme une bombe avant de faire claquer la porte de l'appartement. Ça a le mérite de la faire rire mais Luca a pas l'air du même avis et c'est quand il vient planter ses ongles dans la chair de son poignet qu'elle comprend que ça commence vraiment à l'irriter. « Il est vachement trop tôt pour me faire insulter, surtout pour un truc que je n’ai pas fais. T’es vraiment une garce, tu l’sais ça ? » Et la blonde a su apparemment viser juste parce qu'il ne tente même pas de cacher son égo piqué à vif. Ah, les hommes et ce sujet trop sensible. « Arrête ton cinéma, Luca. C'était juste pour te rappeler que y avait quand même des règles à respecter… et j'pense que ne pas sauter ta copine dans la cuisine devant tes colocataires en fait partie. » Maintenant qu'il a repris ses distances la gamine arrive mieux à respirer, arrive même à retrouver un semblant de répartie. Mais ce qu'elle a oublié de préciser c'est qu'elle tient vraiment à ce que cette règle soit respectée quand c'est elle qui est avec lui. Après tout les autres ça la concernent pas. « Comme tu m’as pissé sur la jambe, t’vas me cuisiner l’petit déj. » Et cette fois ça ne la dérange pas d'abdiquer, après tout elle crève la dalle elle aussi et que ça serait vraiment inhumain de vouloir en priver quelqu'un. Alors elle s'approche de la cuisinière, attrape le carton d'œufs qui était déjà sorti pour venir lui mettre sous le nez. « J'veux bien faire cuire ça. Mais tu penses pas qu'ça serait plus safe de le désinfecter avant ? J'ai pas envie d'attraper vos cochonneries après tout. » Elle ricane un peu mais n'attend pas pour s'atteler à la tâche. Et alors qu'elle s'affaire à fouiller un peu les armoires, elle ne se déclare pas encore vaincue, refusant de rester sur cette défaite. « Et puis ça va… au fond j'suis sûre qu'elle baisait mal, tu peux le dire si je t'ai rendu un service. Ça te va pas de jouer les timides, bébé. » Réplique qui s'inspire de la sienne alors qu'elle vient de finir de faire cuire les œufs, dont ils se contenteront pour le petit-déj. Elle sépare le tout dans deux assiettes différentes et lui tend la sienne. « Ou alors… qui sait, c'est peut-être toi qui la baisait mal. Après tout elle s'est tirée hyper vite, limite elle m'a remercié. » Y a l'amusement qui se lit dans sa rétine alors qu'elle garde son air pensif. « C'est donc pour ça, Luca ? » (coup d'œil en désignant son entrejambe) « C'est à cause de ça que t'arrive pas à les garder toutes plus d'une semaine ? » C'est les braises qu'elle décide d'attiser, la flamme qu'elle veut raviver. Réussir à le déconcerter, le désemparer comme lui l'a fait quelques minutes plus tôt.
« Ouais ouais, fais la cuisine, Ina. » C'est une instruction qu'il a pris trop de plaisir à donner, ça se voit au petit sourire niais qu'il ne tente même pas de cacher. Et à un autre moment, une autre heure de la journée ou même le jour précédent, ça se serait passé autrement. Elle se serait pas contentée de juste le réprimander du regard, elle aurait plutôt préféré lui éclater la boite d'œufs à ses pieds puis l'engueuler en balançant tous les arguments féministes à la con qu'elle connaissait. Par simple esprit de contradiction, juste par principe – celui de s'opposer à lui. Et inversement. Une ligne de conduite qu'ils ont tracée au fur et à mesure du temps et qu'ils s'appliquent à suivre en temps normal – même qu'ils y arrivent parfaitement. Mais ce matin déroge un peu à la règle et la gamine ne réplique pas, y a juste ses prunelles noires qui le préviennent de pas trop insister mais elle arrive à se raisonner. Déjà satisfaite d'avoir réussi à virer la meuf de l'appart sans trop de difficulté, y a quand même un sentiment d'échec qui se profile quand elle voit l'effet qu'ça a eu sur Luca, quand elle le voit bomber le torse alors qu'elle aurait voulu qu'il s'en morde les doigts. Faux semblant ou vraie réalité, elle sait pas parce que c'est toujours comme ça. Toujours ces illusions qui permettent de mieux dissimuler la vérité, celle qu'ils s'appliquent à cacher comme pour éviter les dégâts que ça causerait si jamais elle en venait à éclater. Jeu dangereux dont ils préfèrent taire les enjeux, ceux qu'ils ne veulent surtout pas dévoiler à l'autre, question de fierté. Jeu qu'ils ne cessent de relancer, comme si rien de tout ça n'était assez, comme s'ils en étaient jamais vraiment rassasiés.
Mais visiblement Luca n'a plus très faim quand il repose l'assiette sur le comptoir, celle qu'elle avait pourtant accepté de lui préparer – pour une fois. Elle hausse un sourcil, déjà prête à l'ouvrir pour lui demander de se justifier sur la raison d'un tel refus mais y a le garçon qui la laisse pas parler, ça la déconcentre quand il s'approche de trop près et qu'il la force à reculer. « T’insinues quoi, Ina? Que j’sais pas utiliser ma queue? Qu’elle est pas assez grosse, peut-être? » Y a le bord du meuble qui s'enfonce au niveau du bas de son dos, c'est aussi brutal que désagréable mais y a pire – c'est la sensation qu'elle a quand les bras de Luca viennent l'encercler de sorte à rendre toute issue inaccessible, tout échappatoire impossible. « Tu sais, si tu voulais la voir autant qu’ça, suffisait d’le demander. J’suis pas prude, ni gêné par la taille d’mon matos. » Y aussi ses mots qui la dérangent, ça la trouble sans qu'elle ne sache trop comment l'expliquer, ça réveille des trucs qu'elle avait jusque-là réussi à étouffer, des tentations qu'elle avait su comment contourner. Et pour ça, suffisait juste d'attirer son attention sur ce qu'elle faisait plutôt que sur ce qu'elle ressentait – c'était elle qui semait les tempêtes d'habitude, pas Luca. Alors forcément, elle apprécie pas la nouvelle distribution des rôles et à sa colonne vertébrale de se raidir quand il la frôle. Mais pourtant, elle bouge pas, Ina, elle se laisse faire quand il parcourt ses hanches de sa main, elle se laisse faire quand il appuie son bassin contre le sien. Elle se laisse faire parce que déjà elle a pas vraiment le choix puis que même si elle l'avait eu en vérité elle bougerait pas. Elle a le feu aux joues, des frissons dans le cou. Y a même un volcan sous son épiderme quand elle sent sa peau contre la sienne, une chaleur qui vient brûler toutes ses artères et réchauffer ce qui s'y cache derrière. Ça crame toutes ses cellules une à une et elle voudrait répliquer mais elle n'y arrive plus.
Le silence d'Ina face à l'assurance de Luca. Dès le début, cette assurance tenace, coriace, cette même assurance qu'il conserve alors que ça commence à dérailler. Alors que pour la gamine, c'est une situation qui continue toujours un peu plus de lui échapper. Ouais, ça finit même carrément par dégénérer quand elle peut remarquer que c'est un caleçon qu'il manque au garçon et quand il semble prendre plaisir à lui dévoiler toute son intimité. Alors immédiatement y a sa tête qui se redresse et ses prunelles qui s'accrochent aux siennes pour ne pas lui laisser l'opportunité de croire que son petit jeu ait pu marcher, que sa stratégie ait pu fonctionner. « J'suis un gentleman, Ina. » Un murmure rauque qui l'électrise quand il vient le souffler près de son oreille, même si elle y croit définitivement pas. Quel genre de gentleman pourrait faire c'que t'as fait, hein Luca ?« Alors je n’ai aucune intention d’te raconter si elle était bonne au lit ou pas mais… je te rappelle, qu’avant que tu te joignes à nous… » C'est à cet instant qu'elle décide de fermer fort fort fort les yeux, dans sa tête y a cette phrase qui résonne et tout ce qu'elle espère c'est que la suite il décide de la taire, parce qu'elle veut pas la connaître, parce que même si elle refuse de l'admettre elle imagine bien bien bien comment ça aurait pu être. « … elle en réclamait encore. Et toi, tu me laisses voir? … ou t’as peur que je saches que t’es toute mouillée, bébé? » Des mots incendiaires et ses lèvres contre son oreille dont elle peut ressentir la chaleur qui s'y infiltre à travers ; des gestes lascifs quand il fait courir sa main le long de son échine et que l'autre glisse doucement sous l'élastique de sa lingerie. Y a son cœur qui loupe un battement quand ses doigts viennent narguer de trop près une zone encore ignorée, c'est un contact rapide mais déjà y a les mains de la gamine qui se crispent autour de ses avant-bras, ongles plantés dans la chair de ses poignets juste pour l'en dissuader. Elle avait décidé de jouer avec le feu mais maintenant la seule chose qu'elle veut c'est fuir le brasier qu'elle avait eu tant de plaisir à faire s'enflammer. Les éclairs dans son regard, elle fait claquer ses mains sur son torse et se retourne afin de se libérer de son emprise. Et la brutalité avec laquelle elle le repousse se veut blessante, elle veut blesser comme lui l'a fait, en témoigne sa fierté écorchée. « T'as cru que tu pouvais me parler comme à une pute que t'as l'habitude de baiser ? » Y a un truc un peu brisé dans sa voix à mesure qu'elle prononce ces mots, tonalité qu'elle n'a pas pourtant pas l'habitude de laisser s'échapper. « T'as vraiment pensé que si j'ai viré la meuf c'était parce que j'voulais la remplacer ? Être la prochaine sur la liste ? Celle qui va bientôt finir par être plus longue que ta queue, si elle l'est pas déjà. » Elle aborde de nouveau le sujet, pente glissante sur laquelle elle vient pourtant de trébucher. Mais c'est parce que dans ces rhétoriques défiantes y a une part amère de vérité, parce que ouais, la dernière chose qu'elle veut c'est bien ça. Être une conquête de plus à afficher, un trophée en plus à exhiber, parce qu'elle comprend pas ce qu'il cherche Luca mais elle est en est persuadée qu'au fond y a un peu d'tout ça. Et ça lui noue l'estomac, y a la colère qui la remue un peu trop de l'intérieur – mais surtout la rancœur. Elle lui en veut d'avoir été trop aventureux, elle lui en veut d'avoir changé les règles du jeu en piétinant un terrain trop périlleux, celui qu'elle ne se contentait que d'évoquer sans jamais l'approcher de trop près. Ça la laisse amère, défaite au gout âpre qui reste bloquée au niveau de sa gorge. Alors elle cherche vite à l'effacer, fouillant frénétiquement les armoires à la recherche d'un verre qu'elle s'empresse de remplir à l'eau du robinet. Et elle s'apprête à le boire mais y a une autre idée qui vient lui traverser l'esprit – et elle ne sait pas dire si c'est juste débile ou un éclair de génie, c'est un constat qui se fera plus tard, qu'elle se dit. Parce que c'est le moment, y a Luca qui se trouve encore à une distance de bras, alors d'un geste rapide elle attrape le haut de son jogging pour le tirer vers elle et venir renverser le contenu du verre dans l'espace qui vient de se faire. « Tiens, en espérant que ce soit une réponse qui te conviendra. J'suis obligée d'aller mettre un pantalon moi aussi ou ça suffira pour te remettre les idées en place ? »