sentiments noirs. (neran)

elle est fatigué, nevan. ce soir, elle n'en peut plus. ses mouvements sont lents, irréguliers. elle continue de danser, parce qu'elle n'a pas le choix. et puis, elle aime ça. danser. c'est pour ça que dans le fond, elle ne regrette pas son travail. car elle danse, même si ce n'est pas de la bonne manière. adéquate. mais bon. elle vit, au moins. elle a un toit, des amis. une famille. grâce à sa passion. grâce à la danse. mais rien n'y fait. ce soir, elle n'est pas au top d'elle-même. elle sait qu'elle peut faire beaucoup mieux, mais elle est épuisée. vidée. elle va sûrement se faire gueuler dessus, c'est quasiment sûr. ils aiment pas, quand les danseuses ne sont pas au top. mais là, elle n'est juste pas capable. son corps lui hurle d'arrêter, de tomber. il crie à l'aide. au sommeil. mais non. elle continue, la têtue. elle s'épuise encore plus qu'il n'est possible. elle va s'écrouler, c'est sûr. mais pas tout de suite. là, elle doit danser. faire plaisir aux clients, même si elle est nulle. il lui reste peu de temps, une dizaine de minutes à tout casser. après, elle pourra souffler. rentrer chez elle, manger, et dormir. enfin, dormir, ça risque d'être une autre affaire, étant donné les spécimens à la coloc. mais elle essaiera, puis finalement, elle tombera dans un sommeil profond, alors qu'elle sera en pleine conversation. avec niamh, ou jill. ou les deux. et elle pense à ça, au moment où elle sera chez elle. avec eux. ça la motive, lui donne envie de réussir ses dernières minutes de danse. il doit être aux alentours de trois heures et demie du matin. le bar fermera dans moins de deux heures. mais les filles, simple danseuses, partent bien avant la fermeture. officielle. qui respecte les codes. la loi. alors que la réalité qui se cache derrière, elle est loin de respecter tout ça. elle est loin de côtoyer le respect, tout court. enfin. touche final. les applaudissements fusent, et elle s'arrête, nev. elle ne les regarde même pas, et elle se barre. elle fonce dans les vestiaires. elle ne prend pas le temps de se démaquiller. pas besoin. elle se change, troc son body dénudé contre un jean, un pull large et ses converses. elle salue les filles qu'elle ne verra pas à la coloc. puis niamh et jill, bah elles connaissent la route, hein. elles ne s'attendent jamais. parce qu'elles ont chacune leur rythme, différent. et qu'en général, elles aiment bien avoir ce moment de solitude, lorsqu'elles rentrent. petit, rapide. mais qui fait du bien. alors elle sort, avant tout le monde, nev. puis elle n'est même pas sorti qu'elle tombe sur quelqu'un de particulier. lui. le client fidèle. qui vient parfois. qui repart. qui est parti un long moment, dernièrement. elle ne comprend pas. il la fixe, elle regarde derrière elle. personne. il est beau, putain. un charme indéniable, une belle gueule de con. puis elle repense à leurs nuits. interdites. mais sauvages, brutes. qui lui donnent un goût d'inachevé. mais là, elle se demande, qu'est-ce qu'il fout là, au juste? surtout après un si long moment sans aucun signe de vie. pas qu'elle en ait quelque chose à faire, en soit. mais ça la laisse perplexe.

@aran price

Une douleur lancinante qui se repend de l’épaule jusqu’au coude, un mauvais mouvement et c’est l’accalmie pour un temps. Le combat s’est arrêté là et c’est la frustration qui s’installe. Incapable de bouger le bras, il a préféré en finir là, avant de regretter me geste de trop. Il en cracherait ses poumons sur le bitume, le temps que la haine l’enivre. C’est pas souvent qu’il tombe sur plus fort que lui, mais ce soir s’est arrivé, il a plié l’genou pour une entorse un peu trop profonde. Un mal qui s’est propagé depuis quelques jours déjà, et qui s’accentue au fil des combats. Ce soir, c’est l’esprit qui finit par divaguer, il est sorti du ring l’air hagard et les sourcils froncés, avec la fierté perdue des luttes remportées accrochée au pied. Le boulet de sa vie entière qui se décime en quelques heures, il est déjà parti aran, pour mieux noyer sa défaite. Mais pour ce soir, il a quelque chose en tête. Quel meilleur endroit que le sinners pour y plonger ses songes et ses désirs meurtris par la chair abimée. La démarche tangue, la clope arrive difficilement dans le creux de sa lèvre sous le tremblement insistant de sa main. Il ne sait pas à qu’elle heure il a posé le premier pas dans l’établissement, sûrement trop tard, une heure où les noctambules les moins fréquentables se rejoignent. Il n’y a pas mis les pieds depuis des mois, la raison ? Des affaires à l’extérieur de la ville, un travail pour le compte d’un ancien collègue, rien d’autre à ajouter. Y'a rien à dire, et de toute façon Aran n'est pas le genre de gars à raconter sa journée. Non, loup solitaire, en dehors de la meute depuis bien longtemps. Alors il va rêver un moment, loin des coups et blessures. Il rejoint la chaleur des pièces sombres éclairées aux néons, où serpentent le corps des femmes pour quelques billets. Ça lui fait quelque chose d'y retourner, ravi à l'idée de revoir les danses endiablées, l'apaisement de l'ambiance tamisée. Il y a trouvé la satisfaction qu'il attendait, mais c'est surtout pour elle qu'il revient. Son visage resté gravé, impossible d'oublier ce regard ébène. Ses courbes restent encore le meilleur souvenir auquel il se raccroche, seule image parfaite qu'il lui ai été donné de voir. Aran finit par s'installer, mais il est tard, le spectacle ce termine bientôt à en voir les corps bien pressé de s'arrêter. Son regard électrisé glisse lentement, toisant les corps de ces femmes aux allures irréelles. Elle se trouve là Nevan, au milieu de la danse. Hypnotisé, il s'adosse au bar sans la quitter des yeux, brûlés par la beauté sauvage de cette femme. Celle qui l'avait laissé songeur au premier regard. Impossible pour lui d'oublier les nuits passées avec la danseuse, le goût de l'emprise avait été bien trop doux pour ne pas en devenir accros dès les premières caresses. Alors il revient Aran, pour retrouver encore ces sensations passées, car il en a besoin là maintenant. Mais elle à l'air ailleurs Nevan, il se souvient l'avoir vu plus envoûtée par la musique que le tableau qu'elle propose ce soir aux hommes solitaires qui ornent le lieu. Il ne bouge pas, préférant rester dans l'ombre en buvant le verre d'alcool salvateur, celui qui lui fera oublier la douleur. Le sinners se vide peu à peu lorsque sonne la fin de la danse. Il se déloge non sans mal du fauteuil dans lequel il s'était installé pour prendre le chemin de la sortie. Le verre vide, le visage également. Mais il est loin de vouloir en rester à ce moment de solitude extrême non, Aran rejoint la rue adjacente. Il connaît l'endroit, il sait qu'elle devrait sortir par cette porte d'une minute à l'autre. Il reste là, épiant la moindre ombre féminine tandis que ses doigts se referment machinalement autour d'une énième cigarette. C'est alors que la porte s'ouvre pour laisser apparaître la silhouette de la danseuse, bien trop habillée à son goût. Il approche, sans gêne, sans même s'excuser de l'importuner à cette heure, un rictus dans le coin des lèvres. « tu rentres seule ? » qu'il demande comme si la décision lui incombait, elle pourrait l'envoyer promener, l'éviter, qu'il resterait quand même accroché à ses pas, bien décidé à assouvir l'envie montante de retrouver la proximité perdue depuis des mois. « prends pas cette air là, j'me serais jamais barré définitivement sans t'emmener avec moi » la voix rauque causée par les vapeurs amères de sa gitane. Sa réflexion ne se veut pas ironique non, bien au contraire il n'a pas le temps de l'être. Il s'impose devant elle pour venir déposer ses doigts lentement sur la joue de la jeune femme, prenant effrontément la permission de la toucher.

le sang qui lui monte au crâne, lui échauffe l'esprit. ça l'a réveillé, d'un coup. le revoir. après plusieurs semaines sans rien. il est comme ça, ce gars. mystérieux. il vient, il repart. elle ne sait rien de lui, elle devine juste que c'est un mauvais mec. rien qu'à son allure. rien qu'aux marques qu'il traîne sur son faciès. toujours abîmé. mais toujours aussi attirant. son regard ne quitte pas le siens, trop accroché. puis elle s'en détache, sort une clope. l'allume. elle en a besoin, là. parce que, sans savoir pourquoi, elle sent que sa soirée est loin d'être finie. à vrai dire, dans le fond, elle le sait. mais son inconscient lui laisse entendre que ce n'est pas comme d'habitude. il y a quelque chose d'autre, mais elle n'arrive pas à mettre la main dessus. au lieu de ça, elle reste simplement là, à se demander ce qu'elle peut bien faire. les autres vont bientôt sortir. poser des questions. auxquelles nevan ne veut pas répondre. parce que ça ne les regarde pas. et qu'elle ne veut pas étaler sa vie en dehors du sinners. il ne met pas de temps, lui, à faire quelque chose. il s'approche. lui parle. elle remarque alors un peu mieux ses traits, ses mains. homme abîmé. homme de pierre. elle ne fait pas attention à ses paroles, mais elle y répond. "tu veux que je rentre comment, si ce n'est seule?" elle lève presque les yeux au ciel, comme ennuyé. mais ça n'y ressemble pas. ça ressemble à rien, en faite. elle fume sa cigarette. petit cylindré qui finira par avoir sa peau. ses poumons, surtout. puis sa voix comble le silence de la sombre ruelle une deuxième fois. cette fois-ci, elle fronce les sourcils, en arque un. puis ricane. "attends... tu crois que j'en ai vraiment quelque chose à foutre que tu t'barres?" elle soutient son regard. brut. son coeur palpite, loupe un ou deux battements, parce qu'elle le remarque. son tic. son poing qui se serre. sa veine qui ressort. et elle aime ça, nevan. énerver les autres. ça l'excite, presque. parce qu'elle sait comment il est. un peu. ses doigts glissent sur sa peau, lui donnant un frisson. elle ne sait pas lequel. comment le prendre. mais sa respiration s'arrête, et elle se retient de fermer les yeux. puis finalement, sa fine main attrape son poignet. ses doigts s'enroule autour de ce dernier. elle l'enlève. le bouge. "ne me touches pas." elle le repousse. contradiction. elle ne sait pas pourquoi, mais elle le repousse. elle ne veut pas qu'il la touche. pas ici. pas quand les autres danseuses, les videurs, peuvent les voir. elle se ferait prendre. démolir. tuer. elle sait, ils aiment pas ça. elle joue avec le feu, là, nevan.

elle se trouve là, devant lui, enfin depuis des semaines sans pouvoir la regarder de loin, l'épier sans jamais en dire trop. lui demander juste ce qu'il faut pour assouvir ses envies. mais ce soir, c'est comme une impression de changement de camp, il vient de le décider, là à l'instant, en la regardant allumer sa clope, le regard rongé par la fatigue. son absence n'a fait qu'accentuer son désir de la retrouver, l'accaparer à nouveau en souvenir des nuits passées. il a le regard froid et le sourire toujours arqué sur le visage, ce qui lui donne un air bien trop malsain. leurs ombres s'animent à la lueur des réverbères, une scène tirée d'un film dont la fin n'a rien du conte de fée. non, il n'est pas ici pour rien, elle le devinera bien assez tôt. ses paroles lancées comme s'il en avait le droit, comme s'il avait un quelconque pouvoir de décision. elle répond et ça le satisfait bien assez. elle réplique, sauvage, mais ses attaques n'y feront rien. ce sont ses yeux qui crient prend garde dans la vapeur toxique qui sort de ses lèvres. il veut y goûter à nouveau, mais cette fois sans jamais s'arrêter ni la laisser repartir. elle a ses prunelles saillantes qui accroche son visage en laissant cette prière aveugle, celle de la laisser tranquille certainement, mais aran n'en a que faire. ses doigts sont vite repoussés par la main de nevan autour de son poignet pour le pousser. « joue pas à ça nevan, tu y perdras » elle n'abdiquera pas si facilement et il le sait, alors il menace, clair dans ses propos malgré le repoussement. il tente de respirer pour calmer la fureur qui se lie sur sa figure, ses traits se noircissent un peu plus tandis que son bras se déplie à nouveau le long de son corps. « ils te laissent rentrer seule, aucun de ces cabots pour te ramener ? » il insiste, perverti par la pensée qu'il pourrait lui arriver n'importe quoi dans la rue à une heure aussi tardive. « très bien, je t'accompagne alors » la situation tourne en sa faveur, il ne lui laisse pas le choix le fou. il sait qu'il faut partir avant que d'autres ne les rejoignent. pas le bon moment pour se faire remarquer par les troupes du sinners. fourbe, il propose à la jeune femme d'avancer par un geste de la main. va-t-elle se joindre à lui dans cette marche nocturne ? elle pourrait rebrousser chemin et s'enfuir, mais elle sait qu'il la rattraperait bien assez vite. il ne veut pas la laisser partir, ce choix n'en est pas un, elle va devoir lui obéir. en attendant, il faut s'en aller.

on croirait voir des adolescents, farouches, ne sachant pas s'apprivoiser. et pourtant. la réalité en est bien loin. ils sont loin d'être des adolescents. loin d'être farouches. puis surtout, c'est loin d'être nouveau pour eux. d'être la première fois. bien sûr, elle n'a pas oublié. les nuits passés, sauvages. devenues des souvenirs. pourtant, en le revoyant, elle se refait nettement les scènes, comme si la dernière datait d'hier. incroyable. elle ne fait jamais ça. repartir avec un client, pour finir sa nuit. non. en général, elle se contente de ce qu'elle a sous la main, à l'appartement. ou autre. mais pas de client. parce que c'est interdit, et qu'elle ne veut pas décevoir sa famille. mais avec lui, c'est différent. elle se met en danger, parce qu'elle n'y arrive pas. à résister. en même temps, si elle le fait, elle sait qu'elle risque gros aussi, la nev. parce qu'il ne rigole pas, lui. ça s'voit. ça s'ressent. d'ailleurs, elle le sent, quand elle le repousse d'un geste pourtant doux, mais ferme. il ne laisse rien transparaître de ce regard froid, mais elle est observatrice quand même, nev. elle voit tout. et elle ressent son énervement. puis sa voix retentit de nouveau. tu y perdras. oui, elle le sait. parce que de toute façon, elle se perd déjà elle-même. ici et là, un peu partout. dans les méandres de ce monde qu'elle côtoie depuis longtemps, maintenant. mais là, ce n'est plus pareil. on rentre dans une autre dimension. se perdre dans un tourbillon de sentiments. mais lesquels? elle qui se sent incapable de ressentir autre chose que la fatigue, la haine ou la luxure. rien d'autre. mais lui, il semble éveiller autre chose en elle. chaque fois qu'elle le voit. pas de l'amour, oh non. mais elle tremble, rien qu'à le voir. rien qu'à l'entendre. rien qu'à le sentir près d'elle. son odeur particulière. puis, il fait une première erreur. elle arque un sourcil, et lui lance un regard de travers. "cabots? tu te prends pour qui à les insulter comme ça? ce sont des videurs, des barmans et autres... pas des gardes du corps nocturnes." elle est habitué, à rentrer seule, de toute façon. elle souffle. hausse les épaules. ne répond même pas lorsqu'il lui impose le fait de l'accompagner. elle ne rechigne pas, parce qu'elle sait qu'elle n'a pas le choix. en revanche, elle lui fait comprendre à sa manière que ça l'emmerde. un peu. quand même. elle jette sa clope consumée, puis croise les bras, s'éloignant de lui. en silence. elle ne veut pas être à ses côtés. ça la perturbe trop. ça l'énerve. il l'énerve.

Ses regards, ses gestes, tout lui donne les signaux d'une incertitude omniprésente. Aran le sait, ses actes trahissent des réels attentions, perdue entre la volonté de s'enfuir loin de lui ou se frotter encore un peu plus au diable qu'il peut être souvent. Trop souvent. Ces semaines sans pouvoir la voir danser, sans aucun contact ni plaisir partagé n'ont fait qu'accentuer son envie de retrouver sa chaleur. Il se souvient de son visage aux multiples facettes, ses paroles jusqu'au moindre rictus sur son visage prononcé par le contact de ses lèvres sur sa peau. Il en veux encore, toujours plus. Cependant, quelque chose à changer depuis leur dernière rencontre. L'enjeu n'est plus le même, tout change en la touchant à nouveau. Et ça, il l'avait déjà compris avant de la quitter cette dernière nuit.
La furie gronde, agacée de l'entendre juger le travail de ses sois-disant collègues de travail. Son souffle come au dessus d'eux sous la forme d'un nuage dont on pourrait presque distinguer les flammes jaillissantes de la colère. Aran jouit de la voir dans un tel état, moins docile qu'à son habitude. Il ne s'empêcher pas de sourire au contraire, mais lorsqu'elle lui tourne le dos pour avancer, après avoir jeté son mégot, il fronce les sourcils. Rattrape son allure dans la foulée pour resserrer une nouvelle fois son emprise. À sa hauteur, son bras entoure le cou de la jeune femme dans un mouvement rapide. La rapidité, domaine dans lequel il s'efforce d'exceller pour mener des combats à la victoire. Les muscles se rendent autour de sa nuque, sans serrer, la prise est bien trop mesurée pour qu'elle tente de s'en échapper. Sans barrière ni aucun savoir-vivre en société, il attaque comme dans l'arène, prêt à décrocher sa victoire, son trophée. L'épaule endolorie pèse malgré son intention de le cacher. Les nerfs se bloquent, ses paroles feront le reste. « quand je dis cabot, ce n'est pas une insulte tu sais » il en est lui-même un. Un de la pire race probablement, même si il le niera. De loin, les deux silhouettes collées l'une à l'autre pourraient faire penser à un couple consentant se promenant en ville aux heures matinales, nocturnes. Mais la vérité est tout autre. Aran exulte de la sentir à nouveau prêt de lui, il peut enfin retrouver son parfum particulier, se sentir roi sous l'apparence du bourreau. Qu'elle lui appartienne encore et peut-être à jamais. Sa bouche s'approche de l'oreille de l'imprudente Nevan, inaudible pour les autres, se permettant de susurrer ces quelques mots ravageurs. « tu m'as manqué je l'admets, un peu trop d'ailleurs » sous-entendus, la prochaine fois je t'emmène avec moi, je ne te quitte plus dorénavant, maintenant c'est toi et moi et plus rien d'autre. pour le commun des mortels, elle ne se méfie pas à assez. Si elle avait vraiment les yeux ouverts, elle verrait le piège se refermer et la bête assoiffée arriver. Il en profite encore une fois, pour mieux dominer la situation. « on va plutôt aller chez moi ce soir » la question n'est pas posée, il n'attends aucun consentement de sa part. Il la veut pour elle, pour fêter leur retrouvailles et s'assurer qu'elle reste encore un peu entre ses doigts brûlants. Son bras ne desserre par sa mainmise tandis que ses doigts se promènent doucement à nouveau contre sa mâchoire. Ils changent de direction.

ça l'exaspère, nevan. ça réveille quelque chose en elle, de le voir ainsi. mais ça l'exaspère tout autant. alors elle s'casse, lui passe devant le nez éhontément. de toute façon, elle n'a rien de plus à dire. comme d'habitude, en faite. elle aime pas trop parler. surtout pas d'elle-même. puis là, faut avouer, il l'a piqué. parce qu'on parle pas mal des membres du sinners, de sa famille. de ceux qui l'ont sorti de sa misérable vie. enfin. presque. parce qu'elle l'est toujours sa vie, misérable. juste un peu moins sombre, moins sordide. un peu plus éclairée. par eux. par elles. même si une part de sa nouvelle vie reste moche. mais ils sont là, avec elle, chacun à leur manière. alors non. elle accepte pas qu'on parle d'eux ainsi. mais lui, il voit pas les choses de la même façon, apparemment. puisque bien vite, il l'a rattrape. elle s'en doutait. mais ça ne l'empêche pas de lever les yeux au ciel lorsqu'il enroule son bras autour de son cou. lui faisant part de la puissance de sa force, sans peut-être même s'en rendre compte. ça l'encombre, nev. elle aime pas les contacts comme ça. parce que ça donne une impression de complicité. une impression de belle image, d'un couple rentrant après une soirée. mais c'est pas ça, la réalité. leur réalité. défavorisé, perdue. c'est le mal qui tourbillonne autour d'eux, les emportant dans un cycle perpétuel. c'est moche. mais c'est beau aussi. d'une certaine façon. d'un certain point de vue. elle sait pas trop quoi faire, nev, sur le moment. le repousser une nouvelle fois, sous peine de se confronter à une réelle colère sourde. ou alors le laisser faire, pour qu'il pense que oui, elle est sous son contrôle. mais l'épuisement n'a pas totalement raison d'elle, parce qu'à cette simple pensée, elle se reprend. ah non. indomptable. et ses quelques mots prononcés lentement à son oreille n'arrange pas la chose. sa peau se hérisse. mais elle ne sait pas de quoi. elle n'arrive pas à mettre un doigt dessus. la pauvre. dans un premier temps, elle bouge donc son épaule, pour qu'il s'éloigne ne serait-ce qu'un peu. mais c'est une mouche, nev, à côté de lui. pas de force, rien. il ne bouge pas. elle se demande même s'il a ressenti son geste. et ça l'agace, ça aussi. alors ses mots, ils rentrent d'une oreille, pour ressortir de l'autre. elle prend même pas la peine de répondre. non, c'est lui donner de l'importance. à la place, elle souffle. lui montre clairement que là, elle est pas encline à l'humour. et pourtant, lui, il semble avoir une toute autre idée en tête. il ne la lâche pas. il est même loin de vouloir la laisser vagabonder seule ce soir. les étoiles sont peu présentes ce soir, alourdissant la tension qui s'installe vaguement. comme un ouragan sur le point d'exploser. chez lui. ce n'est pas une douce invitation. c'est un ordre. elle a pas le choix, nev. et l'étau se resserre de plus en plus. ses doigts se faufilent sur sa peau une nouvelle fois. elle disjoncte. c'est la contradiction pure. elle aime sentir son contact, mais ça la fait rugir. surtout quand il dérive leur démarche. "j't'ai dit, tu ne me touches pas." elle s'éloigne de lui. encore. mais plus brutalement, puis elle croise les bras, le fixe. soutient son regard. brûlant. "et si j'veux pas aller chez toi?" elle joue avec le feu. comme si elle était maso sur les bords. peut-être que. puis peut-être qu'elle aime ça, aussi. le jeu. le danger.

il aime les défis aran, ça s'voit sur sa gueule. il ne fait jamais rien au hasard. comme une évidence, la situation tournera mal il le sait. nevan, il l'a remarqué la première fois qu'il a posé le pied au sinners, elle l'a envouté dès la première danse, incapable de détacher son regard. une transe mortelle et les yeux dans l'vague de sa présence depuis. il jeté son dévolu sur elle sans lui demander son avis et depuis, c'est Bagdad dans sa tête dès qu'il la voit. un mélange de pensées du démon et de danses charnelles qui se répètent continuellement dans ses souvenirs. il s'est perdu au premier mouvement de bassin, au premier regard dans sa direction. il croyant être le roi et l'a prise pour Sherazade. prisonnière de ses histoires d'une nuit. plus il l'a regardait et plus l'envie de retrouver son contact grandissait. sauf qu'il n'a ni les bonnes manières, ni la gentillesse comme alliées dans cette bataille. et elle lui a bien prouvé que sa fougue ne lui faciliterait pas la tâche. plus elle le repousse et plus il avance. plus elle l'ignore, plus il y voit du sens. paumé dans sa vie, dans ses désirs, il s'est demandé si elle n'était pas la finalité de tous ses malheurs. mais il est trop fourbe pour reconnaître qu'il a tord, trop orgueilleux pour y voir la moindre once de dénis dans le regard de la belle. elle tolère ce que bien d'autre n'aurait pas accepté. alors, pourquoi n'est-elle pas retournée chercher de l'aide ? pourquoi est-elle partit à ses côtés ? le fauve se nargue de la voir obéir, même si sa volonté de ne pas s'approcher le pique. elle insiste pourtant et lui a du mal à comprendre. pourquoi fait-elle la difficile tout à coup ? pourquoi ses regards noirs ? il était persuadé que la revoir changerait les choses, mais ce serait trop facile. il ordonne et elle ne ploie pas. bien au contraire. ce nouveau contact la fait fuir, son emprise se desserre sous la pression qu'elle exerce sur son bras. elle part, le laissant à nouveau sans contact. le sentiment froid qui émane de son visage se propage, se jette dans le regard de nevan pour un long moment. il l'a relâche sous contrainte et la sensation lui est insupportable. « tu joues les difficiles maintenant ? » elle répond violemment, reste impassible sous ses remarques en sa faveur. relayé à l'état de rien, comme à son habitude. sauf qu'il est touché cette fois, un peu trop même. il remarque qu'elle est bien la seule à lui faire ressentir ce sentiment désagréable. malheureusement, il réagit mal, ne connaît pas les codes de la société normale en cas de rejet. comme dans son quotidien, lui, il ne sait que parler de ses mains. son épaule le tiraille toujours, encore un peu. il sent la douleur, à moins qu'elle ne vienne du palpitant plus bas. il en sait rien aran. plus aucun mouvement tout à coup. un silence. trop long, trop pesant. il avance dans sa direction, attiré encore et toujours, mais sans la toucher cette fois.  « j'te connais nevan, tu diras pas non à l'argent » c'est malsain, mal joué. au fond, il aimerait qu'elle le suive de son plein grès, qu'elle montre être un minimum intéressée. il la pensait plus attaché à lui que ça, comme toujours il s'est trompé. les dés se lancent à nouveau quand il abdique. « j'pensais t'apporter un peu plus que c'que tu as, mais vas-y dégage si c'est c'que tu veux.   retourne dans ton appart miteux loin de moi » il abat sa dernière carte avant le combat final, l'emportement. ses paroles s'échappent dans un fracas glaçant. ses doigts le démange pour un court instant encore. il tente de ne pas laisser la vague de colère le submerger. le risque est immense. la défaite proche.

elle a le sang qui monte au cerveau, sourd. son palpitant aussi, il commence à s’accélérer, signe que les choses montent un peu en flèche. mais pourtant, elle continue. elle résiste, prend la confiance, se rebelle. en réalité, elle aimerait partir avec lui. loin d'ici. s'échapper de cet endroit, de cette ville, de cette vie. mais que deviendrait-elle? elle le sait, nev, sa vie sera loin d'être meilleure. dans tous les cas, elle est voué à rester ici, perdue au beau milieu d'un monde trop débauché, noir. elle est comme emprisonné. là aussi, dans ses bras, elle se sent emprisonné. non de la même manière, mais emprisonné. prise dans un étau encore inconnu pour elle. elle aimerait, oui, se laisser aller. mais elle a peur. de lui. de ce qu'il peut lui faire. pas physiquement, non. mais psychologiquement. parce qu'elle le sait, c'est pas un mec bien. elle ne connaît rien de lui. en revanche, elle connaît tout de sa réputation. bien sûr, ils en parlent, là-bas. puisque c'est un combattant. on peut pas le louper, lui aussi. toujours une égratignure, un bleu, une balafre sur la gueule. nev, elle, elle a toujours trouvé que cela lui donnait quelque chose d'attirant. pas normale, la gosse. vraiment pas, surtout lorsqu'elle commet l'erreur de se retirer de lui brutalement. lorsqu'elle en commet une autre en lui lançant un regard de feu. il perd son sourire narquois, narcissique, pour laisser place à un visage neutre. ou presque. on pourrait lire sa fureur à des kilomètres. et là, maintenant, c'est elle qui sourit. parce qu'elle réussit à résister. à lui tenir tête, ne pas lui céder seulement au contact de sa peau. dure mais douce. et puis, surtout, ça l'amuse de le voir dans un tel état. et oui, chéri. elle hausse les épaules à sa question. difficile? elle? encore faudrait-il qu'elle ait des goûts particuliers. des envies particulières. mais elle n'a rien de tout ça. "c'est pas une question de jouer les difficiles. c'est question que, t'es trop tactile, là." elle répond plus sereinement, elle a presque un sourire au bout des lèvres. mais elle évite de le sortir, ne voulant pas se faire tuer. pas encore. puis il revient. encore. il s'approche, la mettant en haleine. elle hume son odeur, envoûtante, se perd quelques instants dans ses pensées. lointaines, mais pourtant nettes. elle repense à leurs étreintes, leurs peaux salies par la sueur se frottant pendant de longs moments. c'est vrai, elle se l'avoue, l'invitation la tente. mais elle est trop peureuse, l'enfant. et elle est quasiment sur le point de craquer, mais il change la donne. retournement de situation. ça change. tout change, son état d'esprit, ses envies, son humeur, sa position. alors, c'est donc comme ça, entre eux? elle est sous le choc, là. de l'argent. il la réduit donc à ça? un objet de convoitise, qu'on loue pour s'offrir ses services? elle se sent vexée, là, mal propre. sale. sa voix crache son venin, mortel. ça lui fout un coup, à nev. elle en aurait presque les larmes aux yeux. mais à la place, elle s'approche encore de lui. du grand méchant loup. sa mâchoire est contracté, lui donné un côté presque carré. leurs souffles se mélangent, on dirait presque qu'elle est sur le point de l'embrasser, comme ça. mais à la place, sa main vient trouvé son visage déjà écorché dans un bruit sourd. "espèce de connard, va!" deuxième coup. elle déverse sa haine à son encontre, voit complètement rouge. il n'avait pas le droit. puis elle recule finalement, avant qu'elle ne dérive une troisième fois. parce que, comme on dit, jamais deux sans trois. elle le regarde, hors d'elle, le souffle court, mais fort. "au moins, dans mon appart miteux, j'suis pas toute seule à me morfondre à tel point devoir payer quelqu'un pour qu'il m'saute." et tiens. elle ne prends pas réellement conscience de ses paroles sur le coup. ça sort tout seul, c'est débile. c'est l'attaquer en retour, c'est chercher la bête alors qu'elle est déjà réveillé.

Il ne connait pas la portée que les mots peuvent avoir sur ceux qui l’entoure. Ses paroles crachent comme des lames, mais il ne comprend pas sa réaction. C’était comme ça au départ entre eux, y’a rien d’mal à payer quelqu’un pour un service. C’est ce qu’il pense. Alors quand elle le repousse plusieurs fois, qu’elle ose se détacher alors que quelques semaines plus tôt vos peaux ne faisaient qu’une. Incompréhension, tension, frustration. Trop de sensation désagréables qui s’entremêlent et émanent de son comportement. Ses yeux noirs transpercent la brume ambiante, leurs visages trop proches pour ne pas en profiter. Finalement, c’est Nevan qui donne le premier coup. Blessée, la colère se trace sur son visage. Invraisemblable, sa main vient presser sa joue pour le frapper une seconde fois. Il ne ressent rien physiquement, ses muscles se contractent automatiquement sous les coups qui tombent. Il a le cœur froissé, piétiné par la force qu’elle met à lui faire mal. C’est pire que de le repousser. Contrarié, il ne dit plus rien, s’efforce de ne pas hurler alors que tout bouillonne au plus profond de lui, un carnage qu’il a du mal à apprivoiser. Il avait pensé à tous les scénarios avant de la revoir sauf celui-là. Une violence physique et verbale qui vous anime depuis le début, mais qu’il aurait aimé voir s’assagir après cette longue absence. Rien n’y fait. Ils se sont perdus à l’instant même où il a débarqué à nouveau au sinners et ça l’fous en l’air de la savoir près de lui, mais toujours aussi loin. La sauvagerie n’a de cesse de s’immiscer entre vous, chaque geste démontre un peu plus de haine même si elle ne le quitte pas pour autant. "au moins, dans mon appart miteux, j'suis pas toute seule à me morfondre à tel point devoir payer quelqu'un pour qu'il m'saute." elle rétorque et l’assomme un peu plus encore. La colère gronde et la réaction est instantanée. Aran ne fait plus attention à rien, peut-être qu’ils ne sont pas seuls dehors, il devrait faire attention aux yeux trop curieux. Son impulsivité se moque de ce qu’il peut bien se passer autour. Sa main se lève et attrape le poignet de Nevan avant qu’elle n’ait le temps de reposer son bras le long de son corps. Puissance bien plus forte qu’une embrassade, il ne mesure pas la force de son emprise et minimise la violence de la situation. Quelques pas en avant, il l'entraine dans sa danse à lui, malsaine et virulente. la jeune femme se retrouve coincée entre son corps cabossé et le mur d'un bâtiment en brique rouge. Immobilisée, il ne lui laisse plus le choix, s'échapper n'est plus une option. « t'as tout compris, j'suis qu'un énième connard malheureux d'être seul » sa voix s'évade difficilement entre sa mâchoire serrée. « j'ai essayé d'être aimable, mais tu ne veux rien entendre quand je te dis que je suis revenu pour toi » il presse sa main contre sa poitrine pour éviter une nouvelle attaque. « j'aurais préféré que tu mettes cette hargne dans nos prochains ébats » son sourire narquois s'étale à nouveau sur son visage abimé, accentue l'envie grandissante de la garder entre ses bras encore longtemps. Il en profite pour retrouver le contact brûlant de ses lèvres pâles pour quelques secondes. Une fraction hors du temps, son désir bien plus fort que les évènements précédents, euphorie maladive.