J'aimerais briser tout mon corps pour plus penser tout haut.

( la tête tournée vers les étoiles )

- Putain l'autre soir j'ai failli sucer ce con d'Ash tellement j'étais défoncée... Ouais j'te jure, heureusement que j'l'ai pas fait bordel j'aurais dû m'laver la bouche jusqu'à en perdre ma langue après... Quoique j'suis pas sûre, il doit avoir une bite tellement petite qu'elle aurait juste un peu tapé l'avant d'mes dents.

Fière d'mes blagues fière d'mes docs que j'pose sans honte sur le siège de devant où une salope a mis son cul. Elle n'ose pas m'faire de remarque, certainement à cause de la réputation que j'me trimballe depuis plusieurs mois.
J'entends les murmures dans les couloirs et sens les regards appuyés - j'adore ça ; j'me sens vivante. Regardée.

J'existe.

Le menton levé et les yeux crayonnés, j'arpente le lycée comme ma maison,
tandis que ma maison,
elle,
ne cesse de me repousser.

C'est les poings appuyés sur les murs que je marche dans le bordel (de la pièce et d'ma vie) pour pouvoir arriver à mon lit.
Au loin du bruit,
toujours du bruit,
voix incessantes,
discussions insipides,
famille monochrome et coeur vermeil. Parfois, y'a papa qui vient et m'demande

- T'es sûre que tu veux pas reprendre le piano ? Il a les yeux écrasés par la fatigue et le front plissé sous les années qui lui sont tombées sur la face au rythme des naissances issues d'une mère pondeuse.
- Nan c'est bon vas-y casse toi avec cette question tu m'as saoulée.

Mais bon,
j'dis ça pourtant j'sais qu'il peut pas aller bien loin dans ce T2.
Tout comme mes idées. Mes pensées se tapent la tête contre les murs étriqués de mon monde et la nuit j'ai du mal à dormir. Pourtant c'est pas l'envie qui m'en empêche,
l'envie de vivre, j'veux dire.
Parfois, quand il se fait très tard, y'a une d'mes soeurs qui m'demande

- C'est vrai que t'as couché avec la moitié de l'équipe de foot ?

Alors j'réponds

- Les trois quarts ouais.

Je l'entends à chaque fois s'extasier, mais moi j'me sens encore plus me consumer. Le mensonge me bouffe le palais tandis que le réel désir gribouille de sales choses entre mes reins.

C'est d'ailleurs ce sale désir qui m'a un jour poussée à m'casser.
Enfin j'crois,
parce que chaque jour le secret est un peu plus lourd à porter - dur à étouffer. Alors quand mon père m'demande en souriant péniblement si j'veux pas un jour m'trouver un mec stable ; sous-entendu, arrêter de donner mon cul à tout va.
J'ai pas pu rester.
Fallait écraser le bitume comme j'aimerais enfoncer mes godasses sur cette vie ; histoire d'fouler ce sol dégueulasse et réussir à enfin faire pousser une p'tite fleur du mal.

Quoique, c'est un peu c'qu'il s'est passé cette fois-là.
Nephtys et sa froideur opposée à des actes tant recherchés,
Nephtys à qui j'pourrais bien lui avouer, j'aime les meufs. Les filles. Les donzelles. A qui j'pourrais dire que j'rêve d'gouter à un tas de femmes ; j'me rêve prise sous une langue et non une bite.
J'suis sûre, ça lui ferait rien - parce qu'elle s'en fout autant qu'elle y accorde de l'importance. Un peu comme moi. Elle pourrait avoir tué trois gamins et mangé son mec, j'retournerai toujours la voir ; parce que y'a pas de honte à avoir avec elle. Y'a rien à cacher, rien à refouler - elle sait déjà tout d'un coup d'oeil.
J'vois déjà qu'elle est encore plus éclatée qu'moi.
C'est d'ailleurs ptet pour ça que j'parle autant avec elle ;

comme une envie
de combler le trou
que le monde a creusé
en elle.

Histoire d'la remercier d'être le semblant d'une chose oublié.
Mère mirage d'une enfant abandonnée.