ici, on est vite tentés. (nevan)

Invité

la sortie des bars, c'jamais l'bon moment. un gros bordel, comme d'hab. y'a des types manchots d'tous les côtés. ceux qui font tout tomber. maladroits comme pas deux. l'alcool qui s'joue de leurs sens. qui s'joue d'eux. mais ça sert à rien d'boire si on tient pas l'alcool. alors ziyad, ça l'fait râler. d'se faire pousser dans tous les sens. d'voir quelques personnes quasiment tomber à ses pieds. l'corps quasi inerte. ziyad, il sort. prendre l'air. dépasse les quelques ivrognes. s'pose dehors. contre un mur. clope entre les lèvres. faut au moins ça pour l'détendre. sauf qu'on vient l'faire chier. un gars un peu lourd. qui lui demande des clopes. une fois. deux fois. un refus. deux refus. mais il continue. ziyad, il l'envoie chier. sans ménagement. et l'gars, il laisse son poing venir heurter sa mâchoire. pour une putain d'clope, il s'en prend une. ziyad, il fronce les sourcils. il va pas s'laisser faire. pas là. l'visage partit sur l'côté. la mâchoire douloureuse. il y est pas allé d'main mort c'con. l'regard noir qui croise celui du pauvre con qui vient d'le frapper. et l'poing qui s'envole à son tour. visé l'endroit stratégique. la la mâchoire. puis la tempe. et il tombe. poids mort qui rencontre l'sol. sauf que y'a tout ces blaireaux. ceux qui ont sortit leur téléphone. ceux qui ont appelés les flics dès qu'le premier coup a été donné. pas l'temps d'fuir. les sirènes qui s'font déjà entendre. comme quoi, dans l'coin les flics sont réactifs. ziyad, il pourrait s'barrer en courant. mais ça servirait à rien. vraiment à rien. il s'contente de les attendre. les bras croisés. et quand ils s'pointent, il dit rien ziyad. joue au con. les flics qui n'le ménage pas. pas un seul instant. les menottes aux poignets. la prise ferme. comme s'ils voulaient montrer à tous leur domination. l'fait qu'ils gèrent la situation. ça l'fait marrer ziyad. évidement.
l'reste de la nuit, c'est au commissariat qu'il va la passer. toujours pas décidé à parler ? les épaules qui se haussent. j'ai rien à dire. tu vas passer la nuit ici alors. en espérant qu'le gars n'porte pas plainte. la nuit l'cul sur un banc. les yeux bien ouverts. les bras croisés contre son torse. il attend. qu'la nuit passe. qu'on l'laisse sortir. parce qu'le gars n'portera pas plainte. c'est lui qui a commencé. qui l'a cherché. l'lendemain, il tourne en rond ziyad. bon, vous m'laissez sortir là ? l'impatience. il fait les cent pas. comme un fauve en cage. et c'est clairement l'cas en fait. y'a des pas qui approchent. c'est l'principal. un agent qui s'plante devant lui. l'détaille de haut en bas. attentivement. comme s'il cherchait s'il le connaissait ou non. ziyad, il a la chance d'être nouveau dans l'coin. ouais, allez, casses toi. la cellule qui s'ouvre. et il sort ziyad. sans un mot. un putain d'sourire qui vient étirer ses lèvres. il marche ziyad. pendant un bon moment. avant d'se planter devant l'immeuble où il vit depuis quelques semaines. il squatte chez sa soeur au final. il n'a rien trouvé d'mieux. il doit être sept. peut-être huit heures du matin quand il entre dans l'appartement. silencieux. il s'pose sur le canapé. s'affale. fait l'bilan d'la soirée de la veille. l'bordel. du n'importe quoi. l'calme qui vient bercer ses sens. l'manque de sommeil qui vient jouer son rôle aussi. l'gamin, il sursaute quand la porte d'entrée s'ouvre. brutalement. il s'redresse. l'regard posé sur la porte qui laisse nevan entrer. la colocataire et meilleure pote de sa soeur. cohabitation forcée. c'est à cette heure-ci que tu rentres ? l'ventre qui gronde. qui vient détourner son attention. l'ventre qui a toutes les raisons d'gronder. rien dans l'estomac depuis la veille à midi. rien depuis l'truc de nouilles chinoises qu'il a avalé en vitesse. si j'avais su, j'aurai été dormir dans ton lit. gamin qui souffle. doucement.