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 She's not afraid - NAX

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MessageSujet: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyJeu 28 Déc - 7:00

When i say that i can't do it no more, she's back in my door

Nejma & Jax

Un énième mégot qui s’écrase contre son derme matte, il grince des dents le petit garçon, retient ses larmes. Il ne craquera pas, il n’a pas le droit et il le sait. Si il pleure, ça sera pire. Alors il ferme fort les yeux, se contracte et attend que ça passe. Il espère que sa mère arrivera à temps, avant que le paternelle en vienne aux mains. Il se montre patient le petit, pourtant rien ne va en s’arrangeant, il s’en prend des claques, sans raison. Sa tête valdingue d’un côté à l’autre, il en suffoque, n’arrive pas à se relever. Il est à terre le petit prince, la tête cloué au sol et le corps recroquevillé. Il prie pour que ça s’arrête mais ça n’en cesse jamais. C’est un cauchemar, il le sait Jax qu’il nage en plein cauchemar  mais il n’arrive pas à sortir de ses songes douloureuse. Il met du temps à se réveiller, du temps qu’il passe coincer contre son plein gré à se voir, lui petit encore en train de cracher du sang contre l’asphalte de leur ancienne maison et enfin, il sursaute le garçon. Les yeux grands ouverts dans la pénombre, dans l’enfer de la réalité. Il grommèle contre l’oreiller, passe une main sur sa joue rugueuse. Encore et toujours, le même rêve qui se joue en boucle. Les yeux qui vont se perdre sur la fenêtre, le soleil qui n’est pas encore sorti mais qui ne saurait tarder. Alors il se lève, l’angoisse au ventre, prêt à tout pour chasser le passé loin de son cortex fatigué. Il va aller boxer, ouais, ça lui changera les idées.

La porte de son casier –rouillée- dans les vestiaires masculin qu’il claque derrière lui, il remonte la hanse de son sac de sport sur son épaule et fait un signe de tête au gérant de la salle avant de partir. Pas un mot, il ne parle pas le p’tit Abalhadj. Il fait ce qu’il a faire et s’en va. Il est encore tôt pour beaucoup lorsqu’il pousse l’énorme porte du club de boxe, mais ça fait déjà un moment qu’il est parti de chez lui Jax. Il n’est pas encore dix heures que lui a déjà quatre cinq heures d’avance sur ce qu’il avait de prévue dans la journée. Les journées qui se ressemblent un peu toute entre elle. Rythmé par les clients ; les entrainements et les combats la nuit, dans les bas-fond d’la ville. Les lieux secrets des combats qui changent à chaque match pour ne jamais laisser de trace permanente des affaires illégales qui se trament dans le dos des sbires de night falls.

Il va vite Jamal, il connait le chemin par cœur jusqu’à son appart’ pour l’avoir emprunté des centaines de fois. Il presse pas le pas, mais traîne pas non plus. Il n’a pas que ça à faire que d’aller voir un, puis l’autre à chaque coin d’rue. Toute façon il n’aime pas les gens Jax, il aime pas ce qu’elles racontent toutes ces langues de putes. Les rumeurs de quartier c’est pas son truc. Lui il sait déjà ce qui se dit sur lui dans les environs et ça lui suffit. Le p’tit jeune qu’a fini sa croissance à night falls et fait des conneries ; l’arabe qui traine la nuit comme un loubard à vendre des choses interdites ; des on-dit sur les combats qu’il fait une nuit sur deux. Il ne passe plus inaperçu comme bon grand nombres d’autres jeune de son âge Jax mais il s’en tape, le plus important c’est de faire du chiffre et gravir les échelons étape par étape. Mais actuellement, c’est même pas les affaires qui occupent tout son esprit mais le fait qu’il crève juste la dalle. Alors, il monte quatre par quatre les marches de la cage d’escalier pour arriver à son étage dans l’immeuble pourri dans lequel il habite. A peine arrivé, la porte claquée qu’il jette son sac sur le canap’ ; met de l’eau chaude dans une casserole et file direct à la douche le temps que l’eau s’mette à bouillir. Il a bien besoin de ça Jax, une bonne douche pour le rafraichir, détendre tous les muscles qu’il a matraqué pendant des heures à la salle.

Jogging enfilé, serviette posée autour de sa nuque et le corps encore humide par la douche qu’il vient de prendre. Il s’affale sur le canapé le saoudien, assiette en main, prêt à dégommer tout ce qu’il a préparé. C’est juste des pâtes au beurre avec un steak haché mais ça fait l’affaire. Et il déguste le grand garçon, soupire presque de plaisir en avalant la première bouchée jusqu’à qu’il n’entende le tintement de son interphone. Il tourne la tête Jax, intrigué, un sourcil arqué car personne sonne depuis bien longtemps ici, plus personne à cette politesse. Alors il se lève, jette un œil par la fenêtre, voit rien de spécial des mètres plus bas sauf une fille qui attend. Elle a dû s’tromper. Alors il lui ouvre pour pas qu’elle martyrise sa sonnette et va se rasseoir comme si de rien était. Et deux bouchés de pâtes après, ça tape de nouveau. Cette fois, à sa porte. Il souffle Jamal, pose son plat sur la table basse et d’un pas trainant va jusqu’à la porte d’entrée qu’il ouvre en grand, s’appuyant contre l’encadrement. Et il tombe sur la demoiselle qui attendait à la porte d’immeuble, celle qui a sonné et il sourit, en coin l’air intrigué de savoir ce qu’une mignonne p’tite demoiselle comme elle fait ici, et peut bien lui vouloir.

« J’peux t’aider … ? »


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Dernière édition par Jax Abalhadj le Mer 3 Jan - 0:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyJeu 28 Déc - 15:41

Or maybe all her friends have told her don't get closer

Nejma & Jax

Les pans de sa veste resserrés sur sa maigre silhouette, le nez plongé dans la chaleur bienvenue de son écharpe, elle fixe l'immeuble devant lequel s'achève son périple. Le vent est froid à Crescent Heights, pour ne pas dire glacial, le vent est froid dans la ville inconnue, et d'un pas elle s'avance vers la porte d'entrée, anéanti la distance qu'elle imposait entre elle et la bâtisse. Entre elle et lui.

Quand elle avait sept ans, qu'il est parti, ses parents ont refusé de lui dire quoi que ce soit, les explications souvent réclamées mais jamais données quant au départ aussi soudain que violent de celui qu'elle avait toujours considéré comme un frère. Ils voulaient l'épargner ses tendres parents, ne pouvaient se résoudre à souiller la pureté de leur gamine, si jeune, si innocente, avec des histoires de flics et de prison, de fric et de magouilles. Alors elle n'avait rien su. Pendant longtemps tenue éloignée de la vérité, le silence et l'incompréhension qui faisaient plus de mal qu'une vérité d'apparence trop dure pour une fillette de son âge.

Quand elle avait quinze ans, comme un curieux cadeau d'anniversaire, ses parents lui ont enfin parlé. Lui ont enfin dit, révélé une vérité qu'elle avait cessé de quémander, par la force de la lassitude. Ils lui ont expliqué, tout, presque tout, le père de Jamal, sa violence, ses trafics, l'argent sale qu'il brassait et le danger qu'il représentait pour sa famille, sa femme trop douce, son fils trop jeune. Ils lui ont expliqué, et enfin Nejma a compris pourquoi ils avaient tout fait pour la tenir éloignée de cette vérité, la gamine qui, à l'époque, n'avait entendu guère plus que les bruits qui couraient alors au bled, souvent déformés, rarement vérifiés. Mais là, elle a compris. Parce que ça faisait trop mal, beaucoup trop mal, que d'entendre que l'une des personnes qu'elle avait le plus aimé dans cette vie vouée à se consumer trop vite avait pareillement souffert, sans qu'elle en ait la moindre idée. Sans qu'elle ait la moindre idée d'où il pouvait bien se trouver à l'heure actuelle.

P't-être en vie, p't-être enseveli six pieds sous terre. P't-être encore en Arabie Saoudite, p't-être à l'autre bout du monde. P't-être heureux p't-être malheureux, p't-être mieux que son père, p't-être suivant les pas du géniteur. Les questions qui la hantent depuis huit ans qu'elle sait la vérité, les questions qui reviennent danser une cruelle valse à son esprit dès lors qu'elle a un peu trop de temps devant elle, ce temps qu'elle passe pourtant son temps à fuir, ce temps qui la met face à ce qu'il serait plus simple de juste oublier, sans échappatoire possible. Mais elle y pense un peu trop, depuis un an qu'elle est seule face au monde, un an, c'en était l'anniversaire y a quatre jours, et c'est comme ça que tout a commencé. À trop penser.

Elle savait pas où chercher, Nejma. Rechercher une personne dans le monde entier, sur un panel de sept milliards d'êtres humains, revenait à pire, tellement pire, que de simplement chercher une aiguille dans une botte de foin. Elle avait donc commencé avec ce qu'elle avait. Là où elle l'avait rencontré, toujours connu, vu pour la dernière fois. Leur ville natale. Oh, elle n'était pas rentrée, bien évidemment que non, il ne fallait pas pousser le vice. Ne pas risquer de revoir ses parents, surtout pas, la curieuse absence de désir de se faire lapider à la vue de son corps trop dévêtu, tatoué. Elle avait envie de le retrouver, Jamal, mais certains sacrifices n'étaient simplement pas envisageables. Alors elle avait téléphoné à ses parents. N'était pas parvenu à entrer en contact avec la mère de son ami de toujours, mais avait réussi à leur faire cracher qu'il avait été mis dans un avion pour les États-Unis seize ans plus tôt pour aller vivre chez un oncle, était même parvenue à obtenir l'adresse de ce dernier, l'absence de danger qu'elle représentait et son attachement bien connu pour le garçon ayant probablement joués en sa faveur.

Coup de chance, elle se trouvait déjà sur le continent américain. Deuxième coup de chance, la famille n'avait pas déménagé depuis lors. Elle s'était donc présentée à leur porte de manière pour le moins incongrue, armée d'un rare cliché d'enfance les représentants côte à côte, souriants, pour preuve de sa bonne foi. Et une esquisse de confiance gagnée de ceux qui auront finalement élevé le petit Saoudien, l'esquisse de confiance pas suffisante cependant, car même eux ont été incapables de lui dire où se trouve aujourd'hui Jamal. Ou Jax, comme faut l'appeler ici, mais elle a la tête dure Nejma, et la nouvelle appellation qui refuse de rentrer. Paraît qu'il est parti du foyer y a longtemps, trop longtemps le jeune homme. Paraît aussi qu'il est nomade lui aussi, bouge pas mal, puis qu'il donne peu de nouvelles. Paraît beaucoup de choses qui risquaient pas de lui faciliter la tâche, et la jeune femme qui a pris la route de son dernier lieu de résidence connu, faute de mieux. C'est pas comme si elle avait une meilleure solution sous la main, de toute façon.

Tout s’était alors enchaîné très vite, et très lentement à la fois. Vite, parce qu’elle passait son temps sur les routes, à courir à droite à gauche, demander à tout le monde et personne, à n’importe qui s’ils connaissaient un Jax, p’t-être un Jamal, s’ils savaient ce qu’il était devenu, où il était passé. Lentement, parce que les recherches n’avançaient pas toujours à la vitesse qu’elle aurait souhaitée, il lui arrivait parfois de passer des semaines sans progresser, puis elle rencontrait cinquante personnes par jour sans être même sûre que la moitié lui disaient la vérité, peut-être qu’ils le planquaient, elle en savait trop rien.
Puis y avait eu le miracle. Crescent Heights, une ville marquée de son sceau, de son empreinte, quelqu’un qui avait enfin su prononcer les mots qu’elle s’était mis à désespérer d’entendre un jour : « Jax ? Ouais, j’peux te montrer où il habite si tu veux ».

Et la voilà enfin, aujourd’hui, sous la grisaille, au pied de cet immeuble. Elle avait bien failli abandonner les recherches. Plus d’une fois, elle avait failli. Mais elle avait pas. Et elle s’en félicite, tandis que coure son doigt manucuré sur la liste de noms de l’interphone. Enfin, la liste… la moitié d’entre eux manquent à l’appel, et y a ni Abalhadj, ni Absallah pour attirer le bout de son doigt. Alors elle enfonce tous les boutons, tant pis, se disant qu’y en aura bien un pour lui ouvrir. Et ça ne manque pas. La technique de casse-couilles professionnelle qui a fonctionné à ravir, elle pousse la porte et s’engouffre dans le hall de l’immeuble, monte les marches quatre à quatre, ralentit un peu à l’approche de l’étage butoir. Comme si elle avait peur. Parce qu’elle a peur Nejma, peur de pas le trouver là, peur de le trouver, de c’qu’elle va trouver. Qu’il veuille pas la voir, parce que c’est sans doute pas pour rien qu’il a pas donné de nouvelles après tout ce temps. Mais elle se dégonflera pas, non, pas après tout ça. Elle se dégonfle pas, s’engage plutôt dans le couloir, cherchant l’appartement dont on lui a donné la référence. Le sien. Et, avant de changer d’avis, les trois coups frappés à la porte, assez fort pour qu’on l’entende, pas trop pour ne pas passer pour une brute incivilisée.

Et le battant qui s’ouvre. Elle était pas prête, Nejma, sans doute qu’elle l’aurait jamais été. Elle était pas prête à ça, la mâchoire trop bien tracée, couverte d’une barbe, épaisse ; la silhouette qui la surplombe d’une petite tête, le torse finement dessiné, le corps repeint à l’encre couleur de jais ; le timbre de voix grave, trop grave. Ça devrait pas être permis de tels chocs, le passage sans transition aucune, sans préparation aucune, d’un gamin de huit ans à un homme de vingt-quatre ans. Seize ans passés, le temps qui heurte le palpitant un peu trop fort. Elle le sonde Nejma, le détaille avec attention, sourcils froncés. À la recherche de quelque chose, n’importe quoi, de familier chez cet inconnu. À la recherche de Jamal chez Jax. Et les yeux qui croisent son regard, ce regard trop sombre, depuis toujours ourlé de cils trop longs pour un garçon ; ce regard qu’elle a jamais oublié. Enfin son visage se détend, les sourcils qui reprennent un dessin normal, elle lui en tiendra pas rigueur de pas la remettre, car elle-même l’aurait sans doute pas reconnu si elle l’avait croisé dans la rue aujourd’hui.

- Jamal…

Et le visage qui se fend d’un sourire contenu, le sourire qui transpire pourtant la joie, l’émotion, elle peut pas se résoudre à l’appeler Jax, ah ça non, c’est trop lui en demander. C’est trop, après tout ce temps. Et y a quelques secondes qui filent entre eux, des secondes de reconnaissance, sans doute, la jeune femme qui, n’y tenant plus, fait un pas vers lui, rompt la distance entre eux pour le prendre dans ses bras. Parce qu’elle en a besoin de ce contact, seize ans que son corps le réclame sans qu’elle se résigne à l’écouter.

- Tu m’as tellement manqué.

L’aveu prononcé à demi-mots, l’aveu rare entre ses lèvres, l’aveu qui sonne comme un soupir de soulagement, une bouffée d’air frais marquants le terme de mois entiers de recherche assidue ; l’éclat de rire qui meurt contre sa peau nue lorsqu’elle repense aux trésors d’efforts qu’elle a déployé pour le retrouver. Mais est-ce que cela en valait vraiment la peine ?
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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptySam 30 Déc - 13:45

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Nejma & Jax

La question à peine posée qu’il regarde la jolie poupée qui vient de frapper à sa porte, le Saoudien. Les yeux sombres qui font des allers-retours, des spéculations sur ce qu’il se cache derrière ce lourd manteau et cette grosse écharpe qui la couvre. Elle a l’air mignonne d’une vue d’ensemble, assez pour qu’un soir, bourré ou trop éclaté à la verte qu’il fume en énorme quantité il ait pu la ramener ici, dans son appartement. P’t-être bien qu’elle a juste oublier un truc chez lui depuis ce jour, ou bien peut-être qu’elle est ici en tant que syndicat du bâtiment, ou bien pour faire d’la pub pour un produit qu’elle essaiera de lui vendre trois fois son prix comme tous ces bâtards de charlatan. Il en sait rien mais sourit quand même, l’air goguenard contre sa porte grande ouverte, prêt à entendre ce qu’elle cherche, la rembarrer si elle est vraiment ici en tant que représentante d’une marque ou de cet immeuble qui finira tôt ou tard en ruine.

Les prunelles qui remontent sur le visage de la jolie inconnue, sur ses longs cheveux bruns qui retombent sur les devants de sa veste, il s’arrête sur ses traits gracieux Jamal. Les yeux encore plus sombres que les siens qu’il regarde un instant avec insistance avant de glisser ses iris sur ses lèvres pulpeuse et son teint halé malgré l’hiver américain, pour terminer. Elle lui dit réellement quelque chose cette fille, l’impression de déjà vue qui le tiraille à l’intérieur. Il ne sait pas si ça remonte à des années ou trop récemment. Mais elle ne le laisse pas indifférent à Jax, il la regarde et attend patiemment, jusqu’au déferlement. La chute du palpitant dans son ventre, et les traits qui se durcissent un instant. Le prénom, son prénom le vrai qui sort d’entre ses lippes rougie par le froid, il la fixe, se tend sous ses yeux. Il ne comprend pas tout le garçon. Elle connait comment son blase ? Et il la fixe, l’air le plus sérieux du monde. La –presque- peur au ventre d’avoir raté un truc. Personne connait Jamal ici, pas à Crescent Height. Ici ils n’ont connaissance que de Jax, le mec qui tabasse des gars pour quelques billets. Ici ils n’ont jamais entendu parler de Jamal Abalhadj et encore moins du p’tit Absallah. Il la fixe, croise ses prunelles marron, voit son sourire qui est en train de s’immiscer sur ses lippes, l’émotion qui remplit ses yeux d’étoiles et il cherche à comprendre. Entend en boucle le son de sa voix dans sa tête, la voix timide et pourtant joyeuse. Mais surtout, la voix qui a ce petit quelque chose qui lui rappelle de vieux souvenir, les syllabes prononcées avec ce quelque chose qu’il aurait presque fini par oublier avec le temps si ce n’était pas encré en lui depuis le début de sa vie.

Elle fond dans ses bras la jolie gamine, elle vient se perdre contre son torse et il se raidit en sentant son corps, ses petits bras mince se refermer autour de lui. Il grincerait presque des dents, frustré de ne pas comprendre alors que dans sa tête c’est un affreux bordel qui se joue, se répète. Il cherche à savoir, il sait qu’il la connait, c’est certain. Car il y a des choses qui ne trompent pas. Et y’a cette nouvelle phrase qu’elle susurre, cette nouvelle phrase qui achève peut-être l'incertitude, le mirage qui plane au-dessus de la tête de cette fille qui s’évapore et rend le doute un peu moins trouble. Il arrête de respirer un instant Jax, les yeux qui s’écarquillent au-dessus de sa tête, il regarde cette masse capillaire qu’il frôle de son menton, cet accent du pays qu’il a quitté y’a seize ans déjà. Et cette demoiselle, ayant environs le même âge que lui, les traits du visage gracieux, comme ceux de la seule personne qu’il connait. Et il la revoit, beaucoup plus petite, beaucoup plus jeune et les traits juvéniles. La petite fille de son enfance, celle avec qui il passait le plus clair de son temps avant qu’il ne s’envole vers le pays du drapeau aux cinquante étoiles. Il est pas certain Jax, mais il voit qu’ça. Y’a pas énormément de chance pour que ça soit elle, voir presque zéro, mais peut-être quand même une infime pour qu’il tombe en plein dans le mile. Alors il tente, peu certains, la voix rauque la faute à son mutisme des dernières secondes.

« Nejma … ? »

Il lui laisse pas l’temps, pas le temps pour attendre sa réponse. Et les mains qui viennent se poser contre les bras de la demoiselle, l’écarte de lui pour mieux la toiser. Il sonde tout le garçon, d’un nouvel œil. Pas celui d’un homme vers une femme charmante, mais du p’tit Jamal envers sa sœur d’une autre mère. Celle qu’il a perdue de vue contre son plein gré. Il pouvait pas savoir Jamal qu’il partait à tout jamais, il pouvait pas savoir son nom de famille à la perfection quand il ne l’avait qu’entendu et jamais écrit de lui-même. Puis, putain. Y’a l’océan qui doit les séparer normalement, des continents, une vie totalement différente et il comprend pas ce qu’elle fout là. Les grandes paluches qui glissent jusque sur ses épaules, d’un air pas certain, il sait même pas ce qu’il fait mais il la regarde un instant droit dans les yeux avant de l’attirer de nouveau contre lui, à l’aide d’un unique bras qu’il passe autour de sa nuque. L’accolade peu délicate, l’homme qui n’sait pas s’y prendre mais qui agit sans réfléchir pour autant. La tête qui s’appuie un instant contre son cuir chevelu avant de reprendre le contrôle, de la lâcher et la regarder les sourcils froncés.

« Tu fous quoi ici putain ? T’es pas censé être là-bas ? »

Là-bas, qu’il appelle sa terre de naissance, l’enfer si il pouvait réellement mettre un mot dessus, mais non. Il le fait pas, par respect pour elle. Car c’est peut-être pas si merdique l’Arabie Saoudite quand on mène une vie lambda, quand notre père est pas un putain de bâtard.  

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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyDim 31 Déc - 11:07

Or maybe all her friends have told her don't get closer

Nejma & Jax

Il lui a manqué. C’est la vérité, les mensonges c’est pas ce qu’elle a pour coutume de laisser rouler sur sa langue, ou alors pour se dépatouiller des autres, les faussetés blessantes qui valent parfois mieux qu’une vérité un peu trop sincère, un peu trop honnête, tout pour limiter l’attachement. Mais pas là. Il lui a manqué Jamal, surtout les premières années, la gamine trop jeune pour comprendre qui s’était vue arracher sa moitié, sans comprendre. Il lui a manqué, ces derniers mois aussi, la solitude asphyxiante qui n’avait pas tardé à le faire rejaillir à ses pensées. Hanter son petit cerveau fatigué, se rappeler à son bon souvenir, et le doute, la flopée de questions sans réponses qui avaient surgi dans la foulée. Où était-il ? Était-il encore seulement en vie ? Comment allait-il aujourd’hui, avait-il tant changé que cela, ou pas du tout ? Avait-il au moins autant envie de la revoir qu’elle en avait envie ? Et elle avait placé tant d’espoir dans ces possibles, difficiles retrouvailles, qu’il n’avait depuis lors plus jamais cessé de lui manquer.

Il n’avait jamais cessé de lui manquer, et enfin elle pouvait le sentir contre lui, physique, palpable. Le dos masculin, le dos d’homme qu’elle sent sous ses doigts rendus froids par le vent hivernal, le dos d’homme auquel elle se raccroche et qui se raidit, c’est son corps tout entier qu’elle sent se raidir entre ses bras, mais elle bouge pas. Elle se décolle pas d’un pouce, parce que ça fait un an qu’elle est seule Nejma, les brèves relations faites et sitôt défaites de temps à autre, mais au-delà de ça un an qu’elle est seule et le besoin de ces contacts, de renouer physiquement avec ce frère d’une autre mère depuis trop longtemps perdu. Et sa voix, rauque, qu’elle entend prononcer son prénom, enfin. Elle doutait un peu la jeune femme, commençait à se demander s’il finirait par la reconnaître ou non, s’ils devraient se livrer à un échange embarrassant du type « mais tu es qui, toi, Nahuda, pour venir frapper à ma porte ? ». Mais non. Il aura fini par la reconnaître comme elle l’a reconnu, et le petit sourire soulagé qui se trace sur ses lèvres, ça lui aura un peu trop manqué d’entendre son prénom de sa bouche, même si sa voix a changé, bien mûri depuis la dernière fois, y a ce petit quelque chose qui change pas, l’accent du pays peut-être, qui change pas, qui s’oublie pas.

Elle a même pas le temps de répondre la demoiselle que déjà elle sent ses mains agripper fermement ses bras, l’écarter vivement, le regard sombre qu’elle sent peser sur elle. Il est brusque le jeune homme, plus que dans ses souvenirs, forcément, elle sait pas à quoi elle s’attendait mais il fallait être bien bête pour s’imaginer retrouver le petit garçon parti il y a seize ans. Il est brusque et elle ça la surprend un peu, la force de ses opalescences posées sur elle, qu’elle sent parcourir son visage, glisser sur ses traits avec un empressement presque panique. Et elle sait plus quoi dire tout d’un coup la gamine saoudienne, tout va très vite et le silence qui s’installe entre eux, un silence dont ils ont finalement besoin, peut-être, car les mots sont parfois de trop lorsqu’on ne s’est pas vu depuis si longtemps.

Et, soudainement, ses grandes mains qui remontent sur ses épaules, les regards qui se rencontrent, se dévisagent en chiens de faïence, le cœur qui cesse un instant de faire son taff, parce que ça fait seize ans qu’elle les a pas croisés de la sorte ces yeux bruns, qu’ils ont pas pris le temps de se regarder, que seize ans c’est long, trop long, c’est le temps de s’oublier et d’oublier cette sensation d’une âme qui vous correspond comme un frère à une sœur, ça ferait presque mal de la retrouver cette sensation. Ça ferait presque mal, et son bras qu’elle sent se refermer derrière sa nuque, l’attirer contre lui, maladroitement. Elle a un pied qui décolle du sol Nejma, la faute à la force surprenante du brun, la faute à la surprise, aussi, heureusement qu’elle a l’autre pied bien ancré sur le revêtement bon marché de ce couloir d’immeuble pour pas s’envoler. Et le poids de son crâne qu’elle sent peser sur son cuir chevelu, un instant, juste avant qu’il ne l’écarte de nouveau, la fixe, sourcils froncés, pose la question qu’elle redoutait et attendait à la fois.

- C’est une longue histoire, j’voulais juste retrouver un ami d’enfance que j’regrette un peu trop d’avoir laissé filer.

Les opalescences qui s’attardent sur lui, dans les siennes, les lèvres qu’elle pince un peu sur cette information dévoilée sans vraiment l’être, avant d’ajouter :

- Mais nan, ça fait un moment que j’y ai pas mis les pieds. Pas aussi longtemps que toi, hein, mais bien cinq ans…

Et le regard de la brune qui se risque à l’intérieur de l’appartement, jette un œil à ce qu’elle peut voir de la porte ouverte, demande, l’air de rien :

- Ben alors, tu me proposes pas d’entrer ?

Et sans attendre son autorisation, la jeune femme qui glisse sa silhouette fine entre le cadre de la porte et le corps de Jax, s’invite à l’intérieur du logement. Elle évolue dans la première pièce qu’elle trouve, le salon, tourne un peu sur elle-même, les prunelles qui s’attardent où elles peuvent, s’efforcent d’en apprendre davantage sur l’homme qu’est devenu son ami, du mieux qu’elle peut. Et le canapé sur lequel elle se laisse tomber en soupirant, glissant ses doigts fins dans ses longues mèches sombres.

- T’imagines même pas le mal que j’ai eu à te retrouver !

La tête qu’elle tourne alors légèrement, braquant sur lui ses iris bruns, sans trop savoir s’il compte lui répondre ou la mettre à la porte.
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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyLun 1 Jan - 14:25

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Nejma & Jax

Il l’observe, les bras toujours posé contre ses frêles épaules. Il la sonde en s’disant qu’il est bien con de pas l’avoir reconnu directement. Elle a pas tellement changé quand on lui porte un peu d’attention Nejma. Le visage toujours aussi rond qu’à l’enfance, les prunelles en amande dont la couleur se rapproche plus du noir de jais que du marron. Le regard sombre mais pourtant tendre. Elle est douce Nejma, elle porte un regard attendri sur lui, son ami. Elle a les prunelles qui lui rappelle les seules bons moments dans son passé. Lui rappelle ce que ça fait d’être un enfant, et être soulagé de ne pas être cloitré à la maison, dans une forteresse où on se sent en danger. Nejma, elle lui rappelle aussi les derniers moments passés au pays. Car c’est chez elle qu’il les as passés les dernières semaines en Arabie Saoudite. Presque un mois collé à elle et sa mère. Un petit mois avant qu’il ne prenne l’avion pour les Etats-Unis, et ensuite, s’en était fini. Bim, seize ans plus tard, elle est là, toque à sa porte et avoue sans honte qu’elle est là pour lui. Il ricane l’ancien gosse, bouge nonchalamment sa tête de gauche à droite, les mains qui glissent le long de ses épaules, sur ses bras, lui redonnant sa liberté.

« J’imaginais bien qu’un jour tu taperais à ma porte … J’étais vraiment l’ami à ne pas perdre hein… Fallait bien que ça arrive, que mon passé me suive. »

Le rire cynique, la main qui vient se perdre un instant à l’arrière de sa propre tête et gratter une seconde, sa nuque dégagé avant d’hausser les épaules. Mais oui bien sûr, l’ami parfait… L’ami qui n’a jamais réussi à prendre de ses nouvelles à la petite Saoudienne; l’ami qui n’a jamais réussi à retrouver son nom de famille par lui-même. Il aurait pu demander, il aurait pu faire des recherches si il l’avait demandé mais non. C’est pas digne de Jax de demander de l’aide, il fait pas ça ce mec. Il préfère rester dans le trouble plutôt que de demander les choses. Il est un peu con sur les bords Jax, l’arrogance, la fierté qui suinte par tous les pores de son corps. Et il y a la suite qui vient, la petite voix féminine mais grave de la demoiselle qui s’élève dans le couloir, lui répond qu’elle n’est plus au bled depuis cinq ans déjà, pas aussi longtemps que lui, mais un lapse de temps important quand même. Un euphémisme que de réfléchir, calculer le nombre d’année qu’il a passé loin de sa terre de naissance l’ancien prince de Rhyad. La terre de feu qu’il ne veut plus jamais voir, le nom qu’il ne veut même pas prononcé. Il est traumatisé le jeune Absallah, le grand Abalhadj. Il a toujours le gout amer de ce pays désertique où les droits sont bafoués, certaines femmes bien trop maltraités. Il n‘aime pas la réputation qui lui colle à la peau d’être un arabe. Il voue une haine indescriptible à cet endroit, à un rien pendant l’adolescence de rejoindre l’armée de terre et dégommer des gens là-bas.

« Ouais, ça fait un moment j’suis pas allé là-bas, seize ans en fait. »

L’affirmation, le temps qui coule et qui continuera de couler jusqu’à l’éternité. Il n’y remettra jamais les pieds. Pas demain ni les jours suivants. C’est fini, plus jamais qu’il s’est juré en grandissant, en comprenant ce qu’il s’était réellement passé là-bas toutes ces années. Il est marqué le gosse, des striures à tout jamais gravé dans sa peau basané. Il est loin Jax, perdu dans ses pensées, dans ce raz-de-marée de vieux souvenirs qu’elle lui rappelle sans le vouloir. Il remarque pas, mais elle a le regard curieux Nejma, les yeux qui vont se river au-dessus de son épaule, tout droit dans son appartement et elle lui demande si il compte un jour l’inviter. Il va le faire, il ouvre la bouche pour le faire. Mais sans attendre une autorisation, ni une invitation elle s’invite, entre comme si il avait déjà dit oui. Et il cligne des yeux le garçon, fronce légèrement les sourcils un peu étonné par cet audace qu’il ne peut pas lui connaitre, la faute à ses années passé à des milliers de kilomètre l’un de l’autre, aux années et la maturité qu’ils ont pris. Il la connait sans la connaitre, et s’étonne de ce caractère fougueux qu’il lui découvre.

Il ferme la porte derrière eux Jamal, la regarde s’avancer dans son appartement, à taton. Avant de s’installer sur son canapé là où un peu moins de cinq minutes plus tôt il été lui-même affalé, prêt à manger. Il a même plus faim le garçon, l’appétit coupé par cette arrivé brusque et il la fixe, elle assise, lui debout. La petite brune qui passe ses longs doigts dans ses boucles en lui disant d’un air presque boudeur qu’elle a mis du temps à le trouver. Et il ricane, croise ses bras tatoué contre son torse. Pas vraiment étonné qu’elle ait eu du mal, sans quoi il serait bien irrité d’avoir déployé tant d’effort à devenir invisible depuis des années si il est si vite traçable dans la grande ville.

« Ouais, j'te crois tinquiète. En sachant que plus personne m’appelle Jamal, ni Absallah... T’as fait comment pour me retrouver du coup ? »

Il est curieux Jax, curieux de savoir comment elle l’a retrouvé pour mieux se cacher la prochaine fois. Y’a personne qui doit le retrouver, savoir qui il est réellement. Personne qui doit entendre son vrai nom, surtout pas son nom. Tout mais pas ça, les Absallah et les magouilles aux quatre coins du monde, les réseaux qui n’ont jamais cessé de vivre après l’emprisonnement du daron. Non, Jax il est pas dans tout ça, il veut pas faire partit de cette mafia-là. Alors il se cantonne à la vie des Abalhadj, ne faire partit de rien du tout, tout monté de ses propres mains.

« T’es à Crescent Heights depuis longtemps ? »

Le garçon qui s’avance pour venir s’asseoir à son tour sur le canapé, entendre ce qu’elle a, à lui raconter. Le garçon qui s’arrête dans ses pas en voyant la brune fixer son torse, son derme dénudé, les tatouages pour simple habit, pendant qu’elle croule sous les réelles couches de vêtements. Et il rebrousse chemin, pas un brin timide pour sa nudité mais pas non plus irrespectueux envers cette fille qui vient de la terre sainte des Musulmans.

« J’vais enfiler un truc, j’reviens. »

Le signe de tête qu’il lui adresse en quittant la pièce, ne la regagnant qu’une fois après avoir mis un pull. La pièce qu’il retrouve silencieuse, une Nejma déjà debout de nouveau, arpentant son deux pièces, beaucoup trop curieuse. Et il s'approche, doucement, le vile serpent qui glisse jusqu'au dos de sa proie en glissant doucement à son oreille :

« Tu cherches quelques chose ? Un diamant p-t’être ? »


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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyMar 2 Jan - 5:58

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Nejma & Jax

Il se fait curieux le jeune homme, les explications qu’il demande tout logiquement, il en a le droit, et ça l’étonne même pas Nejma. Ça l’étonne pas de le voir si avide de savoir comment diable elle a pu le retrouver, ça l’étonne pas quand, des mois durant, elle a pu constater les efforts qu’il a déployés pour effacer Jamal Absallah de la surface de la Terre. Effacé et pourtant bien présent devant elle, physique, palpable, si elle le souhaite, si elle se lève pour rompre la maigre distance les séparant. Mais Jamal c’est comme s’il était mort, il lui apprend que plus personne ne l’appelle de la sorte et pourtant elle elle peut pas se résoudre à l’appeler Jax. Pas encore, pas déjà. Pas tant qu’il lui aura demandé d’arrêter avec ce prénom à la con, ce prénom depuis toujours si cher à son cœur. Alors elle soupire la petite brune, baisse les yeux vers ses mains qu’elle a coincées entre ses genoux, tente de remettre de l’ordre dans ses idées. Trouver quoi dire exactement, la vérité sans digressions aucune, passer trente minutes à lui conter son périple c’est pas le scénario. Parce qu’elle aussi elle a des questions à poser. Des réponses en attente.

- J’te passe les détails hein, le but c’est pas qu’des cheveux blancs nous aient poussé à la fin de mon histoire, qu’elle lâche, le ricanement au fond de la voix. Mais j’ai commencé par appeler à la maison.

Nouveau ricanement. La terre brûlée par l’astre doré qu’elle ne considère plus comme son foyer depuis longtemps, parce qu’elle s’y sentirait plus la bienvenue, tout imprégnée qu’elle est désormais de l’Occident, sa culture prohibée de par chez elle. Elle a plus de maison Nejma, sa maison c’est partout et nulle part à la fois, partout où on laisse un semblant de place aux femmes, partout où on peut se promener les cheveux au vent sans craindre les réprimandes, partout où est levée la cloche en verre posée sur elle dès sa naissance.

- J’ai eu mes parents…, qu’elle ajoute, doucement, s’interrompant de nouveau.

Elle a eu ses parents mais a pas réussi à joindre la mère de Jamal, et ça elle le tait. Pour le préserver, sans doute, éviter les questions, peut-être, car elle sait rien la demoiselle, sait pas si elle lui a pas parlé parce qu’elle pouvait pas ou parce qu’elle voulait pas.

- Ça a été compliqué, mais j’ai réussi à obtenir d’eux ton adresse. Enfin non, celle de ton oncle, celui chez qui t’a été envoyé après ton départ. J’étais déjà aux États-Unis à ce moment-là, donc j’ai pu me rendre chez lui. C’est un homme très gentil, d’ailleurs. Très bon. Tes cousins et tes cousines sont sympas aussi, enfin, j’t’apprends rien. On a beaucoup parlé, il m’a donné la dernière adresse qu’il avait de toi. ‘Fin c’était même pas une adresse mais une ville en fait, qui s’est avérée être à l’exact opposé de Crescent Heights, mais bref. Tu sais te planquer, hein, quand tu veux…

Et y a le petit sourire qui éclot sur ses lèvres, le sourire un peu triste, le sourire de celle qui a pas toutes les clés en main, le puzzle dont les pièces manquantes sont plus nombreuses que celles déjà en place. Le sourire de celle qui a un peu d’espoir, aussi, car un jour il lui dira, un jour il lui parlera, elle le sait, elle l’espère, parce qu’il doit bien rester quelque chose de cette amitié juvénile.

- Et après, tout le reste des recherches se ressemble un peu. J’arrivais dans une ville où t’avais été vu mais t’étais déjà plus là, alors j’demandais des infos à toutes les personnes que je trouvais, jusqu’à c’qu’on me donne le nom d’une autre destination, puisqu’apparemment t’étais pas là. Puis y a eu Crescent Heights. J’y croyais plus quand on m’a dit que t’y étais bien dans cette ville, qu’on a même pu me filer ton adresse. J’y croyais plus.

Y a un éclat de rire, presque euphorique, qui jaillit des lippes pulpeuses, témoignage vibrant d’une perte d’espoir trop souvent expérimentée au cours des derniers mois, une perte d’espoir qu’elle s’efforce de taire tant que possible.

- Tous les jours se ressemblaient mais ça a duré des mois. Des mois. J’sais pas si t’aurais pu mieux te cacher, Jamal…

Les prunelles sombres qui se relèvent enfin vers lui sur ces derniers mots, la jeune femme qui prend une petite inspiration à l’entente d’une nouvelle question, pense à sa voiture arrêtée au pied de l’immeuble, les bagages entassés dans l’étroit coffre, SDF tu es Nejma, jusqu’à nouvel ordre, nomade en cavale depuis des années peut-être enfin parvenue à destination.

- Non,  du tout ! J’ai passé la nuit dans un motel à quelques bornes d’ici, j’viens d’arriver. Et toi alors, ça fait combien de temps que tu te caches ici ?

Elle se fait curieuse la Saoudienne, elle aussi, première question d’une longue liste qui se rédige dans sa tête depuis des mois, des années. Elle le voit s’avancer vers lui, les yeux toujours portés sur lui qui glissent sur son corps un peu trop dénudé, c’est naturel, c’est le genre de choses qui se contrôlent pas, et direct il rebrousse chemin le jeune homme, avec pour excuse d’aller se changer. Et elle le laisse filer Nejma, elle va non plus le retenir dans son propre appartement, lance dans son dos un taquin :

- Va donc, faudrait pas non plus qu’tu t’enrhumes mon grand !

Seule dans le salon. C’est ainsi qu’elle se retrouve, les mains toujours serrées entre ses genoux, la température corporelle qui commence à monter un peu trop du fait de sa tenue, peu adaptée à l’intérieur. Alors elle tire sur un pan de son écharpe, la déroule lentement, se déleste de sa veste, pose le tout, soigneusement pliés en deux, sur l’accoudoir du canapé. Elle se sent déjà mieux ainsi, dans son jean trop serré et son pull trop grand, plus libre de ses mouvements, un peu plus à sa place dans ce décor. Elle se sent mieux et Jamal qui ne revient pas, elle ricane en l’imaginant, coquet, passer trois plombes devant sa penderie, le bout de l’index coincé entre les lèvres face au choix cornélien d’un vêtement pouvant s’accorder avec son bas de survêtement. Ça colle pas du tout, bien évidemment, et c’est ce qui la fait marrer tandis qu’elle se relève, les pieds qui foulent déjà le sol du salon, à la recherche de quelque chose, peut-être, de rien du tout, sûrement, mais elle s’occupe comme elle peut Nejma, curieuse Nejma, et le souffle chaud qu’elle sent caresser son oreille, la voix douce qui susurre contre ses tympans. Elle sursaute la demoiselle, le cri de surprise qu’elle réprime de justesse, manquerait plus qu’elle passe pour une poulette aisément impressionnable, et se tourne lentement vers lui, s’appuyant contre le placard, un parmi tant d’autres dans cette pièce, qu’elle inspectait sans oser l’ouvrir.

- Ouais, et si tu veux mon avis tu pourrais quand même mieux le cacher, le balancer au fond d’une boîte dans le premier placard venu c’est pas non plus super malin…

Elle relève les yeux vers lui Nejma, battrait presque des cils, le regard innocent – à juste titre, elle a rien fait la princesse d’Orient – , le jeu de biche effarouchée qui ne dure pas, le regard qui ne tarde pas à se durcir, les bras qui viennent se croiser sur sa poitrine.

- Alors, tu comptes m’expliquer ton départ ? Pourquoi tu t’évertues si bien à fuir, à te planquer ? Tu m’parlais de diamant, et là-bas les seules explications que j’ai jamais obtenues c’était les trafics de ton père… Mais j’veux pas croire que ça tienne qu’à ça.
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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyMer 3 Jan - 2:51

When i say that i can't do it no more, she's back in my door

Nejma & Jax

Le trop pleins d’informations, toutes les réponses qu’il lui a demandé qu’il stock petit à petit dans sa tête, remplie les trous manquants de l’énigme Nejma à Crescent Heights. Le cœur qui rate un battement en entendant qu’elle a appelé là-bas pour commencer son enquête . Le visage qui deviendrait presque blême en imaginant qu’elle ait pu avoir des informations, des nouvelles de sa mère que lui-même n’a plus eu depuis son arrivé en Outre Atlantique. L’idée qu’il chasse bien vite de sa tête pour reprendre son air dur, opinant de la tête pour la faire continuer de parler. Et elle continue son récit, le rendant dramatique. Le garçon qui s’en voudrait presque d’avoir été introuvable, rayée d’la carte. Mais non, il aime ça, être un fantôme dans ce monde. Alors, il hausse les épaules devant la petite brune qui lui jure qu’il n’aurait pas pu mieux faire pour se cacher.
Si, surement qu’il aurait pu.

« J’suis à Crescent Heights depuis un bout de temps et au fait, si j’étais si bien caché, t’aurais pas pu m’retrouver tout court Nejma, oublie pas ça. »

Seule réponse qu’il lui accordera tout de suite, avant de lui tourner le dos. Toutes les raisons sont bonnes pour échapper aux questions qu’il veut laisser sans réponse le Saoudien. Il s’en fuit le roi des emmerdes. Il prend pour excuses de devoir enfiler un vêtement pour ne pas répondre à une déferlante de point interrogation qu’elle glisse à pas de chat dans la conversation. Il rebrousse chemin Jax, les mains qui viennent se perdre dans les poches de son survêtement, il se rend dans sa chambre, ferme la porte derrière lui et soupire un long coup. Il réfléchit un instant à quoi faire le tatoué. Etre sincère ou éluder comme toujours l’interrogatoire qui arrive à grand pas ? Il ouvre rapidement une des portes de son armoire Jamal, regarde à l’intérieur et attrape le premier sweat qui lui vient entre les mains, sans trop chercher à comprendre. Y’a des choses plus importantes qui l’attende dans le salon. Une personne qu’il n’a pas vue depuis bien longtemps, une personne qui a pris du temps pour le retrouver, qu’a mis la masse de volonté pour retracer son chemin sur la carte américaine.

Il laisse glisser sur son lit la serviette qui trainait autour de ses épaules dénudé pour enfiler ce pull à peine sorti du placard. Et il se regarde un instant dans la glace Jax. Les cheveux en bataille sur le dessus, rasé de beaucoup trop près sur les côtés. Il fixe son reflet, sa barbe de plusieurs jours en se disant qu’il a bien changé en seize ans, surement plus qu’elle. Nejma et la masse capillaire toujours aussi danse, Nejma qui respire dans son appartement, actuellement. Nejma qu’il est content de voir mais … Y’a ce truc, cette gêne dans l’estomac. Il est pas serein Jax. Pas certains de comprendre pourquoi seize ans après y’a son passé qui se pointe à sa porte, pourquoi elle est réellement la princesse des terres de sable ? Elle peut pas être là que pour lui, pour sa sale gueule qu’elle n’a pas vue depuis un bail. Il n’y croit pas, y’a un truc derrière cette venue, il en est certain.

Le garçon méfiant qui quitte sa chambre pour revenir au salon, découvre la brune de dos, un peu moins vêtue qu’en arrivant. La veste et l’écharpe en moins qu’il voit poser sur le canapé, elle qui regarde une étagère, s’approche d’un placard sans y toucher. Et il oublie toute la méfiance qui coulait dans ses veines dans sa chambre. Se dirige vers la poupée aux voluptés ensorcelantes cachées sous son pull trop large. Il se hisse jusqu’à elle, le torse qui frôle à peine son dos pour lui dire quelque chose à l’oreille, la prendre faussement sur le fait accompli d’une trop grande curiosité. Il rit en la voyant à peine sursauter, trop fier de lui, de l’effet qu’il fait en arrivant si subtilement. Il embête la petite gamine qu’il embêtait déjà à l’enfance en lui demandant si elle comptait trouver un diamant. La pierre précieuse que lui-même aimerait trouver dans ses placards, le caillou brillant qu'il revendrait immédiatement si il l'avait réellement en sa possession.

Et enfin, elle se tourne. L’affronte du regard, les paroles brulantes, audacieuse d’une petite curieuse qu’il se prend en plein visage et il sourit, toujours ce p’tit sourire en coin qui le caractérise si bien. Elle ose porter un jugement, s’ose à dire qu’il pourrait mieux cacher ses trésors si il ne veut pas qu’on les trouve. Si elle savait Nejma, si seulement elle savait tout ce que cache cet appartement, si seulement elle avait une idée de ce qu’elle pourrait y trouver réellement.

« C’est souvent dans les endroits les plus évidents qu’les gens vont pas chercher, ça serait trop facile si je le mets sous coffre derrière un tableau. Là il peut être n’importe où, sous le canapé comme sous tes yeux … P-t ’être qu’actuellement j’le vois et pas toi hein… »

Il pourrait jouer longtemps à ce jeu-là Jax, pourrait tourner autour d’un sujet qu’il invente au fur et à mesure pendant des heures durant, juste pour l’embêter un peu, la pousser à peut-être se mettre à chercher sous ses yeux une pierre précieuse qui n’existe pas en ces lieux. Il croit faire face à une enfant Jamal, s’imagine que c’est toujours la petite gosse de sept ans qu’il a sous les yeux. Celle qui rêvait d’aventures, était prête à tout pour grappiller du temps précieux pour jouer, à ses parents. Il s’fourre le doigt dans l’œil Jax il voit bien que sa petite mascarade dure pas, que la poupée à la peau mate prend un air bien plus sérieux sous ses yeux ; les bras qu’elle vient croiser sous sa poitrine, les questions qui le saoule déjà rien qu’à les entendre. Il arque un sourcil le mauvais garçon, lui tourne de nouveau le dos pour aller s’avachir dans son canapé, un bras sur l’accoudoir ; l’autre sur le dossier.

« J’me cache pas, j’porte le nom de famille de mon oncle qui m’a élevé. J’allais pas garder le nom de mon très cher père hein ? Comme t’as l’air d’être au courant, j’allais pas rester un Absallah et vivre dans l’ombre d’un nom connu pour avoir la pire mafia d’orient dans l’monde. »

Il crache son venin en butant sur le mot père, sur le nom de famille qu’il a été forcé d’abandonner pour son bien-être. Les mots durs qu’il balance avec trop facilité alors que le visage se fait ferme. Il la regarde droit dans les yeux, l’éclat noisette de ses yeux dans le marron chaud des siens à elle. Il se rembrunit à vue d’œil, souffle un coup en voyant qu’elle n’est pas satisfaite, il manque des réponses à ses questions, faut donner un peu plus de soi, chose qu’il n’aime pas faire.

« J’sais pas à quoi ça tient Nejma. J’sais rien de lui, j’sais rien de ce qu’il se passe là-bas. On m’a juste dit de pas crier sur tous les toits mon vrai nom de famille quand j’étais gosse et j’ai appliqué la règle. Déjà qu’j’étais en trop dans cette baraque j’allais pas en plus, pas suivre ce qu’on m’disait de faire. »

Il arrête de parler un instant, pour qu’elle assimile bien chaque mot qu’il s’évertue à lâcher d’un air confiant, le menteur qui applique ses propres règles, dissimule au maximum le plus d’information qu’il sait de lui-même, de son passé. Il sait le comment du pourquoi, il sait pas exactement mais a des bribes de son histoire, a ses propres raisons d’avoir tant bougées ces dernières années, mais n’a pas envie de les dévoiler.

« On m’a juste envoyé ici pour pas vivre dans la merde qu’à foutu le chef au pays, c’est tout. »

Le chef qu’il l’appelle, bien trop dégouté de cet homme qui lui a fait voir le jour pour utiliser une seconde fois le terme de papa pour parler de lui dans la même journée. Il mérite pas c’batard, il ne mérite pas qu’on le désigne autrement que par chef. Il aura été bon qu’à ça cet homme, être un boss, jusqu’à qu’il ne finisse en taule.

« Du coup maintenant que tu m’as retrouvé, que t’as tes réponses tu comptes faire quoi ? Rester ici ? Me coller comme la petite sangsue que t’étais déjà avant ? »

Il hausse les sourcils le garçon, fin prêt à déjà l’entendre attaquer en retour. Et il sourit, l’air plus détendu lorsque la conversation ne tourne pas autour de lui, passant une main sur sa barbe rugueuse, l’air un peu plus sérieux.

« Tu comptes vivres indéfiniment dans un motel … ? C’est pas serein pour une petite musulmane ça … »

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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyMer 3 Jan - 15:08

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Nejma & Jax

Il marque un point le basané, met le doigt sur une vérité à laquelle elle n’aurait pas pensé d’elle-même, la faute à son manque d’expérience en la matière, la faute au regard innocent qu’elle porte encore sur les affaires louches, les magouilles sous-jacentes de ce monde. Elle connaît, un peu, il trempait vaguement là-dedans Isaac, mais pas suffisamment pour qu’elle en acquiert les fondements, loin de là. Isaac c’était un gentil en comparaison, un gamin armé d’une épée de bois là où Jax est un homme, un vrai, qui se bat à balles réelles. Mais ça elle le sait pas Nejma, elle en a pas la moindre idée, et c’est sans se douter de la vérité qu’elle lui répond, les prunelles sombres roulant dans leurs orbites :

- Excusez-moi Monsieur l’expert… J’vois que tu t’y connais pas mal dans ce domaine.

Et elle arque un sourcil, curieuse, la question suggérée, la question éludée, une fois de plus, par le Saoudien. Elle retient un soupir Nejma, la patience grande et pourtant pas inépuisable, enchaîne sur une autre question, une qui l’intéresse bien plus, pour le coup, une à laquelle il a intérêt à répondre. Et elle serre les dents la p’tite brune en le voyant s’éloigner, s’attend déjà à une nouvelle réponse avortée, un changement peu habile de sujet ou à c’qu’il l’envoie chier, purement et simplement, saoulé par ses questions trop nombreuses. Elles sont nombreuses ses questions, oui, mais légitimes ; et elle estime mériter des réponses, elle estime les mériter lorsqu’il n’a pas donné de nouvelles depuis seize ans, sachant pertinemment, contrairement à elle, où la trouver ; elle estime les mériter lorsqu’elle a passé des mois sur les routes, à la recherche du regard aux éclats noisettes trop longtemps perdu de vue. Elle les mérite. Et sans négociations possibles, elle les obtiendra ces réponses, si c’est pas aujourd’hui ce sera demain, ou dans une semaine, un mois, qu’importe. Elle obtient toujours c’qu’elle veut Nejma, tout sauf une vie à échéance normale, une vie qui ne tiendrait pas qu’aux pilules qu’elle avale tout le long de ses journées.

Pourtant il ouvre la bouche Jamal, avachi sur le canapé, et c’est sa voix profonde qu’elle entend emplir l’appartement. Sa voix profonde qui prétend qu’il se cache pas, ça lui arrache un sourire à Nejma, un sourire amer pour mieux ravaler l’éclat de rire acerbe. Parce qu’il la prend pour une conne, l’ancien frère, clairement. Parce qu’elle aurait pas eu tant de peine à le retrouver s’il se planquait pas, qu’on laisse des traces derrière soi, de vraies traces, des adresses et des numéros de téléphone quand on se cache pas, qu’on est quelqu’un de normal, pas en cavale. Il la prend pour une conne et c’est que le début, mais elle elle dit rien, se contente de l’écouter, silencieuse, le regard rivé sur son visage de menteur, le rictus au bord des lèvres.

Il continue de parler le beau brun, les semis-mensonges, les vérités masquées qu’il égrène au compte-gouttes, elle prend note Nejma, profite de ce qu’il s’exprime lentement pour garder en mémoire le moindre mot, véridique ou pas, qu’importe, elle aura tout le temps de démêler le vrai du faux, plus tard. Et les sourcils bruns qui se froncent lorsqu’il dit avoir été de trop dans le foyer qui l’aura accueilli, le foyer de son oncle, elle peine à y croire la demoiselle lorsque, une poignée de mois plus tôt, elle a elle-même infiltré ce foyer le temps de quelques heures, lorsque son oncle n’a jamais parlé de lui en mal, n’a pas semblé le détester, en a parlé plutôt bien pour quelqu’un qui a vu déserter son neveu du jour au lendemain, il y a bien trop longtemps. Elle peine à y croire, son cerveau qui souligne doublement l’information, c’est à creuser, sans doute, un jour, mais certainement pas aujourd’hui quand elle voit le mal qu’elle a à le faire parler.

Elle s’extirpe elle-même de ses pensées Nejma, histoire de pas perdre une miette de l’histoire, l’ultime phrase qui la fait tiquer, l’ultime phrase balancée comme ça, en l’air, l’impression d’un « contentes-toi de ça et arrête de saouler » sous-jacent, et les lèvres pulpeuses qui se serrent, le regard qui se durcit un peu. Elle a plus envie de rire d’un coup, parce qu’il lui dit pas tout et elle le sait ; pour autant, elle s’en tiendra là pour aujourd’hui, sur ce sujet, tout du moins. Parce qu’elle est pas si bête que ça la brune, elle a bien saisi qu’elle en tirerait pas davantage de lui, pas pour l’instant, mais elle lâche pas l’affaire, la question toujours pas rayée de sa liste, la question qui demeure en suspens tant qu’il ne se décidera pas à se confier vraiment. Elle en reste là, l’absence de réponse qu’elle lui donne, la faute au « c’est ça, prends-moi pour une conne » qui lui brûle un peu trop ardemment les lèvres, les palabres qu’elle regretterait sitôt formulés, elle le sait.

Elle hausse les sourcils à son tour Nejma à l’entente des mots prononcés, les mots prononcés avec le sourire mais qui sont durs, un peu, et c’est pas la première fois. C’est pas la première fois depuis son arrivée qu’il lui donne le sentiment d’être de trop, de déranger ici, déranger sa petite vie de toute évidence bien tranquille, et si c’est d’ordinaire pas le genre de choses bonnes à la traumatiser, avec lui c’est différent. Parce qu’il l’a pas habituée à ça, Jamal. Parce qu’elle c’est un garçon doux qu’elle s’attendait à retrouver, un garçon d’une même douceur que l’était la sienne, et pourtant ils ont bien grandi les enfants de Riyad, ont changé, énormément, et elle elle était pas prête à ça, nullement prête à retrouver son meilleur ami d’enfance transformé en un homme aux antipodes de ce qu’il était. Elle était pas prête.

- Voilà, j’compte bien te pourrir la vie et sucer tout c’que j’pourrais tirer de toi, puisque, comme tu dis, fallait bien qu’ton passé te rattrape.

Y a le rictus qui orne ses lippes mais le ton qui s’fait pas si rieur que ça, elle l’a en travers de la gorge Nejma, la gamine déçue de ces retrouvailles, déçue de pas trouver derrière cette porte ce qu’elle attendait, les retrouvailles qu’elle fantasmait depuis des mois maintenant. Envolée la proximité d’antan, envolé le gamin doux comme l’agneau de l’aïd, c’est un homme marqué du sceau d’une enfance trop dure, d’une vie de paumé qui lui fait face. Et elle a du mal avec ça la p’tite brune, Jax qu’elle prendra du temps à accepter comme substitut d’un Jamal qu’elle ne retrouvera, de toute façon, jamais. Et les épaules qui viennent doucement se hausser, le ricanement qui jaillit d’entre ses lippes, presque cynique.

- Une petite musulmane hein… Ça fait des années qu’j’ai arrêté de porter le voile, j’suis dans le haram depuis trop longtemps maintenant pour le ressortir.

Y a le ton qui se ferait alors presque nonchalant, la jeune femme qui semble s’être fait à sa situation lorsqu’elle ne peut plus voir les motels en photo, les lits durs et les murs tâchés qui lui sortent par les yeux pour y avoir trop longtemps séjourné, mais ça elle le dira pas, jamais elle l’avouera car les jérémiades elle aime pas ça Nejma, elle a jamais aimé ça.

- J’compte pas rester toute ma vie dans les motels, nan. Mais j’ai pas assez d’sous pour l’instant pour trouver un appart’, pas de job fixe, faut que j’m’occupe de tout ça avant d’me pencher sur la question. Ça fait cinq ans que j’vis quasiment que là-bas tu sais, donc c’est pas quelques mois de plus ou de moins qui feront une grande différence.

Nouvel éclat de rire, de bon cœur cette fois-ci, la princesse des sables qui s’efforce de changer de sujet comme elle peut, va s’installer sur l’accoudoir qui n’est pas occupé par ses vêtements, croise ses jambes galbées.

- T’as changé en tout cas, Jamal, qu’elle commente, s’approchant un peu, le regardant presque sous le nez. ‘Fin j’imagine que j’t’apprends rien, hein… Mais j’suis pas sûre que j’t’aurais reconnu si j’t’avais croisé dans la rue, si j’avais pas su qui t’étais.

Et la lèvre qui vient se prendre entre ses dents, l’air soucieux, l’air soucieux qui ne tarde pas à s’effacer lorsqu’elle ajoute :

- Enfin, à en juger par l’état de ton corps, t’as pas l’air d’être un musulman très très assidu toi non plus… Souviens-toi… « Allah ne tolèrera pas que tu transformes sa création »…

Et l’air de petite fille consciencieuse qu’elle adopte sur cette dernière phrase, comme lorsque, quinze ans plus tôt, on lui faisait réciter sagement les préceptes de sa religion ; la lueur malicieuse qui se manifeste pourtant au fond des rétines et le sourire complice qui se dessine, la gamine qui a toujours pris un peu trop de plaisir à le taquiner, ça changera pas aujourd’hui, certainement pas, lorsqu’elle mentionne des tatouages qu’elle a elle aussi, des tatouages dont il ignore jusqu’à l’existence même.
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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyJeu 4 Jan - 4:11

When i say that i can't do it no more, she's back in my door

Nejma & Jax

Il se retient de lever les yeux au ciel le grand garçon, bien trop conscient qu’il l’a surement vexé à la jolie Nejma avec ses phrases à la con, son air blasé éloquent qu’il n’essaie même pas de cacher quand elle le questionne. Il aime l’ironie qui émane de sa petite personne quand elle ouvre la bouche, se délecte de la voir piquée au vif pour pas grand-chose. Il se moque d’elle gentiment et elle sort presque de ses gonds directement. Un poil trop fugueuse Nejma, un brin déjà problématique sans qu’il ne s’en aperçoive. Il sourit en coin Jax, la toise d’un vif regard alors qu’elle le surplombe de sa petite hauteur. Il ancre ses opalescences dans celle de la demoiselle, la Saoudienne au sourire amer. Bien moins candide qu’à l’enfance, beaucoup plus sur le qui-vive.

« J’déconne Nejma, t’offusque pas pour si peu voyons … Par contre, c’pas politiquement correct de parler de sucer tout ce qu’il y a en moi… J’pourrais le prendre autrement … C’est pas très pote comme résolution pour des premières retrouvailles en seize ans … »

Les sourcils qui se haussent à l’unisson, la danse macabre de la gêne que peut amener ses propos. Il va peut-être la choqué à Nejma en parlant si crument, ou p-t’être pas, car comme elle le dit elle-même, ça fait bien longtemps qu’elle a laissé au placard son foulard et son tapis de prière. Et il l’imagine, plus jeune en pleine fleur de l’adolescence : vêtu d’un hijab, les cheveux soigneusement caché derrière un voile pour ne pas atteindre la pudeur des hommes. Il revoit sa mère aussi, également perdue sous les dictats de ce pays dont il ne se rappelle que des bribes. Le total contraire de l’Amérique, que béni soit ce continent, les galbes des femmes mit en valeur, leurs cheveux virevoltant au grès du vent. La crinière de la brune qui lui fait face qui mérite d’être en liberté, non pas d’être caché. La beauté des femmes qui mérite d’être exposé, qu’importe le pays dans lequel on vit.

« Le haram… Me dit pas que t’es une pècheresse, t’étais trop sage petite étoile pour devenir un sheitan. T’as été élevé là-bas ! » Il joue sur les traductions Jax, le surnom américain qu’il lui donne pour la toute première fois. « Non, tu me la feras pas à moi, j’suis sûr que t’es une gentille fille. »

Il n’a pas envie d’y croire lui à ce changement qu’elle évoque, elle était douce la petite dans ses songes, rêveuse et pure. La seule chose qui l’était surement au bled. Il l’imagine pas autrement, n’a pas envie de voir les choses autrement. Il se met des barrières, des œillères pour voiler la vérité. Lui il a le droit d’avoir changé, lui il n’avait que ça à faire, pas d’autre issue, mais pas elle. Elle, elle se doit d’incarner la sagesse, la douceur qu’il a en tête. Et il s’met le doigt dans l’œil Jax, pas du tout prêt à ce qui l’attend. Le futur qui se présage trouble, affolant dans ce petit appartement quand la suite de la conversation arrive, qu’il s’met à réfléchir plutôt que jouer les je-m’en-foutiste.

Il l’écoute, l’entend parler de sa vie faite sur les routes américaines, la petite vie qu’elle mène de motel en motel depuis cinq ans déjà, l’argent qu’elle n’arrive pas à récolter pour se prendre un p’tit chez elle. Elle a pas l’air de le vivre mal ce train de vie Nejma. Mais lui, ça le fait cogiter. Un peu trop quand il ne devrait même pas y songer. Lui proposer de l’héberger le temps qu’elle se fasse un peu de blé ou la laisser filer ? Il réfléchit le basané, pèse le pour et les contres, et y’en a beaucoup de contre, beaucoup trop même. Y’a trop de truc à cacher ici, il traine dans des affaires louche, paie ses factures à base de coup de poing qu’il écrase contre des gueules et, des coups de poing qu’il reçoit aussi dans la gueule. La liste qui se rallonge de dix pieds de long contre la proposition qu’il va peut-être lui soumettre. C’pas l’environnement rêvé pour une fille comme elle. Mais il lui doit une fier chandelle Jax à Nejma, p-tête pas à elle directement et plutôt à ses parents, mais quand même. Il lui doit au moins ça, à la gloire des quelques semaines qu’il a créché chez elle lorsqu’il n’était encore qu’un gosse sous l’autorité parentale de sa mère.

Il s’perd dans ses réflexions, les nerfs. Pour une fois, il fait fonctionner sa tête plutôt que son impulsivité. C’est rare, beaucoup trop pour que ça fonctionne correctement alors il perd le fil de la conversation, ne revient à lui-même qu’en la voyant si près de lui, assise sur l’accoudoir ou sa main était posé l’instant d’avant. Le regardant de près, le fixant comme si il était une toile exposé, un animal dans une cage. Lui, il perd ses yeux sombres sur sa mâchoire arrondie, son cou avant de remonter sagement à l’entièreté de son visage. Le sourire comprimé, il sait qu’il a changé Jax, y’a plus rien de pareil chez lui depuis ce fameux été quand il a quitté pour de bon les terres Arabe. Y’a le visage qui s’est affiné avec l’âge, la mâchoire qui est devenue anguleuse et recouverte de barbe sombre, le nez qui était un peu plus rond qui s’est aussi allongé avec le temps. Il a des piercings pleins les oreilles Jamal, rien à voir avec le garçon qu’elle avait pu connaitre qui lui avait la tête du bon p’tit élève de la classe, le petit qui été encore sage en ce temps-là.

« Heureusement non ? ca s’rait triste que j’ai pas changé en presque vingt ans. »

Le sourcil qui se hausse en voyant son air soucieux, l’air faussement interrogateur en écoutant ce qu’elle raconte, avant de reprendre plus sincèrement.

« J’tai pas reconnu directement non plus, enfin moi ça tient plus au fait que j’imaginais pas une seconde que tu viendrais ici, pour moi t’étais au pays, à vivre ta petite vie dans ta jolie p’tite kameez. »

Le physique avantageux qu’il ne complimente pas, car on n’complimente pas une amie. Encore moins elle qui a bercé son enfance. Lui il s’tourne vers la dérision, toujours plus de douce moquerie, la gamine qu’il imaginait mené une vie sur les terres rouges. Une vie lambda, à l’image de celle qu’il rêvait quand il était encore gosse, et non pas à base de coupure de cocaine dans les sous-sols de la baraque, des liasses de billets qu’il voyait un peu de partout passé de main en main. Lui il enviait la vie à Nejma, la vie à l’image de ses parents à elle, qu’il se remémore comme des gens simple, des gens qui n’avaient rien à voir avec sa famille à lui et le clan de son père. Des gens qui vivaient des plaisirs primitifs, s’alimenter des sourires de leur unique fille.

La pique qui ne l’atteint certainement pas, les iris qui glissent du visage de son invité surprise à ses propres mains, remplie à l’encre couleur de jais. Il sourit en voyant ses tatouages, relève les yeux vers celle qui se permet d’emmètre un jugement sur ce qu’il est, ou pas. La religion qu’il a abandonnée depuis bien longtemps, la religion qu’il avait déjà laissée de côté depuis des années lorsqu’il vivait encore avec les Abalhadj. Y’a peut-être que le porc qu’il évite par habitude mais sinon, il a tout perdu de ce qui faisait de lui un musulman assidue.

« Allah ne tolère pas non plus le jugement que t'es en train de porter sur moi... »

Qu'il lui dit d'une voix traînante, d'un air j'dis ça, j'dis rien. Pour mieux la détailler juste après à son tour, le regard vif qui vient sur les endroits stratégiques, la nuque dont il pousse les cheveux délicatement y cherchant un tatouage inexistant, il roule des yeux avant d'attraper un de ses poignets, relever la manche et bingo. Le derme marqué, tatoué, le petit symbole qui le fait sourire, relever les yeux vers elle d'un air fier.

« Que de surprise mademoiselle Tahir, tu ne franchiras donc pas les portes du paradis toi non plus … On ira en enfer ensemble hein ! »

Le clin d’œil qu’il lui sert avant de lâcher sa main, se décaler sur le canapé pour gagner un semblant d’espace. Il voit son assiette –surement froide, posé sur la table basse et il l’attrape sans honte, remuant le contenant d’un œil distrait. Les méninges toujours active depuis un moment, la balance du pour et du contre qui continue de peser lourd, la tête qui lui hurle de pas le faire et pourtant la bouche qui s’ouvre et fait tout le contraire.

« Bon, puisque t’es un peu une nomade, et après toute les recherches que t’as faite pour me retrouver… J’te fais une offre que j’ferais qu’une fois, j’répéterai pas donc joue pas les polies Nejma. »

Qu’il lâche d’un air blasé sur les derniers mots, déjà certain qu’elle jouera les insoumises, celle qui n’a pas besoin d’aide.

« J’peux au moins t’héberger ? Le temps que tu te refasses ? C’est pas comme si on avait pas déjà vécu ensemble par le passé hein… »

Les mots à peine prononcé qu'il les regrette déjà, il fait trop de connerie, trop de dégat pour qu'elle vive-là. T'façon, elle voudra pas.

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MessageSujet: Re: She's not afraid - NAX   She's not afraid - NAX EmptyJeu 4 Jan - 11:06

Or maybe all her friends have told her don't get closer

Nejma & Jax

Elle hausse les épaules la gamine, en équilibre sur son accoudoir, les images d’un Jamal enfant, la petite frange bien coiffée et les yeux rieurs, qui dansent derrière ses rétines, le cœur qui se serre lorsque ses iris se confrontent à la réalité. Une réalité pas déplaisante, loin de là, seulement surprenante, la surprise qui se ferait presque douloureuse lorsqu’elle a tant de mal à faire concorder les images d’un Jax séparées de seize ans.

- Bah, j’sais pas si c’est tant une bonne chose que ça… J’aimais bien le p’tit Jamal, moi…

Et la moue qui se fait dubitative, la jeune femme qui se permet de faire la difficile lorsqu’elle a en réalité rarement vu quelqu’un qui avait si bien grandi. D’ordinaire, les enfants mignons, trop gâtés du Ciel dès l’âge juvénile, se voient devenir des personnes lambda, voire carrément moches, en grandissant ; mais pas Jamal. Jamal, le garçon béni des dieux qu’elle pense, passant totalement à côté de la réalité, incapable d’imaginer les souffrances qu’a endurées l’adorable petit bout d’homme. Puis y a l’éclat de rire, le rire désabusé qui lui échappe lorsqu’il lui confie la vie qu’il lui imaginait, la jeune femme qui en déduit que peut-être, peut-être ne l’a-t-il pas totalement oubliée ces dernières années, peut-être a-t-il continué de penser à elle, au moins un peu.

- Laisse-moi deviner, dans ta tête j’suis aussi mariée à un beau Saoudien, puis j’ai déjà trois mômes dans les bras, parce qu’à vingt-trois ans j’commence à m’faire vieille… Oh, et j’passe sans doute mes journées à étouffer sous mon voile, à faire la cuisine et récurer la maison… J’avoue, ça fait rêver cette vie, j’regrette bien d’être partie tout d’un coup.

Elle joue l’imbécile Nejma, le coude qui vient se planter dans sa cuisse, la main posée dans le creux de sa main tandis qu’elle adopte une mine niaisement rêveuse. Elle se moque un peu de lui la demoiselle, d’elle, aussi, ou tout du moins de c’qu’elle aurait pu devenir, de cette culture dans laquelle ils ont grandi, elle peut-être un peu plus que lui. Elle se moque et pourtant elle lui en veut pas pour cette remarque, elle est loin d’être vexée la Saoudienne parce ses réflexions elles étaient légitimes, légitimes pour un ancien ami sans nouvelles de sa part, un ancien ami éduqué dans les valeurs très strictes de l’Islam. Et elle enchaîne la jolie brune, enchaîne sur les nouvelles marques que porte son corps, les tatouages et les piercings qu’elle n’a pas eu le temps d’observer en profondeur mais à côté desquels il lui aurait été bien impossible de passer. Il réplique du tac-au-tac le basané, il se laisse pas faire Jamal, la réponse qui lui arrache un petit ricanement, le ricanement qui meurt un peu sur ses lèvres lorsqu’elle sent ses doigts glisser le long de sa nuque. Elle fronce les sourcils Nejma, par habitude, se demande c’qui peut bien lui prendre, entrouvre la bouche pour dire quelque chose sans trop savoir quoi, n’importe quoi, mais cela ne fait rien puisqu’elle n’a pas le temps de formuler un mot que déjà elle sent sa main puissante s’emparer de son poignet droit, dénuder la parcelle de peau, laissant apparaître un petit dessin gravé à l’encre noire. Et enfin, seulement elle comprend ce qu’il cherchait, ce qu’il a trouvé. Elle ramène les manches de son pull, trop grandes, trop larges, sur la paume de sa main sitôt son poignet lâché, rétorque, l’air faussement offusqué des grandes dames de ce monde, classe à laquelle elle n’a jamais appartenu et n’appartiendra sans doute jamais :

- T’iras cramer en Enfer avant moi si tu continues à dévêtir les innocentes jeunes femmes de la sorte… Faudra pas venir te plaindre quand le sheitan te regardera droit dans les yeux avant de t’envoyer dans ses flammes…


Elle sourit doucement la demoiselle, les grands airs qui la quittent une fois les mots prononcés, le sourire un peu triste qui la gagne, parce qu’elle raconte n’importe quoi, comme d’habitude. Parce que quoi qu’il fasse, y a tellement plus de chances qu’elle parte avant lui que l’inverse. Parce qu’ils sont pas sur un pied d’égalité à ce niveau-là, l’ont jamais été, dès la naissance, dès le premier souffle, la mort dont elle a appris à rire plutôt que de faire des sous-entendus sur le sujet, les questions indiscrètes ainsi bien plus aisément évitées. Et le jeune homme qui se penche en avant pour se saisir d’une assiette qu’elle remarque seulement, il aura fallu ça pour qu’elle comprenne qu’elle l’a sans doute interrompu en plein déjeuner, le déjeuner qui doit d’ailleurs plus être très chaud, tant pis. Elle pouvait pas savoir la gamine des sables, pouvait pas savoir qu’il mangeait si tôt le Saoudien, allait pas attendre une heure de plus pour frapper à sa porte lorsque les heures de recherches se comptent déjà par milliers.

Puis y a les paroles libérées des lèvres du garçon, les paroles qui parviennent à ses oreilles, l’intriguent. Parce qu’il en dit sans trop en dire Jamal, introduit une proposition dont elle n’a encore pas la moindre idée, une proposition qu’elle se fait curieuse d’entendre, et la dernière phrase qui glisse sur elle comme l’eau sur les plumes d’un canard, elle est pas sûre de s’y tenir Nejma, de pas jouer les polies comme il lui demande de le faire, ça dépendra que d’elle, d’elle et de la nature de l’offre. L’offre qu’enfin il se résout à lâcher, l’offre qui étonne, qui fait s’arquer les sourcils de la belle.

- Ici ?!

C’est le premier, l’unique mot qui jaillit d’entre ses lippes, spontanément. L’exclamation qui n’a rien de méprisant, loin de là, mais y a cet appart’ qu’il lui propose comme habitation provisoire, l’appart’ qui n’a pas l’air bien grand, l’appart’ au bordel transpirant la testostérone, l’appart’ où elle a pas l’impression d’avoir sa place. Parce qu’elle prend trop de place Nejma, avec les cinquante valises entassées dans son coffre, son barda de fille et le maquillage qu’elle a pour habitude de laisser traîner partout, parce qu’elle gêne où qu’elle aille avec sa maladie. Sa maladie. Il a pas idée Jamal, il réalise pas encore combien c’est un cadeau empoisonné c’te gamine, et elle se sent mal à l’aise, un peu, face à une invitation qu’elle ne saurait accepter. Une invitation qu’elle décline, donc, bien qu’il l’ai invité, un instant plus tôt, à ne surtout pas le faire. Mais tant pis, elle a pas le choix, puis d’toute façon elle fait jamais c’qu’on lui dit de faire Nejma, ça fait belle lurette qu’elle a cessé d’écouter les autres, et comme il le lui a assuré, si elle refuse il réitérera pas son offre. Alors c’est parfait.

- C’est sympa Jamal, vraiment, ça me touche, qu’elle reprend. Mais j’peux pas accepter. Crois-moi… T’as pas envie de m’accueillir chez toi.

Elle lui sourit doucement, un peu tristement le Saoudienne, le rictus sur les lèvres mais les yeux qui sourient pas, elle a toujours été un poids, pour ses parents elle était un poids, à l’école elle était un poids, la maladie qui l’entrave depuis son premier cri et elle veut plus être un poids, surtout pas pour lui. Alors elle est sûre de c’qu’elle avance la jeune femme, sait pertinemment que s’il avait ne serait-ce qu’une idée du bordel qu’elle amenait avec elle il lui aurait jamais proposé.

- Puis c’est pas si mal que ça les motels, tu sais, on s’y fait… Tu disais tout à l’heure que c’était pas terrible pour une petite musulmane mais t’en fais pas, j’suis pas plus en danger là-bas qu’ailleurs.

Elle lève doucement les yeux au ciel, le sourire qui empreint toujours ses lèvres alors que se déversent les mensonges. Elles sont fausses les paroles qu’elle déblatère, c’est pas vrai qu’elle est en sécurité dans ces motels de merde, elle les compte plus les fois où on l’a arrêtée aux abords des lieux, dans l’enveloppe glaçante de la nuit, coincée contre les murs sales, parce qu’elle avait le malheur d’être un peu trop mignonne, un peu trop bien foutue, ou simplement qu’le mec était un peu trop en chien. Heureusement y avait Isaac, Isaac possessif, Isaac qui supportait pas qu’on regarde sa meuf, qui cassait la gueule à quiconque s’approchait un peu trop. Alors il lui est rien arrivé. Jusqu’au jour où y avait plus d’Isaac. Envolé le protecteur, Nejma elle a dû apprendre à se débrouiller seule, donner les coups de genou bien placés et mordre les mains dégueulasses qu’on lui plaquait sur les lèvres pour l’empêcher de gueuler. Elle est pas en sécurité. Mais, pour autant, elle s’imposera pas chez lui, elle dérange déjà assez comme ça.

- J’suis désolée, j’t’ai interrompu en plein repas, c’est ça ?, qu’elle demande, change de sujet alors que glissent ses prunelles vers l’assiette qu’il triture depuis tout à l’heure sans rien avaler.

Elle se mord un peu la lèvre inférieure, embêtée, le caractère sans-gêne qui a tout de même ses limites.

- J’ai faim, moi aussi. Tu veux que j’nous fasse un truc ? Ou on peut peut-être aller manger quelque part, si tu préfères ? Mais réchauffer ça c’est du suicide, ça deviendrait tout sec, immangeable.

La main qui désigne vaguement le steak et ses pâtes et la petite grimace dégoûtée qu’elle esquisse, la jeune femme soucieuse, la part qu’elle n’a jamais su pleinement effacer de sa personne.
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