sa cigarette diffuse et on part en fumée.

- la tête tournée vers les étoiles -
☽ entre douze et vingt-quatre mois. l'espérance de vie d'la gamine s'est considérablement réduit. et son sourire avec. l'sourire le vrai, celui des princesses adulées, gâtées par une vie en balance, qui tangue entre deux pôles.

☽ alors dans le creux de son bras, elle a incrusté à l'encre vive, les beaux chiffres arabes qui font le décompte de sa bombe. elle a décidé de commencer à 12. 12 dans le creux de son poignet. et chaque mois ça descend. le 31 décembre, le rendez-vous chez le tatoueur est fixé. et lui seul le sait, qu'il inscrit sur l'épiderme d'une môme, l'épitaphe de sa tombe.

☽ à la maison y'a grand-mère crésus, qui végète dans un fauteuil et ne parle qu'à ses hortensias. elle ne hausse le ton que pour houspiller le père qui rentre trop tard, qui ne rentre jamais, qui préfère oublier entre les cuisses des femmes que sa douce enfant chèrement récupérer va partir avant lui.

☽ elle a oublié c'que c'était que le goût du rhum qui se répand en cascade sur les lippes avides, elle a oublié c'que c'était que l'amertume de la nicotine qui vient chatouiller ses narines pour fleurir dans ses poumons. elle a oublié tout ça, pas parce que ça l’écœure. non. c'est parce qu'elle a juré, à genoux devant mémé, promis j'y toucherais jamais plus.

☽ elle vole partout où elle passe. non pas qu'elle soit clepto. c'est plus qu'elle dilapide l'argent familial en trois jours. alors pour vivre elle fait la pauvrette. le premier quart du mois c'est une princesse. le second c'est une vagabonde. le troisième c'est une squatteuse. le dernier c'est une voleuse.

☽ elle déteste les photos. elle demande à c'qu'on n'en prenne jamais. pas de souvenirs, pas d'états d'âmes. on l'oubliera comme elle est venue. elle finira comète, éphémère comme l'astre passager.

☽ on la voit plutôt la nuit. elle ne sort presque jamais le jour. presque jamais parce que c'est là qu'elle dort, que repose la belle au bois dormant, là qu'elle gît, vaseuse au fond de son lit, à bouffer des piqûres et des cachetons, à végéter avant de partir voguer sur les pavés nocturnes, le manteau de la nuit comme seule compagnie.

☽ la rose de sa vie elle s'est barrée. rose maman, rose câline. elle l'a laissé entre les bras déchirés, les muscles pleins d'épines. nayra elle voulait sa mère, de l'autre côté des flots. sa mère à elle, parce que son père, c'est un faux. y'a des histoires de coucheries, d'enfant non reconnu, de gamine bâtarde. mais le père il a aboyé, il la voulait nayra, alors il l'a volé. nayra c'est sa fille. et le sang empoisonné qui germe dans ses veines, il le laissera la consumer.

☽ alors nayra les hommes elle les emmerde. elle vient partager leurs draps pour pas être seule quand le jour se lèvera, elle vient prendre son pied pour l'anniversaire d'un affamé, parce qu'il lui reste moins de 365 fois le tour de la terre à faire, alors autant fêter, autant baiser, autant s'lâcher. nayra c'est un peu tous les jours son anniversaire. faire la timpe, elle sait pas c'que c'est. elle, elle a choisit, son credo bébé, c'est d'profiter.