fever | feat alessio.

Les voilà attablés pour un dîner des plus succulent. Le cuisinier sait se surpasser pour ne pas être renvoyé. La belle famille recomposée sait s'entourer des meilleurs, sans s'embarrasser d'amateurs. Pourtant, Alice aimerait cuisiner un jour. Elle s'y voit déjà, les mains dans le saladier, à pétrir on ne sait quoi, complètement nue sous son tablier. C'était une idée à creuser un jour où la demeure serait vide -ou avec la seule présence d'Alessio. Elle y pensera à l'occasion. Les plats sont posés sur la table, et les adultes parlent. Alice semble ne pas entendre, elle est bien trop absorbée par le live qu'elle donnera dans la soirée même devant tant de spectateurs. Lorsqu'elle allumait sa webcam, elle se plaisait à imaginer toutes les personnes la contemplant devant leur écran. Elle s'en réjouissait, et avait d'autant plus envie de remettre ça. Il lui arrive de ferme les yeux, et d'imaginer son frère dans cette situation. Les yeux rivés sur elle, alors qu'elle se déshabille, et offre aux abonnés de quoi se rassasier.
Sans écouter les paroles de sa mère et son beau-père, elle dirige son regard vers l'intéressé, analysant le moindre de ses faits et gestes. A trop le regarder, elle pourrait presque redessiner le moindre de ses traits. Les fines traces que le temps laisse sur son visage. Les rictus. Les pommettes saillantes. Elle lui adresse un beau sourire, que seul lui peut comprendre. Un sourire cachant un mal faisant : j'ai hâte de me dénuder pour toi. Car, quoi qu'il arrive, elle finit toujours par trouver un moyen de se retrouver nue devant lui. Et, en jouer est un plaisir véritable, de ceux dont l'on ne peut se passer. Ce besoin incessant de sentir les yeux fous de l'homme sur son corps déchaîné. Elle voudrait danser pour lui, s'ouvrir entièrement à la moindre de ses demandes. Aussi déplacée soient-elles.

Les bruits de couverts, les regards échangés. Alice aimerait retrouver son quartier général pour s'occuper de son blog et pouvoir y débuter un tout nouveau live pour satisfaire ses fans. Mais, que dire pour avoir le droit de s'éclipser ainsi ? Elle devrait prétexter un rendez-vous, ou un livre à terminer. Pourtant, elle ne voulait pas partir si vite. Avant cela, elle souhaitait plus que tout garder le regard d'Alessio sur elle. Alors, elle reste ainsi, à le dévisager dans le but de le faire rougir. Son regard se fait alors de plus en plus pressant, alors qu'un son plus fort vient capter son attention. Quelqu'un s'est adressé à elle. Sa mère, son beau-père, elle n'en sait rien. Elle arbore alors son beau sourire princier avant de s'excuser, prétextant une certaine fatigue pour pardonner son manque d'attention. Elle se racle alors la gorge pour reprendre de la contenance et s'exprime de sa voix chantante. Je suis fatiguée. Excusez-moi. Elle allonge alors sa jambe sous la table pour atteindre cette de son voisin de table. Très vieux jeu, elle en est consciente. Mais, le moindre contact entre eux est un tel relent des sens, qu'elle se sait capable de tout accomplir par ce simple geste. Son pied vient flatter la cheville d'Alessio, avec une langueur infini afin qu'il ne sursaute pas. Elle écoute alors les paroles de sa mère qui lui parlait de ses leçons de piano qu'elle se devait de suivre avec beaucoup d'assiduité. Mais, si ses mots s'envolaient vers sa génitrice, son esprit reste tournée vers son voisin de table.
Son torse est légèrement penchée en avant afin de lui laisser le loisir d'imaginer son décolleté. Evidemment, devant les parents, elle faisait en sorte d'être habillée de manière très décente. Une jolie robe l'habillait alors, faisant ressortir ses jolies courbes. Petite princesse toujours propre sur elle pour les yeux de ses géniteurs si fiers d'elle. Dans l'ombre de leur amour, derrière les objectifs, quand ses seins se font aguicheur, elle sait effacer cette image princière. Mais pour l'heure, elle est parfaite. La petite blonde que tout le monde aime, avec son sourire parfait et ses jolies yeux pétillants d'émerveillement.

La belle blonde savait que son compère devait avoir une certaine appréhension concernant ce fameux dîner. Il était dans l'obligation de rester dans la même pièce que sa quasi-soeur. Et, elle savait à quel point cela devait être difficile pour lui, il devait se douter des tentatives de la jolie jeune femme pour le faire sortir de sa zone de confort. Elle n'avait rien laissé au hasard dans son look. Cette image d'enfant sage lui allait si bien, que même ainsi vêtue de sa robe immaculée, elle restait un démon de tentation. Et, son regard était une arme redoutable donc elle n'hésitait jamais à se servir. Pour la bonne cause, pour qu'il ne résiste pas à l'appel de son corps dénudé. La tension était palpable dans l'air, mais seuls les deux jeunes-adultes pouvaient le percevoir. Leur parent, trop occupés à parler de choses et d'autres, ne se doutaient bien entendu de rien. Alice adorait cette situation. Elle se plaisait à ce petit jeu, duquel elle se savait vainqueur.
Son pied se fait languissant contre celui d'Alessio, dans le désir pur de maintenir un contact constant avec lui. Ne pas lui laisser de répit. Jamais. Jusqu'à ce qu'il s'échappe, disparaissant de ses doigts. Elle le regarde s'échapper de son emprise pour aller prendre l'air. Non, Alice ne peut pas accepter un tel refus de combattre. Alors, une fois que le jeune homme s'est éloigné, elle reporte son attention vers les adultes et s'excuse à son tour. Il a raison, ça me fera également le plus grand bien, avant d'aller dormir. Elle se lève de son siège et salue les parents d'un mouvement de tête en replaçant la chaise contre la table, pour la ranger. Elle ne prend pas de veste, pas de temps à perdre, pas de couverture, rien pouvant cacher son être à son semblable. Elle se justifie un peu plus, en ajoutant. Je vais voir s'il va mieux. Elle sourit en entendant les remerciements de son nouveau père, et prend le chemin du jardin, à son tour.

En un coup d'oeil, elle repère le corps de son adversaire, et le rejoint d'une démarche prudente. Doucement, comme pour ne pas l'effrayer. La nuit noire est belle à cette époque de l'année. Lorsqu'elle était petit, Alice aimait regarder les étoiles. Elle se demandait parfois qui pouvait bien vivre sur les petites planètes qui configuraient notre système solaire. Une enfant curieuse qui était promu à de grandes choses. Mais, trop attirée par l'amour du danger pour que le charme n'opère. Se plaçant à quelques pas d'Alessio, elle reste muette pour le moment. Regardant le ciel, elle plisse légèrement les yeux en écoutant le souffle de son frère. Les sens en éveil. Elle est belle, quand elle sourit, avec l'innocence que lui apporte sa robe blanche. Une petite fleur qui semble tout juste éclore. Elle a quelque chose de doux dans le visage, même lorsqu'elle se transforme en femme de la nuit et qu'elle perd ses vêtements. Une douceur infinie caractérise ses traits d'enfant grandissant trop vite, dans un monde qui ne lui convient pas.
Ses longs doigts attrapent la cigarette qui rougit entre les lèvres de son ami, et la posent entre ses morceaux de chairs luxueux. Elle tire dessus, prend de quoi emplir ses poumons. Puis, tournant la tête vers lui, elle lui crache la fumer dessus, comme pour l'hypnotiser. Tu me fuis ? Elle sourit et lui rend son bâton de nicotine après en avoir consumé une petite partie de plus. Doucement, d'une voix tendre contrastant avec ses paroles, elle poursuit. Ne t'en fais pas. Les étoiles seront les seuls témoins de ta lâcheté. Elle reste ainsi, à ses côtés, ne souhaitant pas le laisser tranquille pour la soirée.

La fraicheur du soir éveille les sens déjà à vif. Le ciel semble observer la scène des deux amants transits. Elle a froid, Alice, mais refuse de se couvrir. Refuse de céder. Refuse de mettre des obstacles entre son corps et Alessio. Elle veut être le plus nue possible face à lui, qu'il puisse presque voir son âme à travers sa peau pâle. Personne ne sait pourquoi elle agit ainsi, la petite. Même son patron, les clients la regardant un peu trop gravement. Ils ne voient qu'une gamine un peu perdue, petite bourgeoise, qui fait tourner son monde en bourrique pour quelques attentions. Mais, ce sont leur faute. A tout ceux qui la laisse exercer, tout ceux qui ne la laisse pas redevenir la fillette qu'elle était autrefois. Certes, elle a manqué de câlin étant plus jeune, ses parents n'étant bons qu'à lui donner des devoirs, lui refusant ses droits d'enfants. Est-ce si étonnant qu'elle recherche cette affection dans les bras musclés des hommes ? Ce besoin de se faire remarquer pour exister. Ce désir de se sentir belle et désirable aux yeux des hommes. Elle n'est pas la seule fautive de sa déchéance, et pourtant, le monde entier semble lui en vouloir de ne pas être restée jeune et insouciante. Le monde donne, puis il reprend égoïstement ses droits.
Au commencement, Alessio était un frère. Mais, elle voulait plus que cela. Certains de ses amis avaient avec leur fratrie des relations très fusionnelles. Voilà ce dont rêvait la petite en apprenant qu'elle aurait un frère sous peu. Mais, n'ayant pas eu cette chance, son âme a ressenti le besoin de créer lui-même cette fusion. Elle a besoin de se sentir proche de cet homme pour exister. Et, bien que peu susceptible, elle se sent toujours plus faible face au refus, face aux barrières, et aux remarques déplacées. Elle en fait d'autant plus, prête à tout pour ne pas montrer qu'elle a plus besoin de lui, qu'il n'a besoin d'elle. C'est un fait indéniable qu'elle refuse d'avouer.

Elle ne veut le lâcher si facilement, prête à le suivre jusqu'au bout du monde pour continuer à jouer. Avec toujours plus de force, toujours plus de hargne. Elle l'écoute alors parler, sachant pertinemment que rien de bien gentil ne sortira de ses lèvres. Comment en étaient-ils arrivés là ? Ainsi à se pourrir mutuellement par un désir trop fort de l'autre ? Quand cela avait-il commencé ? Alice s'aimait souvent à imaginer le soir où ils perdraient le contrôle et finiraient par s'enlacer. Regardant les bras d'Alessio, son torse fort et son beau visage, elle a envie de s'y coller. De, simplement, profiter de sa chaleur. Se fondre en lui. Ne faire plus qu'un. Elle le veut depuis trop longtemps, n'a que trop perdu du temps à fantasmer sur lui et leur liaison invisible.
Il ment, et elle le sait. Mais, ne dit rien à ce sujet, préférant rester silencieuse pour l'heure. Je ne peux pas aller dormir, j'ai du travail qui m'attend. Alessio sait de quoi il s'agit. Ce n'est pas une séance photo. Ce n'est pas une séquence vidéo avec son patron. Simplement une jeune femme dévêtue devant sa webcam, prête à rendre procuste les internautes. Il faut bien alimenter son blog, ne pas laisser ses admirateurs sans morceau de peau virtuel à se mettre sous la dent.

D'un pas hésitant, comme par peur qu'il ne la repousse trop brusquement, elle se rapproche de lui de quelques centimètres. Il faut y aller doucement, afin d'apprivoiser l'animal. La proie. Elle fait une moue boudeuse, jouant la comédie devant lui. Et si je ne rentre pas ? Tu me laisseras mourir de froid, ici ? Sans même essayer de me réchauffer ? Elle se rapproche un peu plus, jusqu'à être à moins d'un mètre de lui. Elle le regarde, assis, hésitant à se mettre à ses côtés. Encore une tentative vaine d'obtenir de l'attention, du réconfort. Cette fameuse attention qui lui fait défaut, elle ira la chercher dans les yeux des hommes qui la regarderont ce soir se déshabiller pour eux. Elle se vendre, corps et âmes, à eux, pour un semblant d'importance. Elle pensera à Alessio lorsque ses propres mains descendront le long de ses courbes, et elle sera heureuse de le sentir -même fictivement- auprès d'elle.

Il est des mots qui sont suffisant pour blesser. Certains, dits avec le ton qu'il faut, peuvent être bien plus redoutables que n'importe quelle arme. Sortant des lèvres d'Alessio, beaucoup de choses sont percutantes, atteignant sans peine le coeur de la belle Alice. Ils sont beaux tous les deux dans leur malheur. Et, ils ne le savent même pas. La jolie blonde reçoit les mots de son compagnon d'infortune avec un sérieux presque ridicule. Elle boit ses paroles, comme un chat son lait. Et c'est pour cela que ça lui fait tant de mal. Elle crispe légèrement sa mâchoire par réflexe, mais tente de ne rien laisser voir de son état plutôt instable. Elle ne considère pas ses clients comme des pervers. Plutôt comme des hommes en quête de beauté, de douceur. Elle n'est pas une putain, elle ne couche pas, elle ne fait que caresser, exhiber sa beauté du bout des doigts. Cela ne lui plaît pas ? Elle, ça lui plaît. Grâce à cela, elle se sent vivante, réellement. Des pervers ? Mais tu te régales tout autant du spectacle si je n'm'abuse. Ce fameux jour, où après l'anniversaire du père de famille, elle avait surpris cet homme à regarder les images de son blog. Elle ne savait pas s'il était un client régulier, s'il ne regardait que les photographies ou bien plus que cela. Elle n'avait nullement été gênée de savoir qu'il l'avait vu dans des positions si compromettantes. Bien au contraire, elle en était plus qu'honorée.
Elle aurait pu être flattée qu'il lui demande d'arrêter, si ce n'avait été pour les raisons énoncées. L'avis de sa mère, en avait-elle besoin ? Elle aurait tant aimé qu'il lui dise d'arrêter pour d'autres facteurs bien plus aggravants. Il aurait pu être répugné à l'idée que son corps circule ainsi de regard en regard. Il aurait pu penser que du haut de ses vingt-quatre ans, amatrice de musique et de lettres, elle valait mieux que cela. Mais non. Une simple histoire de fierté et bienséance aux yeux de la génitrice.

Elle a du succès, Alice, pourquoi ne pas en profiter ? La jeune femme avait beau ne pas être la plus belle jeune femme de la terre, elle avait ce truc. Ce petit truc qui plaît d'avantage que la beauté lisse. Un caractère spécial dans le visage. Des traits particuliers. Une beauté que peu de femmes possèdent si naturellement. Des courbes plus qu'alléchantes qui venaient parfaire le tableau du sublime qu'offrait tout son être. Elle se moquait bien de l'argent que cela lui rapportait, elle n'en avait que trop. Et, elle aurait pu exercer gratuitement, sans le moindre problème. Lorsque son patron s'était invité dans ses draps, et l'avait regardé avec autant d'envie, elle s'était sentie importante. Enfin, quelqu'un la regardait, avec plus d'attention que jamais. Et, Alice cherchait ce regard, cette lueur dans les yeux d'Alessio.
Elle baisse légèrement les yeux, comme pour réfléchir. Je lui dirai que sa petite fille a grandi. Je lui dirai que son petit ange cherche l'attention qu'elle ne lui a jamais donnée. Elle relève les yeux pour le regarder, puis souffle un coup. Elle a encore froid. Ne veut pas parler de cela avec lui. Ne veut pas se confier là-dessus. Elle veut seulement jouer, et chercher à ressentir les pulsions sensorielles qui parcourent son corps lorsqu'Alessio la frôle.

Tournant légèrement le buste pour regarder vers la fenêtre, comme il le fait lui-même, elle observe pour voir si personne n'est à l'affût de leurs gestes. Elle sait qu'ils peuvent surgir dans l'ombre à tout moment, et doit rester vigilante là-dessus. Elle hoche alors la tête en entendant ses arguments, certes fondés mais qu'elle n'aime guère. Elle reste interdite, ne sachant pas si elle doit continuer le combat ou baisser les bras et rentrer. Il est vrai qu'elle a froid, et comprend qu'Alessio n'est pas réceptif à la lueur de la lune. Elle baisse alors sa garde, et capitule non sans un soupir. Je vais rentrer, puisque j'te fais tellement chier. Il est bien rare qu'elle soit ainsi emprunte de vulgarité. Toujours le mot juste, de quoi parfaire son image de princesse. Mais là, elle n'a pas envie de rentrer. Elle n'a pas envie de le laisser tranquille. Elle a simplement envie qu'il brave les interdits pour elle, et la prenne contre son coeur un instant. Elle veut danser avec lui, de manière plus que pornographique s'il le faut. Elle veut qu'il la prenne, de suite, qu'il la déshabille et que ça lui plaise.
Elle rapproche son visage du sien, ne voulant pas partir comme ça. Je rentre à mes affaires, mais je n'en ai pas fini avec toi, et sache que ma porte t'est ouverte. Et que ce soir, toutes mes caresses seront pour toi. Elle est trop proche de lui, n'a même pas peur qu'on les surprenne. Son souffle frappe contre l'oreille d'Alessio alors qu'elle lui parle. Elle se retourne pour s'éloigner, mais n'en a pas fini avec lui ce soir.

Il est fréquent, à l'âge d'Alice, d'avoir des fantasmes inavouables. Lorsqu'elle parle à ses amies, lorsqu'elle entend des jeunes femmes parler, ou même lorsqu'elle regarde la télévision, elle en entendant de toutes sortes. Certains, veulent le grand air. D'autres, plus ambitieuses, veulent une célébrité. Et puis, les terre à terre se satisfont d'objets plus ou moins communs. La jolie blonde ne fait en aucun cas partie de ces catégories. Ce à quoi elle aspire est bien plus grand, plus profond que cela. Elle veut quelque chose de fort. Quelque chose qui saura la faire vibrer à tout jamais. Ces sensations, c'est avec Alessio qu'elle veut les ressentir, c'est avec son corps qu'elle veut tout expérimenter. Ce n'est pas une simple question d'attirance, mais un besoin viral qui vient des tripes. Ses mains sur son corps, ses lèvres cognant les siennes, elle en rêve. Elle est pénible, une vraie abomination, mais son coeur est rempli. Et, lorsqu'elle regarde son frère, ce n'est pas l'amour qu'elle y voit, mais quelque chose de bien plus important. Elle ne peut lui avouer sous peine de passer pour une personne qu'elle n'est pas. Un peu trop douce. Un peu trop fillette. Ne pas montrer ses faiblesses, est la règle d'or. Alors, elle fait comme s'il était un homme parmi d'autres, qu'elle voulait dans ses draps par pur manque d'humilité. Mais, c'est bien plus que cela pour elle.
Alors, elle ne sait pas quoi penser lorsqu'il prétend n'être allé sur son blog qu'une unique fois. Le problème, c'est qu'elle le croit, réellement. Et elle s'en mord les doigts. Elle aurait aimé que ce soit l'inverse. Le savoir face à l'écran, à épier la moindre surface de sa peau. Cette image doit donc s'effacer de ses rêveries, et ne réapparaîtront peut-être jamais. Mais, elle fait mine de rien, comme toujours, gardant son état le plus stable possible. Alors, elle ne répond même pas. Déçue. Seuls ses amis vont la voir. Seuls ses amis profitent de ses courbes. Il lui faudra donc bien plus qu'un blog pour appâter cet homme. Elle ne semble même pas entendre les nouvelles raisons qu'il pointe du doigt concernant l'arrêt de son métier. Elle n'écoute plus que d'un oeil. Comme abasourdie. Ebaubie.

Dos tourné, elle reprend la route de la maison. Evidemment, sur le chemin, elle n'oublie pas de rouler des hanches presque dansante dans sa démarche. Elle ne compte pas le laisser gagner si facilement. Une fois à la porte, elle lui jette un dernier regard, très lourd de sens. Passant devant les parents, elle fait un bref sourire. Je vais me coucher, passez une bonne nuit. Politesse, et un signe de main afin de leur dire au revoir. Alice n'a jamais été bien bisou avec sa mère, légèrement plus affectueuse avec son père, à l'époque où ils n'étaient qu'une seule et même famille. Ses pas montent l'escalier, doucement, comme si elle attendait de voir débarquer Alessio. Et, comme promis, elle rejoint sa chambre. D'un geste ample, elle ouvre son armoire pour y dénicher la robe qu'elle avait prévu pour ce moment de frénésie devant la webcam. Elle l'attrape, et l'enfile doucement, fermant les yeux sous la douceur du satin contre sa peau. Décolletée, ne montrant que ce qu'il faut pour éveiller les sens. Elle classe cette robe dans les merveilles du monde. Puis, elle attrape son ordinateur portable, en vérifiant que la caméra est bien fonctionnelle. Ayant l'habitude de se servir de son pc, elle n'est pas certaine de pouvoir utiliser cet outils. Sortant de sa chambre à pas de loup, elle avance à petits pas vers la chambre d'Alessio, pour l'y attendre. Elle pose l'ordinateur, resté ouvert, sur le bureau, et s'installe sur le lit -position assise, calée avec divers oreillers. Prenant place confortablement, elle attend l'arrivé d'Alessio, sans avoir encore allumé son ordinateur.
Elle l'avait prévenu qu'il ne s'en sortirait pas si facilement ce soir, elle comptait bien tenir parole. Alice ne lâche jamais, lorsqu'elle a les crocs serrés dans la chair.