as many time as it takes ☽

- la tête tournée vers les étoiles -


la feuille est restée blanche toute l'heure, le crayon suspendu juste au dessus. il planche dessus depuis le début du cours, alors que les autres ont déjà répondu dans de grandes lignes. son voisin de classe à écrit quelque chose comme "je ne sais pas" gribouillé avec beaucoup de fautes d'orthographe comme pour souligner qu'il n'a jamais su grand chose dans sa vie. sans doute que sissi a écrit qu'elle voulait devenir mannequin et bob bricoleur parce que eux, leurs parents ont réussi et qu'il n'ont pas grand chose à prouver. matt bossera dans le restaurant de sa famille qu'il le veuille ou non parce que eux, ils ont toute une portée à dormir. pourquoi tu ne réponds pas simplement à la question maël ? maël voudrait aller dans l'espace et travailler sur des satellites. maêl il pourrait juste faire le ménage dans le cockpit que ça irait : maêl pourrait être l'assistant qui fait le café, tant que la nasa l'embauche. ça ira.
mais maël, tout le monde rigole quand il dit ça, alors il ne dit rien. sourit en coin, griffonne quelque chose de facile. quelque chose, de simple et d'évident. hier il se voyait policier, aujourd'hui en regardant dehors l a écrit jardinier. et demain il dira d'un air assuré à ses parents, qu'il a le temps.
maël n'a pas le temps et il le sait très bien.


- tu rentres quand ?
la voix dans le téléphone était fatiguée, elle lui racontait qu'elle rentrerait bientôt. maël soupira en raccrochant. il a rencontré max au collège mais max jouait déjà dans la cour des grands. max est de toute manière, plus âgé que lui et au début, maël a eu du mal à accepter que ce soit tombé sur lui. mais entre grosses têtes, c'était normal qu'ils se rencontrent au final et ce qui a suivi, c'est juste la suite logique des choses. il se rappelle de la dernière fois qu'ils se sont vus et embrassés. et des promesses. max a réalisé son rêve lui, il fait de grandes études, dans une grande ville. max a toujours été trop grand. et maël trop petit.
maël est toujours prisonnier de sa chambre d'ado aux posters de chanteurs oubliés, aux vielles consoles, à la relique qui lu sert d’ordinateur. seul son télescope est à la pointe de la technologie. maël il attend sagement que son copain revienne, pour qu'il puisse savoir si oui ou non, il abandonne son propre rêve. tout le monde lui dit que ça va lui passer et qu'il va rencontrer quelqu'un d'autre.
parfois, c'est plus simple d'ignorer la réalité.