solar love ; libre

cause all my friends and family they keep on dying

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jamie marche. l'arrière de ses baskets frotte contre ses chevilles, puis rappe sa peau, rappe son coeur, laisse couler quelques gouttes de sang sur les chaussures blanches, pas neuves du tout, presque grises en fait. parce qu'il les avait mises à la machine, pensant que ça les nettoierait un peu. mais la semelle s'est décollée, et maintenant elles emplissent les rues de leur fatal skouik, skouik, le caoutchouc presque tout le temps mouillé qui frotte le macadam humide des rues.
et ce soir, là ce soir, là tout de suite, il est pas hyper bien, jamie. parce que ruby répond pas, parce qu'il est tout seul sans elle, tout seul sans toi. parce que sans elle il a pas grand chose à faire, pas grand chose à dire. parce qu'il a plus de papier, qu'on est dimanche, qu'il peut plus en racheter, et qu'il se voit mal se pointer devant l'appart des voisins pour leur lancer un espèce de vous auriez pas du canson s'iouplait?
et il marche, seul, manque presque de trébucher. le cadavre de sa clope qu'il ose même pas jeter.
et peut être que le train va passer, pas s'arrêter, et ce sera fini pour jamie, fini pout toute sa vie. mais y'a pas de train à l'horizon, personne, pas grand monde.
jamie a personne. et tout seul, il s'étale de tout son long sur les rails, en étoile, le crâne rivé vers le firmament, attendant le signe d'une ou deux étoiles qui se battraient pour lui, pour sa tête à lui, pour son coeur.