[ i told the stars about you ]

- la tête tournée vers les étoiles -

[1] picasso
Dans la bateau de papa Hodge, Augustin a son domaine rien qu’à lui. Un petit bureau sur lequel est entreposé tout ce qu’il faut pour coucher son monde imaginaire sur du papier. Là, les carnets à dessin s’empilent, attendant qu’on les utilise alors que les crayons de couleur côtoient les pinceaux et les feutres dans de jolis pots en bois. Dans ce joyeux bazar organisé, on trouve aussi des fusains, de la peinture et des palettes déjà bien tâchées par milles teintes. Cet endroit, c’est le repère de Gus. Il s’y sent bien, comme dans une bulle réconfortante. Le jeune homme n’aime pas montrer ses esquisses et pourtant, ceux qui ont entrevu son travail disent qu’il a du talent. Lui, il s’en fout bien d’être doué, il fait ça pour lui, parce que ça lui permet d’évacuer, de penser à autre chose ou de dépeindre ce qu’il n’arrive pas à dire avec la parole. Alors, son coup de crayon n’est peut-être pas mauvais mais il n’a nullement l’ambition de devenir un artiste, c’est juste un moyen pour lui de se sentir mieux ou de ne pas oublier certains souvenirs en les figeants dans ses calepins. Le dernier ? Cet homme qui l’intrigue et le fascine tant. Ce surveillant portuaire au regard bleuté si intense. D’ailleurs, sur sa représentation, seules ses pupilles azures ont été colorées, démontrant le magnétisme qui a touché le jeune éphèbe lors de leur rencontre.  

[2] stradivarius
S’il y a bien une chose qu’Augustin aime par-dessus tout, c’est la musique. En fait, elle est très souvent représentative de son humeur. Le jeune homme a des goûts très éclectiques et il peut passer de Nivarna à Eminem en passant par Vivaldi en un rien de temps. Cependant, il y a un style qu’il affectionne tout particulièrement depuis qu’il est tout gamin, c’est le classique. Gus a même un stradivarius, un violon crée par Antonio Stradivari lui-même en 1737 et qui se prénomme Swan Song. Il lui a été confié par sa grand-mère maternelle de Nazareth - violoniste de carrière - lors de son dixième anniversaire. Ce cadeau fut un véritable déclic et il put mettre en pratique les années de solfège qui lui avaient dispensées. Augustin tient à cet instrument comme à la prunelle de ses yeux. Tout d’abord parce que c’est un objet d’exception et qu’il y a peu de véritables stradivarius mais également parce qu’il fait parti de l’héritage familiale. Tout comme le dessin et la peinture, jouer de son archet sur les cordes de Swan Song lui permet d’extérioriser ce qu’il a trop longtemps gardé au fond de lui.

[3] bouteille à la mer
Quand ses parents se sont séparés il y a deux ans, l’adolescent est venu aménager sur le bateau de son paternel. Il aime bien cette vie sur le chalutier réaménagé. Il apprécie cette existence nomade, cette sensation de liberté, de ne pas avoir d’attache et de pouvoir voguer de port en port comme bon vous semble. Gus adore le fait de ne pas toujours admiré le même paysage quand il se lève et de pouvoir contempler les différents états de la mer. Tantôt calme, tantôt agitée, tantôt scintillant sous les rayons du soleil. Le brun a l’habitude de se faire bercer par le mouvement des vagues et il ne sait pas s’il pourrait s’endormir sans. Le soir, il écoute aussi le murmure de la houle avant de tomber dans les bras de Morphée.

[4] squad
Augustin, il compte ses vrais amis sur les doigts d’une main. Gus et ses potes, ils sont liés comme les cinq doigts de la main et ils se déplacent presque toujours en bande. Le groupe est composé de trois garçons et de deux nanas aussi chouettes l’une que l’autre. Il y a Zackary alias Zack ou encore Don Juan, le dragueur invétéré et le coureur de jupons, toujours prêt à faire la fête et à se déhancher jusqu’au bout de la nuit en enchaînant les verres. D’ailleurs, il n’y a pas que la boisson qu’il enchaîne, les demoiselles défilent dans son lit sans que cela ne dure jamais plus d’une nuit. Dans la team d’Augustin on trouve aussi Ronald mais que tout le monde appelle Ron comme le célèbre sorcier roux. Lui, c’est le bout-en-train de la troupe, il lui suffit de quelques mots pour remonter le moral de ses camarades. Fidèle en amitié et en amour, il sort avec Maddison, une fille discrète et cultivée que tout le monde apprécie. Pour finir, il y a la dernière arrivée, Primrose alias Prim pour les intimes. Elle, c’est une vraie pile électrique, elle ne tient jamais en place mais c’est pour ça qu’ils l’aiment. Spontanée et joyeuse, elle est l’un des moteurs de la fine équipe. En bref, les cinq énergumènes sont très différents les uns des autres mais c’est ce qui fait leur force. Soudés depuis des années, ils ne se quittent pas d’une semelle et se soutiennent dans les moments difficiles.

[5] rimbaud
Gus aime les jolis mots, les jolies phrases, celles qui s’emparent de toi jusque dans la chair, les rendant plus… réels. Il voue un culte aux poètes, à ceux qui font rimer la vie, la description d’un paysage pour le sublimer et faire voyager ceux qui les lisent. Lui-même s’essaie au difficile exercice, dans ce notebook qu’il referme d’un coup quand son vieux vient le chercher pour dîner. Ces métaphores, ces alexandrins, ces anaphores, c’est son jardin secret et il ne laisse personne y entrer. D’ailleurs, la dernière page remplie parle de lui :

il marchait seul sur la jetée
luttant contre la tempête qui s’était levée
il avait l’air renfrogné dans son vieux ciré bleu foncé
mais moi cela ne m’a pas effrayé
derrière la noirceur et la froideur
je voyais un coeur
un coeur brisé, un coeur abîmé, un coeur rayé, un coeur bousillé
mais un coeur.

je m’approchais avec toute l’innocence qui m’était donnée
et tentais d’apprivoiser l’animal blessé
c’est alors que je croisais son regard glacial
et que je me perdais dans ses yeux
qui avaient la couleur des cieux
j’ai cru ne jamais plus pouvoir m’en détacher
tant j’étais hypnotisé.

[6] myocarde
Il est bancal Augustus, il l’a toujours été, depuis sa naissance. Parce qu’il a ce coeur dans sa poitrine qui n’est pas comme tous les autres. Enfin, après plusieurs opération, Gus est pratiquement comme tout le monde, sauf qu’à cause de cette cardiopathie congénitale, il ne pourra jamais réaliser son rêve le plus cher. Il a appris à vivre avec cette déception, à s’en emparer pour en faire quelque chose d’autre.

[7] tanakh
Cette chaîne en or avec cette petite étoile dorée, c’est un peu tout ce qu’il lui reste de sa mère. La génitrice d’Augustus est juive et son père, lui, il s’était converti par amour pour elle. Gus, il ne sait pas s’il croit vraiment à quelque chose mais cette religion, c’est comme le dernier fil qui le relie à sa mère. Il lui en veut de les avoir abandonné, il lui en veut d’être partie sans un mot à leur égard. Malgré la rancoeur, quand elle lui manque, il lit des passages de la Torah pour calmer sa mauvaise humeur. Il ne se sent pas vraiment juif et à vrai dire, il veut être libre de penser et de vivre comme bon lui semble sans que des textes sacrés ne lui dictent sa conduite.