FERMETURE DU FORUM
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Iron graves _ (Rory)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyVen 11 Mai - 8:36

Iron graves

Les barres d’acier rouillées défilent les unes après les autres sous mes semelles. Certaines sont presque brisées, d’autres rayonnent encore faiblement sous l’soleil couchant. J’déambule sans but dans la lumière qui se tamise, enveloppé par un nuage de fumée incessant, pour seule compagnie mon ombre s’étirant comme celle d’un géant.
J’lève le nez que lorsque j’entends un grondement sourd, signe avant-coureur de l’arrivée d’un monstre de métal rugissant qui traîne derrière-lui wagons à bestiaux ou autres marchandises peu reluisantes. J’m’empresse de me dissimuler –parce que de toute évidence j’ai pas vraiment l’droit de m’balader ici - derrière une vieille épave rouillée de convoi, couverte depuis belles lurettes par des graffitis obscènes. Vu l’odeur que la porte arrachée dégage ça doit servir de squat aux vagabonds ou aux jeunes de Night Falls. J’ai le nez qui se plisse quand j’respire les remugles de pisse et d’crasse. Putain, j’suis bien content qu’cette époque de galère soit terminée pour moi.

T’as dix-sept ans maintenant, des poils qui poussent et la voix grave. Ta carrure commence à s’dessiner tranquillement ; celle d’un bon gaillard, tout l’monde te dit qu’t’es déjà grand pour ton âge.
T’as dix-sept ans, et t’es encastré entre un carreau crade par lequel l’obscurité défile et une nana tellement obèse qu’elle doit même plus trouver son nombril. Mais t’as pas eu l’choix d’la place : quand t’es monté dans l’bus tout était déjà blindé. Puis comme t’as mis tes dernières économies dans c’billet t’as plutôt intérêt à saisir ta chance.
T’as dix-sept ans et t’es orphelin par deux fois déjà. Les premiers – ceux qui t’ont créé – sont placardés derrière des barreaux ou entre quatre planches. Les seconds – qui pensaient rendre service à la planète en t’adoptant – ont fini par t’lâcher aussi. T’aurais pu te retrouver une autre famille en affichant ta gueule d’ange sur un d’ces catalogues en ligne pour mômes esseulés. Mais t’as préféré t’abstenir : déjà t’es trop vieux, puis ça fait maintenant plus d’une décennie qu’tu prouves avoir besoin d’personne pour vivre.
T’as dix-sept ans, quinze dollars et quelques en poche, et rien d’autre que toi.
Par les vitres t’entrevois juste une ligne de chemin de fer en ruine.


Les mêmes rails où j’me remets à crapahuter. J’aime bien l’endroit, j’m’y sens comme un équilibriste entre l’sud et l’nord. De là on aperçoit tout juste les toits colorés des maisons proprettes, voir carrément luxueuses, d’Orange Grove. Puis si on tourne la tête de l’autre côté ce sont les barres HLM miteuses et les sommets d’immeubles pouilleux qui enlaidissent le paysage.
Funambule sur les deux mondes.
Qui regarde avec défi l’sol en contrebas, prêt à recevoir la poussée du vent entre les deux omoplates pour frôler l’danger de s’éclater le crâne en impact sanguinolent.
C’est pas que si j’reprends pas pied c’est pas grave. Juste que j’en ai rien à foutre.

Neurones sur pause, j’me contente de flâner jusqu’à ce que mes pupilles se vrillent sur une silhouette familière. On dirait une apparition horrifique des années soixante avec son teint blême et la couronne floue de cheveux blonds qui l’auréole. Une de celles qui vous portent la poisse.
Qu’est-ce qu’elle fout là ?
J’m’avance droit vers elle, la rage qui commence à m’perfuser les veines. Plus j’m’approche et plus elle a l’air déplacé, emprunté. L’apprentie impératrice du mal détonne entre les tombes rouillées et éventrées des chariots. D’habitude elle s’pavane plutôt sur les grandes artères de la ville ou sous les néons du Sinners, protégée par le pseudonyme du paternel. J’imagine qu’elle vient cracher sur l’bas-peuple puisque c’est c’qu’elle sait faire de mieux.
Rory Raynes.
Ça gronde dans la gorge comme l’arrivée de la tempête.
Tranche avec son maintient de sylphide.
Rory c’est l’chaos irrépressible. Distorsion de la lumière qui vous noie dans l’obscurité. C’est les mensonges poisons, la toxine d’apparat, et surtout jamais celle qu’elle vous laisse pourtant croire. Rien qu’sa vue me fatigue.
Alors je l’attrape directement par le poignet en arrivant dans son dos, un geste exempté de toute compassion.
« Tu dégages d’ici toi ! » Y a tout l’mépris du monde dans ces trois lettres. « T’as rien à faire là, retourne vampiriser tes putains d’bourges et lâche-nous. »
J’crache des syllabes véloces comme si elle allait bel et bien tourner les talons et disparaître. Peine perdue, on l’sait tous les deux, parce Rory passe son temps à essayer de faire chier l’intégralité du genre Humain. Elle a été balancée dans l’monde comme ça.
Petite bombe.


Revenir en haut Aller en bas
Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

Iron graves _ (Rory) 133807clubrichou
Iron graves _ (Rory) Kd1p
Iron graves _ (Rory) Ciut
requiescat in pace:


Iron graves _ (Rory) TIoHt7ni_o
Messages : 495
Identité : cecefaiblesseabsolue
Avatar : elle fanning
Crédits : queen nox

Âge : nineteen endless fucking years old
Occupation : full time queen (of the underworld)
Côté coeur : addicted to the Night(mare)
Quartier : orange grove

Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyLun 14 Mai - 15:47

Les rails.
Symbole de division, éternelle frontière entre les nantis et les misérables, l'opulence indécente et le manque au creux du bide, l'or et le pourpre, la beauté lisse et illusoire contre la débauche sale et crue. Générale en culotte courte drapée d'un carmin tapageur, Rory embras(s)e le sud et ses immeubles crasses que rien ne peut sublimer, pas même la palette divine du crépuscule. Opales belliqueuses mais silhouette vaporeuse, presque évanescente, elle admire la laideur que dégueule Crescent Heights et la capture au creux du polaroïd glissé entre ses phalanges. A la frontière entre deux mondes, le vainqueur du destin contemple l'ennemi condamné à crever et loin de se gorger de cette guerre rondement menée, elle regrette Ro. Peut-être que sa vie aurait été différente, si elle était née de l'autre côté, si elle avait dû s'élever dans le dénuement et employé son énergie destructrice à s'élever plutôt qu'à creuser. Sa tombe comme celles des autres. Peut-être que le vide à l'intérieur aurait été moins oppressant s'il n'était pas aussi gourmet, refusant la facilité à sa portée et tout ce que Rory essaye de lui enfoncer dans le gosier. Peut-être qu'elle n'aurait pas besoin de s'acoquiner des ombres si elle avait grandi parmi elles, louve au milieu des loups. Peut-être. Peut-être que la mort ne serait pas une amante tant désirée, une amie réconfortante et fraternelle si elle l'avait côtoyée plus vite, plus jeune, plus près, dans toute sa brutalité.
Rory, éternelle insatisfaite se rêve Cendrillon plutôt qu'Aurora et reconnaît dans sa lucidité trop grave pour les caprices de gosse de riche que sa vie n'aura jamais la saveur qu'elle espère parce que tout est trop facile, tout est acquis, l'univers des possibles flotte déjà au-dessus de sa couronne précieuse. Alors Rory s'encanaille, bat les pavés de ses talons trop hauts le jour et s'évapore la nuit pour devenir autre, une créature en roue libre, fascinante et dangereuse. Jamais rassasiée de l'appel du vide qui l'attire toujours plus près de la déchéance, qui déraille la mécanique de son coeur épris et lui offre la sensation de vivre un peu, au lieu d'exister. Elle hante souvent les rails, la reine de rien, laisse voguer ses pensées sinistres tandis qu'elle se sépare d'elle-même. Ici, Ro s'abandonne pour renaître dans les ténèbres, suivant la course du soleil. Si d'autres ont peur du noir, elle ne vit qu'à moitié tant que la nuit ne la drape pas tout à fait. Entre les cadavres de bouteille et les trains abandonnés, la belle laisse l'insolence du sud jamais à terre la ronger. Elle se repaît des bruits qui lui parviennent, dissonants, loin de la symphonie prospère des beaux quartiers et se dissocie doucement d'elle-même dans un un entre-deux languide. Absorbée par son intérieur chaotique, jamais silencieux, Rory occulte le reste, n'entend ni les pas hâtifs qui s'avancent comme une cavalerie et encore moins la respiration lourde, chargée de haine pour empoisonner son atmosphère. La nébuleuse retrouve pied au contact de la serre d'acier, brûlante, contre son poignet froid, elle sent la silhouette longiligne dans son dos, les battements erratiques de son palpitant qui cogne d'une excitation équivoque, déplacée. Pendant un centième de seconde, Rory se dit qu'il va la tuer, qu'elle va mourir comme ça, sans un mot, sans un geste et s'effondrer dans sa robe de succube d'un autre temps, pourpre contre sang. L'impulsion irradie dans ses muscles gorgés d'adrénaline et l'idée lui semble belle, symbolique. Tomber à la frontière entre les mondes, devenir gardienne éternelle et hanter les lieux ... ouais, c'est une perspective qui a de la gueule et la proximité du danger qui lui coupe le souffle attise sa poitrine aussi bien que ses reins.
Mais l'inconnu ouvre la bouche et dilue la tension, sans en chasser tout à fait l'érotisme. Tim. Ce n'est que Tim, et Rory n'a pas besoin de se retourner pour imaginer ses traits bouillonnants de bombe humaine, l'arrogance nourrie au creux de ses prunelles et ses sourires canailles, goguenards, davantage poudre aux yeux que réelle insécurité. Mais elle se retourne finalement, après avoir ciselé un sourire à sa mesure contre ses pulpeuses. Tu penses avoir la moindre autorité ici ? C'est mignon. Royale, glaciale dans sa stature et son esquisse impérieuse dénuée de chaleur, Rory coule ses phalanges sur la paume qui retient son poignet pour accompagner son mouvement et délier sa poigne. La dernière fois que j'ai vérifié, t'étais pourtant qu'un clébard à peine suffisamment dressé pour garder une porte. Une misérable porte de boîte de nuit qu'il n'arrivait même pas à contrôler, alors de là à vider la moitié de la ville comme le défenseur de la veuve et de l'orphelin ... à d'autres. Tim s'englobe dans un nous vibrant, comme s'il avait une foutue idée de la solidarité et Rory l'infantilise presque, du haut de ses vingt années glorieuses, bientôt entamées. Parce qu'il ressemble à un môme entêté d'idéaux alors qu'il est l'inverse le plus absolu. C'est ça, qui l'a attiré chez lui, gamine en quête des abysses. La colère rouge, la rage noire, les poings fébriles et la mâchoire enjôleuse, serrée jusqu'à faire apparaître un muscle juste là pour ses lèvres. Si Nox est Hadès, Tim est Arès, guerrier véhément qui finira dévoré par ses propres flammes. Et elle, n'oublie pas son rôle : lors des noces entre les amants souterrains, Arès offrit à Perséphone une armure, que Rory enfile aujourd'hui pour attiser les flammes dansant autour de l'insolente beauté de Tim. La ville nous appartient chaton, ne te méprends pas. susurre Rory dans une confession au timbre chaud, délibérément provocant, opales dardées sur les traits belliqueux qui la fusillent déjà alors qu'elle dérobe son nous pour le travestir. Et comme pour rappeler ce postulat qui la rend libre d'hanter les ruelles malfamées en toute impunité, elle délaisse son Polaroïd pour les billets dormant dans sa pochette, ceux destinés à finir leur course dans le ventre d'un dealer. Combien pour que tu calmes tes ardeurs loin de la gueule de mon mec ? Les billets tentateurs dansent entre ses doigts fins dans un ballet sulfureux. Elle ignore ce qu'elle cherche à provoquer, Rory, en pianotant sur plusieurs boutons à la fois. Un besoin de le rabaisser à sa condition de sous-fifre qui tapinerait pour un peu de thunes, peut-être, ou de rappeler une énième fois se dirige sa loyauté pourtant flexible. Vers Nox, qu'il hait si fort. Et c'est qu'une illusion de plus, un mensonge de rien. Parce que Nox, il n'est jamais aussi beau que la gueule ravagée, défaite, l'épiderme constellé d'hématomes qu'elle se plaît à baiser, de sang encore frais qu'elle goûte du bout des lèvres.
Elle préfère la violence, toujours, mais sait taire ses bas instincts.
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1228-eyelashes-longer-than https://souslesetoiles.forumactif.com/t1681-i-know-there-s-a-special-place-in-hell-reserved-just-for-me-it-s-called-the-throne
Invité
Invité
Anonymous


Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyDim 27 Mai - 7:16

Iron graves
Rory & Tim
Womp Womp

Rory se retourne lentement, parce qu’elle est en pleine représentation depuis l’moment où elle m’a avisé. C’est tout l’temps pareil : elle se compose un rôle à sa mesure pour vous en mettre plein les yeux. Mademoiselle est sur scène – sa scène – n’importe où, du moment qu’il y ait au moins un spectateur pour être témoin de ses répliques sanglantes. J’ai juste le temps d’jauger l’éclat carnassier dans ses iris avant qu’elle se mette à m’attaquer à la gorge.
« Ta gueule Ro'. J’t’ai pas demandé d’avis, j’te dis juste de t’casser. »
Faut pas s’laisser avoir par ses airs de PDG d’la terre entière. Sinon vous êtes foutus. Vous vous mettez à douter d’vos arguments, du bien fondé même de votre existence. Vous vous réduisez à une poussière ridicule sur son épaule qu’elle balaie d’un revers de la main. Vous devenez plus que des miettes. Insignifiantes.
Mais la p’tite bourgeoise s’adresse pas à un d’ses domestiques là.
Ses doigts fins s’évertuent à virer les miens de sa peau de pêche. Faudrait pas que je l’abîme  - ce serait du gâchis pour la gente masculine - alors j’la laisse faire, les yeux toujours en train d’lui balancer des éclairs.
« J’sais faire plein d’autres choses que d’garder une porte. Tu dois t’en souvenir, ça remonte à quoi ? A peine trois ans ? Tu sais à l’époque où tu disais pas non quand on t’baissait ta p’tite culotte ? »
Rory et son gracieux menton hautainement relevé qui tanguait du bassin dans les couloirs du bahut. Rory qui déjà s’entraînait à dominer ses semblables. Rory qui possédait à l’état embryonnaire son penchant pour les vilains garçons et la classe nécessaire pour chuter élégamment avec eux dans leurs pires travers.
J’l’avais remarqué direct avec sa clique de blindés aux as. Dix-sept ans à peine et déjà du mépris à revendre à la pelle. Mais elle était un peu moins nébuleuse qu’aujourd’hui. Pas tout à fait sortie de l’adolescence, raccrochée par quelques fils à la gamine blonde presque heureuse de treize piges qu’elle avait du être. Rory elle avait pas refusé mes sourires enjôleurs aux coins des salles de classes. Ni les baisers sauvages en dessous des gradins du stade. Elle s’était laissée posséder, apprivoiser. Jusqu’à ce que l’autre con entre dans la danse.

Je l’observe farfouiller dans son cabas à quatre chiffres et en sortir une liasse carrément indécente. Malgré-moi, y a une lueur gourmande qui passe sur mon visage avant de s’éteindre tout aussi vite, remplacée par un air torve. Faudrait pas qu’elle s’imagine quoique ce soit, c’est pas comme si elle pouvait m’acheter avec des p’tites coupures.
« Tu rigoles là ? J’vois pas en quoi ça t’concerne qu’il vienne réclamer des roustes. »
Un sourire scalpel m’étire les lèvres.
« Tu joues la nounou pour lui ? »
Ça, j’vais en prendre note et lui ressortir. J’ai déjà l’excitation qui affleure à l’idée de notre prochaine rencontre. A chaque fois c’est comme ça : engranger des armes toujours plus corrosives afin d’lui renvoyer en pleine gueule. J’suis sûr que Nox va être ravi de savoir que sa copine bafoue sa virilité en essayant de le protéger à coup de pots-de-vin.
Le sourire se décline en rire frondeur. J’fais mine de m’essuyer les yeux puis les baisse sur elle, narquois à outrance.
« Déjà, j’sais même pas pourquoi tu m’parles de ton connard. J’en ai absolument rien à foutre, tu piges ? »
Je disperse son fric du dos de la main, dans un geste injurieux. Les papiers tombent au sol et s’éparpillent au milieu des rails oxydés. Les centimètres qui marquaient encore une distance entre nous s’envolent quand j'm'avance ; j’suis plus qu’à un souffle de lui mordre les lèvres.
« Tu dé-ga-ges. Ramasse tes merdes et tire-toi. J’veux pas t’voir à Night Falls.»
La menace est explicite, le ton réfrigérant. J’ai qu’une envie c’est d’la voir se mettre à quatre pattes pour récupérer ses thunes – tout c’qui constitue son univers vraisemblablement – et qu’elle retourne parader dans les beaux quartiers. Moins j’vois sa gueule, mieux j’me porte.
Alors j’parle comme si le sud m’appartenait. Comme si elle était qu’une intruse sur une propriété privée et que j’m’apprêtais à la descendre sans sommation pour la violation.
Elle ferait un joli cadavre.


Revenir en haut Aller en bas
Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

Iron graves _ (Rory) 133807clubrichou
Iron graves _ (Rory) Kd1p
Iron graves _ (Rory) Ciut
requiescat in pace:


Iron graves _ (Rory) TIoHt7ni_o
Messages : 495
Identité : cecefaiblesseabsolue
Avatar : elle fanning
Crédits : queen nox

Âge : nineteen endless fucking years old
Occupation : full time queen (of the underworld)
Côté coeur : addicted to the Night(mare)
Quartier : orange grove

Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyMer 30 Mai - 16:39

Tim fourbit ses armes, déjà prêt à se battre contre la terre entière une seconde seulement après avoir pénétré sur le ring. L'hostilité luit partout sur les traits qu'elle dévisage sans pudeur et Rory le trouve presque attendrissant. Il est prévisible, petit soldat en colère contre la terre entière dont il suffit de remonter le mécanisme pour profiter du spectacle. Mots couteaux, regards revolvers et les insultes grenades, dégoupillées dès le premier acte. Tim lui crache de la fermer, lui intime de se casser comme s'il espérait l'intimider et elle lui adresse un sourire onctueux, presque conquis. Sans ne rien rétorquer, sans ne rien concéder, pas même un pas, habitant l'espace de sa silhouette anachronique ... Elle est bonne joueuse, Ro, elle lui laisse l'honneur des premiers sangs, le laisse frapper sous la ceinture et s'autorise à songer aux premiers émois adolescents, à l'envie inassouvie qu'elle avait eu de le faire sien. Pas avec la frivolité propre aux adolescents, non. Rory, elle voulait tout. Tout prendre et tout donner. Offrir sa couronne et devenir son Pygmalion, pour transformer le mauvais garçon en héros tragique, faire fleurir ce qui vibrait déjà sous ses phalanges câlines. Manifestement, ta mémoire te joue des tours. Et elle esquisse cet exact même sourire reptilien, celui qui porte l'hypocrisie sucrée du lycée comme teinte carmin tout en t'invitant cordialement à aller te faire foutre, malgré sa douceur trompeuse. Celui de la reine de pacotille au masque parfaitement moulé sur ses traits aquilins pour dissimuler la noirceur à l'intérieur et tout ce qui, chez elle, déconnait déjà à pleins tubes. A l'époque, je refusais déjà d'attraper ta médiocrité comme une mst. Rory savoure le goût onctueux des épines qui glissent hors de ses lèvres pour déchirer un peu de l'ego atrophié de Tim, si imposant qu'il a le pouvoir de les envelopper tous deux. Son timbre savamment anecdotique claque comme un fouet sur la peau alors que son mensonge se dresse entre eux, fier et faussement affable. Ce n'est qu'un mensonge, mais venant d'elle, qui prétend constamment dans une seconde langue organique, il en deviendrait presque palpable, gravé dans le marbre et les étoiles. Elle était trop bien pour Tim Madder. C'est faux, elle était déjà cet ange déchu faite pour les ténèbres plutôt que la lueur éclatante du soleil. Et Rory, elle sombra pour les abysses infernales qui rôdaient délicieusement autour de la silhouette de Tim. Môme nerveux au regard sombre et à la colère flamboyante qu'un rien pouvait déclencher. Elle aimait observer l'enfant de rien provoquer les petits rois de la cour d'école, serrer les poings et la mâchoire pour mieux se fendre d'une verve comme un uppercut. Elle éprouva l'envie de caresser le détonateur juste à côté du coeur et de glisser à ses côtés, loin de ce monde aseptisé qui l'ennuyait à en mourir. Tim, c'était l'appel du vide personnifié, ce besoin irrépressible de danser sur les fil des Parques qui l'embrase si souvent. Et c'est étrangement pour ne pas le perdre qu'elle ne s'est jamais donné tout à fait, resserrant sa toile autour de lui telle une veuve noire de pacotille, entre les mensonges d'une pureté supposée et les promesses lascives entre deux cours soporifiques. Le sourire gourmand que Rory lui offre est une provocation assumée qui raille le chien de garde du Sinners, le réduisant à rien d'autre qu'un métier d'imbécile heureux et balaye ses souvenirs moites comme on se débarrasserait d'un vêtement dépassé. C'est faux. Mais elle est douée pour prétendre, Ro, celle qui a dû apprendre à claquemurer ses différences.
Et comme une écorchure ne vient jamais seule, Rory cherche une nouvelle faille, redevenue lycéenne tyrannique à la couronne plastique. Celle qu'on dénigre mais porte quand même, puisqu'il est plus aisé de goûter au pouvoir des populaires plutôt qu'à l'impuissance des castes moins bien loties. C'est Nox qui s'impose, Nox qui s'immisce dans la conversation l'air de rien alors que le regard de Tim s'aimante aux billets qu'elle agite. Elle le voit distinctement, le bref éclair de convoitise qui fait vibrer ses prunelles corbeau et elle imagine, avec une délectation singulière. Elle imagine les muscles bandés pour ne pas céder et le combat des vanités, sa fierté contre ses désirs profonds. Rory espère que son impulsivité noie sa fierté, que le gamin de rien qu'il a été prenne le contrôle de l'adulte enflammé et le pousse à céder au chant des sirènes. Elle est suspendue au moindre de ses gestes, môme lucide, éternelle observatrice de la nature humaine qui lui semble si vaine. Mais bien vite, l'envie est chassée par la colère, la rage, la violence. C'est toute la dignité des opprimés qui se lit sur son visage farouche et rien que pour cet instant, Rory est prête à tendre le drapeau blanc. A tourner les talons et à retourner d'où elle vient, loin des néons fauves. Sauf que l'appel du vide est plus fort. Il est toujours plus fort, lorsqu'elle avale une autre dose, s'enfonce dans une énième ruelle sombre, ou laisse une lame glisser tendrement sur la chair de ses poignets. Vraiment, tu vois pas ? Le mordant de l'ironie qui infantilise ondule à merveille sur ses traits pâles, au sein des opales affûtées qui ne quittent pas Tim d'un regard comme si elle avait le pouvoir de lire en lui. D'écarter les chairs et de se repaître du sang. Ça la concerne puisque Nox lui appartient. Ca la concerne, puisqu'elle l'a décidé ainsi, jetant le sujet en pâture dans l'espoir d'estomper la glorieuse arrogance qui le nimbe en permanence et dont elle aimerait le défaire. Elle qui aime dénuder jusqu'à l'os, jusqu'à l'âme. Alors elle poursuit, Rory, avec la méticulosité d'un horloger suisse. Elle choisit d'ignorer le rire toxique de Tim et sa gouaille maligne pour se concentrer sur les ombres chinoises tapies derrière le voile des apparences. A d'autres. Vous êtes trop semblables pour l'indifférence. Divinité miséricordieuse, elle combat le narquois de son timbre par le placidité du sien. Celui qui dévoile les évidences. La raison pour laquelle ils semblent autant attiser la fureur de l'autre ... A croire qu'elle a un genre, Rory. Arès avant Hadès. Ils sont proches, tous les deux. La même noirceur, la même colère originelle, le même orgueil, la même folie qui crépite au fond des rétines et puis ce même trou noir abyssal à l'intérieur, comblé par un trop plein de rage qui ne fait pas illusion. Sauf qu'ils sont des vases communicants : tout ce que Nox a eu, Tim en a été privé. Tout ce que cette chienne de vie a offert à l'un, elle l'a refusé à l'autre. Comme elle.
Rory entrouvre les lèvres, prête à poursuivre un raisonnement visant à insuffler l'acide dans ses veines. Mais elle se fige, surprise par l'audace de Tim. Les billets s'envolent et la tension l'affole, elle désireuse de toucher les flammes. Rory ne recule pas d'un pouce, ogives nucléaires au bleu glacé dardées sur Tim, le colon qui envahit l'espace et sème dans sa proximité le goût enivrant du danger. Malgré sa menace de pacotille. Sinon quoi ? C'est à son tour de laisser éclater un rire aussi creux qu'éphémère, là juste pour pénétrer les chairs et saloper les entrailles de Tim jusqu'à tout court-circuiter. Je t'ai connu plus explicite. souffle Rory contre les lèvres à sa portée en les effleurant dans un contact fugace, létale réminiscence du passé. Et elle rompt le contact, se dérobe au soufre volcanique pour mieux s'agenouiller entre ces rails défoncés. Rory se baisse avec sa grâce de vestale, gestes mesurés, aériens, et à la fois bien trop équivoques. Elle tombe à genoux dans une provocation sordide, assumée, comme si elle envisageait d'effeuiller le jean de Tim et d'offrir de sa bouche une prière passionnée entre ses cuisses. Même au sol, le rouge de sa robe souillé par le sable, l'oeillade qu'elle relève sur lui porte l'empreinte de cette assurance glaciale que rien ne saurait entacher. Et elle ramasse les billets froissés avec ses allures d'éternelle môme qui pourrait tout aussi bien cueillir des fleurs. Sauf qu'elle, même à l'enfance, les préférait fanées. Rory pourrait les laisser joncher le sol comme une marque indélébile de son passage ici, sur son territoire. Elle aurait pu, oui, mais se plaît à retenir Tim dans son sillage, à lui faire perdre son temps, elle l'errance personnifiée. Elle se plaît à mettre en scène la vacuité de son existence, à soigner la langueur licencieuse de ses gestes jusqu'à ne laisser qu'un billet indécent échoué au sol. Comme une signature. Rory se relève souplement et revient trouver sa place naturelle, proche de lui et de sa voix aussi gelée que la sienne qui crache les injonctions. Mais Tim est un petit roi de pacotille là où son identité lui confère l'immunité diplomatique. Abel Raynes aux mains saturées d'hémoglobine vient d'ici et dans ce sud misérable, tous savent ce qu'elle devine sans conviction : la dangerosité d'un homme qui s'est construit sur les os d'autres moins sanguinaires. Le problème de la menace, c'est qu'elle a besoin de susciter la crainte pour être prise au sérieux. Et je n'ai pas peur de toi. J'aurai jamais peur de toi. Rory déroule la vérité avec une minutie certaine, savoure le goût de la rage qu'elle cherche à enflammer chez Tim, môme effrontée qui éperonne un étalon monté à cru et rêve en secret à la catastrophe magnifique. A l'animal qui s'emballe, à la chute imprévisible, jolie cascade blonde rougie par une pierre tranchante. Alors que tu le veuilles ou non, tu m'y verras. Maintenant, si tu as peur que je mette ton précieux Night Falls à feu et à sang, tu n'as qu'à m'escorter jusqu'au Sinners. Et cela a beau être susurré, il y a une vérité brute, impériale : elle ne cédera pas. Peu importe le prix à payer, elle voguera dans le sud, silhouette fantomatique de mauvais présage. A moins que tu ne battes en retraite de l'autre côté de la frontière ... Ces rails défectueux sur lesquels ils se tiennent tous les deux, belligérants de papier dans une guerre factice. Il n'a qu'à fermer les paupières et se retirer de la partie, si sa vue le fait tant souffrir. Rory, elle, n'a pas meilleure distraction que tenter le diable pour faire s'éveiller un peu ce corps déjà mort, qui se lasse de tout et lui semble si vain.
C'est ainsi qu'elle tourne les talons après une dernière esquisse gourmande soufflée jusqu'à lui. Rory se moque bien de l'interdiction, de la présence du loup dans son dos nu, aveugle et vulnérable. Elle franchit la frontière invisible et aligne ses foulées lestes, souffle court et palpitant qui cavalcade, consciente du danger accroché à ses talons. Peut-être que c'est ce qui l'attire, la conduit à pousser plus loin les vices, coloniser le Sinners au lieu d'un autre bar miteux, à s’enorgueillir du casino plutôt que de la drogue. Juste pour jouir de la tension insidieuse qui fleurit le long de sa colonne vertébrale et porte son nom tatoué contre l'épiderme.
Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1228-eyelashes-longer-than https://souslesetoiles.forumactif.com/t1681-i-know-there-s-a-special-place-in-hell-reserved-just-for-me-it-s-called-the-throne
Invité
Invité
Anonymous


Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyMer 6 Juin - 13:40

Iron graves
Rory & Tim
Human

Voilà. Le venin fuse encore. Et qui pourrait y trouver à redire ? Le vrai paradoxe ce serait la douceur entre ses lèvres. Rory elle est exquise à l’extérieur, totalement pourrie à l’intérieur. Rien de bon n’en sort, que du néfaste et du délétère.
« En parlant de MST d’ailleurs, tu devrais t’faire dépister : Nox laisse traîner sa queue dans n’importe quelle meuf. »
Elle peut pas l’ignorer si elle me considère comme son reflet. Il a beau se la jouer classieux avec ses grands airs de nanti il est pas différent des autres. Au contraire : il en profite. Toujours en quête de nouveautés féminines, j’le vois jamais avec la langue dans la même bouche. Elles sont brunes, rousses, blondes. Jolies ou carrément sculpturales. Mais surtout éphémères. Y a bien que Rory pour être la constante dans c’merdier et parvenir à s’en sortir la tête haute. En façade tout du moins.
C’est c’qui m’a plu chez elle. Ce qui m’plaît toujours. Y a cette manière d’avancer coûte que coûte qu’elle adopte avec une expression faussement affectée qui m’excite inexplicablement. L’acier qui se cache sous sa peau me procure des frissons bien trop agréables pour que j’la déteste pas.

J’entrouvre la bouche pour rétorquer avec insolence mais elle me bâillonne d’un baiser avorté. J’bouge pas d’un millimètre et la tempête rugit contre mon crâne. Les phalanges blanchissent. La respiration devient bourrasque erratique. J’ai comme envie d’accident de voiture. Comme envie de m’faire sauter les plombs.
J’ferme les yeux le temps d’un soupir quand je la devine en train de s’agenouiller, là, à-même le sol entre les traverses de bois pourrissantes. Puis revient braquer mes yeux sur elle, la satisfaction malsaine m’illuminant dangereusement les traits. C’est exactement ça que j’voulais voir. L’héritière Raynes dans sa plus gracieuse position d’humiliation. Même ça, elle parvient à le sublimer.
La jeune femme se relève, sabre à la place de la langue prêt à fendre les chairs.
« Ta gueule putain Rory… »
J’me mets à marcher de long en large nerveusement. On dirait un fauve en cage en attente de sa livre de viande sanguinolente.
« Sérieux, c’est quoi ton problème ? Pourquoi tu dois toujours t’comporter en connasse mal finie ? J’sais pas, tu veux vraiment m’faire câbler ? »
J’grogne avec l’accent qui mâche mes mots.
« Toi t’es rien ici. Juste une fille facile en train de s’déhancher comme une tarée. Même ton père s’rendra compte du service rendu à l’humanité quand t’auras disparu… »
Le pire, c’est que j’le pense vraiment. J’suis pas complètement con non plus, j’ai bien entendu parler des hauts-faits d’Abel Raynes. Des « on-dit » à vous glacer l’sang, tous plus cruels les uns que les autres. Mais ça fait belle lurette que le parrain a mis les voiles pour la plus coquette Orange Grove. Ça sent meilleur là-bas paraît-il.
Quant à Rory c’est rien qu’une pute à peine marquée par la mano negra. Une jolie écervelé – qui n’connaît au final rien d’autre que sa prison dorée – voulant jouer à la terrible névrosée.

Je la regarde me susurrer du bout des cils sa provocation. J’vous jure que mon poing est à deux doigts de jaillir jusqu’à la courbe délicate de sa mâchoire.
« Reviens là ! Tu fous quoi bordel ! »
Elle se tire. Sans pression. Avec sa démarche de ballerine à la con. Les mètres se creusent entre nous sans qu’elle daigne jeter un regard en arrière.
« RORY PUTAIN ! »
Forcément ; me v’là à cavaler derrière.
Je la rattrape avec une accélération nonchalante puis l’enserre à nouveau par le tendre biceps dans une poigne volontairement rude. J’espère qu’elle va marquer cette fois-ci. J’la force à se retourner en lui grondant au visage, les lèvres retroussé en rictus plus animal qu’humain.
« T’approche pas du Sinners ! Tu commences vraiment à m’faire chier p'tin. »
Ouais, il m’faut plus grand-chose pour basculer. Juste à un fil du carnage. Y a déjà l’voile rouge qui s’abaisse dans mon champ de vision en brouillant les limites à pas franchir. Et j’ai toujours été incapable de l’empêcher.


Revenir en haut Aller en bas
Rory Raynes
- reine des piques -
Rory Raynes

Iron graves _ (Rory) 133807clubrichou
Iron graves _ (Rory) Kd1p
Iron graves _ (Rory) Ciut
requiescat in pace:


Iron graves _ (Rory) TIoHt7ni_o
Messages : 495
Identité : cecefaiblesseabsolue
Avatar : elle fanning
Crédits : queen nox

Âge : nineteen endless fucking years old
Occupation : full time queen (of the underworld)
Côté coeur : addicted to the Night(mare)
Quartier : orange grove

Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) EmptyDim 22 Juil - 15:20

Il ne laisse jamais rien tomber, Tim, rend chaque coup au centuple et se nourrit de sa rage comme un condamné à mort de sa cène, le dernier repas avant le trépas. Il dévore sans réaliser que ce qui bouillonne dans ses veines n'est pas un carburant, mais un poison qui ne fera que le fragiliser chaque jour davantage. Et Rory, ça lui plaît, de se sentir témoin privilégiée d'une chute inéluctable qu'elle a prédit le jour où elle l'a rencontré au détour d'un couloir. A l'instant même où son visage aquilin s'est perdu contre la veine palpitante contre son front comme un tambour de guerre jusqu'à la faire frémir. Le tic tac inlassable du chaos qui approche. A force d'attiser ses flammes, de chercher au creux des cendres un peu de vie pour s'en emparer, elles réchauffent moins. Sont devenues de ces habitudes presque mécaniques. Alors évidemment, qu'il attaque sur Nox, l'unique sujet chez celle que rien n'atteint. Et bien sûr, qu'elle s'attendait à ce retour d'incendie, qui ne l'ébranle pas tout à fait du haut de sa tour de glace. Elle aimerait pourtant, Rory, abandonner Perséphone et ses enfers, se défaire de Cassandre et de sa vision fatidique, elle aimerait laisser la colère divine lécher ses os glacés et se noyer dans l'impulsion carnage de Tim, loin d'une distance lucide, loin de sa dissociation maladive. Très original Tim, aucune de mes amies n'a jamais essayé de m'atteindre de cette manière. Sourire vipérin, ironie mordante et infantilisation doucereuse, trop onctueuse pour ne pas être perçue pour ce qu'elle est : une provocation supplémentaire, un démonstration sordide de supériorité qui n'a pas lieu d'être. Et pourtant, Rory a la mâchoire un poil plus crispée, le défi moins fulgurant au fond du lac placide de ses prunelles. Parce qu'elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas le besoin de Nox de se perdre entre les cuisses de toutes ces connes qui ne seront jamais elle. Elle ne comprend pas, elle pour qui la recherche du plaisir ne motive jamais ses propres égarements près d'autres reins que les siens. Si elle s'égare aussi, sa raison est bien moins triviale, elle qui recherche davantage dans l'abandon des corps qu'un orgasme éphémère, capable de l'atteindre sans l'aide de personne. Elle, elle a besoin de plus, qu'importe si ses justifications sont souvent malsaines, Ro se drape dans une maturité grave qui fait souvent défaut à Nox. Mais elle lui pardonne, elle lui pardonne tout, consciente pour deux de l’Évidence. Et comme pour prouver à Tim que cette tentative est vaine, qu'il ne trouvera nulle prise où la blesser par ce biais, elle livre une pensée qui n'appartient pourtant qu'à eux. Il n'y a pas besoin d'être fidèle pour se jurer fidélité mais j'imagine que cette subtilité t'échappe. Parce qu'il est primaire, Tim, soumis à l'attrait du sang comme un charognard. C'est ce que son timbre céleste sous-entend alors qu'elle le méprise d'un regard brûlant trop intense pour n'être que ça. Du mépris. Peut-être qu'elle le déteste un peu Rory la figurine que rien n'atteint. Peut-être qu'il y a des reproches murmurés au creux de son timbre. Celui de l'avoir reniée aussi rapidement lorsqu'elle a préféré la mort à la guerre, la nuit à l'orage qu'il incarne si bien. Peut-être. Mais le masque est bien en place et la partition connue sous le bout de ses phalanges. Ro souffle sur les braises, alterne soufflets et caresses, frôle les lèvres interdites jusqu'à réveiller le fauve qui s'agite, qui insulte et s'égosille en questions de rhétorique. Bien sûr, qu'elle veut le voir se dissoudre au milieu d'un carnage. Il est beau quand il brûle, vague grain de sable qui gonfle jusqu'à créer une falaise entière sous la haine qui l'habite. Et Rory le fixe avec une intensité renouvelée, regard pesant délesté de sa royale condescendance. Jusqu'à ce qu'il ouvre à nouveau la bouche pour cracher ses inepties d'un accent pâteux. Si j'étais vraiment rien comme tu tentes de te convaincre, ma présence ne te mettrait pas dans cet état. Un souffle languide, limpide. Calme et sereine, détachée d'une scène qui a un goût de déjà-vu, éternelle témoin des piques de colère de Tim, éternelle déçue qu'elle ne crève pas violemment sa peau pour devenir rage incandescente et l'embraser en vol. Rory sait, qu'elle n'est rien, un vague conglomérat d'atomes créé par erreur qui n'a de place nulle part. Ni ici, ni chez elle et encore moins là-bas. Elle existe, à défaut de vivre et c'est sa plus grande tragédie. Et malgré cette sensation cuisante de n'être qu'une vague silhouette hallucinée, Rory sait que l'attention qu'on lui porte l'aide à se maintenir à flots. Et c'est son père, qui le fait mieux que personne. Si elle venait à s'évanouir, il réduirait la ville à feu et à sang jusqu'à être convaincu que le responsable de son trépas l'y aurait rejoint. Peu importe si pour ce faire, d'autres innocents devaient payer. C'est la raison pour laquelle elle ne le prend pas au sérieux, Tim, drapée dans l'invulnérabilité de son nom. Elle déroule ses longues jambes comme si on déroulait un tapis rouge sous ses foulées et se plaît à chalouper davantage ses hanches, à cambrer les reins dans une dernière provocation, convaincue d'avoir aisément remporté la partie. Sauf que les pas déliés de Tim, rapides comme une cavalerie, s'invitent dans son dos et sa poigne vengeresse contre son bras trop pâle, qu'elle marquera d'un tatouage éphémère. Même ses gestes, sont calqués sur ceux de Nox. Et leur dualité la frappe, une fois de plus : elle a aimé frôler Tim car c'était providentiel. Il n'était là que pour la préparer à sa véritable âme soeur, sa version plus aboutie, achevée dans son nihilisme. Nox. Mais il tombe mal, le cavalier de l'Apocalypse : Rory a décidé que la confrontation était terminée pour aujourd'hui, fade saveur vite oubliée contre les papilles. Elle pivote pour lui faire face, esquisse presque un sourire en contemplant le tableau pourpre contre ses opales. Tim est à ça d'exploser et l'appel du vide est plus fort que le reste. S'il brûle plus fort, alors elle sublime la glace de ses traits, se défait mentalement de la fascination que le spectacle fait naître en elle, de la morsure au creux de son ventre qui s'éveille doucement. Elle occulte ça pour lui offrir le visage qu'il hait le plus. Ecoute Tim, cette conversation est inutile. Elle est close. Tu ne fais que ça, rabâcher sans cesse les mêmes menaces et à chaque fois, elles sont moins mordantes que les précédentes. Perfide, Rory cherche le détonateur, fait à nouveau s'inviter ses phalanges colons sur la poigne qui entrave son bras, sans chercher à les en déloger. Elle tâtonne, espère trouver les câbles sous la pulpe de ses doigts et tout bousiller. Tu peux continuer à t'égosiller, me frapper si ça te chante, on sait tous les deux que tu ne m'empêcheras pas d'aller au Sinners ... à moins de me laisser sur le carreau. Ses opales givrées viennent glacer la foudre des siennes, alors qu'elle susurre ça avec une insolence folle. La violence ne l'a jamais effrayée, Rory, au contraire. Elle lui laisse la main, convaincue de la conserver, peu importe que Tim exulte de rage jusqu'à tâcher sa peau, qu'il abdique à genoux ou cherche l'humiliation.

***

Elle déchante, l'apparition spectrale lassée de tout, à peine passée sous les néons. Le Sinners ne valait pas d'être disputé âprement tant le spectacle miteux sous ses rétines lui rappelle tous les précédents. Les soirées s'étirent mais se ressemblent. Les mêmes nanas se déhanchent sous les lumières tamisées, le coeur vide et le regard triste, et les mêmes clébards en costumes mal taillés les admirent, déjà à l'étroit dans leurs caleçons. Mécaniquement, comme à chaque fois, Rory cherche la figure paternelle du regard et éprouve une forme rare de chaleur à l'intérieur en réalisant qu'il n'y est pas. Qu'il est trop bien pour ça. Les danses langoureuses n'attisant rien d'autre en elle qu'une forme de tiède désintérêt, Rory et sa robe pourpre fendent la foule sans ciller, sans jamais s'écarter d'un chemin tracé seulement derrière le filtre de ses prunelles. Elle quitte la moiteur du rez-de-chaussée pour le sous-sol et son casino clandestin. Il est presque vide, la nuit n'ayant pas tout à fait remplacé le crépuscule et elle se demande ce qu'elle fiche ici, le fric au creux de son sac et l'ennui déjà tatoué partout sur ses traits. Papillon attiré par les flammes, par le parfum licencieux du danger, elle se lasse déjà, en réalisant qu'il flotte bien mieux autour de Tim que dans ce supposé lieu de perdition.
Elle rêve à quelque chose, Ro, n'importe quoi, alors que la soirée s'étire en longueur. Qu'elle gagne des sommes indécentes avant d'en reperdre tout autant, qu'elle cherche de la poudre des yeux et laisse un homme d'âge (trop) mur lui offrir des verres sans saveur, délaissés dès la première gorgée. Elle laisse son esprit brisé divaguer, imagine le visage de son imposant voisin dévoré par les vers comme une vaine tentative de distraction et attend quelque chose sans savoir quoi. Elle ne comprend pas son impulsion de se rendre ici, si forte, presque épidermique, si c'est seulement pour ça, des machines bruyantes et une clientèle de petites frappes sans prestige. Et puis comme un présage de mauvais augure, ses souhaits sont exaucés au-delà de ses désirs ... C'est soudain. Elle bat des paupières, perd un instant le sens des réalités lorsque la fumée âcre emplit ses poumons, lorsque les flammes surgissent de nulle pour piéger les quelques âmes égarées comme des rats dans ce sous-sol loin d'être sécurisant. Loin de s'affoler, Rory sourit. D'une esquisse tout sauf étudiée, qui naît du tréfonds de ses entrailles pour s'épanouir sur ses lèvres à l'idée de goûter aux flammes. Et pour une seconde éphémère, l'univers semble enfin lui sourire en retour. C'est un cadeau, c'est certain. Elle qui a senti l'impulsion impérieuse de se rendre ici au plus profond de ses tripes, sans comprendre. Mais c'était pour ça. Quelque chose en elle le savait, le monstre qui se niche entre ses reins et balance tout ce qui pourrait être dans le trou noir de sa gueule. Cet incendie est son cadeau.
Autour d'elle, ça s'anime, ça s'agite et plus que jamais, Rory se sent loin de la foule, plus haut. Mais elle n'est pas loin de son corps, flottant au-dessus des autres comme une naufragée. Non, c'est l'inverse le plus absolu. Elle n'a jamais été autant enfermée dans ses courbes, soumise à ses ressentis, aux sensations qui l'assaillent, au marasme létal d'adrénaline et de dopamine qui crame ses veines. Et bordel, c'est bon. Rory ne cherche pas à se soustraire aux flammes, jouit du goût du soufre et de sa gorge qui suffoque, calme au milieu de chaos, debout dans l'oeil du cyclone, sa robe écarlate se mariant à la beauté des flammes. Et elle qui n'a jamais été que glace rêve soudainement de se muer en l'inverse, le brasier destructeur, rapide et érotique dans ses ondoiements plutôt que le froid polaire qui l'empoisonne lentement, jour après jour.

Revenir en haut Aller en bas
https://souslesetoiles.forumactif.com/t1228-eyelashes-longer-than https://souslesetoiles.forumactif.com/t1681-i-know-there-s-a-special-place-in-hell-reserved-just-for-me-it-s-called-the-throne
Contenu sponsorisé



Iron graves _ (Rory) Empty
MessageSujet: Re: Iron graves _ (Rory)   Iron graves _ (Rory) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Iron graves _ (Rory)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» like a flower made of iron ☆☆☆
» rory raynes
» arsenic | rory
» keep you safe (rory)
» dévasté. (rory)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
sous les étoiles. :: ÉCLIPSE :: Anciens rps-
Sauter vers: