- la tête tournée vers les étoiles - - Citation :
- une mère. seulement. depuis le début. payée pour se taire. paraît que c'est pas très bien vu les gosses liés à une relation adultère. mais moe elle s'en fou de ce "père" barré quelque part sur terre. un connard de plus. le premier de la liste. en gras. souligné. raturé. // elle a jamais fait de grandes études, moe. elle en a jamais vraiment eu l'occasion, ni même la motivation. aucun diplôme en poche, que des billets. bien trop occupée à ramener des sous à la maison, bien trop crevée pour plonger le nez dans ses révisions. le béton de la cours de récrée remplacée par celui du trottoir. // elle rêve, moe. de s'évader. de partir pour ne plus jamais revenir. de paysages. de langues inconnues. mais la liberté à un prix bien plus élevé que celui auquel elle est payée.
yeux fermés. lèvres closes. y a plus aucun bruit depuis quelques minutes. un silence pesant depuis que les respirations ont cessés de s'affoler. parfois, elle aimerait bien oublier tout ça. toujours de nouveaux draps. jamais les mêmes. ce corps. jamais reposé. toujours cambré. moe ce sent sale. envie de se frotter l'épiderme à la javel. elle se redresse, jette un regard à travers la pièce. jambes tremblantes, gorge nouée, elle quitte les draps sale d'un ébat qu'elle n'aurait jamais consentit sans quelques billets. moe a envie de vomir lorsqu'elle se ressasse toutes ces belles soirées, comme ils aiment si bien les nommer. un homme d'affaire cette fois-ci. pourri, les poches pleines (comme son père). elle aurait presque envie de pleurer si elle n'avait pas autant envie de gerber. le sol tangue sous ses pieds, alors qu'elle rassemble ses affaires. elle profite qu'il soit partit sous la douche pour se rhabiller, rapidement. pour partir d'ici. rapidement. moe remonte sa jupe, réajuste son débardeur. on pourrait presque la prendre pour une fille comme les autres. banales. transparente. elle ne demandait que ça, la gamine. «
tu pars déjà ma jolie ? » elle s'immobilise, un peu. grimace, beaucoup. moe bouillonne de l'intérieur. pourtant elle ne dit rien, préfère garder le silence. pour éviter le mot de trop. pour éviter de déconner et tout faire basculer. c'est qu'ils avaient presque sa vie au creux de leur main, ces salauds. du moins, l'argent qui la fait manger. dormir, aussi. du moins, durant le peu d'heures où elle n'est pas solliciter. il s'avance jusqu'à elle, pause ses mains sur elle. aucune réaction. pas le moindre frisson. moe à arrêter de compter le temps depuis que ce genre de geste ne la fait plus vibrer. trop habituée. dégoûtée. «
dommage, on s'amusait bien. » elle soupire, discrètement. passe une main dans ses cheveux, pour se donner une certaine contenance. il a déjà le dos tourné, le meilleur moment de la soirée. celui de faire les comptes. «
ouais, mais j'dois y aller là. » elle est trop entière moe. ça pue l'hypocrisie, tout ces mots qui s'échappent de sa bouche. lorsqu'il vient vers elle, elle tend le bras vers la liasse qu'il s'apprête à lui tendre. mais c'est la mâchoire de la belle qu'il attrape au vol. «
hep, qu'est-ce qu'on dit ? » ce sourire méprisant qu'il a sur les lèvres, elle voudrait tant lui faire bouffer. mais elle se contente de froncer les sourcils, de le repousser un tant sois peu. comme elle peut. un peu maladroitement, elle attrape la liasse. mord, sans la moindre douceur, ses lèvres lorsqu'il tente de lui voler un baiser. il saigne presque. «
quelle sauvage... c'est pour ça que je t'aime. » se déconnecter. ne pas craquer. jamais. «
la semaine prochaine, même heure. » ça résonne dans sa tête lorsqu'elle s'enfonce enfin dans le dédale de couloir de l'hôtel. elle a la tête qui tourne. ça fait mal, ses pensées qui s'entrechoquent. violemment. ça lui donne la nausée. l'heure d'aller de se doucher. comme si ça pouvait l'épurer.
tout effacer.