doux amer (mad)

Elle y passerait la nuit. La vie. A observer l'ondulation des cheveux bruns sur une épaule à la peau douce qu'elle souhaite encore, parfois, embrasser. A scruter les signes dans les gestes saccadés d'une danse ou elle n'est pas invitée. S'appesantir sur les messages rêvés qu'elle croit lire dans le fond d'un œil qui ne la regarde pas. l'a-t-il jamais vu ? Et si elle invente, c'est pour détourner les yeux des blessures encore infectées, comme un poison sans antidote, condamnée à en subir la brûlure. Mais elle se souvient plus deva, si elle brûle a cause de mad ou parce qu'elle continue de s’agripper à elle comme on s'ancre dans un océan. Elle sait qu'elle la cherche encore, quand elle marche dans les rues, quand elle fait les courses, partout ou ça grouille de monde. Cherchant son visage comme si tout pouvait s'éclairer soudain. Et quand enfin elle la trouve, elle sait qu'elle peut pas s'empêcher de la regarder, pas comme un chef-d’œuvre, plutôt comme une scène de crime. Avec une fascination morbide. Elle a des traits de faucheuse des cœurs, belle vénéneuse et elle s'en veut souvent de pas l'avoir remarqué avant. Le coin d'un sourire ourlé d'acide, un regard en feu, des mains douces qui se changent en serf. Qu'elle est laide mad finalement. Qu'elle est belle, quand même. Une douceur pour les yeux, une horreur pour le cœur. Et le souvenirs de ses baisers qui laissent un goût de bile dans sa bouche. Ça l'empêche pas d'avancer, plus aimantée que réellement attirée. Elle se veut énervée, deva. Frustrée de la voir salir la jetée, son lieu a elle, son refuge devenu impure depuis que mad y met les pieds sous son nez. Dans le fond, elle est juste fébrile, comme toujours. Secouée par l'espoir fou que derrière les piques aiguisées elle trouve un signe de paix, une touche d'amour. Le renouveau émergeant de la mélancolie. Ses doigts touche le bras clair avant même qu'elle en ai conscience, d'un clignement d'yeux elle a fini là, entouré des odeurs. Un shampoing, une peau. La folie des sens qui s'ajoute au chaos dans sa tête. Et elle veut reculer soudain, s'enfuir a tout jambes parce qu'elle sait déjà qu'elle finira par terre, piétinée par ses pieds délicats. Effacer mad du paysage, du monde, même de l'univers. Oublier qu'elle a un jour existé, surtout dans sa vie. Mais elle a les jambes lourdes deva, ancrée dans des sables mouvants composés d'espoir et de rancune. « tu me manques souvent » elle veut pas le dire mais veut quand même. Alors ça sort comme un murmure en éclat de verre qui lui déchire la gorge. Plus un reproche qu'un aveu, parce qu'elle a jamais voulu de ça deva. Elle veut des débuts étincelants, des histoires sans fin, un soleil éternel et des étreintes douces. Quelque chose de beau qui finira en happy end, un romance de mille pages qui s'achève en mariage. Avec mad, elle a eu que de la poudre aux yeux et un couteau dans l'âme. « alors arrête » arrête d'exister, elle voudrait dire, mais ça sort bancal, des mots avortés qui laisse une phrase à l'allure de caprice d'enfant tapant du pied. L'échine courbé sous son regard comme un laser. Ça brûle l'épiderme, elle est certaine d'y trouver des traces, demain. « tu dois t'en aller. » cri aiguë, prière désespérée. C'est pas si grave dans le fond, mais les nerfs tremblent. Elle s'imagine venir ici, encore, et voir l'ombre de mad partout. Sentir sur empreinte entre les kiosques de barbe à papa, vomir chaque fois qu'elle verra une pomme d'amour. Et putain, jamais de la vie. Elle a tout prit, pas ça aussi. Et elle rompt le contact aussi vite qu'on se prendrait un coup de jus, recul d'un pas, presque en titubant. Sans doute la faute au visage de mad qui agit en repoussoir. Beauté en fil de barbelés. Elle croirait presque sentir du sang dans sa paume, même si c'est que la moiteur sa peau. Et elle jauge, fierté teintée de crainte, prête à se battre pour une futilité pareil pour pas avouer qu'elle combat bien plus que ça. Elle se dit parfois que dans l'éclat de son regard y a encore l'étincelle qu'elle c'était déjà inventé autrefois. Que l'amour qu'elle a touché du bout des doigts était trop pur pour s'envoler. Dommage qu'elle ai oublié qu'elle a été la seule à aimer.