à la lueur des réverbères (inès)

Inès, elle ne sait pas trop pourquoi on l'a choisi, elle. Il y a un tas de filles qualifiées pour ce job, sans doute plus qu'elle d'ailleurs. Nettement plus même. Après tout, elle n'a pas beaucoup d'expérience dans le domaine, juste un talent caché qu'elle se découvre petit à petit. Parce que c'est vrai qu'elle se débrouille pas mal malgré tout. Elle s'en sort aussi bien avec l'alcool qu'avec les clients. Clients parfois relous, c'est vrai mais heureusement, y a certains habitués toujours là pour les défendre, les filles. Et puis Inès, malgré tout, elle ne se laisse pas faire. Elle sourit souvent, même lorsqu'elle est mal à l'aise. Elle cligne des yeux pour faire bon genre et serre les dents pour ne pas mettre des coups de poings ou des coups de pieds bien placés. Elle sait se tenir et elle le fait pour garder le job, parce que c'est comme ça qu'on se montre civilisé. Et parce qu'elle a besoin de ce job aussi. Davantage depuis qu'elle a arrêté la danse. Sans avoir fait aucunes études, c'est dur, dur de trouver un job. Bref, tout ça pour dire que ce soir encore, elle donne son maximum pour montrer qu'elle est à la hauteur. A croire qu'elle se sent obligée de prouver qu'elle est en capacité de rester jour après jour. Encore une réussite apparemment puisque les filles finissent par faire la fermeture sans embûche. Inès, elle part un peu plus loin afin de nettoyer les tables. Un long silence s'installe entre les filles. Parfois, les quelques habitués restant émettent un son avant de s'enfuir dans la nuit noire. La jeune femme frotte à n'en plus pouvoir, bougeant la tête au rythme que lance maladroitement Deva à l'aide de ses doigts. Une fois toutes les tables clean, Inès gagne le comptoir. Elle aligne soigneusement chaque bouteille tandis que sa collègue grimpe sur le comptoir. La fin approche et Deva n'a pas l'air d'avoir envie de fermer ou du moins, de peaufiner les derniers détails. Inès ne peut pas lui en vouloir, elle travaille dur. Sans doute plus que tout le monde d'ailleurs. Et puis finalement, elle lui demande ses plans à Inès. Dans un premier temps, la demoiselle se retourne, chiffon à la main. Est-ce que c'est à moi qu'elle s'adresse ? Forcément gamine, il n'y a personne d'autre. Elle hausse légèrement les épaules en guise de réponse et Deva s'empresse de reprendre. Elle ne lui propose diverses possibilités et un léger sourire se dessine sur les lèvres de la jolie brune. Ouais, je veux bien aller boire un verre. Elle discute pas beaucoup Inès, elle préfère écouter. C'est sans doute pour cela que le Roaring Lion est calme lorsque les clients s'éclipsent. Parfois, elle s'en veut un peu Inès, elle se dit qu'elle ne fait pas assez d'effort. Notamment en ce qui concerne l'intégration au sein même de l'équipe. Là, Deva lui tend une perche et elle ne peut s'empêcher de l'attraper. Elle est même plutôt heureuse de pouvoir passer un moment avec la jeune femme. Elle n'y connaît pas grand chose en relation de travail mais, elle est prête à s'engager là-dedans. Elle repose le torchon qu'elle tient entre les mains à sa place et se frotte les mains. T'as un lieu de prédilection ? Je veux dire, autre que le Roaring Lion! Ouais en y réfléchissant bien, c'est bizarre de choisir d'aller boire un verre alors qu'elles bossent toutes les deux dans l'un d'eux et qu'elles viennent justement d'en faire la fermeture. Bref, tant pis. Autant faire dans l'originalité une fois de plus.

Inès, elle était venue ici par hasard, un peu par défaut. Ce n'était pas spécialement son truc. Réaliser des cocktails pour de parfaits inconnus n'était pas sa passion première. Elle n'avait pas forcément d'ambition lorsqu'elle parlait de son job. En même temps, comment on peut évoluer dans le métier sans une tune ? Manager, propriétaire ? Elle n'avait rien pour poursuivre sur cette voie. Son truc à elle, ça a toujours été la danse mais, on lui a retiré. Un accident tout bête suite à quoi elle n'a jamais pu remontrer sur le podium. Princesse perdue, on la retire de son piédestal pour la placer dans un milieu qu'elle ne connait que trop bien or, de l'autre côté du comptoir. On ne boit pas en service du moins, rien d'autres que de l'eau ou du soda. On garde l'esprit bien ouvert parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais, on est jamais seule et ça, c'est quelque chose qui l'a toujours attiré. Inès, elle a besoin de contact, elle a besoin du monde. Elle prétend le contraire en restant fermée or, écouter ça elle sait très bien faire. Elle déteste la solitude, elle déteste par dessus tout le silence. Toujours un bruit de fond dans les parages. La fermeture approche, quelques clients sont encore présents mais, c'est la voix de Deva qui lui parvient aux oreilles. Elle lui propose de faire un truc une fois qu'elles auront fini. Inès, elle était loin de se douter que ça se produirait un jour. Elle voit le personnel du Roaring Lion comme... des personnes assez fermés, très droits, sans faille. Inès, elle ne pensait pas que certains seraient prêts à faire copain-copain en dehors du taff et savoir que Deva n'est pas comme tout le monde, ça lui fait plaisir d'une certaine façon. Elle sourit un peu et elle accepte sa proposition. Elle accepte d'aller prendre un verre avec elle et ce, même si elles se trouvent déjà dans un bar. Deva, elle semble assez étonnée que al demoiselle accepte, ça la fait sourire un peu plus. Est-ce qu'elle parait si froide Inès ? Elle esquive un sourire avant de terminer le travail. Deva qui s'active un petit peu plus d'un air on ne peut plus sérieux. Finalement Inès, elle lui demande où elle souhaite aller parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle apprécie la jolie brune. Elle ne sait rien sur elle hormis son job d'ailleurs. Et le fait qu'elle parle beaucoup. Tellement que parfois, Inès ne l'écoute même plus. Deva propose la cabane et Inès acquiesce. Elles sortent du bar derrière les derniers vieux habitués. Deva, elle s'empresse d'attraper son bras pour marcher dans les rues sombres du quartier. Inès, elle est bien trop gentille pour la contredire. On dirait une enfant à qui on vient de faire le plus beau cadeau de sa vie alors, elle prend sur elle et accepte le contact. Non, je ne connais pas du tout. Ça sera une grande première ! La cabane... Peut-être qu'on lui en a déjà parlé or, elle n'en a plus aucun souvenir la petite brune. Son regard se fronce lorsqu'elle lui apprend qu'un mec a déjà chopé le tétanos là-bas. Tout de suite, elle se demande beaucoup Deva l'entraîne dans un endroit comme celui-ci mais assez vite, elle a sa réponse. Ce n'est pas cher. Heureusement encore! Si je chope le tétanos, sache que ça sera ton entière responsabilité ! Bah ouais, autant mettre les choses au clair tout de suite. Elle sourit malgré tout parce qu'elle n'a jamais envie de lui faire peur mais en réalité, elle n'a aucune envie de choper une merde pour une vodka et un verre de whisky.