standin' at the crossroads (ikos)

Vivre de travers, il n'a fait que ça. L'habitude d'être déçu, blessé, enragé. La chute libre, c'est nouveau. Vertigineux. Il tombe depuis si longtemps qu'il avait fini par oublier qu'il y aurait un atterrissage, son âme qui s'effondre contre le macadam et s'éclate en un millier de morceau épars qu'il ne pourra jamais recomposer entièrement. Certains laissés entre les mains malhabiles de harpie, d'autres plongés dans l'hémoglobine résultant de ses mauvais choix, et d'autres perdus à jamais dans les flammes du sinner. S'il en reste quelque chose elle se trouve sans doute ici, quelques part vers le roaring lion entre les mains d'un ami que l'égoïsme lui a fait oublier. Que l'égoïsme aussi, lui fait retrouver. Puisqu'il ne sait fonctionner que comme ça, servant davantage ses intérêts que ceux des autres, parce que soudain il sent que le moment vient de renouer avec ce qui a été perdu, arrangé ce qui peut l'être puisque tant d'autres sont perdus. C'est comme ça qu'il fini échoué sur le tabouret qu'il avait si souvent côtoyé sans penser à demander à l'une des serveuses d'appeler le concerné, sans même commandé un verre comme s'il attendait de savoir s'il allait finir à la porte avant d'achever une consommation. Assez lucide pour savoir malgré tout que ce qui les a séparé tenait plus d'une petite égratignure qu'un véritable coup de canif simplement alimenté par une fierté trop grande et le temps qui passe trop vite. Mais ike n'a jamais été assez doué pour analyser les gens et les comprendre, vivant toujours comme à côté de la plaque ne s'attarde sur aucunes suppositions, préférant le confort de la certitude – qu'il n'a pas encore. - et quand nikos se dévoile enfin, il ne trouve franchement rien à dire, le jauger comme un animal qui ne parviendrait pas à savoir s'il fait face à un ami ou un ennemi en sachant pertinemment pourtant dans quel camp il se trouve malgré tout. « j'ai soif. » c'est léger mais ça ne trompe personne, malpoli au possible pour la nana du jour derrière le comptoir à laquelle il a pas daigné prêter attention alors qu'elle était là pour ça. il fronce ses sourcils en le dévisageant, compte vaguement le temps passer sans se voir, quelques mois qui paraissent dix ans sur le visage de nikos – et peut-être le sien aussi – quelque chose de différent dans les traits qu'il croyait bien connaître mais qui lui semble si différent. Relevant plus de la vie que du temps qui passe, pas de ride mais une aura qui a changé peut-être, ou son regard à lui qui est différent, il sait pas. Et il a l'idée fugace d'avoir loupé quelques choses d'important dans l'existence de quelqu'un qu'il avait si souvent côtoyé agit comme un uppercut en plein bide, il en perdrait presque le souffle. « tu m'sers un verre ou on se regarde dans le blanc des yeux comme un couple d'amoureux ? » ton trop sec puisqu'il ne sait faire que ça, arriver comme un cheveux sur la soupe l'air d'avoir le droit d'être là comme si rien n'avait changé, apparition soudaine après les silences radios sans bonjour ni excuse, jamais obligé de prononcé l'un, incapable d'aborder l'autre. Sans jamais y mettre les formes mais toujours avec la bonne intention derrière.

Il aurait du s'en douter. C'est ce qu'il ne cessait de se réputer en fixant son plafond tous les soirs. Il aurait vraiment du se douter. Qu'un de ces quatre son nom cesserait de s'afficher sur son téléphone et qu'elle s'évanouirait dans la nature. Qu'elle sortirait de sa vie aussi vite qu'elle en est rentrée. En laissant derrière elle un parfum d'inachevé et des mois d'insomnie. Les visites se sont espacées pour finalement ne plus être. Pas d'happy ending pour ceux qui se croyaient plus forts que les autres, Nikos a cessé de vivre dans ses rêves pour expérimenter celui de son pire cauchemar : son absence. La plupart du temps il fait comme si elle n'avait jamais existé parce que c'était plus simple que de s'avouer qu'elle avait marqué sa vie au fer rouge. Elle avait tout foutu en l'air, tout renverser pour se barrer sans un mot. Soit, pouvait-il vraiment être étonné ? Le regard admiratif de Deva s'était transformé en un mélange de pitié et de malaise, ses serveuses démissionnaient une par une. Son père, contre toute attente, tentait de lui remonter le moral avec la maladresse de celui qui n'a jamais été vraiment un papa poule. Rien ni personne ne parvenait à lui sortir la tête dans l'eau, la weed et le Jack pour seule compagnie. La plupart du temps il se contentait de végéter dans sa piaule et attendre que les jours défilent. C'était exactement ce qu'il faisait à ce moment même d'ailleurs, Kings of Leon qui agonise dans ses enceintes et son joint qui roule entre ses doigts lorsque la voix de Deva raisonne du bas de l'escalier. Quelqu'un est là pour lui. Il se lève d'un bond, le coeur en émoi, pendant un bref instant il a l'espoir que ce quelqu'un soit elle. Il s'empresse d'enfiler un t-shirt propre, chausse ses Stan Smith et dévale les escaliers avec une énergie retrouvée. Lorsqu'il surgit dans le bar et qu'il reconnait un visage familier il se fige. Il balaye la pièce du regard mais il sait déjà ce qu'il en est : ce "quelqu'un" n'est autre que celui qui a disparu du paysage il y a huit mois maintenant. Nikos s'avance, se plante devant lui. Pendant ces mois de silence il ne l'avait pas vu une seule fois. Voir sa tête de crapule à nouveau à son bar lui faisait quelque chose, dire l'inverse aurait été mentir. Ils se jaugent du regard. Ca sent la testostérone et la fierté mal placée. Y a peu de gens qui ont signifié vraiment quelque chose dans sa vie et lui en fait clairement parti. Le soucis étant que le peu de gens qui a compté a toujours fini par se barrer. Mais il semblerait que parfois ils reviennent. Sa répartie cinglante fuse et Nikos secoue la tête sans un mot. Il n'y a que lui pour faire ça. Pour se ramener comme si de rien n'était et se comporter comme tel. C'est marrant de voir les gens qui se ramènent ici depuis que le Sinner a cramé. Battle de regards. Ils ont l'air un peu cons comme ça, à se parler comme un couple qui a mal tourné mais après tout, les dégâts de l'amitié étaient-ils si différents que ceux causés par l'amour ? Rien n'était moins sûr. Y avait qu'à voir la manière dont ils se tiennent l'un et l'autre. Nikos s'empare d'une bouteille de Jack et lui sert un verre. On a plus de glaçon. Provocation parce qu'après tout il mérite. Il fait une chaleur de l'enfer dans le Lion en ce moment, ce que ne manque pas de remarquer Nikos à la vue de Deva qui s'évente avec un flyer du club de strip-tease de la ville d'à côté. A croire que les flammes de l'enfer sont venues jusqu'ici pour commencer à le consumer. Si seulement il pouvait foutre le feu à tous les souvenirs qui le hante. Ike a pas idée du nombre de trucs qu'il a raté. Il réalise pas à quel point le mec qu'il a laissé est différent de celui qu'il a devant lui. L'ironie est dingue quand on sait pourquoi ils ont vraiment cessé de se parler. Des reproches aiguisés qui faisaient écho à son présent d'aujourd'hui. T'es en retard pour mon anniversaire c'était y'a un mois. J'espère au moins que t'as amené mon cadeau. Au fond de lui, cacher sous des couches et des couches de bétons armés, de souvenirs de mains ensanglantées et de sentiments contrariés, le bonheur de le voir était là. Enfoui certes, mais bel et bien là. Sa gueule de con, ses cheveux en bataille et sa dégaine de connard avaient définitivement manqué à son quotidien. Mais plutôt crever que de lui avouer.

Le bout du quartier comme le bout du monde, sans avoir eu l'audace de croire qu'il retrouverait en poussant la porte l'ambiance de cet avant il se retrouve malgré lui presque déçu de se trouver dans l'incertitude, jamais dans la position de celui qu'on pourrait foutre dehors. Pas ici. Des longs mois qui ont peut-être changé les règles quand il revient enfin. Dans l'expectative face à nikos, attendant sans savoir. Une main tendue, un poing dans la gueule, l'indifférence ou le rire amical. Jaugeant comme une redécouverte, des mois passés si vite mais qui semblent s'étirer à l'infini maintenant qu'il se trouve là.  presque une vie pour eux, mille choses déjà passées. C'est l'esquisse d'un sourire amer sur ses lèvres et un rire sec. Encaisse la remarque comme un jeu dont il viendrait de perdre la manche, à tester les limites, tenter de trouver la brèche pour s'insérer. Y trouver dieu sait quoi, une nouvelle bataille ou un instant de paix. Un microcosme de douleur en lui-même qu'il préférerait étouffer, occultant volontairement que plus loin se trouve le bâtiment en cendre, la fin d'une ère dans laquelle il avait grandit, parsemés de tout ces instants aussi beaux qu'ils pouvaient être laid. Tout un pan de sa vie à lui qui à perdu son sens, laissant un goût de brûlé dans la bouche et le vide dans le bide. « ça doit te faire plaisir non ? » voix calme pourtant vibrante de ces reproches entendus et jamais oubliés, sillons creusés dans une amitié abîmée et son cynisme grinçant pour rappeler qu'il s'en souvient encore, regrettant déjà l'hostilité quand il cherchait l'oubli, le pardon. Les deux. « t'augmente ton chiffre d'affaire. » tentative vaine d'adoucir ses mots amers, sur la défensive sans vouloir mener de guerre, las de tout le chaos qui en découle. Nikos était, au moins avant, cet entre-deux monde, îlot d'univers qui n'était ni tout à fait un carnage ni réellement le normal. Compagnon d'infortune sur note de vie meilleure. Un havre laissé à l'abandon, sans savoir lequel des deux a dérivé le premier, simplement l'évidence qu'il a mit du temps a trouver le chemin. Le temps de se souvenir, de ranger sa fierté, de se rendre compte de tout ce qu'il y a à perdre et de tout ce qui peut être reconstruit. « ça m'étonne pas, le gérant a pas l'air de gérer quoique ce soit. » piquer ou tendre la perche, un tacle au goût amer tant il semble criant de vérité quand il pose son regard sur nikos dont l'éclat c'est terni, un œil vague sur la serveuse solitaire qui – même si elle semble prendre trop de plaisir à la tâche – était seule à la barre quand le propriétaire se cachait dans son antre. Et s'il n'avait pas vu sur ses traits les marques de temps douloureux, une échine qui semble porter un poids trop lourd et les poches sous les yeux alors il l'aurait au moins senti, devant cette aura pesante d'un quelque chose qu'il ne parvient pas à saisir, semblant exhaler de tout les pores de sa peau. Le don, sans doute, de ceux qui se connaissent si bien en se soutenant parfois si mal. un vague sourire aux mots de nikos, il a rien a offrir ike sinon la trêve, les retrouvailles qui ont tardé à venir. D'être là comme des amis devraient l'être quand ils ne sont pas occupés à se détester pour trop peu, à se noyer dans d'autres eaux. « fêtons ça alors, on dirait que tu vis mal de prendre une année de plus dans les dents, t'en a bien besoin. » et lui aussi. Dose de courage liquide pour des conversations a demi-mot, avançant à taton sur le chemin de la paix. Incapable de jouer a franchise sans fard, ni excuse ni question, il n'est plus à cette place ou il avait la légitimité pour tout demander, étouffé par l'orgueil qui bloque les mots dans sa gorge que la gorgée qu'il avale voudrait décoincer. Peut-être que ce sera ensuite un flot de toutes les palabres gardés dans un coin depuis huit mois, espoir improbable quand deux taciturnes se rencontrent. « joyeux anniversaire, j'crois que t'as le droit à un vœu, c'est quoi ? » pour ceux qui y croient, ou ceux qui espèrent trop fort sans jamais rien obtenir. Pour ceux qui ont encore des choses à rêver.  

C'est de notoriété publique, il s'est toujours mieux entendu avec les filles. Sans doute parce que les femmes avaient cette capacité à s'adapter à une personnalité comme la sienne. Nikos était difficile à cerner, parlait peu et les mecs en général, rebutés par son capital sympathie inexistant forçait rarement le contact. Puis y'avait eu Ike. Ils se connaissaient depuis une éternité maintenant. Une bromance bizarre née un peu par hasard lorsqu'ils étaient encore au lycée. Différents mais similaires à la fois, ils se rejoignaient pratiquement sur l'essentiel. Même valeurs fortes, loyauté, courage mais lorsque leurs deux personnalités se télescopaient les dégâts étaient immédiats. Comme ce soir de septembre où Ike lui avait parlé d'une énième magouille qui risquait de le faire finir en taule et que Nikos lui avait jeté le premier truc qu'il avait eu sous la main, un magasine Sport Illustrated en l'espèce et qu'ils avaient fini par limite se battre dans son salon. Tout ça parce que Ike ne voulait pas comprendre que Nikos ne tenait pas spécialement à venir lui rendre visite au parloir pour les dix prochaines années de sa vie. Excès de fierté mal placé, les mots avaient dépassés leurs pensées des deux côtés et ils avaient fini par se priver de la présence de l'autre pendant des mois. Et il avait fallu que ce soit l'année où tout a basculé évidemment. L'année où il est retombé amoureux à en devenir fou à lier, l'année où il a perdu sa meilleure amie, l'année où il a fait brûler un cadavre avec son ex. Ike a même pas idée du nombre d'épisodes qu'il a raté et de l'ironie de la situation. Nikos lui avait fait la morale pendant des années pour finalement faire tellement pire que lui. N'empêche qu'il se marre quand Ike le pique en lui disant que le gérant ne gérait rien. Allez tais toi va et descend moi ça. Il se baisse vers le bac à glaçon et en glisse quelques-uns dans le verre d'Ike. Puis il fait directement allusion à sa gueule de zombie, y'a de quoi avec ce qu'il dort, ce qu'il fume et ce qu'il voit il est plus l'ombre que de lui-même. Il a jamais été aussi sec qu'à ce jour, même en période de sèche quand son emploi du temps était fait à 80% de musculation et de shaker de protéine. Il sort un verre d'ailleurs, se verse la même chose. Je souhaite qu'un jour on s'fasse assez de thunes pour racheter cette ville et faire pousser une forêt de weed. Santé ! C'est presque s'il est pas jovial soudainement. Ses cernes noires et son visage amaigri sont autant d'indices de l'énorme bourbier qu'est sa vie mais après tout Ike ne sait rien de tout ce qu'il s'est passé. Peut-être qu'à la limite, il a vu la photo de Cece dans le journal. Mais il ignore qu'il s'est fait poignardé, sans doute, ignore tout ce qu'il s'est passé, tant mieux.  Il balance le Jack au fond de sa gorge. En vérité, ils devraient se lancer sur une tirade d'excuses mutuelles. Mais Nikos ne veut pas aborder l'objet du conflit qui les avaient distancé, car parler des conneries de Ike finirait inévitablement par mener à lui. Et ce qu'il avait fait. Autant mener la conversation pour éviter de perdre le contrôle. Par hasard, tu saurais pas si les combats ont repris ? J'ai affreusement besoin de thunes et maintenant que y'a plus ça.... Ike est au courant pour l'escorting. Un des rares à l'être d'ailleurs. Il appréhendait sa réaction la première fois qu'il lui en avait parlé, Ike avait rigolé jusqu'à en pleurer à l'idée de savoir que Nikos jouait les pingouins dans les quartiers riches pour soulever des femmes de deux fois son âge. J'ai vraiment pas envie de retourner jouer les gigolos à Orange Grove. Donc donne un sens à ta visite et dis moi que t'as un plan. L'argent, c'est le gros soucis qu'il a réussi à mettre de côté ces derniers temps. Juste en l'ignorant. Mais il sait que c'est sur le point de le rattraper. Il faut qu'il parvienne à s'en protéger et il savait que Ike, malgré tout ce qu'il avait pu toujours lui reprocher, avait de la suite dans les idées.

Rire dans le fond d'une gorge, c'est une dynamique qu'il connaît, les phrases cassantes et les réponses indifférentes. Presque un retour à la normal, du temps perdu en toile de fond qui semblerait presque pouvoir se rattraper entre deux verres, le sien qu'il ne se fait pas prier pour finir après l'avoir levé à la santé d'une année de plus au compteur de nikos. « si j'avais assez de thune pour racheter cette ville, ça veut dire que j'me serais cassé depuis longtemps. » sourire sur le coin des lèvres, il a pourtant jamais rêvé de se casser, conscient de n'en avoir jamais les moyens mais les et si sont si beaux qu'il s'imagine bien ailleurs, rien qu'une seconde, loin de toute la merde qui les engloutis ici. Ça serait presque facile d'y croire, autant qu'il se plaît à croire à l'air vaguement joyeux de nikos. Il est capable de ça, avec une mauvaise foi évidente, l'envie de ne pas remuer ce qui est douloureux, se contenter d'un sourire fugace, d'un ton presque jovial pour prétendre que tout va mieux. Il croirait presque voir disparaître un peu l'air cadavérique de nikos comme s'il n'attendait qu'un infime signe pour décider que, finalement, tout va pour le mieux. Pourtant pas dupe de l'aura obscure qui flotte encore, du monde dans lequel ils vivent. Un rappel  qui ne tarde pas, question qui se veut anodine et qui ne l'est pas. Un pur hasard qui n'en est pas tant il semble évident que ike connaît la réponse mais se fend pourtant d'un regard en biais, incertain. « ça dépend ... » collision des mondes, sa voix est sur la défensive, mal assuré quand il s'imagine nikos dans la fosse aux lions, pas certain d'y trouver son compte. Un touche d'ironie peut-être, à le voir avancer d'un pied assuré jusqu'à l'autre côté, celui qui marquait leurs différences, celui dans lequel ike se noyait si profondément que nikos en avait condamné ses choix. Et un autre que lui aurait sans doute reçu une remarque mordante, cynisme désagréable qu'il sait si bien manier ravalé pourtant dans une envie de calmer les choses, d'aider un ami. la thune éternel fléau des pauvres de ce monde, la quête sans fin de ceux qui vivent à night falls, enlisé dans un schéma bien connu ou l'argent manque mais ou on en doit sans cesse, gagner pour le donner et n'avoir jamais rien entre les mains. y retourner, c'est pas continuer, c'est pas je veux arrêter, non plutôt une nuance subtile qu'il capte au détour d'une phrase, laisse une zone d'inconnu qu'il n'a pas l'habitude de voir chez nikos puisqu'il pensait tout savoir de lui. « parce que t'avais arrêté ? » surpris une seconde avant que ne frappe l'évidence des mois passés qui ont forcément laissé passer leurs lots de changements auxquels il n'a pas prit part. Frôle du bout d'une pensée l'idée que la vie de nikos ne ressemble plus réellement à celle qu'il connaissait la dernière fois qu'ils se sont vus, le roaring lion en unique constance et le reste sans dessus dessous. Des questions qu'il ne posera pas, ike, à moins que l'instant s'y prête. « j'ai pt'être entendu parler d'un truc, ouais. T'empoche un bon pourcentage sur les paris de tes combats, mais ça te rapportera sûrement moins que la paye que tu te fais avec les vieilles de la haute. » ça semble évident que nikos gagnera jamais autant en brisant ses phalanges sur des visages qu'en enfilant un costard pour boire du champagne aux bras de femmes dont la garde robe dépasse le salaire de toute leurs vies à eux, qu'il n'en tirera qu'un peu plus de fierté en sortant mais certainement pas plus d'argent. Un égo entretenu pour un compte en banque rempli sans être florissant. Jamais gagnant sur tout les plans. « si tu fais rien vendredi, j'passerais » le ton de la conversation tranquille, c'est une porte ouverte sur une soirée qu'il n'encombre d'aucun détails, ni lieux, ni heures, ni noms, nikos sait de toute façon à quoi s'attendre puisque toutes les nuits ici se ressemblent. De la rage et du sang.

L'ironie est là, sournoise et le sourire aux lèvres. Lui qui avait été si dur à l'égard de son ami lorsqu'il avait considéré qu'il allait beaucoup trop loin dans les moyens pour justifier sa fin. Il en vient presque à balayer tout ce qui a pu se passer, lui pourtant si rancunier. Avoir semé la mort a eu le mérite de remettre les choses en perspective. Il a vu de trop près ce à quoi on est rendu une fois que la minuterie de notre temps a sur terre a sonné. Il sait aussi que la vie est une putain de course d'endurance et que tant qu'il n'aura pas trouvé un moyen de survivre il ne dormirait jamais plus. Ike est le genre de mec qui a un plan pour toutes les lettres de l'alphabet même si ces plans sont tous aussi foireux les uns que les autres. C'est ce qu'il lui avait reproché à l'époque. Ne pas réfléchir, foncer, prendre des risques. Il aurait mieux fait de se taire. Pendant une seconde il se demande si ça avait pu être Ike à la place de Mila. Oui, définitivement. Ike aurait su quoi faire, il ne se serait pas autant inquiété ces derniers jours si ça avait été Ike mais ce qui est fait est fait. Les cernes profondes sous ses yeux d'ambre et sa barbe mal rasée, lui qui ne coupait jamais au rasage du matin, étaient autant d'indices que quelque chose avait terriblement foiré. Mais Nikos ne pouvait pas se permettre de continuer à regarder derrière. L'argent rentrait mal ces derniers temps et il avait eu récemment une visite de courtoisie des gens peu recommandables à qui son père avait acheté le Lion. Tout se précipitait et Nikos n'avait pas de plan B. Sauf peut-être Ike. Ouais j'avais arrêté pour... Rien que d'y faire allusion lui serre la gorge. Il descend une autre gorgée de Jack pour adoucir ses mots qui lui font l'effet de lame de rasseoir le long de son conduit respiratoire. J'étais avec quelqu'un et l'escorting c'est pas franchement compatible avec la vie de couple donc du coup j'ai arrêté. Maintenant on est plus ensemble mais y'a... Y'a un peu Mila dans l'équation donc c'est un peu la merde. Des "un peu" qui cachent en faite des "beaucoup". Tout était flou, ni blanc ni noir, un gris épais qui l'empêchait d'y voir clair. Il ne savait plus où se dessinait la limite alors il passait son temps à jouer avec. Mais le fait est que reprendre les combats l'attirait beaucoup plus que de jouer les gigolos à Orange Grove. Combattre à nouveau l'aiderait à expier toute la haine qui reste coincée sous ses côtes, sournoise et imprévisible. Il sait qu'il n'est plus qu'une cocotte-minute prête à exploser. Repasser dans une cage aurait au moins le mérite de lui permettre de tout relâcher. De manière totalement lucrative. Mais ça il ne pouvait pas l'expliquer à Ike sans devoir mentionner le meurtre de Fielder. Alors autant qu'il ferme sa gueule. N'empêche que Ike marque un point quand il lui rétorque qu'il se fera jamais autant de frics qu'avec les meufs de la hautes. Il le sait ça, il le sait que trop bien mais le fait est qu'il a plus la force. Depuis que j'refuse de coucher avec elles, elles sont beaucoup moins généreuses bizarrement... Donc ça sera toujours mieux que rien. Il essuie le comptoir d'un coup de chiffon distrait, se demande un instant si un jour les choses tourneront en sa faveur. Si il finira par sortir la tête de l'eau. Il relève la tête vers son meilleur pote qui lui dit qu'il passera vendredi. T'as intérêt Ike, c'était chiant tout ce temps sans toi. Il dira rien de plus, c'est déjà énorme. C'est sûrement quand on se perd un peu qu'on se rend compte qu'on avait en faite des putains de pillier auparavant. Avec la disparition brutale de Cece, Ike était tout ce qu'il restait finalement. Si sa fierté sans limite l'avait contraint à garder le silence, il avait suffit à Ike de poser son cul au comptoir du Lion pour le résoudre à mettre le passé derrière lui. Nikos n'était pas en position de perdre un proche de plus après le cauchemar qu'il avait vécu et qu'il était toujours en train de vivre d'ailleurs. Allez casse-toi c'est pour moi.