get shit doneLe problème, quand on bosse dans le garage d’une ville pareille, c’est qu’on n’est jamais à l’abri des ennuis. Les emmerdeurs, les casseurs, les arnaqueurs, les voleurs, autant de types rimant avec leurres. Et toi, t’es là, comme un con, à envoyer chier un client saoul un jour, le lendemain à encaisser les quelques dollars qu’un autre offre pour sa bagnole remise sur roues. Pour c’que tu t’en branles de la hiérarchie, c’est vrai que pour le coup t’aurais bien voulu laisser la basse besogne à Klo pour une fois, et non le contraire… Surtout quand vient un jour où aucun des autres gars n’est là et où un p’tit con décide de venir te voler une caisse. Oh, c’est pas grand-chose, un vieux dinosaure sur quatre roues à moitié gonflées, qui pue le vieux chat et l’aneth – va savoir comment. Cependant, pour connaître le propriétaire, tu sais qu’t’as intérêt à retrouver la voiture fissa (apparemment les vieux modèles
ça vaut de l’or, même avec le capot cabossé), et avant que quelqu’un d’autre s’en aperçoive. Surtout si tu tiens à c’boulot, semblant de légalité qui te tient à flot. Faut dire que les jours où tes poings ne s’écrasent pas sur les gueules rougies sous les néons du sous-sol, trouver à bouffer devient compliqué. D’où le garage.
Donc. T’es là. Comme un con. À tracer un pauvre mec dans la rue, lancé dans une enquête à deux balles, sans vraiment d’discrétion – ce qui n’est pas le but. On dirait presque que c’est l’retour en arrière. Quand tu travaillais encore au compte de
SKALA, que t’avais des têtes à tracer pour en protéger d’autres. Retrouver. Cerner. Menacer. Et puis. Frapper.
Tu secoues la tête, et recentres ton regard sur le dos qui s’engouffre dans un bar. ROARING LION, qu’affiche l’enseigne au-dessus d’une porte qui ne cesse de se faire balloter entre les allées et venues. Tu suis ton homme sans hésiter, à peu près sûr de t’être fait repérer à la vue du petit coup d’œil qu’il a passé derrière lui. Cramé pour cramé, autant y aller directement. Tu t’places à deux tables derrière dans l’ambiance électrisée par la nuit à peine commencée, et attends que quelque chose se passe. Qu’une serveuse plantant sa poitrine aguicheuse juste sous ton nez. Que le voleur présumé te balance un verre à la gueule. N’importe quoi. Ça vient pas à deux minutes près.
Et, de fait, il ne faut pas beaucoup plus de temps pour qu’la voix retentisse à quelques mètres de toi.
« Oh ! Rajoute m’en une de plus pour l’type chelou dans mon dos qui m’suit d’puis une bonne trentaine d’minutes. » Au moins, ça a l’mérite d’être clair. T’hésites qu’une brève seconde avant de le rejoindre sur le tabouret à sa droite, sans sous-estimer sa propre vigilance.
« Trop aimable. » que tu lui glisses en t’asseyant. Bouteilles décapsulées, l’autre qui découvre ta face, ta face et tes tatouages, et lève un sourcil étonné. Toi t’as l’autre qui se hausse en miroir.
« Ca va, l’inspection t’plaît ? » Ca fait une éternité que tu t’es fait aux regards appuyés, aux sourcils levés, aux surprises, aux gens qui prennent ta peau pour une déraison, une folie. Ce qui est plus ou moins le cas.
« Allez… c’moi qu’offre la première tournée. » Tu descends les yeux à la bière qui traîne sur le comptoir depuis tout à l’heure, à laquelle tu n’as pas prêté la moindre attention, et brandis ta boisson dans l’air pour saluer son geste, avant de la reposer tout aussi intouchée.
« Il en faudra plus que ça pour que j'te foute la paix, réellement. » « Alors… qui t’envoie ? » Tu soupires, écartes ta main comme pour manifester l’évidence.
Here we go.
« Parce que tu vas m’dire que t’en as pas la moindre idée ? » T’as la parole égale, le regard planté dans l’fond du bar, la main sur la boisson que tu daignes enfin à goûter.
« Un p’tit emmerdeur comme toi qu’est pas foutu d’passer là où il doit sans faire de grabuge ? » La vérité, c’est qu’ledit emmerdeur n’est pas si incompétent que tu l’prétends, et il doit probablement savoir que t’as dû aller chercher dans tes ressources pour retrouver sa trace.
« T’as vraiment qu’ça à foutre, de faire main basse sur des trucs qui t’appartiennent pas ? » Y’a un rire sec qui sort de ta bouche entre deux gorgées.
« Sur des bagnoles, en plus, tu fais pas dans la demi-mesure. » Tu hausses les épaules. T’en sais bougrement rien si l’effet escompté est là, en général c’est pas toi qui t’occupes de trouver les gens et d’leur sortir le blabla qui fait peur, toi c’est surtout les muscles. Mais bon. Faut improviser hein.
« Dis, tu les ranges toutes dans ton garage chez toi ? C’pas un peu p’tit, non ? » Tu lui jettes un coup d’œil rapide, sur sa tenue, sur ses vêtements qui crient que c’est probablement dans un entrepôt délabré ou directement dans la main du client que les bolides finissent. Pas dans le fin fond d’un labyrinthe de sous-sols hautement sécurisés impossibles à pénétrer.
- @Mads Miller HRP :
je sais pas trop ce que j'ai foutu avec cette réponse, désolée, c'est long pour pas grand chose