scary night (niamh)

nana elle peste. ça l'énerve d'être là. c'était déjà assez éprouvant quand ils faisaient des soirées films d'horreur pour halloween mais là, c'est l'pompon. l'film d'horreur il est devenu réel. y'a tout qui est fait pour la faire flipper. c'est fait exprès, elle s'dit même que c'est les autres qui ont payé pour voir nana s'démerder toute seule au milieu d'ce décor flippant. elle essaie d'pas paniquer, d'garder tout ça à l'intérieur mais c'est carrément impossible. l'moindre bruit la fait sursauter. la gamine, elle aura sûrement fait une crise cardiaque avant qu'le jour se lève. elle déambule, fouille, cherche. elle veut sortir de là nana, elle veut rentrer chez elle pour s'cacher sous sa couette. elle espère qu'elle croisera personne. pas dans cet état. elle s'montre jamais vulnérable la princesse. elle cherche encore. on dirait qu'toute les portes sont fermées dans c'putain d'château. l'parquet qui craque, les hurlements, y'a même des mains qui l'effleurent. alors elle ferme les yeux, l'espace de quelques secondes. pour s'rassurer. mais ça marche pas. pas moyen. c'est la panique. la salle de balle ça semblait être une bonne solution pour s'échapper. elle en était sûre nana. elle sait qu'la porte du fond elle mène à un couloir et qu'au bout d'ce couloir, y'a la sortie. mais la porte en question, elle est fermée. nana ça la rend folle. elle veut sortir d'ici, elle en a marre. vraiment. alors elle revient sur ses pas et pas l'temps d'sortir parce que la seule porte restante claque. bruit assourdissant, rires machiavéliques. la mort est pour bientôt. alors nana elle râle, elle crie, elle peste. mais y'a personne qui lui répond. personne qui ouvre la porte pour qu'elle puisse s'en aller, la princesse. alors dans un élan désespéré, elle vient s'cacher derrière la fille qui est vers elle. niamh, elle s'appelle. et nana elle s'dit qu'elle va pouvoir faire quelque chose pour l'aider, kill bill. apparemment non, elle est aussi paniquée qu'elle. et là, pour couronner l'tout, y'a les ampoules qui s'mettent à grésiller et la salle s'retrouve dans l'noir. ils peuvent pas nous retenir ici c'est du kidnapping. dixit l'étudiante en droit à la voix tremblante. c'pas vraiment du kidnapping en fait mais la princesse elle essaie tout ce qu'elle peut. on devrait essayer d'ouvrir la porte. elle lève la tête vers la fameuse niamh, essayant d'percevoir son visage sans pour autant lui lâcher l'bras. mais elle voit rien. rien du tout. alors nana, elle sort son téléphone et elle met l'flash. mais ça fait encore plus peur. on peut faire comme dans les films, t'sais avec une barrette ou un truc pointu. elle hausse les épaules, nana. qui n'tente rien n'a rien. non ? elle s'prépare à aller vers la porte, inspire un grand coup. mais y'a une main qui s'pose sur son épaule, les doigts qui tapotent légèrement. elle dirige le flash vers les mains de niamh, elles sont là, toutes les deux. alors si c'est pas la main de niamh sur son épaule, c'est la main d'qui ? lâchez-moi j'veux pas mouriiiiiir ! elle crie nana. y'a quelqu'un avec nous, il est là, il m'a touché ! c'la panique. y'a comme un bruit d'porte qui s'ferme et nana elle lève son téléphone pour regarder derrière elle. y'a plus rien. sûrement parti par une porte cachée derrière un tableau. une porte qu'elle a pas vraiment envie d'franchir nana. j'savais que c'était une mauvaise idée d'venir ici, c'est l'pire endroit de la terre. elle exagère à peine la gamine, c'est rien d'autre que des décors en plastique et des gens déguisés. mais nana, elle arrive pas à s'résonner, elle a réellement l'impression qu'elle va mourir ici. t'es venue toute seule ?
elle demande à niamh. elle s'demande nana, parce qu'elle est toute seule là. mais elle s'dit aussi qu'il faut vraiment aimer avoir peur pour venir toute seule ici. impossible pour nana. jamais.

les maison hantées. c'est un concept qui a du être inventé par un vieux con en mal de sensations. c'est ce qu'elle dit nana. debout là, les genoux qui s'entrechoquent et les idées qui s'embrouillent. elle a jamais autant détesté ses potes. parce qu'elle leur avait dit, la princesse, qu'elle voulait pas venir. elle savait. et elle s'dit qu'si ça s'trouve, eux, ils sont sortis déjà. et peut-être même qu'ils boivent un chocolat chaud tranquilles dans leur canapé. elle rage nana, essaie de gérer la peur qui s'infiltre par tous ses pores. elle s'plaindra aux organisateurs, parce qu'elle est comme ça nana. et elle obtiendra gain de cause, parce que papa et maman ont sûrement participé à l'organisation de cette soirée avec tous l'argent qu'ils mettent dans ce château. y'a rien d'logique là-dedans, nana qui s'retrouve à genoux devant le serrure. crocheter une serrure, c'pas vraiment un truc qu'elle fait régulièrement la gamine. elle s'concentre, essaie d'faire bien. et là, c'est l'drame. main sur son épaule, hurlements. nana elle voudrait pouvoir s'enfoncer dans le sol et disparaître. adieu monde cruel. elle voudrait que niamh lui dise que c'était elle. une mauvaise blague. mais pas du tout. il s'passe rien d'tout ça. niamh elle est aussi apeurée, elle comprend pas. et nana elle crie, elle hurle et ce qu'elle raconte c'est incompréhensible. elle ravale ses larmes, t'es pas un bébé nana. quand elle va retrouver son mec, il va en prendre pour son grade. pour l'avoir laissée toute seule. pour l'avoir abandonnée dans l'antre de l'horreur. bouche sèche, mains moites, nana elle voudrait être assez courageuse pour se redresser et chercher une porte de sortie, mais elle y arrive pas. j’étais avec mes potes mais j’ai voulu m’échapper discrètement. elle soupire, hausse les épaules. elle regrette, visiblement. apparemment c’était pas l’idée du siècle vu que j’me retrouve enfermée ici. c’est ça d’faire la diva. d’vouloir tout, tout d’suite. de s’attendre à ce que les autres se plient à ses quatre volontés. elle retourne à la serrure, mais tout ce qu’elle a réussi à faire jusqu’à maintenant, c’est plier l’épingle à cheveux que niamh lui a donné. ça parait plus simple dans les films. beaucoup plus simple. et niamh, elle s’met à parler des gens qui étaient avec elle dans la pièce. c’est vrai ça. elle les avait oublié nana. les sourcils qui s’froncent, elle s’tourne la gamine pour faire face à la fausse blonde qui est toujours éclairée par la lumière du téléphone. t’as raison on était pas seules et nana elle est coupée dans son élan par un vacarme assourdissant. elle a pas vraiment l’temps d’voir ce qu’il s’est passé. tout ce qu’elle voit c’est que niamh s’est roulée en boule sur le sol et qu’elle hurle à pleins poumons. mais l’pire dans tout ça, ce sont les rires. rires machiavéliques, à glacer l’sang. nana elle essaie d’se convaincre que c’est sûrement qu’des gosses qui s’amusent mais elle a du mal à y croire. dans un élan de courage qu’elle ne se soupçonnait pas, elle attrape le bras de niamh pour la relever. il faut se serrer les coudes à ce moment-là, parce sinon elle va finir par faire une attaque. ses prunelles noisettes qui se fixent dans celles de niamh, elle essaie d’avoir l’air le plus assurée possible quand elle prend la parole. on va sortir de là. y’a forcément des portes cachées et on va les trouver ! nana elle glisse sa main dans celle de niamh et elle l’entraîne avec elle. c’est l’genre de situation qui rapproche, quand on croit qu’on va mourir ensemble. et la gosse elle s’rapproche du mur, glisse la main sur la paroi. il doit y avoir quelque chose, un interrupteur, c’est obligé. et c’est là qu’un bip continu s’échappe du téléphone, la lumière qui s’éteint. batterie à plat. malédiction.