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 Faded every night ft Nax

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MessageSujet: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptySam 20 Jan - 17:16

We're so late nights, red eyes, amnesia, on ice.

Nejma & Jax

Les mains plongées dans les poches de sa veste, il sait pas si il a fait le bon choix Jax. Sait pas si c’est avant-gardiste de sa part d’emmener Nejma au Sinners. Car c’est pas le meilleur endroit pour une fille ça. C’est pas un endroit fréquentable et pourtant … Elle est là, marche à ses côtés l’air joyeux qui peint ses doux traits dans les rues sombres de night falls. Il aurait préféré qu’elle reste à l’appartement, sagement la saoudienne, pendant que lui serait allé chercher comme prévue son argent sale. L’argent des paris posé sur sa tête lors du match dernier, l’argent des gueules qu’il casse quand Ike peut pas s’en occuper. Il aurait préféré qu’elle ne s’intéresse jamais à sa vie, mais ça, c’est pas possible avec la p’tite Tâhir. Elle est trop intéressé par tout ce qui entoure sa personne, gravite autour de ses occupations depuis qu’elle habite chez lui. Le temps qui passe d’ailleurs trop vite, les semaines qui filent à vitesse éclair. Le brun qui se rend tout juste compte que ça fait déjà deux semaines qu’elle vit chez lui Nej’ , deux semaines qu’elle s’imprègne petit à petit des lieux et, l’habitue de nouveau à la vie à deux. L’appartement à l’ambiance différente dès qu’il rentre depuis qu’elle est là, les affaires qu’il ne retrouve plus à sa place. Elle est surement moins perdue elle, que lui dans son propre appartement. La faute à l’espace qu’il lui accorde gentiment, la faute à ses propres repères et habitude qu’il commence à perdre. Il a pas envie qu’elle sache tout, qu’elle sache l’heure à laquelle il se lève, ni celle à l’heure qu’il se couche alors il bouge en pleine nuit, se lève bien souvent avant elle et décampe de l’appartement pour qu’elle n’ait aucune trace pour le suivre. Il agit dans l’ombre, car moins elle en sait, mieux elle se porte.

Mais ce soir, c’était presque inévitable, elle était bien trop intriguée la petite poupée pour le laisser filer à l’anglaise sans lui demander où est ce qu’il comptait aller comme ça. Lui, il a juste répondu qu’il allait récupérer un chèque et elle, s’est contentée de répliquer qu’elle l’accompagnerait, car elle n’avait rien fait de la journée et que ça lui ferait du bien de faire un tour dans le quartier. Il lui a bien fait comprendre que ça ne prendrait pas longtemps, que ça servait à rien pour elle de se déplacer mais non, elle était déjà lancée l’étoile filante pas prête à lâcher la direction qu’elle avait en tête alors il a capitulé, un hochement de tête et la seconde d’après, elle partait déjà enfilait sa veste. Et c’est ainsi qu’ils en sont arrivé là, dans le sud du quartier le plus crade qui doit exister dans l’état. La ville la plus merdique et glaciale sur le globe terrestre. Car il fait froid à Crescent Height ce soir, l’hiver qui se fait rude, les muscles qui se bandent pour palier à la fraicheur de la nuit. Le garçon jamais assez couvert comme d’habitude, comme si il n’avait pas de veste assez épaisse pour la saison. Il a un simple bombers sur son sweat-shirt à capuche, il abuse, se croit au bled. Dans les terres ardentes, brulante qu’importe le mois de l’année de l’autre côté de la planète. Le jeune homme qui n’aura jamais réussi à prendre le pli des saisons Américaines, qui ne s’y fera jamais qu’importe le nombre d’année qu’il passera sous ce foutu drapeau aux multiples étoiles, cette ville remplie de gratte-ciels.

Il fait si froid ce soir qu’il en vient à penser à Nejma, Jax. Les yeux qui vont se perdre un instant à sa gauche, sur la poupée emmitouflé dans sa couche de vêtement épaisse. Les yeux sombres qu’il croise à peine a-t-il tourné la tête, avant de lui sourire sans aucune raison valable, aucun justificatif à ce sourire sincère. Puis y’a le geste, l’immanquable taquinerie qu’il manifeste d’un coup de coude qui vient gentiment taper dans le bras de sa voisine. Il le dira pas trop sincèrement, mais il fait gaffe à elle. s’inquiétant légèrement de savoir si elle a froid ou non, lui faire comprendre que si elle veut faire marche arrière c’est maintenant qu’elle peut encore le faire.

« T’sais qu’on est pas trop loin de l’appart encore ? Ca sert à rien de sortir si c’est pour que t’attrape la crève. »

L’air bienveillant, les paroles dignes de celle d’un père qui ne voudrait pas que sa progéniture finisse malade bêtement. Le garçon qui sait très bien ce qu’il dit, et c’est peut-être plus l’envie qu’elle rentre à la maison, ne vienne pas dans ce lieu de malheur qui anime sa motivation que la peur qu’elle finisse malade à cause de ce temps. Mais non, elle réfute, comme toujours finalement et ça ne l’étonne même plus. Il hausse simplement les épaules, continue le chemin qui n’est plus si loin jusqu’au club, cinq minutes tout au plus.

Le Sinners et sa rue toute sauf accueillante, la devanture qui paie pas de mine, qui donne certainement pas envie à une fille comme elle d’entrée à l’intérieur. Et pourtant, là-dedans, y’en a une tonne de nana comme elle, des filles qu’on besoin d’argent, des filles un peu trop exhibitionniste avec leur corps. Et y’a aussi des hommes, beaucoup trop d’hommes. Des grosses carrures qui viennent fixer les femmes se mouvoir sur les comptoirs, sur les barres et le comptoir. Et il appréhende, l’intérieur de sa joue qu’il vient mordre en la fixant elle, toiser le néon rose qui illumine la rue qui ne laisse aucun doute sur ce qu’on peut trouver à l’intérieur.

« On va pas passer par là de toute façon hein, on va direct par la porte derrière t’auras pas à te faire contrôler et toutes les merdes qu’ils font faire aux autres. »

La honte de passer par la porte générale qu’il ne lui infligera pas, ni ce soir, ni jamais. Pas sûr qu’elle veuille revenir ici de toute façon une fois qu’elle aura vue l’envers du décor. Elle ne vaut pas cette merde d’ambiance Nejma, elle est mieux que ça, mieux que lui et la vie qu’il mène quelle a tant envie de découvrir. Mais tant pis, à ses risques et périls si elle veut apercevoir un bout de l’histoire. Et les doigts qui viennent s’emparer du petit poignet de la demoiselle, la tire jusque dans la rue adjacente, jusqu’à cette fameuse porte qu’il emprunte trop souvent. La porte où il abat trois fois son poing pour faire un maximum de bruit, qu’on vienne lui ouvrir. Et avant qu’on ne leur fasse face, il lâche la poigne de Nejma la regarde droit dans les yeux.

« Reste avec moi, t’éloigne pas, y’a des gens trop bizarre là-dedans. »

Jamal qui prend un air bien sérieux au même moment que la porte s’ouvre devant eux, et il tourne la tête le basané, fait face au grand gaillard devant eux qui commence déjà à taper la discussion à celui qu’il connait seulement sous le prénom de Jax. Et ils entrent à l’intérieur, dans la cage aux lions, aux tigresses prête à tout pour quelques billets. Le bras que le brun passe autour de la nuque de son amie d’enfance, la maigre présence rassurante qu’il peut lui donner dans ses lieux eccoeurant avant que l'armoire ne les laissent entrer, ne laisse l'habituer des lieux se hisser dans l'endroit sinistre. Et pendant qu’ils avancent dans les couloirs sombre, il approche sa bouche de ses ondulations, de son oreille qui se fait toute proche pour lui susurrer :

« C’est toi qu’a voulu venir, maintenant assume tire pas cette tête d'outrée par l'endroit …. Le bar ou le Casino en premier ? »

A sa guise, lui il s'en fiche de l'ordre dans lequel ils feront les choses, les lieux qu'il connait par coeur. Les lieux qu'il connait surement mieux que son propre chez lui. Et il sourit, contre son oreille avant de reculer sa tête, le sourcil haussé prêt à entendre sa réponse pendant qu'ils sont suivis de près par le garde juste derrière.

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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyLun 22 Jan - 9:07

guess i always push my luck when i'm with you

Nejma & Jax

L’air glacial, terrible, des nuits à Crescent Heights ; le froid auquel elle ne se fait pas, le froid tranchant comme la lame qui, pernicieux, s’infiltre par la moindre faille, entre deux mailles de son pull, dans l’infime portion de son cou que ne parvient à protéger son écharpe. Elle croise ses bras sur sa poitrine la gamine des sables, resserre les pans de sa veste molletonnée, enfoui son visage au creux de son écharpe, son gros bonnet solidement enfoncé sur sa tête. Elle a froid. Sans blague, elle est congelée, et ne saisit pas, lorsqu’elle tourne les yeux vers Jamal, comment il fait pour survivre avec un pauvre bomber sur le dos. Oh, mais il survit pas en fait, comment le pourrait-il lorsqu’il est, comme elle, né en ces terres où le soleil embrase la poussière ocre trois cent quarante jours par an ? Il survit pas si bien que ça, elle s’en aperçoit en le voyant enfoncer sa tête dans ses épaules, la réaction instinctive pour pallier au froid lorsque, comme lui, elle le devine, on est un grand garçon qui refuse de se laisser surprendre à claquer des dents. Sans doute qu’il est aussi congelé qu’elle le Saoudien, seulement il le montre moins, il est moins couvert, également, moins malade, sans nul doute.

- Nan, ça va. J’suis pas en sucre tu sais, c’est pas une p’tite sortie nocturne qui va me coller au lit pendant deux semaines… Puis ce sera pas long, tu l’as dit toi-même.

Le sourire qu’elle lui rend, la lueur intrépide au creux de la rétine, celle de la gamine qui a enfin le pouvoir de s’opposer, de donner une opinion qui sera écoutée, respectée ; cette même lueur qui anime ses prunelles depuis cinq ans déjà, depuis qu’elle a arraché sa liberté des griffes de son pays, cette lueur qui n’a plus quitté son regard à chaque fois qu’elle prononce le mot « non », la pierre noire qui a un peu trop pris ses aises sur le bout de sa langue. Elle s’y est habituée, à la taquinerie aussi maladroite qu’incessante du jeune homme, sa brusquerie qui la déstabilise toujours physiquement, mais plus mentalement, elle y prend goût, peu à peu, aux coups légers qu’il lui met à longueur de temps, comprends bien qu’il sait pas faire autrement le basané, qu’il sait pas s’y prendre, la demoiselle qui commence à se faire à l’idée que le petit garçon doux comme le miel est depuis longtemps envolé.

Elle a hâte Nejma, le sourire qui quitte plus ses lèvres depuis qu’ils ont passé la porte de l’appartement. Le sourire de la gamine intriguée qui va enfin voir sa curiosité assouvie, le sourire de la gamine dont la persévérance va finalement porter ses fruits ; car elle aura forcé pour obtenir cette sortie, oh que oui. Deux semaines déjà qu’elle a posé ses bagages chez Jax, deux semaines au cours desquelles elle n’aura cessé de tenter de démêler les mailles solidement enchevêtrées de la vie du Saoudien, la vie qui demeure bien obscure à ses yeux et ce malgré ses questions incessantes auxquelles il ne répond toujours qu’à moitié. Elle sait qu’il bosse au casino, ouais, sans avoir jamais pu y mettre les pieds pour autant, sans même qu’il ne lui ai dit où se trouvait ledit lieu, c’est pourtant pas faute d’avoir demandé, les journées qui se font trop longues à l’appartement, à attendre qu’arrive l’heure d’aller bosser. Mais ce soir elle travaille pas, ce soir elle est libre comme l’air, a tout son temps, et la première occasion sur laquelle elle aura sauté pour approcher d’un peu plus près le monde nouveau qui est celui de son ami d’enfance, tâcher d’un peu mieux saisir l’homme qu’il est devenu.

C’est ainsi qu’ils se retrouvent à évoluer dans la nuit les deux jeunes gens, côte à côte dans le froid hivernal, dans une marche rendue trop longue par les températures de saison. Et le pas du Saoudien qui ralentit à l’approche d’une devanture toute de néons parée, le regard interrogateur de la demoiselle qui se porte sur la façade, puis sur le visage de son guide de la soirée, avant de se reporter sur la façade. Ça ressemble pas franchement à l’idée qu’elle se faisait d’un casino, l’enseigne qui semble plus relever du strip-club qu’autre chose. Elle est pas déçue la gamine, ni choquée ou quoi que ce soit du genre, elle en a vu d’autres, ces dernières années, simplement surprise car ce n’est pas là le lieu de travail qui s’était dessiné dans son esprit pour son ami de toujours ; en même temps, elle sait pas très bien à quoi elle s’attendait dans un tel quartier, poupée un brin trop naïve qui a du mal à assimiler le fait que ce sont les bas-fonds de la ville qu’ils occupent.

Et il semble avoir du mal à assumer le basané, elle peut comprendre lorsque ses prunelles chocolat se perdent sur les néons peu équivoques, l’extérieur malfamé qui transpire les bas-fonds de Night Falls. Petite princesse qui a bien une mince idée d’où elle met les pieds, et pourtant pas totalement, n’est que trop loin de se douter du pactole d’illégalité que renferment ces murs. Pour l’heure, y a juste Jamal et elle face à la devanture, la voix profonde du jeune homme qu’elle entend lui expliquer qu’ils emprunteront la porte de derrière. Et le petit sourire qui revient danser la valse sur ses lèvres pulpeuses, poupée satisfaite, poupée qui se sent privilégiée cette nuit tandis qu’elle hoche la tête d’un air décidé, part en avant l’instant d’après lorsque les doigts tatoués se referment sur son poignet, l’entraînent sans ménagement dans l’une des ruelles voisines. Elle trébuche un peu Nejma, comme une fois sur deux lorsqu’il lui fait le coup de la brusquerie trop grande pour elle, s’emmêle les pieds sur le bitume mais parvient à suivre le mouvement, et déjà les voilà du côté des employés.

Et les prunelles brunes qu’elle sent peser sur elle, plonger dans son regard, l’air étonnamment sérieux du jeune homme lorsqu’il la met en garde contre les « gens bizarres » peuplant les lieux. Elle se voit ramenée quinze ans en arrière Nejma, l’impression de se trouver face à son père qui lui faisait promettre de ne surtout pas adresser la parole aux inconnus, les gens dangereux sous leurs masques de mièvre gentillesse, et elle ça la fait ricaner, doucement rire, les paroles qui lui échappent, audacieuse.

- J’vois pas quels grands malheurs pourraient m’arriver ici… Mais t’inquiètes pas papa, j’te lâcherais pas d’une semelle.

Les iris qui viennent rouler vers le ciel étoilé, la gamine qui se rend pas compte, mesure pas une horreur qu’elle est bien incapable de deviner ; et de toute façon ça fait rien, ça fait un moment qu’il a cessé de la calculer le garçon pour plutôt converser avec le vigile qu’il semble bien connaître. L’innocence relative qui fait pas long feu, la porte d’entrée à peine passée et les Saoudiens envoyés dans l’arène, les yeux de Nejma qui se perdent où ils peuvent, avides, curieux de découvrir l’univers de son ami ; les yeux de Nejma qui changent bien vite d’optique, le voile écœuré qui passe sur son regard à mesure que se dévoilent l’endroit et ses vices, des images dont elle n’est pas particulièrement friande qui se dessinent sous ses yeux. Elle pensait pas, Nejma. Pouvait pas se douter, est surprise de découvrir que c’est en ces murs qu’il fait sa vie, le p’tit Jamal. Et son bras, plus si petit que ça, qu’elle sent glisser dans sa nuque, unique point d’ancrage auquel elle puisse se raccrocher dans le tourbillon des bas-fonds, son souffle chaud qu’elle sent siffler contre son oreille, le trouble dans lequel elle se voit prise qui la rend un peu trop honnête.

- J’m’attendais juste pas à ça…

Et la décision qu’il lui demande de prendre, la décision dont elle ne sait que faire, le bar ou le casino, devine que les deux parts de l’enseigne seront tout aussi pires, qu’il y en aura pas une pour rattraper l’autre. Mais y a cette curiosité qui demeure, cette curiosité nourrie par son affection pour celui qu’elle a toujours considéré comme un frère, le désir de le mieux connaître qui l’empêche de rebrousser chemin, le choix qui se porte, spontanément, désespéré, vers ce qu’elle connaît de mieux.

- Le bar.

Deux mots, la réponse simple, concise, et l’instant d’après le garçon qui l’entraîne déjà là où elle le lui a demandé, la p’tite brune qui relève les yeux vers lui, demande, un léger sourire aux lèvres, dans une mince tentative de relativiser :

- J’espère que tu vas au moins me payer un verre…
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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyLun 22 Jan - 14:33

We're so late nights, red eyes, amnesia, on ice.

Nejma & Jax

Il a réellement envie de rire quand elle agit comme si elle était invincible la petite Nejma, une part de lui la trouve bien candide d’imaginer qu’ici, il ne peut pas lui arriver grand-chose. Mais en même temps, il est bien content de voir que dans ce monde y’a encore des gens innocents, des gens qui voient pas les choses de la même manière que lui tu peux les voir. Il est bien heureux que Nejma elle ait gardé cette part p-t’être trop gentille en elle, qu’elle n’ait pas vue le pire de ce monde de chien. Il est bien content qu’elle ne voit que les choses à moitié dans les longs couloirs qu'ils empruntent actuellement, que les portes soient toutes quasi fermé pour lui éviter la vision des choses les plus crades qu’on peut obtenir grâce à l’argent. Lui il sait, il pas besoin de regarder pour savoir que dans la première porte à gauche, celle qu'ils viennent de dépasser y’avais des filles qui font des extra à certains clients pour quelques billets en plus ; y’a qu’à entendre les gémissements pour savoir ce qui peut se tramer à l’intérieur de la pièce. Il sait que dans la porte juste après y’a celles qui se préparent pour le prochain tour de pole-dance, enfile leurs plus sexy tenue de scène car la machine s’arrête jamais. Du matin jusqu’au soir faut que ça danse, que ça se dénude, qu’il y ait des billets qui volent jusqu’à la scène pour en voir encore plus. Lui il voit les choses clairement mais pas elle, elle n’a que des bribes, des avants goûts et c’est mieux ainsi.

Il l’observe se faire à l’ambiance lourde du Sinners, la musique qui résonne jusqu’entre les murs, jusque dans leurs pieds qui vient jusqu’à battre dans le cœur. La musique qui n’est pas forcément de bon gout pour lui, mais pour les loubards au pied de l’estrade oui. Ca la dégoûte à Nejma, il le voit, elle regarde un peu de partout et détourne vite le regard. Elle n’aime pas ce qu’elle voit, peut-être autant que ça a pu le dégoûter à lui quand il est venu la première fois dans les lieux. Car il était beaucoup plus jeune, il n'avait jamais connu ce genre d’endroit encore, ce genre de piège à gens et argents sales. Et il serre sa prise autour de sa nuque, gentiment, juste assez pour la faire sourire. C’était évident qu’elle ne s’attende pas à ça, évident qu’elle s’imagine pas son vieil ami bosser dans un endroit si crade. Surement que le Sinners c’est l’avant-gout de l’enfer, les prémices de ce qui l'attend si enfin la mort veut bien l'accueillir à bras ouvert.

« Tu t’attendais à ce que je sois croupier au Casino, costard belle pompe ? Désolé princesse ici c’est l’casino des pauvres, y’a rien de charmant. »

Il blague, en rigole contre son oreille pour la détendre. Sa grande main qui vient doucement, comme toujours ébouriffer ses longs cheveux brun avant de revenir se poser gentiment sur son épaule. Et il lui demande ce qu’elle veut voir en premier, bar ou casino. Ce n’est pas spécialement beau mais qu’importe, ça sera toujours mieux que ses couloirs mal éclairés qu'ils sont en train d’emprunter. Elle lui répond le bar et Jax hoche simplement la tête. Va pour le bar, au moins il pourras la laisser deux minutes pour récupérer son blé à un moment ou un autre. Le bar qui sera plongé dans l’obscurité, les esprits occupés sur les courbes féminines sur la scène qui occuperont les prunelles des chiens de la casse autre part que sur Nejma. Nejma qui le sort de ses songes déjà piqué à vif, rien qu'à imaginer qu’ils puissent poser les yeux sur son amie q'il infantilise un peu trop. Le poing qui se fait violence pour pas se resserrer, « calme toi Jax y’a rien de fait. » Puis de toute façon, elle s’exprime la Saoudienne, le désir qui se fait entendre. L’envie qu'il lui paies un verre et il hausse les sourcils, il est plus étonné de la voir fumer, travailler dans un bar mais il était p-t’être encore à des années-lumière de l’imaginer boire de l’alcool comme lui va l’faire ce soir.

« Si t’es sage j’t’en paie même deux. »

Il lui sourit d’un air niais, comme si il parlait à un p’tit bébé. Pourtant ce sourire, il le perd facilement. La tête qui se tourne trop rapidement vers les bruits qu'il entend vers le fond, l’air sérieux qui se peint directement sur ses traits. Il a les oreilles fines Jax, toujours aux aguets et il se trompe pas. C’est bien lui qu'il pense entendre. C’est les engueulades du boss au détour d’un couloir, sa voix qu'il distingue. Et il dérive trop naturellement ses pas de l’autre côté, à l’extrême opposé dans le couloir, à l’antipode de sa voix, emportant sous son bras la poupée qui chancelle à ce trop brusque changement de direction pas prévue jusqu’à présent. Mais il a flemme, pas envie qu’il la voit, pas envie qu’il se demande –qu’il lui demande- qui elle est pour lui, ce qu’elle vient faire ici ou pire : qu’il ose lui proposer un job de salope pour le Sinners. Non merci, on passe le tour et il ira tout seul lui faire face pour récupérer son fric plus tard. Il n’a pas besoin de savoir qu'il emmène quelqu’un ici, pour la toute première fois avec lui. Personne n’a à le savoir, personne n’a à comprendre pourtant ça passera pas inaperçu que Jax Abalhadj n'est pas seul ce soir. Tout le monde est trop habitué à sa solitude, ses mouvements en loup solitaire. Et ce soir, ils la verront elle, à ses côtés, la poupée frêle qui ne peut pas passé inaperçu, trop jolie, suivant ses pas de près, trop bien pour ces lieux. Mais il n'avait pas le choix, elle aurait été insupportable si il l’avait encore laissé en plan ce soir à l’appart’, la curiosité qui finira par la tuer, la curiosité qui finira aussi par l’agacer.

Le bout du couloir qu'ils atteignent rapidement, la pièce plongé dans l’obscurité qui n’a que pour seul lueur celle des néons, des spots au plafond. Y’a personne sur scène encore, c’est calme pour un bref moment. Ses yeux se plissent lorsque la lueur des lumières colorés glisse sur lui et Nejma. Et enfin, il la lâche car y’a du monde, des opalescences qui glissent curieusement sur elle et puis sur lui. Le bras qui glisse de sa petite épaule à son dos avant qu'il ne s'écarte, lui faisant un simple signe de la tête pour lui montrer la direction. Ses mains qui retrouvent rapidement les poches de sa veste alors qu'il avance dans cette fosse aux fauves. Il se tient droit, le regard rivé devant lui. Il enfile son masque le plus froid et va trouver une table libre dans l’immense espace qui pue le cigare, la sueur des grands bonhomme qui viennent se poser sur les divans après les longues journées de travail. Lui, il choisi une table éloigné de la scène et son prochain spectacle de charme. Il choisi de se mettre dos à la scène, que son amie croit pas qu'il matte comme un gros porc la scène pendant qu’elle lui parle ; il choisi de se mettre de dos bien évidemment pour autre chose. Pour pas qu’on le remarque quand les lumières qui fusent d’un endroit à l’autre dans la salle qu'il n’soit pas trop vite démasqué dans les parages.

« Charmant comme endroit hein… Vraiment ça en valait la chandelle pour toi de te déplacer jusque-là Nejma… »

Qu'il lâche à peine installé. Les coudes qui viennent se poser nonchalamment sur la table, les jambes qui s’allongent jusqu’au siège de Nejma en dessous, frôlant ses propres jambes. Il prends ses aises, de la place comme un pacha et sourit en coin à la poupée en face de lui qui le dévisage face à son arrogance, son sarcasme bien trop présent. Elle mérite qu'il se moque d’elle, mérite qu'il lui fasse comprendre que venir ici, c’était pas l’idée du siècle pour une fille comme elle.

« Tu dormiras moins bête du coup ce soir, dans mon super matelas tu pourras dire que t’as vue des spectacles de charmes et que t’auras entendu des gros chiens d’la casse rugir à peine ils vont voir les meufs enlever leurs hauts …. »

Les mains qui vont se perdre dans ses poches pour récupérer dans son paquet de cigarette un joint déjà prêt à être allumé. Manque plus que le feu, ce putain de feu qu'il aura toujours du mal à trouver qui lui fait froncer les sourcils pendant qu'il s'met à tapoter dans les poches en espérant le sentir. Il souffle, jure et relève ses yeux bruns vers elle. Celle qui le fixe avec attention ne pas s’en sortir avec ses affaires qu'il cherche sans cesse.

« Plutôt que d’me voir en galère tu veux pas me sortir le tien grosse tête ? »

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Dernière édition par Jax Abalhadj le Mer 24 Jan - 15:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyMar 23 Jan - 12:54

guess i always push my luck when i'm with you

Nejma & Jax

Il serait presque agaçant Jamal, la tendance omniprésente à infantiliser une Nejma pourtant depuis longtemps majeure et vaccinée ; presque, oui, car Nejma ça la gêne pas, pas ce soir en tout cas, pas lorsqu’il lui promet une éventuelle seconde boisson, qu’importe que ce soit vrai ou non. Elle a envie de s’amuser un peu cette nuit, tant pis si c’est pas franchement le meilleur lieu pour, le besoin constant qu’elle a, depuis qu’elle a goûté aux vices des occupations nocturnes, de noyer sa morne existence dans la clarté des nectars. Alors elle sourit la gamine des terres dorées, sourit tant qu’elle peut, jusqu’à c’que le Saoudien ne refasse usage de sa force trop grande pour elle, ne l’entraîne dans la direction opposée, nouvel emmêlement de pieds en perspective, on adore. Pourtant elle se ressaisit, parvient à tenir debout sur ses jambes frêles, la poupée qui commence à s’habituer à c’que la comète Abalhadj vienne chambouler son équilibre.

Le couloir sombre auquel ils font enfin leurs adieux pour atterrir en un lieu encore pire, pièce de luxure et de dépravation dont elle n’a pas encore idée, pas tout à fait, du moins, la scène et les éclairages, le public et son aura dégueulasse qui posent tout de même un semblant de décor, esquissent l’ambiance qui animera les lieux sans tarder. Et le bras qu’elle sent quitter ses épaules, son dos, le poids du coude de Jax dont elle avait pris le pli, petite princesse qui se sent tout à coup bien démunie sous le regard de la foule peu ragoutante occupant les lieux, et le cœur qui s’emballe une fraction de seconde, le temps seulement de tourner la tête, s’assurer que Jamal est toujours là, dans son dos, c’est pas parce qu’il l’a lâché qu’il a pris la fuite pour autant. Et la demoiselle qui se calme, elle connaît bien les bars et les clubs, lieux de prédilection de la môme paumée, connaît aussi ces obscurs strips-clubs, beaucoup moins bien cependant, ça fait plus d’un an qu’elle y a mis les pieds et elle a perdu l’habitude, déjà rare à l’époque, de voir le public avide, lubrique, et les meufs de son âge à peine plus vêtues que des Eve des bas-fonds.

Un signe de tête et la demoiselle qui s’aventure dans la direction indiquée, l’habitué des lieux qui la suit comme son ombre, choisit la table, s’installe, ne lui laissant, pour unique place, pour unique vue, qu’un accès dégagé à la scène. Super. Encore heureux qu’elle se trouve assez loin d’eux. Et la jeune femme qui commence par se dévêtir, moins, bien moins que celles qui occuperont bientôt la scène, mais entreprend de défaire les couches de l’oignon en lequel elle s’est transformé, ôte écharpe et bonnet, pose sa veste sur le dossier de la chaise. La faute à cette saleté de lieu bien trop chauffé, afin d’éviter que les strip-teaseuses ne chopent la crève, sans doute, quelle délicate attention. Et la voix du basané qu’elle entend percer par-dessus le vacarme de la musique, elle bouge un peu sur son siège pour lui faire face, roule des yeux à l’entente de ses paroles moqueuses. Moqueur il est, moqueuse elle sera en retour, la p’tite Saoudienne qui se laisse jamais marcher sur les pieds, rétorque, sourire en coin mais le ton sérieux :

- J’admets, j’suis conquise… J’aurais presque envie de bosser ici tiens, c’est pas toi qui disais avoir un poste pour moi ?

Il se fiche d’elle et il en a le droit au vu de la gueule de l’endroit ; pour autant, elle regrette pas d’être venue. Elle en a vu d’autres ces dernières années, et se voit satisfaite d’enfin découvrir un peu l’univers de son ami. Un univers qu’elle n’imaginait pas tel, mais pourquoi pas. Et les jambes du jeune homme qu’elle sent effleurer les siennes, le jeune homme qu’elle voit s’avachir face à elle lorsqu’elle n’est, pour sa part, pas des plus à l’aise ici, entre la tripotée de bonhommes peu ragoutants amassée dans les environs et le spectacle qui se prépare sur scène. Et pourtant elle fait exprès d’écarter les jambes à son tour, les genoux qui viennent cogner ceux de Jax sous la table et les paroles libérées l’air de rien, en plein milieu de la conversation :

- Vas-y, fais comme chez toi hein, surtout. Ah mais j’oubliais, t’es chez toi ici…

Y a les prunelles sombres qui viennent rouler vers le plafond, Nejma elle a le corps d’une femme mais les côtés gamins qui subsistent au-delà de son doux faciès, la poussent parfois à adopter les jeux d’enfants, les jeux de mômes qui ont rien de mieux à faire que de voir qui écrasera le plus fort les pieds de l’autre sous la table. Et de reprendre, plus sérieuse, la lueur de défi au creux de la voix :

- Mais si c’est ça ne pas être bête, selon toi… Si ça passe par traîner dans des endroits pareils, voir des filles danser à moitié nues… J’suis déjà intelligente, t’inquiètes pas pour moi, c’est pas cette soirée qui va m’apprendre grand-chose.

Et les frêles épaules qui viennent se hausser dans son pull trop grand, les paroles libérées qui en disent beaucoup et pas tellement à la fois, la demoiselle qui se refuse à expliciter le train de vie qu’elle a mené ces dernières années. Tout c’qu’elle a pu voir, entendre, expérimenter en cinq ans, la crainte que celui qu’elle a toujours vu comme le grand frère qu’elle n’a jamais eu ne soit déçu d’elle, ne la renvoie au pays pour qu’elle se fasse lapider. L’inquiétude qui s’estompe bien vite, le petit sourire qui se dessine plutôt en le voyant retourner la moindre de ses poches, la demoiselle qui commence à saisir combien son ami est bordélique. Et le sourire qui s’étire davantage en le voyant relever les yeux vers elle, en entendant sa demande bourrue, les doigts qui viennent se glisser dans la poche de sa veste pour en tirer son briquet, joue avec sans le lui donner.

- J’ai déjà entendu des manières plus correctes de demander un service à une amie…

Les sourcils qui se haussent, l’air un peu précieux qu’elle adopte, agite quand même l’objet demandé sous son nez, du bout des doigts, s’assurant qu’il puisse le lui arracher, qu’il puisse peut-être même croire à un accident, qu’elle ait été assez bête pour ne pas le tenir suffisamment éloigné, qui sait. Et les yeux qui se perdent, distraits, sur la flamme qu’elle voit jaillir l’instant d’après, la jeune femme qui se rapproche un peu, plante ses coudes dans la table et la tête nichée au creux des mains, se désintéresse du bâton d’herbe pour braquer ses prunelles sur le Saoudien, l’air bien plus sérieux, tout d’un coup.

- Pourquoi tu bosses là, Jax ? J’veux dire, si t’avais l’air d’aimer cet endroit, j’comprendrais, mais t’as l’air à peu près aussi enthousiaste que moi d’être ici… Alors pourquoi ?

Nejma déjà de retour avec ses grandes questions, le répit un peu trop long qu’elle aura accordé à son ami, et la jeune femme qui vient taper ses mains sur la table sitôt le sujet clos, s’exclame :

- Bon ! Parlons sérieusement ! T’as quelque chose à me conseiller ici ? Après tout, tu m’as promis deux verres, et comme je pense être assez sage…

Et l’air qu’elle adopte, à peu près aussi niais que celui qu’il prenait quelques minutes plus tôt lorsqu’ils ont abordé le sujet pour la première fois, le regard inquisiteur qu’elle porte sur lui. Parce qu’il lui faudra bien un verre, au moins un, pour contrebalancer le spectacle qu’elle va voir se jouer sous ses yeux. En parlant de spectacle, une jeune femme qui entre en scène, une jeune fille, peut-être même, ça l’étonnerait pas qu’elle soit plus jeune qu’elle, la p’tite brune qui fait la moue en voyant déjà l’audience s’exciter tout autour.

- Et c’est parti… Elle a bien du courage de faire ça.

Le léger soupir qui lui échappe, le regard qui se plisse légèrement pour tenter de déchiffrer l’expression sur le visage de la jeune femme plutôt que son corps, la p’tite Saoudienne qui se sent tout d’un coup bien chanceuse d’avoir toujours réussi à se débrouiller sans avoir à passer par-là.
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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyJeu 25 Jan - 15:13

We're so late nights, red eyes, amnesia, on ice.

Nejma & Jax

Sourcil qui s’arque instinctivement, étonné par les palabres de l’amie d’enfance. Le faciès expressif une poignée de seconde avant qu’il ne se mette à l’imaginer elle bosser ici, juste une seule minute derrière ses rétines sombre se joue le vilain spectacle de cette vie de misère. Les spots au couleur tamisé sur son visage, les mouvements subjectifs contre la barre de fer, l’argent qu’elle glisserait entre sa peau mate et la ficelle de son tanga… Il l’imagine vraiment être tombé très, surement trop bas pour se retrouver à vendre son corps pour quelques billets. Elle qui vient d’une si gentille et pieuse famille au pays… Elle ne peut pas, elle n’a pas le droit de venir se trimballer ici en culotte soutif pour appâter les voyeurs, pas dans le monde de Jamal en tout cas. Il s’imagine qu’elle a des meilleures valeurs que ça, les mêmes que celles de ses cousines et pour lui, ce genre de vie ce n’est pas fait pour ce style de fille gentille. Ça lui fout la rage de penser à ça, il n’apprécie vraiment pas cette vision Jax, elle l’éreinte et il préfère s’en débarrasser en clignant des yeux. Les prunelles qui vont à la rencontre des siennes, son visage souriant, fier de sa connerie et lui, il bouge nonchalamment la tête de gauche à droite, le sourire en coin car si elle lui dit ça, ce n’est pas pour rien c’est juste une blague qui ressurgit d’une vieille conversation. De la toute première, celle de leur retrouvaille. Enfin il croit, si il a bonne mémoire. Et emmerdeuse comme elle l’est, il préfère évincer la conversation plutôt que de lui mettre des idées saugrenues dans sa p’tite tête de mauvaise graine.

« Oublie cette idée, le poste a été pourvue… Quel dommage. »

Les épaules qui se haussent –faussement – tristement avant qu’il reprenne ses gamineries. Il se distraie l’esprit en l’embêtant sous la table, comme un gosse, les pieds qui vont pousser les siens, les jambes longues qui empiètent sur son espace vital et il ricane car elle ne rate jamais l’occasion de rétorquer. Un vrai p’tit bébé, ses petites jambes qui poussent les siennes à son tour, les genoux qui viennent cogner les siens et sa petite voix qui en rajoute une couche, la diablesse qui se moque de lui. De cet espace qu’elle appelle « son chez lui ». Et elle n’a pas si tort que ça, y’a bien une part de vérité dans les palabres qu’elle lâche. Cet endroit, il y passe surement plus de temps que dans son propre appart’. Triste réalité qu’il est prêt à avouer, et il ouvre la bouche pour ça mais elle reprend déjà la vile pipelette pour avouer à son tour qu’elle n’est pas étonné par les lieux, qu’elle connaissait déjà ce genre d’ambiance et tout ce qui s’y trame.

Il a les jambes qui se figent Jax, un instant où il ne bouge pas, il ne rigole plus et il essaie de comprendre ce qu’elle veut dire par là Nejma. Elle a déjà fréquenté les bars à stripteases ok. Mais comment ? Dans quel contexte ? Celui qu’il s’imaginait la minute d’avant ou en simple visite, avec des collègues ? Finalement, Jax il se rend compte qu’il sait pas grand-chose de l’avant Crescent Height, il sait rien tout court de la vie qu’elle a pu mener depuis qu’elle a quitté le bled et ça le fige sur son siège. Il comprend qu’à l’usure elle, aura eu quelques réponses à ses questions mais lui, il ne s’est pas foulé pour en apprendre plus sur elle. Ou p-t’être qu’elle a juste bien fait les choses l’étoile, elle l’a distrait tout ce temps sur sa propre personne, ses propres réponses pour que jamais il ne vienne l’interroger sur son bout d’histoire à elle. Elle ne le sait pas encore, mais dorénavant, elle est fichu bébé Tâhir, elle est dans le collimateur du basané. Jax devra la jouer fine mais est sûr de lui, certain qu’il obtiendra des réponses à toutes les nouvelles questions qui mûrissent déjà dans sa tête. Pour pas se trahir, il reprend vie le saoudien, les jambes qu’il remet à leurs places, reprenant de son ampleur, le dos droit sur le dossier d’sa chaise. Il se met à chercher ce fichu briquet pendant que la cigarette demeure éteinte entre ses lèvres, l’air distrait alors qu’il commence déjà à tâter le terrain.

« C’est pour ça que tu voulais le job ? Car en fait, t’as déjà bossé dans le monde de la nuit… Plutôt show public comme ceux qu’on va voir ou bien show en cabine privatisé ? »

Il tourne la conversation à la dérision, grappille tout autour du sujet des informations qui pourrait le conduire sur le chemin des secrets de Nejma. La brune à la curiosité trop grande qui a l’air mine de rien, d’avoir elle aussi des fantômes et squelette caché dans son placard. La main tatouée qui s’approche de celle de son amie, essaie de lui dérober d’entre les doigts l’objet désiré. Et elle le fait patienter, joue avec lui. Une fois il rate l’occasion de le choper, et la deuxième fois, il le récupère sans grand mal le briquet. Il lève les yeux au ciel, les prunelles sombres qui viennent se river vers le bout de son nez, le bout de la clope qui s’embrasent sous leurs yeux, le fin filet de fumer qui s’extirpe tout doucement d’entre ses lippes avant qu’il ne fasse glisser le zippo sur la table en direction de sa propriétaire qui elle s’installe comme une enfant, le visage tenu entre les paumes de ses mains pour lui poser une nouvelle question. Elle n’arrête jamais, soûlante Nejma sur laquelle il vient souffler un maximum de fumée toxique, la camouflant une seconde ou deux dans un brouillard blanchâtre qui s’évapore tout aussi rapidement.

« Ça paie bien j’suppose, j’m’en fou que ça soit sale, moche, pas mon kiffe tant qu’à la fin de la journée j’ai mon argent j’m’adapte à tout. »

Roi de la réponse improvisée, le tac au tac métrisé. Il sait pas Jax en réalité pourquoi il continue de bosser ici, pourquoi depuis quatre ans c’est pour le Sinners qu’il combat et fait des coups en douce lorsqu’il pourrait faire mieux de ses journées. Y’a pas de réponse exacte, peut-être juste l’envie d’abattre ses poings sur les gueules qu’il lui plaise pas, l’amour qu’il porte aux embrouilles tordu. C’est dans les veines, dans son ADN que ça coule ce désir à toujours être du côté du mal, ça tient surement qu’à ça. Il pense, il s’en convainc. Il a ce besoin viscérale, vitale d’être plongé dans la merde de se prouver qu’il peut s’en sortir. Surement que Jax il y trouve son adrénaline, la raison de sa venue sur terre dans les abysses de cette vie qu’il mène à cent kilomètre heures, le pied enfoncé sur l’accélérateur. Pour une fois, la réponse a l’air suffisante, elle fait pas cette moue qu’il commence à connaitre, ce petit minois qui signifie qu’il en a pas assez dit, ses onyx qui le fixent, sonde son âme pour détecter quelque chose, un petit truc qu’il n’aurait pas dit. Nejma cette fois, elle n’a pas la bouille d’la nana qui accepte la défaite mais qui sait que y’a toujours un truc qu’elle n’a pas encore réussi à obtenir. Elle s’habitue surement au peu qu’il lui donne, le peu qui est déjà énorme pour un type comme lui qui ne partage rien. Pas même son vrai prénom à ceux qu’il connait bien.

Ce silence présent quand tout autour d’eux est bruyant, le silence qu’il apprécie pour consumer sa clope, les pupilles perdues sur les poignets de la princesse. Il fixe son derme marqué à l’encre noir, ce si petit tatouage qui le fait gamberger comme un âne. Il se demande à quel moment elle a ressentie le besoin de marquer son corps, souiller ce que Allah lui a donné d’un si petit dessin, transgresser les règles d’un islam pure et dure au pays d’leurs ancêtres. Il se pose des bêtes de question qu’en lui-même a transgresser les règles, à dix-neuf ans, pas même encore la majorité qu’il commettait son premier pêché. Le premier d’une longue liste, peut-être une trentaine recensé sur son corps avec et sans signification. Il se pose un tas de question lorsque la poupée s’éveille de nouveau, faisant trembler la table de ses petits poings lui demandant bien trop joyeusement ce qu’il lui conseille en boisson.

« Sage ça reste à voir, mais j’te conseil un bon jus d’orange, c’est bien ça. »

La réponse évidente, le sourire trop grand, les dents trop blanches qui ressortent même dans la pièce sombre. Il ricane, fier de lui, fier de sa connerie. L’air tout aussi con que celui de sa voisine qui elle ne sourit plus pour l’occasion. Et le pied qui va cogner doucement dans celui de son amie pour la détendre.

« J’déconne fait pas ta boudeuse Tâhir. Mais j’sais pas moi ? T’aime quoi ? L’alcool sucré ? Fort ? Moi j’vais boire une bière donc … »

Il en sait rien Jax des goûts de Nejma, il sait pas quoi lui proposer sauf ces vieux classiques de nana à base de Passoã, de sirop de fruit et de jus d’ananas. Il connait rien, lui il boit n’importe quoi tant qu’au final ça le décontracte un peu il s’en fout que ça déclenche le feu dans sa trachée, il s’en fout que ça soit plutôt gouteux pour le palés y’a que l’après qui compte, que le volume de la boisson soit assez fort pour faire taire ses démons les plus profonds. Elle lui a pas encore répondu qu’il la sent se décrocher de la conversation, ses yeux en amande qui se rivent derrière lui, fixe la scène quand lui n’entends que la musique monter. Il la détaille Jax, regarde son visage à peine éclairé par les lumières qui fusent parcimonie sur son faciès. Il la voit changer d’expression, le nuancier d’émotion qui peint ses délicats traits, ses lèvres pulpeuses qu’il la voit mordre et il sait déjà ce qu’elle pense. Triste réalité, place à la séquence bouillante, salissante de la petite nana qui danse dans son dos. Et il tire, longuement sur sa cigarette avant de la tendre à celle qu’il héberge, haussant les épaules la fumée sortant du fond de ses poumons :

« Tu penses c’est du courage … ? J’pense juste c’est d’la facilité… Pas besoin de grand-chose pour être prise ici… Un brin de poitrine, des jambes fines, tu ne négocies pas le prix et c’est bon tu finis sur la scène. »

Le garçon qui tourne la tête une minute pour voir au moins, qui elle observe sur la scène. Les prunelles qui s’attardent pas plus sur la poupée qui commence déjà à jouer de ses voluptés sur l’estrade. Il a déjà vue des centaines de fois le spectacle, alors il se tourne vient tapoter ses doigts sur la surface d’ébène regarde de droite à gauche en quête d’un serveur dans les parages. Y’a pas grand monde ce soir et il souffle espérant que y’en a qui se décidera à se bouger.

« Ça se passe comment toi le travail ? J’t’ai pas trop vue cette semaine. »

Son unique faute, a toujours vouloir brouiller les pistes, ne pas lui avouer ce qu'il fait de sa vie et de ses nuits il en vient à fuir son propre appartement. Il sait qu'il abuse Jax alors il essaie d'rattraper le temps.

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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyLun 29 Jan - 3:09

guess i always push my luck when i'm with you

Nejma & Jax

Elle hausse les sourcils Nejma, sourire en coin, surprise d’apprendre qu’il l’imagine réellement capable de se dévêtir pour une poignée de billets. Et la tentation de le faire mariner un peu, retourner contre lui les relents presque moqueurs qu’elle perçoit dans sa voix. Parce qu’il a pas l’air de la croire, Jamal. Il a pas l’air de croire au fait qu’elle ai pu, elle aussi, bosser dans le monde de la nuit, et elle comprend pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de se plier au même genre d’activités que la fille qui ne tardera pas à monter sur scène, pourquoi il lui accorde pas ça. Et le briquet qu’elle tire distraitement de la poche de sa veste, le ton qui se fait bien trop sérieux, détaché lorsqu’elle répond :

- Nan, j’ai jamais été particulièrement été attirée par les grandes foules comme ça… J’assurais plutôt le spectacle en cabine.

Les grands yeux sombres qu’elle vient ancrer dans ceux du jeune homme, le sourire qui s’étire au bout de quelques secondes en voyant qu’il semble y croire, que la supercherie a pris, et le doux éclat de rire qui lui échappe lorsqu’enfin elle le laisse plus ou moins accidentellement s’emparer du briquet.

- Mais nan, tires pas cette tête-là, oh… Mon expérience dans le monde de la nuit elle se limite à servir des verres, tout le reste je l’ai vu sans y participer !

Et elle roule des yeux, récupérant d’un geste vif le briquet qu’il fait glisser dans sa direction, le briquet qu’elle laisse tomber au fond de sa poche, s’avance légèrement sur la table, la lueur trop curieuse de retour au creux de ses rétines. Et le nuage de fumée blanchâtre qui vient un instant brouiller sa vision, la ferait sans doute tousser si elle n’en ingérait pas tant à longueur de journée, Jax qui disparaît le temps que s’estompent les vapeurs opaques, sa voix qu’elle entend percer avant que son visage ne soit reparu dans toute sa netteté. La réponse rapidement obtenue, rapidement expédiée, la réponse peut-être vraie mais tout aussi possiblement fausse, la réponse qu’elle accepte, faute de mieux, car dans tous les cas elle a pas le choix Nejma. Alors elle hoche sa petite tête brune, la Saoudienne qui peut comprendre que parfois la nécessité financière puisse faire revoir ses attentes à la baisse, la Saoudienne qui a trop longtemps vécu sur les routes, avec quelques billets seulement au fond de la poche et aucune assurance d’avoir de quoi se sustenter jusqu’à la fin du mois. Elle-même, elle en raffole pas du boulot de barmaid, même si y a bien pire, bien évidemment qu’y a pire, le taff des filles employées ici, à tout hasard, mais si l’on avait déployé sous ses yeux l’éventail de toutes les carrières existantes, c’est certainement pas dans cette voie qu’elle se serait orientée. Mais elle a besoin d’argent. Elle a besoin d’argent, et pas la moindre qualification pouvant lui ouvrir les portes des plus nobles institutions. Alors oui, elle peut comprendre que l’on puisse aller travailler sans plus prêter attention aux ressorts de sa profession, se contenter d’empocher les billets mois après mois, peu importe le nombre d’inconvénients du métier.

Et le silence qui s’installe, la gamine qui, volubile, sent pas le regard du basané peser sur elle. Elle est trop distraite Nejma, la curiosité dans le sang qui pousse ses prunelles sombres à s’attarder partout où elles peuvent, ses oreilles à se tendre jusqu’à ce qu’elle n’entende une chose lui déplaisant un peu trop, la p’tite Saoudienne qui aime mieux détailler les murs de la pièce, la décoration équivoque et les boissons colorées et billets entassés sur les tables plutôt que la clientèle, la clientèle un peu trop répugnante, qui lui rappelle un peu trop les immondes personnages qu’il lui est arrivé de rencontrer au cours de ses folles pérégrinations, le monde qui n’est que trop peu sûr pour une jeune femme de vingt-et-un, vingt-deux, vingt-trois ans. La demoiselle qui s’arrache d’elle-même à sa délicate observation pour venir heurter la table de ses petites mains, le regard brillant lorsque se formule la demande de la boisson promise. Et il se moque Jamal, pour changer, les palabres soi-disant drôles qui s’échappent ses lèvres, les palabres qui font disparaître le sourire de la Saoudienne, la poussent à se renfoncer dans son siège, les bras croisés et la moue boudeuse. Et l’imbécile qui ricane, l’imbécile qui l’invite pourtant à « se détendre », prend sa demande au sérieux. Enfin.

- Il serait temps que tu comprennes que j’ai plus cinq ans pour me contenter de jus d’orange… J’sais que ça se voit pas des masses mais j’ai quand même grandi, ces dernières années.

Elle lève les yeux au ciel Nejma, et le sourire qui revient finalement, au bord des lèvres, avant que l’agitation enflammant la pièce tout entière ne la pousse à porter son attention sur la scène et, plus précisément, sur la petite demoiselle qui vient de faire son apparition. Y a le ton qui se fait alors distrait, la réponse lâchée sans grand intérêt, tout d’un coup, lorsque ses prunelles refusent de quitter le tableau vivant.

- J’suis pas difficile… Les trucs forts, c’est le mieux…

Les mots qui mourraient presque entre ses lèvres et les sourcils qui se froncent sensiblement, la poupée qui a totalement décroché de la conversation, submergée par ses pensées, souvenirs et réflexions se mêlant en une valse lente. Les réminiscences des soirées, trop nombreuses, où la trainaient Isaac et les sales types avec lesquels il parvenait toujours à s’associer, ces soirées dans les bars, les clubs toujours plus louches et leurs blagues lourdes pour l’envoyer sur la scène rejoindre les danseuses de charmes, les refus qu’elle opposait sans exception, refusant de se livrer à de telles choses en public, c’eut été transgresser un peu trop les limites du haram. La prise de conscience de la chance qu’elle a que de pouvoir se débrouiller sans avoir à occuper ses nuits de la sorte, la jeune femme qui se sent tout à coup bien redevable de jamais n’avoir eu à se dévêtir pour une poignée de billets, et l’esprit qui s’égare vers ses parents, ses parents qu’elle décevrait s’ils la voyaient aujourd’hui, elle le sait, c’est pas pour rien qu’elle leur a pas rendu visite depuis cinq ans, mais au moins sur ce plan-là elle n’a rien à se reprocher. Et, du coin de l’œil, la cigarette qu’elle discerne, la cigarette qui entre dans son champ de vision lorsque son ami la lui tend, elle se détourne définitivement de ce spectacle bien trop déplaisant pour mieux se concentrer sur le brun, la cigarette qu’elle saisit entre ses doigts fins, la porte à ses lèvres, laissant une trace de rouge sur le papier, tant pis. Et elle l’écoute en silence, hausse les sourcils en l’entendant qualifier cette activité de facile, tire sur le bâtonnet de tabac, la fumée âpre qu’elle sent emplir ses poumons trop fragiles jusqu’à ce qu’elle ne se décide à la recracher.

- C’est bien une réflexion de mec, ça, qu’elle réplique en lui rendant sa cigarette, un sourire cyniquement amusé au coin de lèvres. J’pense pas que ce soit aussi simple que t’as l’air de le croire, ça se voit que t’as jamais eu à supporter les regards trop crades de ces gros porcs.

Et le p’tit signe de tête en direction des nombreuses tables voisines, pour la plupart occupées, la demoiselle qui n’attend pas une seconde de plus pour ajouter :

- Crois-moi, c’est vraiment pas un cadeau. Pas sûre que ce soit si « facile » de se dénuder devant des vieux pervers tous les soirs.

Et elle le voit se tourner vers la scène, la scène sur laquelle elle s’attardera pas davantage, ça lui plaît pas particulièrement de voir des gamines se dévêtir, lascives, les autres clients du club qui charment pas spécialement ses yeux non plus, les prunelles sombres qui s’abaissent alors vers ses mains, les ongles longs qui grattent pensivement le bois vernis de la table comme le ferait une petite fille ennuyée, une habitude parmi tant d’autres qu’a conservé la grande enfant, le bébé des terres saoudiennes qui a grandi de manière trop abrupte pour parvenir à devenir une femme à part entière. Et les yeux qui se relèvent vers Jamal à l’entente de sa question, sa voix grave qui perce à travers la musique évocatrice battant tout autour d’eux, la p’tite brune qui hausse doucement les épaules.

- Nan, tu traînes pas trop chez toi, hein ?

Le constat formulé avec un petit sourire presque timide, la question qui n’en est pas vraiment une, elle commence à comprendre Nejma, a fini par cesser d’espérer passer du temps avec lui lorsqu’il est tout le temps en vadrouille, qu’il disparaît sitôt qu’elle met les pieds à l’appart’. Mais c’est même pas un reproche qu’elle lui fait là, plutôt une remarque n’attendant pas la moindre réponse de sa part ; puis elle gagne du temps, tant qu’elle peut, car la mention de son boulot fait instantanément resurgir à son esprit l’incident de la semaine passée. Et Nejma elle se voit pas lui dire, elle se voit pas lui révéler que la princesse de Riyad s’est effondrée en plein service, parce qu’elle dort pas assez, qu’elle prend mal ses médocs. Parce qu’elle est malade. Ça il l’ignore encore Jamal, et elle aimerait qu’il en reste ainsi aussi longtemps que possible, pour toujours, même, l’espoir en lequel elle est la première à ne pas croire, le miracle qu’elle sait impossible. Car il l’apprendra. Car les secrets finissent toujours par être levés, c’est dans l’ordre des choses, mais pour l’instant il l’ignore, et la gamine qui élude comme elle peut, prend grand soin de ne surtout pas prononcer le moindre mot pouvant lui mettre la puce à l’oreille.

- Bah, y a pas grand-chose à dire… C’est pas franchement le job de rêve, mais mon patron est sympa, donc j’ai pas à me plaindre.

Le petit sourire qu’elle lui adresse pour mieux convaincre la bête et la conversation qu’elle détourne bien vite de sa petite personne, cherchant avant tout à le dissuader de la questionner sur cette fatigue qui empreint trop souvent ses traits, la pousse tous les matins à rester sous la couette bien après le lever du soleil.

- Et toi, alors ? Pas trop de tricheurs à faire bouger cette semaine ?

Les cils qui battraient presque dans sa direction, la Saoudienne qui fait seulement semblant de s’être laissée embarquer dans ses bobards, se doute, depuis le premier jour, qu’il lui dit pas tout, une impression qui se renforce depuis qu’elle a mis les pieds en ces lieux de malheur, où il lui semble peu probable de pouvoir se contenter d’une simple profession de gros bras destiné à assurer la sécurité. Et les sourcils qui se froncent sensiblement, les questions toujours bien trop nombreuses dans sa mauvaise tête, la demoiselle qui demande peu après :

- Mais dis-moi… Plus l’temps passe, plus j’me demande… Qu’est-ce qui t’a poussé à venir t’enterrer dans une ville comme Crescent Heights ? Puis pourquoi tu t’obstines à y rester, surtout ?

Le regard qui se fait sérieux, la poupée acharnée dans l’attente d’une réponse que, elle le sait déjà, il ne lui donnera pas. Mais elle s’accroche un peu trop, toujours, suspendue à l’espoir qu’elle puisse lui faire confiance, se fier à ses réponses de temps à autre. Qu’il trouve la force d’être honnête avec elle une fois sur dix, lorsqu’ils ont été trop nombreux à la mener par le bout du nez avant lui.
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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyLun 29 Jan - 15:29

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Nejma & Jax

Elle dit pas qu’des conneries la mignonne Nejma, il faudra bien qu’un jour Jax il arrête de la voir comme la gamine qu’elle n’est plus depuis un bail. Y’a quand même seize longues années qui sont passés, une quantité énorme d’eau qu’a coulé sous les ponts. Elle a grandi, tout comme lui la princesse Tâhir. Petite demoiselle au regard pétillant, aux joues bien ronde de son enfance qui a maintenant vingt-trois ans. Elle a plus les mains potelés Nejma, plus la même voix fluette quand elle l’appelle par son prénom. Y’a trop de chose qui ont changés, et pourtant Jamal il a l’impression de toujours avoir à faire à la gamine qui avait même pas encore perdu ses dents de lait quand il a quitté les terres de sable. Alors ouais, faudra bien qu’il s’habitue un jour ou l’autre au fait qu’elle n’a pas besoin d’un daron au-dessus de sa tête, qu’elle a en a déjà un, qui est encore en vie. Un qui a surement bien fait son taffe jusqu’ici et qui n’a pas besoin d’un p’tit batard pour jouer les éducateurs avec sa fille.

Et il rit, de bon cœur en entendant la suite. Le sourire trop grand, trop franc quand elle dit de son air boudeur qu’elle n’a pas tant changé depuis l’enfance mais qu’il devrait tout de même prendre en compte que le temps a filé à une allure folle, et qu’elle est majeure maintenant, depuis longtemps. Il passe une main dans ses cheveux sombre Jax, les yeux qui restent rivé sur celle qui ne lui accorde soudainement plus tellement d’attention, bien trop occupé sur le show qui se joue dans son dos. La poupée aux mèches folles qui encadre son visage, le visage peu fardé en maquillage. Naturellement douce, Nejma et ses traits finement dessiné. Maintenant qu’il s’habitue à la voir chaque jour, il se demande comment il a fait pour ne pas reconnaitre le marronné si foncé de ses yeux, la forme de sa bouche, les joues qui n’ont pas bougés depuis le temps.

Les lumières des réverbères de la salle qui danse sur son faciès anguleux, Jax au visage un coup bleu de Klein et la fois d’après rouge carmin. Le garçon qui penche sa tête en arrière pour laisser échapper au-dessus de leurs têtes, vers la toiture qui les sépare du firmament, un nuage de fumée épaisse. Il s’amuse comme un gamin avec un rien, un peu de fumée qui sort d’entre les lippes et le voilà perdu dans ses pensées, fixant le ballon d’exhalaison se perdre, se fondre petit à petit sous ses prunelles noisettes. Grand garçon qui se repositionne convenablement, l’éclat vif qui vit dans son regard qui vient se perdre sur celle qui parle, la discussion qui se fait un brin plus intéressante que d’habitude. Pour une fois, ils ne parlent pas de banalité, de sujet tout prêt. Y’a cette jeune fille qui danse sur la scène et les avis qui divergent sur la facilité à exécuter chaque jours les même choses. Jax qui à son tour s’appuie sur la table, la tête posé tout aussi nonchalamment contre son poing fermé, Jax qui fixe la poupée parler, déblatéré des conneries de préjugés sur les hommes en souriant en coin, intéressé de savoir si il fait face à une de ces nouvelles grandes féministes ou pas encore.

« Non j’ai jamais eu à vivre le regard des gros porcs ou des cochonnes de Crescent Heights, car j’ai choisi de pas devenir un strip-teaseur. Ça reste un choix Nej’. »

Il marque une pause, coupé spontanément par la brune qui lui demande indirectement, du bout du menton de regarder en direction des tables ou les loups commencent déjà à hurler. Et il regarde le spectacle Jax. Fixe ces baraques, ces grands hommes se comporter comme des putains de gamin dans un rayon de jouet. Il bouge la tête nonchalamment, pas bien fier de ces loubards qui donnent une image bien plus crade de l’homme qu’elle ne l’est réellement à son amie d‘enfance. Et il dérive le regard, déjà las d’assister à ce comportement de sauvage. La langue qui passe rapidement sur la lippe inférieure avant de reprendre plus sérieusement :

« Tu peux être serveuse, tu peux être caissière, y’a du travail si t’en cherches même ici dans ce bled pourri. C’est juste plus simple de se déshabiller quand on aime avoir l’attention sur soi, qu’on s’trouve un minimum assez joli pour le faire. Croit moi, y’en a qui kiffe ce qu’elles font, elles aiment le regard des vieux merdiers qui trainent ici hein …  Y’en a pas mal qui ne se contente pas que du p’tit lap dance que tu vois actuellement… Mais j’vais pas te faire de dessin. Bien que t’ai la majorité j’voudrais pas te choquer en te disant ce qu’il se passe après les spectacles…  »

L’évidence, l’éloquence des mots. C’est suffisant, pas besoin de plus pour qu’elle comprenne le putain de foutoir qu’est cet endroit. Certaines nanas qui bossent ici, ne sont pas que de simple danseuse y’a toujours un double tranchant dans ce lieu de débauche. Comme les deux faces d’une pièce le Sinners détient sa part innocente visible à tous et son coté malsain, les bas-fonds derrière les épais rideaux rouges derrière la scène. Les rideaux qui cachent la misère, qui cachent des scènes de prostitution, les coups de poings qui s’abattent deux rues plus loin les soirs de mise auquel Jax s’adonne trop souvent, l’argent sale qui flotte un peu de partout dans les environs. Le Sinners l’endroit sale, le Sinners surement crée par le diable. Et surement qu’il a rendu l’ambiance à la table étouffante Jax en lâchant de si gros sous-entendus à la Saoudienne. La vérité qui à chaque fois, sort d’entre ses lippes fait des ravages. Alors à chaque fois, il se jure de plus trop en dévoiler, car elle n’a pas à connaitre cette partie émergée de l’iceberg.

Alors il se reprend, lui demande comment ça se passe au Roaring Lion qu’il fréquente lui-même de temps en temps. Il se tente à relancer la machine Jax, les efforts qu’il fait juste pour elle, pour pas gâcher la soirée pourtant bien partie. Mais elle recommence, ne lui laisse pas le temps de souffler qu’elle attaque déjà sur sa non-présence à l’appartement. Et il passe une main dans sa barbe rugueuse car y’a toujours un putain de hic, toujours elle trouve le petit sujet pour contrebalancer et le mettre dans une position de mensonge, car il peut pas lui dire la vérité. C’est exclu.

« J’suis tout le temps occupé en ce moment ouais, y’a des semaines comme ça. »

Il hausse les épaules le tatoué, le regard qui jusqu’à présent était posé sur elle, qui glisse dès lors sur l’entièreté de la salle, à la recherche d’un putain de serveur qui arrêterait le massacre de la conversation. Il sait qu’elle se doute de la véracité de ses propos, ou du moins, a compris qu’il y avait anguille sous roche dans les histoires qu’il raconte. Mais comme lui, elle fait mine de rien ce soir, met un peu d’eau dans son vin et répond à la question qu’il lui a posé en premier. Et il hoche de la tête à ses palabres, les doigts aux ongles bien trop court qui tapotent le bois de la table d’un air impatient, cherchant même pas à saisir, démêler les mensonges dans ses réponses. Il voit pas que derrière le sourire se cache un lourd secret, il voit pas qu’elle cache un infime truc car il est trop distrait par les allers-retours d’un serveur qu’à pas l’air de les avoir captés.

« Rien à dire de mon côté perso, c’est tranquille la routine. »

Il fait semblant d’pas savoir où elle veut en venir, les mensonges qu’il lui balance, qu’elle lui fout maintenant en pleine gueule alors il répond rapidement, clairement et surtout de manière précise. La sécurité qu’il n’exerce pas ici, enfin si. Mais pas comme il l’a présenté à celle qui l’accompagne pour la soirée, c’est plutôt occasionnel qu’il ait à s’occuper de dégager les mauvais payeurs du Sinner, c’pas son job de prédilection. Lui c’est les petites magouille en externe, les combats de sauvage qu’il pratique chaque soirs. Mais ça, elle n’en sait rien. Et à peine une réponse est donné qu'elle l'enchaine, met à mal sa "grande gentillesse" de frère d'une autre mère. Car fallait bien que ça arrive, fallait bien que la patience s'effiloche à l'usure. La question clairement en trop, cette fois, il souffle réellement Jamal. Et ne se prive pas de faire comprendre à la brune qu’elle commence à l’agacer avec ses milliers de questions à la con. Les prunelles jusqu’à présent en quête d’un serveur qui vont quelques secondes se poser sur la brune. Le regard froid, le sourire presque narquois pour lui dire le plus calmement possible :

« Et toi ? Pourquoi t'es là hein ? Y'a une raison spécial ? Sauf celle de jouer les enquêtrices ? Y'a pas de réponse à ta question Tâhir. J'suis arrivé par hasard, j'ai eu un taffe j'suis resté point. T'es satisfaite inspecteur colombo ? »

La question rhétorique, il attend surtout pas d'réponse à ce moment-là le prince des emmerdes. Et enfin, comme si dieu -si il en existe un- avait entendu la colère froide de Jamal s'abattre sur la petite Nejma, un serveur arrive. Demande aux deux jeunes Saoudiens ce qu'ils souhaitent commandé. Jax le premier demande une bière comme habituellement et, il tourne les yeux vers la demoiselle qui l'accompagne pour qu'elle expédie sa commande. Mais y'a rien qui ne sort, poupée qui ne répond pas. L'air boudeur évident et il souffle détourne son attention de la capricieuse vers le serveur.

« Six shot de tequila avec du sel et du citron s'teuplait Mike, ça ira. »  

Le garçon qui s'en va, le silence palpable à la table. Et Jax se met à tourner la tête en direction du spectacle, les yeux rivés sur la brune déjà presque à poil. Le garçon qui s'est déjà radoucît, pas au point de s'excuser mais au moins de tenter de pas passer la soirée en terrain ennemi.

« T'as pas de juste milieu ? Tu passes de pipelette à muette ? Dommage pour tes verres j'vais tous les boires....»  

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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyMar 30 Jan - 16:33

guess i always push my luck when i'm with you

Nejma & Jax

La conversation qui change drastiquement de ton, le souffle glacial qui s'abat telle une chape de plomb, sans qu'elle l'ait vu arriver, sans même qu'elle ait pu le soupçonner. Un instant tout allait bien, et l'instant suivant y a l'air fatigué qui empreint les traits du jeune homme, l'agacement qui fige ses expressions, tend les muscles de son visage, et l'atmosphère agréable qui régnait entre eux qu'elle voit voler en éclats tranchants, qui entaillent les veines et font saigner la peau. Elle comprend pas, Nejma. Elle comprend pas comment ses paroles anodines ont pu enclencher la machine de la sorte, comment une pauvre petite remarque sur ses absences à répétition a pu allumer le brasier de sa colère. Elle comprend pas que ses questions trop nombreuses elles sont soûlantes, elles saoulent tout le monde, Jamal mais aussi tous les autres avant lui qu'elle a pu assaillir d'interrogations. Mais sans doute que c'est avec lui, et avec lui seulement qu'elle se montre aussi obstinée, insistante, chiante. Parce qu'elle porte un intérêt sincère à son ami d'enfance, le secret Absallah qu'elle est bien déterminée à percer, quoi qu'il en coûte, car il a toujours occupé une place un peu trop importante dans son cœur pour qu'elle s'intéresse peu à lui. Elle est sans doute trop curieuse la gamine, et pourtant elle pense pas à mal, seulement animée par son désir de réapprendre à connaître ce frère d'une autre mère. Car il a changé Jamal, énormément, trop, peut-être ; seize années ont passé après tout, charriant avec elles leur lot de péripéties, de possibles souffrances, possibles violences. Et plus le temps passe et plus la poupée s'aperçoit qu'elle ne sait quasiment plus rien de lui, le petit prince de Riyad qui n'est pas devenu un étranger, mais presque. Elle ignore tout Nejma, les aventures qu'il a pu vivre ces dernières années, son adolescence, les rencontres qu'il a pu faire et qui l'ont forgé, ses premiers émois, les contrées qu'il a visité et celles qu'il aimerait visiter, ce qu'il aime et ce qu'il exècre, ses joies, ses peines, ses rêves, mais aussi ses craintes et les questions qui le maintiennent éveillé la nuit. Elle ignore tout, le garçon trop bien protégé, trop bien armé qui ne la laisse encore que trop rarement accéder au vrai Jamal, le garçon qui semble déjà fatigué de la voir sans cesse gratter à la surface.

Et la réponse qui se fait un peu trop virulente, le ton trop sec, trop colérique du jeune homme qui vient la toucher en plein dans son ego. Trop souvent elle fait cette erreur, l'erreur d'oublier à qui elle a à faire, que ce n'est plus au tendre petit Jamal qu'elle s'adresse, mais à un homme qui renferme bien trop de violence. Et elle fronce les sourcils la Saoudienne, la bouche qui se tord en une moue désapprobatrice, elle est pas fausse Nejma, s'amuse jamais à masquer ce qu'elle ressent, à taire l'indignation que l'on peut susciter chez elle ; et c'est sur le même ton qu'elle lui répond :

- Oui Jamal, y a une raison spéciale à ma présence ici. Le truc c'est que j'avais envie de te revoir, que tu me manquais et que j'en avais marre de vivre avec ce poids de pas savoir où t'étais passé, pourquoi t'avais disparu du jour au lendemain. Alors j'ai sans doute été trop bête de faire ça hein, mais ça m'a pris des mois de te retrouver, c'était pas facile tous les jours, et si j'te saoule, si toi t'es pas content de me voir ben j'sais pas quoi te dire écoute, j'te demande rien mon grand, t'es libre de me virer de chez toi si tu supportes si mal de vivre avec « une inspectrice ».

Les mots crachés sur la table qui les sépare, la gamine qui sait rétorquer lorsqu'on s'en prend à elle sans grande raison légitime. Sans doute qu'il attendait pas de réponse à ses questions désagréables, sans doute ouais, mais elle s'en fout. Et la p'tite brune qui vient s'enfoncer dans son siège sur ces bonnes paroles, les bras croisés et la mine renfrognée, peu ouverte à une reprise de la discussion. Elle a même pas envie de rester, mais pas envie de partir non plus. Elle a plus envie de lui parler mais pas envie de se fâcher non plus, même la boisson elle sait plus si elle la désire toujours, si l’alcool aura pas le doux privilège de foutre un peu le bordel dans son esprit à fleur de peau, justement. Alors elle reste là, en silence, esquissant pas le moindre geste pour changer sa situation et, lorsqu’arrive le serveur tant attendu, ce sont ses lèvres qu’elle garde soigneusement closes. Poupée bougonne qui devient peu clémente en un claquement de doigt, un mot ded trop et c’est le drame. Et le regard de Jax couplé à celui du serveur qu’elle sent peser sur elle, le serveur qu’elle ignore pour plutôt fixer le basané en silence, le regard évocateur pour une demoiselle devenue muette.

La commande qu’il expédie donc sans qu’elle ai eu son mot à dire mais tant pis, elle s’en fout, c’est pas comme si elle l’avait pas voulu, de toute manière. Et avec le départ de l’employé le silence qui s’installe entre eux, la gamine trop butée pour faire le premier pas, pour se risquer à relancer la conversation comme si de rien n’était, c’est pire encore que de marcher sur des œufs avec les individus de sa trempe, qui deviennent cassant pour pas grand-chose. Et, au bout d’un moment, le Saoudien qu’elle voit se tourner vers le spectacle d’un bon goût extrême qui se déroule à quelques mètres de là, le sourire ironique qui s’esquisse au coin de ses lèvres, « Vas-y Jamal, rinces-toi donc l’œil, comme si j’étais pas là surtout ». Mais c’était évident qu’il appréciait la vue, c’est un homme après tout, la p’tite brune qui aurait bien besoin d’un bon coup de massue sur la tête pour lui faire entrer dans le crâne qu’il n’a plus huit ans depuis un long moment. Et elle les fixe pas plus longtemps, ni lui ni la fille trop bien foutue qui fait son show, tire plutôt de sa poche son téléphone, le doigt qui parcourt l’écran, les applications avec un intérêt seulement feint, la gamine qui s’occupe comme elle peut, toujours aussi indécise quant à ce qu’elle doit faire, rester ou partir, la gamine qui reste campée sur son siège tant qu’elle s’est pas décidée, la gamine qui veut peut-être même pas faire son choix, tout compte fait.

Y a le timbre profond qu’elle a appris à reconnaître comme étant celui de Jax qui finit par retentir, la mauvaise tête qui se refuse même à le regarder, répond avec un hochement d’épaules, les yeux rivés sur l’écran trop peu intéressant de son téléphone :

- Fais donc hein, si ça t’amuse… L’alcool te rendra p’t-être plus aimable.

Et les prunelles qu’elle vient enfin ancrer dans les siennes, le sourire faux qu’elle lui adresse, la gamine pourtant pas si revêche qu’elle veut bien le laisser paraître puisqu’elle pose tout de même son cellulaire sur la table, laisse échapper un soupir, la p’tite brune pour qui la simple tâche de lui faire la conversation autrement qu’à travers ses questions trop curieuses s’avère plus qu’ardue. Et le regard qui s’attarde un instant dans le dos de son ami, sur la scène, l’instant de trop, elle détourne les yeux, jolie Nejma parvenue à saturation.

- Plus les minutes passent et plus j’me dis que j’aurais dû choisir le casino…

Et la main fatiguée qui vient replacer ses trop longues mèches brunes, p’t-être qu’au casino ils auraient moins eu l’occasion de discuter, p’t-être que la situation aurait pas dérapé de la sorte. Mais ça ils le sauront jamais, le serveur qui revient déjà avec leur commande – la commande de Jax, plutôt – pose le tout sur la table trop petite, la poupée qui, les bras toujours croisés sur sa poitrine, toise le basané sitôt le garçon reparti, haussant ses sourcils dans la direction des shots alignés devant eux.

- Ben alors, qu’est-ce que t’attends ? J’croyais que tu devais boire « ma » commande, si tu les appliques pas tes menaces elles ont zéro valeur.

Et les prunelles qui viennent se lever vers le plafond, la brunette qui se déride peu à peu mais demeure toujours aussi peu décidée à esquisser un geste en direction des verres alcoolisés.
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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyMer 31 Jan - 15:23

We're so late nights, red eyes, amnesia, on ice.

Nejma & Jax

Car qui s’y frotte, s’y pique. Il a peut-être un brin abusé le Saoudien, la réaction trop spontané, le garçon trop habitué à taper du poing et se montrer sévère dès qu’on tente de s’immiscer de trop près à son univers. Jamal qui n’a pas su gérer comme il le fallait la situation. Il supporte juste pas les interrogatoires Jax, ne supporte pas avoir cette putain d’impression que chacune de ses réponses est décrypté, mot par mot pour en déceler le vrai du faux. Grand garçon qui a perdu l’habitude d’avoir de comptes à rendre, grand cachotier depuis l’enfance. Ce n’est pas voulu, ce n’était pas dans ses gênes d’être ainsi mais il a dû le devenir au fil du temps. C’est ce qu’on lui a appris dans le foyer des Abalhadj, être discret, ne jamais trop en dire sur son histoire. La faute aux préjugés que les gens ont sur les arabes, la faute à ce scandale mondial de baron d’la drogue auquel il aurait dû faire face si il était resté à Riyad dans sa ville natale, dans les embrouilles de son géniteur. Il a de quoi se méfier du monde, de quoi fermer sa gueule tout le temps Jax. Mais pas avec elle. Pas avec Nejma, la gamine trop juvénile de son enfance. Elle ne méritait pas une telle colère et il comprend qu’elle soit maintenant en colère. Il a bien entendu, bien enregistré ce qu’elle lui a dit avant que le serveur ne vienne et depuis, il se repasse en boucle ses mots.

Lui, Jamal recherché par quelqu’un dans ce monde. Haha, la blague. Il a du mal à le croire, du mal à l’entendre. Le rire ironique qui se joue dans sa tête. Y’a jamais eu personne qui s’est inquiété pour lui. Pas même ses parents alors elle… Il en doute fortement. Il est pas énervé Jax, pas vexé d’entendre un si gros bobard sortir d’entre ses lippes devenue suave, cantatrice de rage mais juste dans l’incompréhension totale. Qu’est-ce que ça a pu lui faire de perdre un ami d’enfance à elle ? Elle qui était si bien entouré durant des années, elle qui menait sa petite existence tranquillement quand lui a été forcé de tout quitter. Lui, il a réellement pensé à elle durant longtemps, c’est véridique. Car lui il avait rien à quoi se raccrocher, lui il n’avait plus sa mère, ni cette famille de substitution qu’était les Tâhir, qui l’avait hébergé comme si il était leur propre fils pendant des mois avant qu’il ne soit envoyé aux États-Unis.

Les souvenirs qui se jouent derrière ses yeux –faussement- occupé sur le spectacle de charme qui se joue derrière lui. Le flashback qui se joue dans sa tête. Il voit clair : il se voit lui, à peine dans la période de l’adolescence quand tout le monde s’amusait à ramener des amis du collège à la maison, lui qui ne faisait pas comme tout le monde. Lui, il restait seul, la confiance jamais redonné à quiconque. Il a souvent pensé à Nejma dans ces eaux-là, la petite demoiselle qu’il imaginait différente de la fille qui lui fait face aujourd’hui à vingt-trois ans. Il était encore très jeune à ce moment-là Jax, avait de l’espoir dans le regard, des rêves dans la tête. Il s’imaginait qu’elle soit sur les terres américaines pour revivre un peu de son enfance avec elle. Le garçon qui n’a jamais pu être comblé, le garçon qui en grandissant à arrêter de rêver, a commencé à de moins en moins pensé à celle qui lui vendait du rêve et de l’espoir dans ses songes rêveuses et surtout secrète. Et le temps a filé, il a tenté de la zapper à Nejma, réellement, de toute son âme. Car finalement elle était comme le reste des choses auxquelles il croyait quand il était encore le bébé Absallah, le p’tit qui s’imaginait de nouveau un jour, porter son réel nom de famille avec fierté. Qui vivait dans l’idée folle qu’il allait finir par revoir sa mère, les Tâhir et les terres ardente d’où il était né. Mais non, les années ont passés, et l’espoir s’est essoufflé. Alors il a tout foutu dans une boite Jamal, son identité, son passé et ses rêves de gamin. Il a foutu Nejma à l’intérieur. Nejma, qui incarnait la douceur et le rêve de jour meilleur qui était devenue à l’usure, juste un fragment du passé faite pour lui rappeler combien ça fait mal d’être oublié.

Il sait pas combien de temps est passé depuis qu’il s’est mis à fixer le show d’un œil distrait mais, il tourne la tête Jax, un instant sur celle qui a les yeux rivés sur son téléphone. La muette, qui préfère faire la tête. Et plus il la regarde, plus le doute glisse dans son cortex. P-t’ être bien qu’il s’est trompé durant toutes ces années Jax, peut-être qu’elle ne ment pas, qu’il lui a vraiment manqué …peut-être bien qu’elle ment comme une arracheuse de dent … Il n’en sait rien, mais ça le pousse à parler quand même, faire un pas vers elle. Il la taquine alors, car il sait pas revenir autrement, qu’il le fait trop rarement pour savoir comment s’y prendre réellement.

La menace qu’il lâche, laisse planer au-dessus de la table, lui qui garde ses prunelles sur elle, pendant qu’elle ne daigne regarder ni lui, ni les petit shoteur qui vienne l’instant d’après, s’aligner devant ses yeux. Il attend, patiemment, les prunelles mordorées rivés sur elle pendant que le serveur pose la bière et récupère le billet que Jax lui file pour payer, les pupilles qui glissent de son minois jusque sur son téléphone en se demandant si elle joue la comédie, ou si elle est réellement occupée. Mais ça dure pas longtemps ce cinéma, elle finit par le posé son putain de téléphone et le regarder, les yeux qui s’ancrent dans ceux de l’autre dans l’attente d’un pas, d’un geste, d’un mot pour débloquer la situation. Et le couperet tombe, froidement, la réponse pas bien étonnante, pas un brin blessante à son égard qu’elle lance. Et il esquisse son infernal sourire en coin, trop souvent utilisé, de façon désabusé pour lui répondre d’un air intrigué :

« C’est pas les carottes normalement qui rendent plus aimable … ? »

Et sur ça, il attrape sa bière l’air de rien, en boit une mince gorgée avant de déjà reposer son verre sur la table. La boisson au gout âpre, l’effet acide qu’elle fait dans la gorge. Aussi acide que l’ambiance à cette table, aussi acide que le liquide transparent dans chaque verre que Nejma ne boit toujours pas. Et ça l’agace. Moins que les questions qu’elle pose mais un peu quand même. Il la laisse tranquille, ne dit pas un mot de plus et la fixe. Petite poupée dont les yeux sont repartis investiguer l’estrade aux parois miroitantes. Dans son dos, il entend les sifflements, les hommes qui en demande un peu plus encore à la danseuse mais il ne se tourne pas une seconde fois. Il a mieux à faire Jax, il toise sa colocataire qu’il n’a pas plus vue que ça cette semaine. La poupée aux mille et une émotions, le nuancier bien large qui passe sur son faciès. Le dégoût, la gêne, l’empathie pour cette fille. Et enfin, elle lâche le regard, glisse ses prunelles sur la table en soupirant d’un air las, et il arque un sourcil prêt à lui demander ce qu’il se passe mais elle le fait toute seule, comme une grande elle avoue qu’elle regrette son choix d’être passé par le bar plutôt que par la case casino en premier. Et il hausse les épaules ; ses longs doigts qui viennent caresser les gouttes d’eau sur son verre en cherchant un truc pour la consoler.

« Et quand t’auras vue le casino, tu te diras que t’aurais pref rester à la maison… J’t’avais prévenue. »

Ça lui apprendra à ne pas écouter les conseils à l’étoile, ça lui apprendra à vouloir toujours voir, en savoir plus sur un sujet qui la dépasse. Il lui avait dit que ça ne serait pas long si il y allait seul. Surement qu’actuellement, il serait déjà sur le chemin du retour jusqu’à son appart’, le fric en poche. Mais non, maintenant, ils sont coincés ici, des verres entre eux sur la table, une musique assourdissante dans les oreilles et un spectacle de nudité dont il ne peut même pas pleinement profiter malgré que madame ait décidé de faire la tête. Leger soupire qui sort d’entre ses lèvres, garçon dont le regard se perd dans son verre. Alors il reprend une gorgée de sa boisson, la bière de mauvaise qualité dans ce club miteux qui ne l’étonne même plus et y’a la soudaine exclamation, l’enthousiasme, l’air pas peu fier de Nejma qui fend l’air, la diablesse qui lui remet en tête ses propres palabres et il ricane, les lèvres contre la bordure de son verre, le verre qu’il pose gentiment contre la table avant de venir s’appuyer, rapprocher d’elle pour lui parler.

« J’pense juste t’as pas le courage de t’envoyer ces six shot alors t’essaie de me les refourguer … P’tit sucre… »

Le surnom chuchoter au creux de l’oreille, le garçon qui se recule pour avoir une vue d’ensemble sur sa réaction. Il la voit déjà attraper un verre, fougueuse Nejma qui n’attend pas une seconde pour démontrer qu’elle n’est pas faite de crystal comme il le sous-entend trop souvent. Mais il la force à poser un instant le verre sur la table, la main qui reste sur celle de son amie pour lui fixer quelques règles qui lui feront plaisir.

« À chaque téquila paf que tu bois, t’as le droit à une question et cette fois, j’m’engage à y répondre sans langue de bois. On fait ça ? »

Le garçon trop sûr de lui, d’être gagnant dans l’histoire car elle n’arrivera pas au bout des six verres, le garçon qui pense s’en sortir avec maximum trois questions et calmer les relents toujours trop présent des questions qui mijotent apparemment dans sa tête la moitié du temps. Peut-être qu’une fois qu’elle en aura terminé elle arrêtera d’être si curieuse, peut-être qu’il fait ça aussi pour calmer le petit ange dans son crâne qui lui répète qu’il est allé trop fort tout à l’heure.

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MessageSujet: Re: Faded every night ft Nax   Faded every night ft Nax EmptyJeu 1 Fév - 15:39

guess i always push my luck when i'm with you

Nejma & Jax

Les lèvres qu’elle voit se mouvoir sous ses yeux, pour toute réponse une boutade en carton, une blague de circonstance. Les formules vues et revues trop souvent entendues de la bouche des parents, de ses parents à elle, pour ne pas faire exception à la règle, la phrase toute faite qu’ils employaient à loisir pour pousser leur petite étoile à finir son assiette de légumes. Et Jamal non plus n’y a pas échappé, elle en est sûre, mettrait sa main à couper qu’elle a déjà entendu ses géniteurs lui seriner cet adage, au cours des nombreux repas auxquels était convié le gamin. La question c’est de savoir si lui s’en rappelle, elle n’en sait rien, se le demande bien sans pour autant prononcer la question à voix haute, Nejma qui n’oublie pas le passé et les doux reflets de l’enfance, Nejma qui n’oublie pas non plus le présent et son ami désagréable pour un rien. Alors elle dit rien, se contente d’arquer un sourcil, le visage impassible et le regard inexpressif qu’elle porte sur lui, qui suit le mouvement de son bras lorsqu’il porte la boisson à ses lèvres, se détourne sans tarder, sans s’attarder, pour plutôt glisser dans son dos, la scène de lumières colorées éclairée. Les éclats crus, tantôt bleu tantôt rouge, tantôt rose tantôt mauve, qui caressent le corps dont les parcelles de peau nue sont désormais plus nombreuses que les vêtements. Le corps bien foutu, le filtre coloré qui épouse la moindre courbe, assombrit la moindre zone d’ombre, sublime la silhouette de la gamine. Et elle cogite, la Saoudienne. Les paroles du basané qui lui reviennent en tête, c’est réellement pas un sacrifice pour elle de se mouvoir sur cette scène ? Est-ce que c’est vrai qu’elle aime vraiment ça, les regards des hommes sur sa petite personne, les clameurs excitées, bestiales, pathétiques qu’elle suscite, et le désir sale qui dégouline sur sa peau mate ? P’t-être. P’t-être pas. Pour savoir faudrait aller lui demander, et elle fera certainement pas ça, sans doute pas, nan. Y a qu’à Jamal qu’elle fait l’honneur de ses questions indiscrètes, ce soir.

Et l’aveu qui sort d’entre ses lippes, la p’tite brune qui confesse pas regretter d’être venue, nan, elle a un peu trop de fierté pour ça, mais reconnaît que le bar n’était peut-être pas le meilleur choix, face au casino. Elle le reconnaît et pourtant elle n’en sait rien, gamine ignorante qui pénètre pour la première fois le sombre Sinners, est encore bien loin de connaître ses bas-fonds et ses vices, le trésor d’illégalité qu’il abrite en son sein. Elle devine, oui, car elle n’est pas si stupide, mais demeure encore incapable de déterminer ce qui pèse le plus lourd sur la balance des mœurs bafouées. Le bar ou le casino ? C’est Jax qui se charge de trancher pour elle, le jeune homme qui ne cherche même plus à dissimuler la nature mauvaise des lieux, ne se prive pas de se vanter de l’avoir prévenu, souligner la fougue de la gamine qui aura fait la sourde oreille à ses avertissements. Il a raison. C’est pas comme s’il lui en avait pas donné la couleur. Mais elle est trop curieuse Nejma, un peu trop audacieuse, sans doute, c’est pas ce genre de lieux qui lui font peur, pas tant qu’on la laisse tranquille, qu’elle a pas à faire à des lourds un peu trop coriaces. Elle est simplement brusquée, plus surprise que déçue, oui, de voir combien le lieu de travail de son ami d’enfance peut s’avérer sombre. Ignorante Nejma qui ne peut se douter que la vérité est encore d’une toute autre nature.

- La maison ? Bof, c’est pas si bien que ça hein, pour y avoir passé pas mal de temps ces dernières semaines j’ai l’impression que tu surestimes un peu ton appart’.


Elle en a du toupet la princesse des sables, la princesse qui se permet de critiquer les lieux en lesquels il l’accueille gracieusement comme si elle avait réellement pour habitude de loger dans des palais. Elle a du toupet, et c’est une manière pour elle de libérer un peu de pression, les palabres taquines à travers lesquelles elle se permet de s’émanciper un peu de l’humeur ombrageuse qui était la sienne depuis de longues minutes désormais. Et elle continue Nejma, continue de faire des pas de fourmi dans la direction du basané, la référence qu’elle fait à la série de shots déployés sous leurs yeux, aux paroles qu’il a prononcées, un peu plus tôt. La réponse qui ne se fait pas attendre bien longtemps, et une Nejma qui écarquille ses yeux trop sombres à l’entente des palabres audacieux, Nejma surprise, choquée, outrée d’un tel affront de sa part. Qu’il puisse la croire pareillement faible, pas capable pour un sou de s’enfiler les doses d’alcool forte, qu’il puisse s’imaginer qu’elle tente de les lui refiler et, pire encore, le surnom un brin condescendant qui n’arrange en rien la situation. Y a ses sourcils qui se froncent légèrement et ses lippes pulpeuses qui s’entrouvrent sans que le moindre mot ne parvienne à s’y frayer un chemin ; la jeune femme qui, pour toute réponse, se saisit d’un premier verre, déjà prête à le siffler. Mais il a pas l’air du même avis, son ami d’enfance ; la lourde main, chaude, qu’elle sent s’abattre sur la sienne, la forçant à reposer le contenant ; le regard interrogateur, presque indigné qu’elle porte sur lui, l’expression qui ne tarde pas à être remplacée par quelque chose d’un poil plus positif. Un poil, pour ne pas dire beaucoup. Le sourire satisfait et la lueur excitée qui orne soudainement son regard, le marché proposé par le Saoudien qui aura suffi à la faire drastiquement changer d’humeur. La gamine qu’il faut pas défier, jamais, la gamine trop fougueuse qui prend alors même pas la peine de réfléchir, fonce tête baissée dans l’offre qu’on lui propose. Et ce soir ne fait pas exception, Nejma qui n’était pas sûre de venir à bout des six shots, Nejma qui est désormais certaine qu’elle doit le faire, elle s’y collera, elle n’a pas le choix. Le prix à gagner est trop grand pour qu’elle se permette de cracher dessus, le « sans langue de bois » qui résonne en boucle dans son cortex, éveille l’âme compétitrice de la poupée.

- Oh, tu vas regretter ce défi, Absallah.

Le mauvais nom qu’elle a employé, ça va p’t-être le fâcher mais tant pis, elle a du mal à le retenir son nom d’emprunt dans tous les cas, et le regard lourd de promesses qu’elle lui adresse avant de tremper son index dans la petite dose de sel pour venir le sucer, l’instant d’après un premier shot de vidé et les dents nacrées plantées dans une tranche de citron. Et le sourire qui ne cesse d’orner ses lèvres, le regard perçant braqué sur lui, la gamine qui prend son temps, démêle soigneusement ses pensées, à la recherche de la question parfaite. La question la plus pertinente. Elle a jamais que six occasions, six lancés de dés et pas droit à l’erreur, alors elle laisse passer un petit moment de silence, se contentant de le fixer pensivement ; et puis merde, elle a quand même droit à six questions, alors tant pis si la première n’est pas la meilleure, il lui en reste toujours cinq pour se rattraper. Car elle les boira tous, elle le sait déjà, là où le garçon audacieux semble ne pas y croire.

- Pourquoi t’es parti ?

Trois mots. Simple, mais pourtant la question majeure qui a rythmé ses jeunes années. La raison, elle l’a sans trop l’avoir, des explications de ses parents qu’elle a obtenues à l’époque, d’autres à treize ans, d’autres encore il y a quelques mois. Mais c’est pas leur version qui l’intéresse. Ça l’a jamais été. Elle, c’qu’elle veut entendre, c’est c’que Jamal aura à lui dire. À lui avouer. Et comme il a juré, pour une fois, de ne pas user de cette langue de bois qu’il semble un peu trop porter dans son cœur, elle se risque à demander ces réponses qu’elle désire depuis si longtemps. Et même ces quelques mots elle les a prononcés avec une certaine latence, une certaine mesure, comme si elle redoutait d’entendre ce qu’il avait à dire sur le sujet ; la lenteur dont elle fait preuve qui contraste, de manière frappante, avec l’empressement avec lequel elle a avalé son premier shot, avec lequel elle avale désormais le second. Et la gorge qu’elle sent s’éveiller, une légère sensation de brûlure qui commence à se manifester et pourtant elle se retient de tousser, surtout pas devant lui. Le verre qu’elle laisse claquer sur la table, retour du regard inquisiteur de celle qu’il a si judicieusement surnommé « Inspecteur Colombo ».

- Est-ce que tu savais ? Quand ta mère est venue te chercher chez nous, tu savais qu’on se reverrait plus jamais ? À moins que tu l’ai su pendant tout ce temps, pendant toutes ces semaines que t’as passé chez nous ?


Ça se corse, la question qui se fait plus longue, plus spontanée également, Nejma qui lui fait pas de reproche pour autant, se contente de mettre des mots sur les doutes qui sont les siens depuis bien trop longtemps. Et la confiance en elle qui s’égrène légèrement, ça se voit au regard qu’elle porte sur lui, à la manière dont sa lèvre rose vient se nicher entre ses dents. Et l’attente d’une réponse qui finit par arriver, la gamine des sables qui ne tarde pas à enchaîner sur la suite, pas l’temps de niaiser. Elle répète le rituel, presque mécaniquement, mue par son désir – son besoin – de réponses, troisième dose déjà absorbée, l’alcool qui commence à faire effet, mine de rien y a un peu de temps qui s’est écoulé depuis le début de ce question-réponse, et la sincérité qui commence à se manifester, le terrain miné sur lequel elle met les pieds.

- J’t’ai manqué, ces dernières années ? Ou tu m’as juste oublié, tiré un trait sur moi comme t’en as tiré un sur Jamal ?

Y a un peu de détresse dans sa voix, un peu de détresse dans sa question, poupée perdue au cœur de la foule bruyante, poupée depuis trop longtemps perdue en ce monde. C’est une question de plus qu’elle a trop longtemps retenue, une question qu’elle se voyait pas poser, pas si tôt (pasito a pasito, suave suavecito, ça y est tu l’as dans la tête sorrynotsorry), et la réponse qui n’en gagne que trop d’importance, peut s’avérer un peu trop blessante, peut-être, selon sa nature.
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