tempête à l'horizon (ali)

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tempête à l'horizon.

à nana aujourd'hui, on lui a dit ce soir c'est la fête. ce soir on boit, on danse sur les tables et on oublie tout. c'pas ses potes qui lui ont dit ça, les gosses de riches. c'est des potes de la fac, c'est avec eux qu'elle sort ce soir. et curtis il a précisé, pas d'talons et d'robe de cocktails, princesse. c'comme ça qu'elle s'retrouve dans son dressing, la moitié d'ses vêtements sur le sol. elle attrape un short, court. trop court. et un body noir, en dentelle, ça f'ra l'affaire. elle a tout juste le temps de finir de s'préparer que les autres klaxonnent déjà en bas. nana ça la fait rire, y'a jamais personne qui klaxonne dans c'quartier. elle descend les marches en courant, enfile ses baskets qui sont dans l'entrée et sort en claquant la porte. ils sont déjà quatre dans la voiture, musique à fond. toujours la même qu'on attend. l'sourire qui étire ses lèvres quand elle ouvre la portière. les princesses elles s'font toujours attendre. ils ont l'habitude, elle est comme ça nana. toujours à s'prendre pour la reine du monde. la voiture démarre et les voix résonnent. ça chante, ça rit, ça discute. d'tout, de rien. nana c'est rare qu'elle sorte avec eux, mais là elle a dit oui. elle en avait marre qu'ils insistent. finalement ils s'retrouvent dans un bar. un truc sympa. pas l'genre d'endroit où elle a l'habitude d'aller la gamine mais tant pis. ce soir elle s'laisse guider. pour une fois. viens on va danser. une des filles qui l'attrape par la main, qui l'entraîne sur la piste pendant qu'les mecs vont chercher à boire. un verre, puis deux, puis trois. nana elle voit pas l'temps passer et quand les lumières elle s'rallume dans l'bar, il est tôt. trop tôt pour rentrer. j'connais un bar qui est jamais fermé. il s'tourne vers nana, regard amusé. j'pense que ça va pas t'plaire princesse. nana elle hausse les épaules. elle a déjà trop bu pour faire la difficile. et elle a pas envie d'rentrer. pas maintenant. après tout, qu'est ce qui pourrait y avoir d'si catastrophique dans c'fameux bar ? d'toute façon demain je m'en souviendrais même pas alors allons-y. alors ils remontent dans la voiture et le moteur s'met à ronronner, encore. d'habitude quand elle sort nana, y'a un chauffeur pour la ramener, parce que personne a envie d'conduire. elle leur a proposé aux autres, d'payer l'taxi, d'appeler l'chauffeur d'ses parents. mais ils ont pas voulu, ils ont préféré désigner quelqu'un pour conduire. tant pis pour eux. quand la voiture s'arrête finalement d'vant l'bar, nana elle comprend pourquoi ça va pas lui plaire. c'est l'quartier l'problème. les gens, ici. c'pas du tout son monde. encore moins qu'le bar où ils étaient avant. nana elle vient jamais ici, dans les quartiers sud. elle a rien à y faire, y'a rien d'intéressant d'toute façon. effectivement j'comprends mieux. elle inspire, maintenant qu'elle est là elle va pas reculer. elle recule jamais la princesse. elle suit les autres jusqu'à l'entrée et une fois à l'intérieur, elle jauge. elle juge. les piliers d'comptoir la déshabille du regard. d'quoi s'sentir mal à l'aise. les autres ils s'installent à une table et nana elle s'faufile jusqu'au comptoir. elle a besoin d'un verre. un verre d'plus. elle a déjà l'regard brumeux, l'réveil risque d'faire mal. tant pis. elle fonce tellement droit d'vant qu'elle percute quelque chose de plein fouet. non pas quelque chose. quelqu'un. elle lève la tête, prête à s'excuser, jusqu'à c'que son regard croise celui d'la personne en question. c'est pas vrai. ali. la gamine elle soupire, elle a trop bu pour s'battre alors elle tourne la tête vers le barman. une tequila. elle espère qu'il va s'en aller sans demander son reste, mais elle y croit pas vraiment. deuxième round, princesse.

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tempête à l'horizon.

rien d'prévu aujourd'hui. vraiment rien. tristesse. il sait pas quoi faire ali, c'est ça l'pire. l'ennui qui s'empare d'son corps après quelques simples minutes. à la maison, y'a tout l'monde. mais il a pas envie d's'mêler à eux. pas l'envie d'se prendre la tête avec eux après une quelconque remarque. parce que ali, il a encore fais chier tout l'monde. l'odeur de beuh dans chaque pièce. pas capable de fumer à la fenêtre. pas capable d'ouvrir simplement la fenêtre non plus d'ailleurs. la chambre enfumée jusqu'au moment où la porte s'est ouverte. où l'épais nuage s'est dissipé. la porte à peine ouverte, il a entendu tousser ali. il a sourit avant d'se tirer. de suite. avant qu'ça ne commence à gueuler. il mériterait d'se faire bien engueuler pourtant. trop malin pour s'faire prendre. pour s'jeter bêtement dans la gueule du loup surtout. alors ali, il sort. arpente les rues de la ville, sans but. toute la journée. jusqu'à ce que le soleil ne décline dans le ciel. moment où il glisse enfin ses mains dans ses poches, essayant de se garder au chaud. d'conserver l'peu de chaleur corporel qu'il a encore. mais il trouve vite un abris. chez un pote. pour que finalement quelques instants après, on l'retrouve dehors. en pleine rue. à s'marrer avec son pote. à mater quelques filles vêtu d'une tenue bien trop légère pour l'temps. mais ils s'plaignent pas. surtout pas. faudrait pas qu'elles rentrent s'changer. surtout pas. les deux gars, ils s'rendent dans l'bar habituel. là où ils ont chacun eu une sacré ardoise fut un temps. là où une bonne partie de leur salaire était claqué y'a encore quelques mois. ils s'installent. place habituelle. au niveau du comptoir. à discuter avec l'barman. à force de venir, ils s'connaissent. ça va d'soit. ils discutent. discutent. sourient. s'marrent même. les heures passent. vite. sûrement un peu trop vite. parce qu'il ne les voit pas filer ali. vraiment pas. c'est en sortant pour aller fumer qu'il s'rend compte qu'il est tard. mais pas encore assez pour rentrer. l'tabac qui vient encrasser ses poumons et l'mégot recouvrir une infime partie du trottoir. il rentre rapidement dans l'bar de nouveau. y'a du monde ce soir. ali, il peut pas s'empêcher d'se dire que c'est du monde en moins pour l'sinners. mais c'pas un endroit qui peut plaire à tout l'monde. ils sont jeunes ici, sûrement trop. des gosses pour la plupart. mais il dit rien ali. parce qu'il a été comme eux. à montrer une fausse carte pour qu'on lui serve l'alcool tant attendu. ali, il s'éternise pas dans l'entrée. il regarde devant lui. bien devant lui. son pote en compgnie d'une fille. ça l'fait lever les yeux au ciel. c'était censé être une soirée entre mec. c'plus vraiment l'cas. mais ali, il va pas s'gêner pour aller gâcher son coup. déterminé. ses pieds l'guide. mais on l'empêche d'aller plus loin. un corps qui heurte le sien. putain. il jure. toujours. s'tape de savoir si c'est lui qui est en tort ou pas. parce que ça sera toujours l'autre qui s'excusera. jamais lui. triste réalité. mais la voix d'la personne n'est pas celle qu'il attendait. celle-là, il la reconnait. ça l'fait froncer les sourcils et son regard s'abaisse quelque peu pour trouver l'visage de nana. pas vraiment ravie d'le trouver sur son chemin. lui, ça l'fait sourire de la voir déjà enrager. rien qu'avec sa présence. et la présence de nana, elle vient sauver l'coup d'son pote. parce qu'il a une autre distraction pour le moment. la gamine, elle commande un verre. deux. qu'il ajoute juste après nana. sans même lever les yeux vers le barman. il lui pardonnera, il l'sait. tu peux bien m'payer un verre. il joue au con ali, mais ça lui plait. c'est ça l'pire. et c'est uniquement quand il regarde enfin autour d'eux qu'il se dit qu'elle n'a rien a faire ici. qu'elle s'est perdue, clairement. tu t'es perdue princesse ? ça pourrait sonner joliment. le princesse pourrait sonner comme un doux surnom. mais c'est pas l'cas. c'est loin de l'être. ce simple mot qui franchit sèchement ses lèvres. tu critiques l'coin mais tu t'permet de t'pointer ici. t'es culottée. les bras qui s'croisent contre son torse. l'regard froid.

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tempête à l'horizon.

princesse nana, elle pensait pas finir sa soirée dans les quartiers sud. dans c'bar miteux avec ces mecs qui la regardent comme un morceau d'viande. nana, c'est une habituée des galas d'charité, des bals, des cocktails. pas d'ses bars où les piliers d'comptoir t'mettent des mains au cul. mais nana ce soir, elle a décidé d'se changer les idées, d'changer les règles. elle veut plus être nana la princesse, l'temps d'une soirée. juste une. ces potes d'la fac, ils prennent pas vraiment en compte la richesse de nana. c'vrai que c'est une princesse. qu'elle râle, souvent. qu'elle crie, qu'elle tape des pieds. mais eux ils passent au-dessus, ils l'acceptent comme ça. là, nana, elle hésite à partir en courant. parce que c'est peut-être trop pour elle. trop d'changement d'un coup. trop d'bordel. c'est sûrement pour ça qu'elle a bu nana. trop bu. si papa et maman la voyaient, ils deviendraient fous. surtout maman. et nana elle jubile presque. elle jubile d'savoir qu'elle transgresse les règles, la princesse. en réalité, elle fait rien. rien d'fou. elle est juste dans un bar. et quand elle croise l'regard d'ali, là, y'a son monde qui s'fissure encore un peu. elle a l'impression d'frôler l'danger, inconsciente. elle s'rend pas compte qu'elle pourrait tout ruiner. y'a une infime partie d'elle qui lui dit qu'elle devrait pas être là. qu'elle devrait pas lui parler. elle devrait juste rentrer, demander à la gouvernante d'lui faire à manger et jamais remettre les pieds ici. jamais. elle râle quand elle le voit, mais elle part pas. alors qu'elle pourrait. elle pourrait tourner les talons et oublier tout ça. mais nana elle commande un verre à la place. et y'a la voix d'ali qui arrive à ses oreilles. qui d'mande au barman d'en mettre un deuxième. nana ça la fait sourire, surtout quand il ajoute qu'elle peut bien lui payer un verre. la gamine elle finit par tourner la tête vers lui, l'regard qui scrute, qui détaille. elle s'demande, pendant quelques secondes, pourquoi elle lui parle. pourquoi elle prend la peine de lui répondre. elle hausse les épaules la gamine. pas vraiment envie d'se battre mais elle a pas l'choix. hors de question qu'elle le laisse gagner. qu'elle s'écrase. il serait trop content, et ça, elle peut pas l'accepter princesse nana. jamais d'la vie. tu vois, j'savais qu'les mecs comme toi pouvaient pas s'empêcher de gratter de l'argent. nana, elle attrape le verre que l'barman pose sur le comptoir et l'porte à sa bouche. la paille qui glisse entre ses dents. il l'appelle princesse, ça la fait sourire la gamine. ses prunelles qui glissent sur lui, elle le détaille nana. de haut en bas. elle avait pas remarqué l'autre fois, mais il est pas trop mal en fait. le con. les pensées qui s'embrouillent, dis pas n'importe quoi nana, c'est un sale type. elle secoue la tête la gamine. beh non j'te cherchais. sarcasmes. elle lui sourit. sourire faux, sourire qui s'veut mielleux. elle s'fout d'sa gueule. clairement. et j'me suis dit que j'te trouverais forcément dans l'bar l'plus pourri du coin. elle porte son verre à ses lèvres encore une fois. tu devrais arrêter d'boire, nana. la voix qui résonne dans sa tête, qui lui intime d'arrêter. d'rentrer chez elle. princesse nana elle s'écoute même pas elle-même. elle veut rester là. inconsciente. il a raison, ali. nana l'hypocrite. elle a rien à faire ici. rien du tout. il croise les bras sur son torse, et l'regard de nana qui l'détaille une nouvelle fois. elle s'demande c'que ça fait d'sortir avec un gars comme lui. si tant est qu'il soit capable d'avoir une copine. une vraie. pas un plan cul. t'es pas discrète nana, regarde ailleurs. l'alcool ça fout clairement l'bordel dans sa tête. enfin, c'est peut-être pas l'alcool après tout. lèvres pincées, les prunelles qui viennent accrocher celles d'ali. nana elle va pas lui dire qu'il a raison, même si c'est la vérité. j'aurais préféré aller ailleurs, malheureusement on a pas toujours l'choix. nouveau sourire. nana elle boit une gorgée. t'as une clope ? j't'ai payé un verre tu peux m'en donner une. pourquoi nana ? la vérité c'est qu'elle fume jamais la princesse. peut-être cinq cigarettes dans toute sa vie. mais tant pis. elle s'dirige vers l'extérieur. attend même pas sa réponse. elle s'dit juste qu'il va la suivre. c'est l'alcool qui la guide, nana. et tout ce qu'elle espère, c'est que demain, elle aura vraiment tout oublié.

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tempête à l'horizon.

l'envie de s'aérer l'esprit. d'fuir un peu les colocataires. parce qu'ali, il aime être seul de temps en temps. seul avec ses pensées déviantes. c'pas bon pour lui. c'pas bon pour les autres. mais il en a besoin. s'retrouver seul avec lui-même. un putain d'tête à tête qui n'mène à rien. qui ne mènera jamais à rien. gamin qui n'est pas encore assez dérangé pour causer tout seul. un jour, peut-être. quand la beuh aura détruit chaque cellule d'son cerveau. mais c'pas pour maintenant. parce qu'il est bien portant l'con. encore capable d'marcher pendant toute une journée sans être dérangé. courir sur une distance correcte sans être essoufflé. pourtant y'a plus d'une personne qui a du tenter du vaudou sur lui, clairement. planter de fines aiguilles dans une poupée à son effigie. l'gamin, il passe l'après-midi dehors. à regarder les personnes passer devant lui. quelques musiques de merde qui réussissent à marquer ses pensées. et il maudit les gosses qui sont passés devant lui. quatre ou cinq fois. l'enceinte beats en main. parce que quand il marche pour rejoindre l'bar, il peut pas s'empêcher d'murmurer quelques paroles. c'qui semble être le refrain. vas-y laisse-les parler, vas-y laisse-les faire. moi j’vais pas m’en aller, j’vais pas m’laisser faire. j’traîne plus dans vos soirées, jamais rien à faire. j’ai des potos mal barrés dans de sales affaires. nous on marche à la parole. j’sais qu’ça les dérange, j’sais qu’ça les dérange. je sais qu’ils parlent sur notre dos. nous on marche à la parole. j’sais qu’ça les dérange, j’sais qu’ça les dérange. je sais qu’ils parlent sur notre dos. on n’en a rien à foutre. il maudit chacun d'ces gosses. jure. encore et encore. son pote qui s'fout d'sa gueule. évidement. chanson pourrie qu'il dit. mais il l'sait, ça, ali.
ali et son pote, ils s'retrouvent dans l'bar. ali qui s'échappe, quelques instants. pour aller fumer. mais quand il revient, il constate clairement qu'on l'a remplacé. une gonzesse. quelconque en plus. elle n'a rien d'exceptionnel. ali, il compte aller ruiner les chances d'son pote. gâcher ses chances pour sauver la soirée. sauf qu'il n'a même pas l'temps de le rejoindre qu'il heurte quelqu'un. ou que quelqu'un le heurte plutôt. nana. il la reconnait. rien qu'à sa voix. et instantanément, il repense à la dernière fois. celle où elle s'est barrée, lui laissant l'dernier mot. sacré souvenir, faut avouer. ali, il a trouvé une bonne occupation au final. meilleure qu'ruiner les chances d'son pote. surtout qu'la gamine, elle a bu. bien trop. ça s'voit. ça s'entend. alors il risque d's'amuser un peu plus que prévu. elle n'est pas ravie d'le voir, ça s'comprend. mais c'presque normal de croiser ali ici. tandis que nana, elle n'a rien à foutre dans c'bar. dans c'quartier. c'pas son monde. elle se commande un verre. ali en ajoute un, pour lui, à la commande. s'posant à ses côtés. nana, elle ne l'envoie pas chier. elle ne proteste pas. elle le laisse juste faire. elle laisse juste l'barman prendre en compte a commande et déposer les verres sur l'comptoir ensuite. mais nana, elle s'sent obligée d'répondre quelque chose. c'pas de l'argent que j'gratte, mais un verre. les regards qui s'croisent. et ali, il jure l'avoir vu sourire. vraiment. mais il n'dit rien. parce qu'elle nierait. parce qu'il a pu rêver aussi. un effet d'optique. la lumière qui a merdé pendant un court instant. on sait jamais. mais la gamine, elle l'détaille de haut en bas. sans aucune gêne. ça va, la vue t'plais ? ali, on sait pas trop s'il demande sérieusement ou si c'est juste pour lui faire comprendre qu'elle n'est pas discrète. il ne développe pas plus sur l'sujet non plus d'ailleurs. pas l'temps. la gamine, elle enchaîne déjà. les sarcasmes qui font leur entrée en jeu. fallait s'en douter. gamine qui critique encore une fois. l'environnement. l'bar qui en prend pour son grade. si t'es pas contente, la porte est ouverte, t'peux encore sortir. c'facile de critiquer. mais si elle n'est pas contente, nana, elle peut sortir. personne ne la retiendra. pas ali en tout cas. on sait tout les deux qu'c'est pas vraiment ton milieu, tu dois pas t'sentir à ta place, ici. ali, il en rajoute une couche. les yeux dans les yeux. avant d'apporter son verre à ses lèvres. l'verre qui reprend sa place sur l'comptoir. et les bras qui viennent s'croiser sur son torse. ali qui lui fait comprendre qu'elle n'a rien à foutre ici. pas franchement accueillant l'gamin. pas avec elle. elle ne le mérite pas. pas selon lui. gamin qui lui fait comprendre qu'elle n'a pas l'droit de critiquer l'coin et d's'y pointer comme si de rien était. mais elle ne relève pas ça nana. pas vraiment. elle reste dans l'sujet. mais répond à côté. sous-entend qu'on l'a traîné ici. attend, tu veux donc dire que quelqu'un t'as amené de force ici ? ça l'fait presque marrer d'imaginer l'truc. mais il reprend. mais c'est qu't'es devenue docile. gamine qui a range les armes pour venir ici. gamine qui s'est laissé emporter quelque part. elle qui semble pourtant mettre un point d'honneur a tout garder sous contrôle. tout et tout l'monde. nana, elle réclame une clope. et s'tire déjà dehors. ali, il roule des yeux. vide son verre et finit par la suivre. quelques instants après. laissant suffisamment d'espace pour qu'on n'puisse pas dire qu'il la suit, comme un p'tit chien. l'air frais frappe son visage. une nouvelle fois. les yeux qui inspectent les quelques personnes présentes devant l'bar. et il finit par trouver la gamine. un peu plus loin. à l'écart d'tout. à l'écart d'tout l'monde. il s'approche ali. lentement. s'fait désirer. au moins un peu. les mains désormais dans les poches. pour en sortir une clope. une seule et unique clope. faut pas croire qu'il va agiter l'paquet sous son nez. alors comme ça miss parfaite fume ? y'a les sourcils qui s'froncent quelque peu. l'unique clope qu'il conduit à ses lèvres. qu'il allume. et il tire dessus. un peu. beaucoup. la moitié, peut-être. il fait pas attention. avant d'la lui tendre. déjà bien gentil d'partager. fallait pas compter sur lui pour lui en donner une entière. pas à elle. même si elle lui a payé un verre.

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tempête à l'horizon.

nana, elle est arrivée à un stade où elle a tellement bu qu'elle a presque du mal à s'rappeler pourquoi elle a accepté d'venir ici. c'est vrai quoi. on emmène pas une princesse ici. et pourtant elle est là nana. là à oublier qui elle est. ce qu'elle devrait pas faire. pourtant il y a quelque chose d'excitant dans l'fait de s'retrouver ici. ou peut-être que c'est l'alcool qui rend tout ça excitant. quand elle arrive au comptoir la gamine, et qu'elle percute une masse au milieu du barre. elle s'attend pas à revoir ali. coïncidence malencontreuse. on pourrait presque croire que c'est fait exprès. improbable. qu'ils s'croisent ici. qu'ils s'retrouvent dans le même quartier. dans l'même bar. à la même heure. si nana croyait au destin, elle s'dirait presque que quelqu'un l'a collé sur son chemin. comme un vieux chewing-gum qu'on arrive pas à décoller d'sa chaussure. un beau chewing-gum. elle commande, lui aussi. et il a l'toupet d'lui demander, d'lui imposer, d'payer son verre. pourtant elle dit rien. pas envie d'se battre pour si peu. mais elle peut pas s'empêcher d'piquer un peu. joue pas sur les mots. ça r'vient au même. c'est vrai. pour payer son verre, il faut de l'argent. donc gratter un verre, ça revient à gratter de l'argent. même si elle pas les idées très claires elle arrive quand même à articuler certains mots. difficilement. mais elle y arrive quand même. ce qu'elle arrive pas à faire par contre, c'est s'empêcher d'laisser son regard inspecter l'corps d'ali. et elle est pas discrète en plus nana, parce qu'il relève, brièvement. elle hausse les épaules pour éviter d'répondre. y'a pas besoin. pas besoin d'se lancer là-dessus. rien d'autre qu'une erreur de gamine bourrée. et voilà l'deuxième round qui reprend, ils s'renvoient la balle. l'un, l'autre. quoi ? tu vas m'dire que c'bar n'est pas pourri ? elle s'retourne, montre du doigt la clientèle qui évolue entre les murs du roaring lion pour appuyer ses dires. puis elle retourne à son verre, laissant la paille tournoyer entre ses doigts. puis j'vais là où j'ai envie d'aller. une nouvelle gorgée de tequila qui lui brûle la gorge tandis que son regard croise celui d'ali. gamine insolente. regard luisant qui transpire l'alcool. on l'voit à des kilomètres qu'elle est bourrée la princesse. elle est pas comme d'habitude. moins combative. peut-être. ou peut-être qu'elle dévoile simplement sa véritable personnalité. lassée, la gamine. perdue. c'est vrai que c'est pas ma place ici. par contre toi tu t'fonds bien dans la masse dans l'genre pilier d'comptoir qui mate le cul des gamines qui dansent sur.. la piste. si on peut appeler ça une piste. nana elle s'concentre pour aligner ces quelques mots. pour pas flancher. pour pas s'emmêler les pinceaux. parce que c'est dur d'parler correctement quand l'alcool te brouille l'esprit. rire léger qui s'échappe d'entre ses lèvres. docile, la blague. elle secoue la tête de gauche à droite avant d'planter son regard dans celui d'ali une nouvelle fois. personne ne me rend docile. elle avale son verre d'une traite et l'repose sur l'comptoir. tout ça n'a aucun sens, elle a pas de défense nana, elle s'sent désarmée. parce que c'est vrai ce soir elle s'est laissée porter. une fois. une seule fois. c'était jamais arrivé parce que d'habitude c'est elle qui fixe les règles. elle qui mène la danse. mais là tout ce qu'elle voulait c'était profiter. ne pas s'prendre la tête. ne pas croiser ali et s'prendre la tête avec lui. encore. alors elle lui gratte une clope. l'meilleur moyen pour fuir. pour changer l'sujet sans en avoir l'air.
elle s'retrouve dehors, ses pieds qui la portent difficilement. nana elle regrette d'pas avoir pris d'veste mais elle est bien contente d'avoir mis des baskets. parce que c'est sur, avec des talons elle serait déjà par terre. elle s'éloigne du peu d'gens qui traînent dehors, coin reculé. elle s'plante là, bras croisés. l'froid qui s'immisce par tous les pores. heureusement qu'elle a bu nana. ça rend la température supportable un minimum. y'a ali qui arrive enfin. quelques secondes plus tard. il prend son temps et nana elle lève les yeux au ciel. quand il arrive enfin, il sort une clope de son paquet.une seule. les sourcils qui s'lèvent nana elle lève les yeux vers lui, l'écoute parler. sourire qui étire ses lèvres. moqueuse. peut-être que miss parfaite n'est pas si parfaite. tu l'as dit à voix haute nana. mauvaise idée. tant pis. elle attrape la clope qu'il lui tend, même pas foutu d'lui en donner une entière. heureusement finalement. parce que nana elle fume jamais. elle glisse la clope entre ses lèvres. elle tire dessus avant d'lui souffler la fumée au visage. t'sais on sait s'amuser aussi chez les riches. elle tire sur la cigarette une seconde fois et elle s'rappelle pourquoi elle a jamais vraiment fumé. l'goût dégueulasse qui reste en bouche. enfin j'sais pas vraiment si tu sais c'que c'est toi, s'amuser. haussement d'épaules. elle plonge ses yeux dans les siens. un peu trop. elle cherche quelque chose. dans ses yeux. elle sait pas quoi, nana. tu vas t'brûler les ailes, princesse.

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