stone cold (lia)

- la tête tournée vers les étoiles -
lia la tête dans les étoiles. lia gamine paumée. lia c'était rien d'autre qu'une poupée, l'visage enfantin les yeux rieurs. elle aurait pu réussir, sûrement. elle aurait pu s'en sortir. mais elle a merdé ☆ la gamine, c'est l'démon qu'on soupçonne pas. l'mal qui étonne. qui détonne. c'pas inné chez elle, c’pas ce qu’elle pensait faire d’sa vie. mais on choisit pas. l’destin ou une connerie comme ça ☆ quand elle a tué papa, maman elle a avoué à sa place. elle voulait pas lia, elle voulait pas qu'maman elle aille en prison. mais c'était une mort violente ils ont dit, alors ils l'ont enfermée. dix ans, ils ont dit. dix longues années ☆ après ça, elle a fini en foyer, puis dans une famille d'accueil. ça a pas duré longtemps. a dix-huit ans ils l'ont mise dehors. marche ou crève. démerde toi. gamine toute seule. elle a squatté, un peu partout, perdue. jusqu'à ce qu'elle sombre, qu'elle s'brise ☆ la gamine elle manie les armes. elle s'est entraînée, encore et encore. elle les vend aux plus offrants, pas aux plus méritants. elle sait s'défendre, elle a pas l'choix. mais elle veut pas tuer, plus jamais. parce qu'elle sait c'que ça fait. elle sait comment c'est. elle en fait des cauchemars encore. et encore. toutes les nuits. inlassablement ☆ lia elle a apprit l'self-control, elle s'gère, elle crie plus, elle panique plus. lia qui a les pieds sur terre, lia qui s'énerve jamais. l'regard convaincant, les ordres murmurés. la délicatesse, lia ☆ la gamine, c’est l’sourire carnassier qui fend le visage poupin. elle baisse jamais les yeux parce que c’est l’meilleur moyen d’se faire descendre. lia elle t’écrase le flingue sur la tempe pour t’faire taire, elle te rit au visage quand t’es à terre ☆ la lia d’avant c’était les sourires enfantins et les regards mutins. les rires à gorge déployée et les mains tendues à chaque coins de rues ☆ malgré l'côté démon, lia, elle ferait tout pour les gens qu'elle aime. n'importe quoi surtout. lia quand elle aime, elle s'donne toute entière, elle donne tout ce qu'elle a. c'pour ça qu'elle tombe pas amoureuse la gamine, parce qu'elle peut pas laisser un mec prendre le dessus sur elle ☆  

- la tête tournée vers les étoiles -
comme tous les soirs, lia elle rentre chez elle la boule au ventre. du plus loin qu’elle se souvienne, papa il a toujours été violent avec maman. il l’insulte, lui crache au visage. jamais lia, on sait pas pourquoi. il s'contente de faire pleurer maman, de lui briser les os encore et encore. lia elle en peut plus, elle veut plus d'cette vie. alors comme tous les soirs, elle passe la porte et elle monte les marches qui mènent à sa chambre. la maison est si vieille que la moindre parcelle de sol grince quand on met l'pied dessus. les murs s'effritent et les plafonds sont jaunis par la cigarette et l'humidité. en bas, y'a des cadavres de bières qui jonchent le sol du salon. lia elle a honte. lia, elle a jamais invité une copine à la maison, elle trouve toujours l'moyen d'esquiver. elle jette son sac, ses chaussures et elle s'allonge sur son lit. la gamine elle a qu'seize ans et elle a d'jà le poids du monde sur les épaules. le casque sur les oreilles, elle s'imagine ailleurs, elle s'imagine quelqu'un d'autre. l'espace d'un instant, elle n'est plus lia la gamine perdue. y’a les cris la ramènent sur terre. vite, beaucoup trop vite. c'plus violent que d'habitude, y'a d'la casse et les bruits des coups résonnent dans la maison. elle est pas rassurée lia quand elle commence à descendre les escaliers mais elle y va quand même. en passant dans l'entrée, elle attrape la batte de baseball qui est toujours posée là. maman, elle est allongée sur le sol, roulée en boule. et lia, elle sent la colère s'infiltrer par tous ses pores, ses pensées s'brouillent et elle réfléchit pas quand elle lève la batte pour v'nir l'frapper derrière la tête. l'coup est violent et papa, il s'effondre comme une masse. mais lia elle s'en fout, lia, elle est en colère. alors elle frappe encore. et encore, et encore. jusqu'à c'que l'moindre souffle de vie quitte son corps, jusqu'à c'que maman s'mette à pleurer. la gamine elle ferme les yeux, puis elle les rouvre. elle espère peut-être que c'est qu'un mauvais rêve mais ça l'est pas. tout s'bouscule dans sa tête, elle sait pas quoi faire, elle sait pas quoi dire. t’as fait une connerie lia, une grosse connerie.