- TC : Homecoming -

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On pourrait dire en quelque sorte qu’elle était sur le point de partir. Sauf qu’elle ne part pas. Debout devant la grande porte qui même aux couloirs sinueux et bruyants du lycée, Frida croise les bras, enfant contrariée. Elle a ce regard qui dit tout, puis les lèvres qui disent rien. Rien de ce drôle de sentiment qui lui monte au ventre, plantée là, fleur sur le bitume. Le lycée, c’était sympa, sans plus. Le lycée c’était l’arène, théâtre éphémère de rivalités adolescentes. Ça l’amusait pas vraiment Frida, elle était plutôt du genre solitaire et pas bavarde. Le genre de fille qu’on invitait pas au bal de fin d’année, parce qu’elle aurait pu vous vous foutre la honte tellement fort, le corps perdu sous un sweat à capuche. Frida c’est pas le genre de fille qui danse, pas le genre de fille non plus qu’on vois parce qu’elle est belle a en crevé. C’est le genre à qui on ne fait pas attention. Alors elle croise les bras, presque morte de froid sous son épais manteau.
Frida les jambes découvertes.
Frida le corps coincé dans une robe.
Une putain de robe.
Cette robe elle est pas à elle, tout comme l’idée de venir ici d’ailleurs. Elle pique des trucs aux autres parfois Frida. Elle se laisse entraîner par ces âmes enivrées qui ne jure que par le saint amusement. Alors elle se glisse dans le bâtiment, elle croise des gens qu’elle ne reconnaît pas, s’obstinant à serrer fort contre sa poitrine les pendants de son manteau. Pour avoir chaud. Pour ne pas être trop à vue. Ce genre de soirée, on l’y invite parfois, mais pas pour jouer les potiches, plutôt pour manier les baguettes enragées de la grosse caisse qui hurle des notes de musique. Ce soir, c’est pas pareil. Ce soir, elle glisse son corps frêle jusqu’à glisser ses doigts autour d’un verre de punch. De l’alcool. A s’en brûler le cœur.
Alors bois Frida.
Bois.
Puis retourne toi.
Alors seulement elle perd l’équilibre, percute l’épaule de l’inconnu dont elle ne détail ni le visage ni quoi que ce soit de visible. Son verre se renverse. Ca empeste le fruit sucré et l’alcool bon marché.
« Bordel, mon verre » qu’elle murmure Frida.
Parce qu’elle a plus rien à boire, parce que sa robe est trempée.
La tuile.

- renverser son verre sur quelqu'un - TC : Homecoming - - Page 2 4093837149

Invité

and all the people wait in line
to see the next crucified
in love, and life, and pain, and shame
our lives are owned by fame in this game

roméo c'est un prince. c'est le prince. roméo il a un costume un peu trop grand pour lui, un truc violet en velour, qui sort du fond de l'armoire, sûrement d'un précédent halloween, il s'en souvient plus trop.
et il retourne au lycée, roméo, il retourne là où il a presque jamais été. parce que le lycée c'était pas ouf pour lui, il y a pas passé la majore partie de son temps. roméo, là bas, il faisait chavirer le coeur des nanas avec deux accords et trois paroles répétées en boucle. et ça marchait bien.
du coup roméo il est parti de la coloc, cheveux piètrement coiffés, une énorme dose de cologne sur le cou et dans le slip. peut être qu'il pourra retrouver des blondes à draguer. des nanas pas encore majeures qui rêvent d'être adultes, qui rêveront de lui après cette soirée. il est sur son vélo et il va vite, roméo, sa chemise blanche à moitié ouverte aspirant tout l'air froid, qui frappe aussi sa face pas très gentilment. mais il s'en fout, roméo. il sourit, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. le paquet de clope qui manque de tomber de sa poche intérieure.
puis est là, roméo, plus vite que prévu. roméo il est là mais il devrait pas. parce qu'il a vingt-cinq piges, roméo, il est trop vieux pour un bal de promo. mais c'est encore peut être un signe que c'est un gosse, roméo. il est trop vieux, trop jeune, trop tout, en fait. mais c'est marrant. plus drôle qu'une soirée sur le matelas à composer des chansons pour des nanas qu'il a croisé une fois dans sa vie.
puis il entre. et ça sent un mélange de fleurs et de sueur adolescente. un truc qui vient animer ses narines. il est là, roméo. et il se dirige direct vers le bar, parce qu'il y a presque que ça qu'il l'intéresse, en plus des nénettes assises toutes seules sur les bancs.
puis il fonce, presque trop vite, le vélo laissé derrière lui sans sécurité.
y'a une blonde, devant le buffet, une meuf plutôt mignonne, définitivement pas majeure. et il lui sourit. elle rougit un peu, la petite. je te sers un verre, ma belle ? puis elle sourit, encore. un peu trop niaise pour passer la nuit chez lui, mais assez pour la faire tomber dans les profondeurs de ses yeux. puis il prend un verre, se tourne vite fait, alors qu'elle regarde sa pote au loin. puis il crache dedans, roméo. il crache dans le verre, il crache dans la terre tout entière. elle mérite que ça, la petite. elle mérite pas mieux. va te coucher, rentre chez toi. reste pas ici, cocotte. et il prend la louche puis lui sert de la boisson rouge-orangée du grand saladier, qui sent le sucre à plein nez. il lui sert, à la nana, il lui offre gentilment le verre avec son plus grand sourire, et elle le prend en se passant les cheveux derrière l'oreille, comme la douce adolescente qu'elle est. puis il se tire, roméo, il part parce qu'il y a une autre pauvre meuf toute seule assise dans un coin. et il va vers elle puis il lui tend la main. et elle lève la tête. elle a pas l'air méchante. elle est pas si jolie que ça, mais elle pourrait faire l'affaire, le temps d'une danse. tu viens ? et elle hoche la tête, rouge comme une tomate, puis ils se dirigent vers le centre de la foule, vers les gens en sueur. doux jésus. et t'es pas du lycée, si ? qu'elle lui dit. et il lui affiche son plus grand sourire, roméo, je suis un élève du groupe d'échange. je viens d'australie. et elle hoche la tête. elle le croit, en plus. puis il commencent à danser, tous les deux. il fout ses mains sur son bassin et ils dansent. sauf que roméo il a pas le rythme dans la peau. roméo il lui marche sur le pied et elle percute une autre meuf qui lui renverse son verre dessus. bordel, mon verre, qu'elle dit. sauf que l'autre meuf c'est frida. l'autre meuf c'est sa meuf. puis il regarde la petite meuf trempée, lui sourit. va essuyer ta robe, je te retrouve devant les toilettes. puis il la regarde partir, courir un peu, sûrement honteuse, même si y'a pas de quoi.
et il se retourne vers frida, vers elle, vers son étoile. et y'a sa robe toute collante qui s'accroche à son petit corps, qu'elle tente de cacher tant bien que mal avec son grand manteau qu'il connaît bien. son grand manteau qu'il lui a déjà piqué pleins de fois. du coup roméo il retire sa veste, et il la pose sur les épaules de sa biche. qu'est ce que tu fous ici, toi ?
et il lui frotte un peu les épaules pour qu'elle se réchauffe, puis il prend doucement sa main. viens.
puis il la tire à travers la foule, l'emmène avec lui, se fraye un passage à travers la foule de prépubères. et ils passent devant la petite nénette à qui il avait servi un verre tout à l'heure. la meuf lui sourit, et son visage se renferme quand elle voit frida à son bras. mais il s'en fout, plus que quoi que ce soit. qu'elle aille se faire enculer. frida c'est la seule, frida c'est la meilleure. pas elle.
puis il l'emmène, dehors, il l'emmène devant l'entrée, puis glisse une clope entre ses lèvres et l'allume, avant de la coincer entre celles de frida.
alors ? tu m'as dit que tu sortais pas ce soir.

- inviter quelqu'un à danser
-marcher sur les pieds de quelqu'un
-s'incruster alors qu'on est pas invité
-le coup du dentiste

Invité

Les yeux brillants, diamants, elle regarde les robes des filles. Elle dévore les silhouettes, et son sourire grandissant dévore millimètre par millimètre ses joues poudrées. De ses doigts fins, elle lisse le velours de sa robe, comme si le contact, bien que rassurant, pouvait réellement suffire à calmer les battements erratiques de son coeur, à contrer l'anxiété générée par la foule qui l'entoure et le bruit ambiant. Son visage joyeux, façade illusionniste, ne trahit rien de son agitation interne lorsqu'elle s'avance à petits pas de jeune femme peu habituée à exister. Elle longe les murs, parvient au bar, se fait bousculer par un garçon à l'air déterminé, et elle sourit toujours, Lilli. Elle sait pas ce qu'elle fait ici, c'est à peine si elle sait où elle est. Mais quand elle a ouvert son agenda, ce matin, il y avait écrit "homecoming prom" de sa jolie calligraphie soignée, celle qu'elle réserve à ses carnets. Alors elle a enfilé sa plus belle robe, des souliers de princesse, elle s'est maquillé, et elle s'est rendu au lycée. Elle avait complètement oublié ce bâtiment, en sept années à ne plus y avoir mis les pieds, mais il lui est toujours aussi familier, à Lilli princesse qui a arpenté ces couloirs pendant des années, seule déjà, longeant les murs déjà. La pièce se remplit et par dessus la musique qui fait vibrer ses tympans ne tarde pas à bourdonner le flot continu des paroles échanger par les gens qui, lui semble-t-il, ne cessent d'arriver. Sa main trouve le rebord d'une table et s'y accroche, ca lui fait un point d'appui et elle pivote. Son regard noisette dorée découvre des bouteilles et un gigantesque bol, dont la surface bouge au rythme des remous qui l'agitent. Elle suit la source de ce mouvement, le jet du liquide transparent, la fiole dont il s'écoule, la main qui le verse, la fille qui s'amuse. Et c'est à ce moment là que deux garçons la rejoignent, ils se glissent, sourires goguenard, entre Lilli et l'inconnue alcoolique, entre Lilli et la boisson alcoolisée. Ses yeux de biches, entourés de cils peints en noir mascara, clignent sur leur trio avant qu'elle ne réalise la douleur fulgurante, rien qu'un instant, qui émane de son pieds. Elle est en sandales à talons, Lilli, elle a abandonné ses Vans et ses Doc au profit de chaussures de princesse, et ses orteils étaient à la merci des chaussures cirées qui claquent sur le parquet. "Merde, j'm'excuse." Ca s'échappe de la bouche d'un des deux garçons et Lilli elle le regarde, un peu hagarde. Ca met une, deux, trois longues secondes à faire sens dans sa tête. "Oh! Non, ne t'en fais pas, c'est voué à arriver dans ce genre de situation." Elle rigole doucement, Lilli. Et son regard se détourne rapidement des trois amants, pour glisser vers le bol de punch épicé par les soins de la jolie demoiselle. Elle ose pas demander, ni se frayer un chemin à travers leur trio, mais elle voudrait boire pour occulter la foule le bruit l'anxiété qui grandit.

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billes vertes ancrée dans le reflet. prunelles qui inspecte. observe. découvre, presque. nouveau tissu sur son corps. latex bleuté. moulant. parfait. y a quelque chose de félin dans son regard qui se plisse. fixe. elle veut que ce soit parfait, dylan. cette soirée. cette nuit. comme un rêve de petite fille jamais accomplit. parce qu'elle a jamais connu ça, la blonde. les bancs du lycée. les cours. l'école buissonnière. toute ces choses qu'un ado aime détester. toutes ces choses que dylan aurait aimé connaître. léger soupire. hochement de tête. dylan, elle sait que c'est elle. la robe parfaite. petit bijoux qu'elle frôle du bout des doigts. gemma qui gâte. gemma qui fait briller ses pupilles. parce qu'elle pourrait jamais se la payer, cette robe qui fait frémir sa silhouette d'impatience. d’exaltation. elle veut découvrir, dylan. ces soirées qui font vibrer les adolescentes. cette soirée qu'elle n'a jamais connu à l'époque. alors quand la nuit tombe, elle quitte le qg doré avec ses copines. silhouettes furtives. intouchables. parce que c'est ce qu'elle ressent, la blonde, à leur côté. ce sentiment de sécurité, d'invincibilité. alors qu'elle avancent. arrivent bientôt à la soirée. elle est pas invité, dylan. pourtant, c'est sans gêne qu'elle rentre. s'immisce. crinière blonde au milieu d'une marée humaine. trois. deux. un. action. elle profite, la blonde. de la musique passé par cece. des effets de la vodka qui coule dans ses veines. elle s'écarte un instant. s’éclipse. panthère au pelage dorée. elle s'avance vers le buffet après avoir rapidement observée kitty qui disparaît vers les casiers. cherche du regard. elle sait ce qu'elle veut. ce qu'elle cherche. puis y a son regard qui accroche l'énorme vasque de punch. couleurs édulcorés. plusieurs verres qu'elle sert. pour elle. pour les filles. dylan, elle veut profiter à fond. elle veut pas perdre une seconde. toujours vite. plus vite. trop vite. silhouette svelte et silencieuse qui s'approche du groupe. paroles qui lui parviennent. elle la reconnaît, cette voix masculine. celle qui la fait tiquer un instant. sony. les pulpeuses rosées et glossy qui s'esquissent. le regard perdu dans un nuage roses et étoilés qui s'illumine. y a quelque chose de dangereux dans son expression. dylan comme une mine. dylan comme une bombe à retardement. même elle, elle ne sait pas vraiment quand est-ce qu'elle va exploser. on vous a laissé rentrer ? qu'elle souligne en les regardant tour à tour. sourcil qui se hausse en voyant le déguisement de desi. je croyais que la soirée était un minimum sélective. qu'elle ajoute. acide. elle peut pas se retenir, dylan. ses mots pas très beaux. ses pensées à peine songé qui s'échappent de ses lèvres. elle se tourne vers gemma et cece et leur tend chacune un verre de punch. je veux bien m'occuper du step 2. qu'elle glousse. mille et une lueur dans le regard. mille et une idées qui fusent. et on pourrait croire qu'elle plaisante si on ne la connaissait pas.

- s'incruster alors qu'on est pas invité : 10 points.

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t'as l'air d'un con dans ton costume maintenant. un sacré con. et sony il te le fait remarquer, y'a son rire qui fend l'air et toi tu grimaces en marmonnant des paroles incompréhensibles. j'en sais rien, j'me souviens pas, la faute à tout les verres que tu m'as offert sans doute. que tu lances alors que tu le suis à reculons. passer par la fenêtre, ouais, c'était vachement plus simple dans l'idée. et d'ailleurs vous en avez même pas besoin, c'est la porte principale que vous empruntez. ce n'est qu'une fois celle-ci passé que tu te débarrasses de la tête d'ours, que tu cales sous ton bras. c'est encombrant, mais au moins, peu-être qu'on te foutra pas dehors. tu regardes autour de toi, les filles ont sorti leurs plus belles robes, les mecs se sont fringués comme il se doit. et vous faites tâches, comme toujours. surtout toi. tu suis le mouvement de Sony, tu sais qu'il a repéré quelque chose et t'as pas besoin de chercher longtemps. cece et gemma. le reste de la bande ne doit pas être loin, et l'idée d'aller à l'altercation n'est pas la meilleure. mais Sony il peut pas s'en empêcher, sur le chemin tu récupères un verre dans les mains d'un pauvre type, tu le bois d'une traite avant de froisser le plastique pour le jeter sur le sol. il est censé y avoir de l'alcool là dedans ? que tu râles plus pour toi même. t'observes les deux jeunes femmes de haut en bas. un ricanement aux paroles de ton double. tu tiens vraiment à jouer les baby sitter ce soir Sony ? c'est pas que ça te dérange, c'est que t'as mieux à faire. t'as vu ton ex au loin, et tout est bon pour te tenir éloigné de la sœur Cartwight et de ses sbires. et en voilà une troisième qui se pointe, robe trop moulante, robe dérangeante. on vous a laissé rentrer ? je croyais que la soirée était un minimum sélective. c'est quoi ton putain de problème dylan ? ... tu te plains pas autant quand tu pionces dans mon pieux. que tu craches venimeux.

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Journée travaillée, journée de repos, journée enfermée, journée dehors, il y a bien longtemps que Mona a cessé de les étiqueter. Ses journées et ses nuits se fondent entre elles jusqu'à perdre de vue la fine limite les séparant, résultant en une continuité sans début ni fin. Prise dans une de ces continuités dénuée de logique, la jeune femme observa avec curiosité son propre reflet. Debout face à un long miroir, elle laissa ses yeux détailler leurs cernes qu'elle découvrait seulement. Les parcourant du bout des doigts, la jeune femme se surprit à chercher dans ses souvenirs sa dernière nuit de sommeil complète. A en juger par son air fatigué, elle devait remonter à bien loin. La raison lui soufflait de changer ces habitudes, mais sa curiosité pensait tout autrement. Toutes les journées d'une vie ne seraient pas suffisantes pour explorer tout ce qu'il y à explorer, alors quelques nuits peuvent bien s'en retrouver sacrifiées.

Son épaisse robe tombe sans effort jusqu'en haut de ses jambes, suffisamment pour cacher ses genoux encore bleutés de sa chute en plein service quelques semaines plus tôt. Le vêtement est loin de ce qu'elle aperçoit dans les magazines feuilletés par ses collègues durant les pauses, trouvée il y a quelques mois en friperie. Typiquement la robe qu'elle n'aurait jamais osé porter au lycée, erreur à réparer dès ce soir. Le corps enrobé de tulle blanche, ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules, la jeune femme quitta son domicile.

La présence de timides interpelle toujours dans ce genre d'événements : vont-ils danser, chanter, ou se ridiculiser ? Sans aucune intention de laisser son corps se mouvoir au son de la playlist, Mona se faufile jusqu'aux hautes estrades du gymnase autrefois familier. Comme victime d'un bond dans le passé phénoménale, elle s'assied et pose un regard intéressé sur la foule, hâtive de capturer un brin de bonheur à aspirer telle une voleuse bienveillante.

AVENGEDINCHAINS

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Elle est rarement aussi calme, Cece.
Elle hurle, crie, vocifère et injurie mais ce soir, la gamine des rues est devenue cendrillon sous la baguette de Gemma la bonne fée. Et elle observe, la gosse toujours furieuse, lestée d'une réserve qui n'est pas la sienne, comme si le moindre souffle pouvait faire s'évanouir le mirage sous ses yeux, la musique et les rires, le punch et les néons fluorescents. Le beat entraînant de Cindy Lauper déride ses muscles tendus comme un tapis rouge sous sa peau et la vodka bienfaitrice termine cet ouvrage. Cece laisse échapper un soupir d'extase sous la brûlure familière de l'alcool et écoute religieusement Gem, elle la gosse qui n'écoute jamais rien ni personne. Okay. Step un : done. Step deux : easy, elle brûle déjà d'impatience. Le troisième ? Son putain de quotidien. Quant au quatrième ... là encore, gagné d'avance, les lèvres velours sous les siennes sont un délice qu'elle ne s'interdit jamais. "Hm, tu reconnais pas quelques abrutis de ton époque lycée histoire qu'on s'exerce au step 2 ?" Oeillade complice en direction de la rousse incendiaire, alors que sa bouche se languit déjà d'une chair putride (enfin, masculine) à crever sous ses canines. Okay, Gem a dit lambda mais plus qu'un combattant aveugle, Cece est une divinité vengeresse à la rancune tenace, éternelle et indicible. Faire chialer un mec est dans ses cordes mais verser le sang d'un connard fatalement attiré par une crinière de feu adolescente, c'est mieux.
Elle en veut plus Cece. Toujours plus.
Mais pas le temps de se mettre en ordre de bataille ou de dresser des plans sur la comète avant d'aller danser le coeur léger : le tableau s'assombrit soudainement et sous le voile de ses prunelles marines, l'océan s'agite jusqu'à la tempête. Sony. Sony et sa sale gueule goguenarde qui s'avance jusqu'à elles comme un chaperon étouffant alors qu'elle a encore la douleur de son absence à cette époque précise partout sous la peau. Sony et son membre fantôme déguisé en mascotte qu'elle est capable de ressentir dans la moindre parcelle de son corps, sans effort. Et putain. P-u-t-a-i-n. Elle essaye d'être calme, Cece, de caresser avec tendresse la paume satinée de Gemma qui repose dans la sienne, de serrer ses doigts entre ses phalanges nerveuses, de se promettre de ne pas faire d'esclandre. Pas maintenant. Pas ce soir. Mais sous le regard de son frère, Cecilia s'embrase toujours. Elle sent la chaleur affluer à ses joues et le pourpre cramer ses veines. On pourrait faire cuire des putains de pâtes dans ses veines, tant elle bout et étouffe à l'intérieur de sa robe trop jolie pour elle. Elle devrait se taire mais c'est impossible, parce que Sony possède le détonateur invisible de la bombe humaine qui gémit à l'intérieur. Même quand elle ne l'écoute pas, qu'elle n'attrape aucun des mots que vomissent ses lèvres : il attise tout de même sa rage. Elle ouvre la bouche Cece, prête à éructer, à se dissoudre en vains éclats juste quand le parfum reconnu entre mille vient envahir son atmosphère. Dylan. Dylan est là, et à l'intérieur, quelque chose s'apaise parce que c'est son âme soeur et auprès d'elle, rien de mal n'arrivera jamais. Alors Cecilia, elle trouve la force d'être mature, de voler au-dessus de la gueule de con de son frère pour l'ignorer superbement en espérant déféquer sur son épaule comme un connard de pigeon. "Laisse tomber, ça en vaut pas la peine. Sony chiale déjà suffisamment comme ça." qu'elle siffle de sa voix rauque, le verre de punch torturé entre ses doigts électrisés.
Elle essaye pourtant. D'ignorer Sony et plus encore, d'occulter Desi capable de massacrer des entrailles déjà en charpie sans même essayer. Mais il lui suffit d'être là, dans son costume ridicule, avec sa tête d'abruti perpétuellement accroché à son frère comme une putain de sangsue. Et Cece, malgré les doigts de Gemma dans les siens, malgré l'aura foudroyante de Dylan pour lui rappeler qui est son véritable foyer, la famille qu'elle s'est choisie toute seule comme une grande, elle dérape. "J'te laisserai pas m'pourrir la soirée. Pas après avoir ruiné mes putains d'années lycée. J'te laisserai pas faire t'entends ???!" Sa voix rauque croasse et crisse comme des éclats de verre alors que Cece fulmine et lance des éclairs, prête à sauter au visage de son frère pour lui lacérer le visage jusqu'à ce qu'il se casse loin d'elle. Mais ce sont les serres autour de son verre qui se délient suffisamment pour envoyer valser le verre plein au visage de Sony. Qu'il se casse. Qu'il déguerpisse, avec sa gueule trempée qui pue le jus de fruits daubé et le rhum bon marché. Et pourtant, avec ses muscles bandés et ses lèvres qui tremblent déjà d'énervement, c'est vers Desi qu'elle se tourne, c'est lui qu'elle foudroie et supplie à la fois d'arranger la situation. Sauf que Cecilia, elle ne sait jamais réclamer autrement qu'en aboyant comme un clébard menaçant. "Tu prends ton abruti de pote et tu l'éloignes de là avant que je lui crève les yeux. J'sais pas vous avez pas mieux à faire que nous emmerder ? Allez plutôt baver devant des nanas trop bien pour vous en remuant la queue, vous êtes bons qu'à ça." Elle crache la gamine venimeuse, poings serrés et reproches acides au fond de la gorge. Et puis elle réalise que c'est déjà ce qu'ils font, stalker ses copines trop belles pour eux, ses nanas qui feront jamais un truc pareil, tourner autour de ceux qu'elle aime et déteste avec la même férocité.
Tant bien que mal, Cece décroche ses pupilles dilatées, reptiliennes, du visage ahuri de Desi pour reprendre son souffle et noyer son courroux dans le verre de Dylan. Le palpitant qui s'esquinte contre son sein semble enfin se synchroniser à la musique plutôt qu'à ses émotions décuplées et elle sourit à ses copines, Cecilia, de ses esquisses singulières qui s'étirent paresseusement et s'estompent en un battement de cil. "Bon, et si on oubliait les parasites une seconde ? Faut qu'on montre à cette école qui commande, ici." Et c'est clairement elles, n'en déplaise aux rétrogrades soumis au patriarcat. Elle essaye de danser, la gosse, entraînant ses copines avec elle sur une piste déserte. La musique dans la peau pour s'évader, leurs courbes comme anesthésiant, elle est prête à oublier, Cecilia. Sony et Desi, la trahison jamais cicatrisée et leur connerie infinie qui l'éclabousse bien trop vite.
Elle oublie presque, tellement qu'il lui faut de longues secondes pour aviser la silhouette gesticulante de Dani, l'adolescent à polir, l'expérience à conduire. Dani, il sera le premier né d'une nouvelle race. Une race hybride où le masculin se conjuguerait au féminin, libéré du joug des normes sociétales qui entravent les hommes aussi bien que les nanas. Mais ils sont trop faibles, trop aveugles pour le voir. Dani, lui, deviendra un type bien ou ne deviendra rien du tout, elle l'a juré Cece. Elle l'émasculera à mains nues s'il sombre dans les abysses de la virilité factice et des raccourcis faciles. "Viens danser !!" Elle s'époumone par-dessus la musique, attire la silhouette dégingandée jusqu'à elles et se fend d'une esquisse plus douce, presque maternelle. "Si jamais un jour tu deviens aussi con que mon frère, j'te ferais manger tes burnes." C'est sa façon à elle de le saluer, avant de refermer ses bras longilignes autour de leur membre d'adoption, l'animal esseulé à éduquer. Elles auraient préféré une fille, c'est certain, mais c'est finalement mieux comme ça : avec elles, Dani deviendra le meilleur ambassadeur de son genre pourri jusqu'à la moelle.

renverser son verre sur quelqu'un - 10 points

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DON'T GO

S'il y a bien une chose que je ne voyais pas arriver, c'est bien celle-là. J'pensais que tout irait parfaitement jusqu'à maintenant. Décidément, j'ai l'impression que chaque fois que je me montre optimiste, le mal s'installe. Va falloir que j'pense à changer ça autrement j'risque de me sentir mal en point constamment. D'ailleurs, j'profite du moment, cette fois. J'suis décidée, à cette soirée, j'y vais. Accompagnée ou non, peu importe mais j'irai. J'me prépare donc, une robe plutôt serrée et courte pour aller convenablement avec mes formes. J'ai l'air plutôt pas mal, du moins, j'me trouve bien. Puis j'arrive enfin au gymnase, lieu où grand monde est déjà présent, certains tentent de chopper quelqu'un tandis que moi, j'sais pas trop où m'installer. Du coup, déboussolée à cause de la mauvaise nouvelle que j'ai appris, même si c'pas trop mon genre, j'prends un verre puis un second et termine avec le troisième avant d'me rendre contre un mur. Il faut peu de temps pour que ça fasse effet sur moi. À peine une dizaine de minutes et j'vois d'jà des papillons, les couleurs s'mélangent, j'suis très attirée par l'ensemble de la salle, j'ai du mal à distinguer ceux que je connais des inconnus, ce qui me pousse à m'inviter à une discussion alors que j'sais rien d'eux. Ils m'fixent évidemment mal, remarquant que j'ai l'air à côté d'la plaque sûrement. Du coup, j'repars ailleurs et chute en plein dans le décor, j'fais tomber mon verre, bouscule une jolie fille au passage et comme si c'était pas fini, j'salis la tenue d'un garçon avec l'alcool que j'avais prévu de m'ingérer encore. Enfin, j'crois que c'en est un, il est habillé d'une tenue sombre et classe, pas de robe en tout cas. J'voudrai m'excuser mais les mots restent bloqués au fond de ma pensée. J'galère, j'sais pas où m'diriger, j'bouge plus et ferme les yeux, m'abandonnant au rythme de la musique.

renverser son verre sur quelqu’un : 10 points
- TC : Homecoming - - Page 2 4093837149

s’incruster alors qu’on est pas invité : 10 points

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