la fuite des beaux jours (josefine)

Invité

Pas pressés, coup d'épaule. Corps frêle qui joue les béliers, fatiguée de se faire toute petite. Elle est grande deva, menton dressé, l'oeil assuré, les gens qu'elle bouscule dans la rue trop remplie. Des pas comme des sauts, elle avance à rebond. Toujours plus vite, toujours plus pressée jusqu'à night fall, les yeux pressée de tout voir, qui jauge chaque visage une demi-second. pas elle, pas lui. personne qu'elle connaisse, personne qu'elle s'invente. Pas le temps de rêvé aujourd'hui, elle a mieux à faire. Elle a la réalité. Ca fait quelques temps déjà qu'elle se laisse moins aller aux chimères, les pieds ancrés dans l'instant présent, le cœur un peu apaisé. Elle trouve enfin la visage amie, en bas de l'immeuble et son sourire s'élargit. Deva rit. Elle sautille jusqu'à elle comme une petite fille. Celle qu'elle est et celle qu'elle n'est plus vraiment. Les lèvres empressées qui claque un bisou mouillé sur sa joue. « jt'ai cherché toute la journée. » sourire solaire à son soleil. Josefine astre divin, auréolé de sa blondeur et de ses yeux brillants. Mais elle répond pas à sa joie aujourd'hui, visage fermé, brin de tristesse, l'air sûre d'elle. Elle remarque seulement le sac qui pend au bout de son bras, trop gros pour en faire un sac à main. Elle sent dans ses veines le sang qui se glace, deva. La chute libre depuis le haut du précipice, une impression de déjà vu trop tenace. non, non, non, dans sa tête un litanie, non, non, non lueur de panique au fond de l'iris, tempête de colère au fond du cœur. « tu pars en voyage ? » la voix acide qui tente du bout de ses griffes de s'arrimer à sa peau, pour conserver un lien qu'elle sait indénouable. Qu'elle croit éternel. Y a un rire de panique qui s'échappe du fond de sa gorge, elle sent que ça file entre ses doigts Deva, et elle a beau refermer ses mains, serrer les poings très fort, y a quelque chose qui s'enfuit là, sous ses yeux. « tu comptais pas m'le dire ? Tu reviens quand ? » comme si c'était un devoir, une obligation. Comme si chaque aller et venue devaient être signaler. comme en prison, deva geôlière et tout ceux qu'elle aime en cage. Y a le rictus amer et l'oeil brillant, de colère ou de tristesse pour tout ce que représente ce maudit sac et le silence de josefine. Elle attend un démenti, elle attend une excuse, une explication, un changement. Que le sac tombe par terre et que jo reste, aujourd'hui, demain toujours. mais elle sent déjà la réponse venir, comme un ouragan qui saccage toute son âme, elle entend avant même que josefine ne prononce les mots qu'elle ne veut pas entendre. Elle continue d'attendre pourtant, que le gouffre qui se creuse entre leurs corps cesse de s'approfondir, qu'elle puisse retrouver le pont qui mène jusqu'à elle sans risquer la chute. mais déjà, elle tombe.

Invité

la fuite des beaux jours.

ça y est. t’as ta valise, ou plutôt ton petit sac, dans les mains, prête à t’envoler une nouvelle fois. t’es venue avec rien dans les mains, tu repars de la même façon. t’as pas besoin de grand-chose de toute façon. tu repars chez papa maman. là-bas y a tout ce dont tu as besoin. t’as averti personne bien entendu. c’est même une décision de dernière minute ce que tu fais là. t’as pas envie que les gens sachent que t’es repartis de là d’où tu venais. de l’endroit que tu disais détester et y revenir n’était pas dans tes plans. alors c’est comme ça. t’as rien dit à personne pour que personne sache que t’es qu’une gamine qui est incapable de s’en sortir sans ses parents et qui reviens vers eux dès qu’il y a un problème. t’aime bien pourtant ici. ici les gens te juges pas, pas comme chez tes parents. chez eux on te regarde avec cet air spécial, on te juge tous les jours et toutes les heures. on sait que t’as merdé, ce que t’as fait. ici ou là-bas, tout le monde le sait, mais ici on s’en fout, ici on te juge pas et on t’accueille peu importe les circonstances. et cet endroit va te manquer merde. les gens, l’ambiance. tout. tout est plus simple ici, sans prise de tête, sans convention.
tu soupires. et pourtant tu repars bien chez tes parents. et c’est toi qui as choisis de repartir. personne t’a forcé, personne te fais du chantage pour que tu reviennes ou te menaces. c’est de ta propre volonté. tu veux revenir. tu sais qu’ici, même si tu te sens bien, c’est pas ta place. c’est toxique pour toi. tu t’es perdue dans ce monde qui est pas le tiens, et tu sombres peu à peu jusqu’à devenir l’ombre de celle que tu étais avant. et tu veux redevenir la josefine d’avant. la jo des beaux quartiers avec ses amis et sa vie simple et toute belle. et puis tu sors et tu vois ce visage si familier qui s’approche et ton cœur se serre parce que tu sais que tu vas lui faire du mal mais c’est pour ton propre bien ce que tu fais là. et t’as le droit d’être égoïste aujourd’hui, pour une fois. – dev. tu dis juste, un sourire triste aux lèvres. tu peux pas dire grand-chose de plus. t’as rien à dire de plus. deva elle est déjà vu ton sac, et elle doit déjà avoir réalisé ce que t’allais faire. elle est dans le déni d’abord. c’est pas un voyage. c’est un adieu. tu respires lentement. c’est pour ça que t’espérais voir personne aujourd’hui. t’as pas besoin d’adieux larmoyants. t’en as pas besoin parce que tu sais que tu vas reconsidérer ta décision et rester ici et te détruire à petit feu comme tu l’as fait ces derniers mois. tu t’agrippes à la brise de ton sac comme une bouée de sauvetage. – dev. je pars pas en voyage. je..je pars. tout court.