ces gens-là. (alix)

- - je serai saoul dans une heure, je serai sans tristesse. -
vous avez certainement tous fait connaissance avec la bête sommeillant en vous.
mr hyde n'est plus cet être caché que la peur de l'autre force au bâillon.
alors, pourquoi ne pas aider le docteur jekill ? cette surface propre -double- qui est dans le besoin ? la dualité d'un être vivant, se voit toujours scellée derrière un masque opaque.

la belle est debout face à son petit monde. les parents, les oncles et tantes, et tout ceux venus aspirer avidement son énergie vitale à coup de "en voilà une bien jolie petite, elle deviendra médecin ou juge.". elle regarde son beau-père -auprès de sa mère-, sa belle-mère -auprès de son père-, elle les observe faire semblant de s'apprécier alors qu'ils rêvent de se cracher des obscénités à la gueule. il y a son beau-frère, pas loin, qui semble la voir pour la première fois. ils veulent entendre des vers, la voir plus belle et intelligente que jamais. elle élève la voix pour réciter de manière presque automatique. « heureux qui comme ulysse a fait un beau voyage, ou comme celui-là qui conquit la toison. et puis, est retourné plein d'usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge. quand reverrai-je hélas, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison ? » elle s'arrête là, les mots de du bellay se perdant dans sa mémoire d'enfant de sept ans. elle se racle la gorge, sentant le regard sévère de son père sur elle. elle ne veut pas le décevoir, ni encaisser les remontrances qui suivront son échec. alors, plissant ses yeux derrière ses paupières de velours, elle réfléchit et enchaîne de sa petite voix mélodieuse. « reverrai-je le clos de ma pauvre maison, qui m'est une province et beaucoup davantage. plus me plaît le séjour qu'ont battis mes aïeuls, que des palais romains le front audacieux.» de son pied d'enfant, elle tapote le sol en tentant de retrouver en mémoire la fin de ce poème tiré des regrets de du bellay. elle se fait légèrement tremblante, le silence devenant gênant au-dessus de sa chevelure. elle a envie de pleurer. « continue, ma belle. montre aux invités comme tu es fabuleuse. » la voix de son père semble lointaine, elle ne l'entend que par bribes. sa voix est secouée de larmes alors qu'elle termine avec beaucoup de difficulté, bégayant. « plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine, plus mon loire gaulois que le tibre latin. plus mon petit liré que le mont palatin. et plus que l'air marin, la douceur angevine. » elle sourit tristement, les applaudissements emplissant la pièce d'une fausse joie. quelques larmes coulent sur ses joues de porcelaine, la pression enserrant son coeur tout juste formé. pour plaire, pour rendre fiers ses géniteurs, elle se doit de maîtriser tous les arts de ce monde. les lettres, la musique, la peinture, la danse et bien évidemment la bienséance. élevée avec des principes trop strictes pour qu'elle n'en devienne pas un antagoniste de sa propre famille.

- - je serai saoul dans une heure, je serai sans rancune. -
le mascara a coulé, le rouge à lèvres a été dévasté. des sentiments contraires embrumant ses pensées distordues. elle a mal de vivre. ses yeux sont vides, laissés à l'abandon par l'impair qu'elle venait de commettre. elle regarde l'homme allongé à côté d'elle, qu'il est beau. assise sur le lit, en tailleur, elle fait dérouler les tiroirs temporels de sa vie d'enfant. trop sage. trop parfaite. ça lui fait mal d'être si lisse, si mal vivante. elle a voulu franchir la limite du raisonnable, en suivant un parfait inconnu, en dérogeant à toutes les règles de bienséances dictées par ses parents. et putain que c'était bon. alors, elle ne sait pas pourquoi elle pleure. peut-être parce qu'une nouvelle vie l'attend, bien plus mouvementée, emprunte d'interdit. elle court après cet interdit pour rattraper les années à être la poupée modelée du bien. elle se penche vers l'homme et embrasse ses lèvres, mélangeant son souffle au sien. puis, se redresse, prête à s'en aller. à quitter cette vie qu'elle n'apprécie que trop. « c'que t'es bonne. » elle se retourne et le regarde, un peu gênée. ramassant ses vêtements, elle commence par enfiler ses sous-vêtements en faisant mine de rien. elle ne sait que répondre, elle a jusqu'à du mal à le regarder dans les yeux. cet inconnu avec qui elle a su prendre du plaisir toute la nuit, qu'elle ne reverra certainement jamais. il se lève, s'approchant d'elle doucement, comme d'un animal sauvage à apprivoiser pour mieux caresser. « j'veux que tu bosses pour moi. » il l'embrasse, flatte son corps, caresse ses hanches. « j'veux te voir nue devant l'objectif. j'veux te voir cambrée face à la caméra, te déhancher, rendre les mâles douloureux. j'veux qu'ils rêvent de te posséder. j'veux qu'ils crèvent de toi. » il lui susurre à l'oreille, embrasse son cou, goûte encore à sa peau laiteuse. ses yeux pétillent alors qu'un combat incessant fait lutte dans son esprit. d'un geste entendu, elle attrape la carte de visite qu'il lui tend avec le numéro marqué en caractère gras. elle hoche la tête, comme pour dire j'te rappèlerai pour te donner ma réponse. ils s'embrassent, s'écorchent les lèvres une dernière fois. le monde d'alice semble bien plus grand avec la carte entre ses mains. elle l'enfonce dans la poche de son jean après s'être rhabillée, puis quitte la demeure après avoir jeté un dernier coup d'oeil à l'homme qui reste ainsi à lui offrir des sourires.

- - je serai saoul dans une heure, je serai sans espoir. -
ses pas se font silencieux dans la grande maison alors que les invités habituels sont partis. la fête est  terminée, l'anniversaire de son beau-père a été arrosé de champagne et autres mets raffinés qu'elle n'a que trop dégustés durant sa triste vie. elle a hâte de rejoindre sa chambre pour retourner à ses occupations. elle touchera quelques morceaux noirs et blancs de son piano pour que la famille la pense à travailler sa musique. pourtant, elle sera devant sa webcam à aguicher le monde masculin -et féminin parfois- avec l'avidité d'une femme en quête de sensations. elle passe devant la chambre de son quasi-frère -le fils de son beau-père- à qui elle veut toucher deux mots. d'un geste ample, elle passe la tête par l'entrebâillement de la porte. les images défilent sur l'écran d'ordinateur du jeune homme de quelques années son aîné. plissant les yeux, elle reconnaît son propre corps, et son visage. ouvrant la porte complètement elle se met à ricaner. « tu aimes ce que tu vois ? » il sursaute. pris au piège. « qu'est-ce que tu fais ici ? » elle ne répond pas, se contentant de se délecter du spectacle. cet homme qu'elle désire tant, regardant des photos compromettantes d'elle. ça lui plaît. beaucoup. elle sourit et se rapproche de lui, alors qu'il se relève de son siège. elle adore ça. la lueur qui brille dans ses yeux alors qu'ils parcourent son corps de succube. la petite blonde a bien changé, bien grandi. doucement, elle passe sa langue sur ses propres lèvres avant de lui susurrer. « ces images te plaisent ? » elle se rapproche encore de lui, jusqu'à l'acculer contre son bureau. elle se met sur la pointe des pieds pour être à la hauteur de ses lèvres, et y souffle doucement quelques mots. « tu ne préfères pas avoir le vrai modèle ? » elle colle son corps contre celui du fils de son beau-père, faisant monter la chaleur d'un cran. ses lèvres se posent doucement au creux des siennes, juste pour y goûter. elle se fait languissante, voulant qu'il craque et la prenne un jour en surmontant les limites instauraient par leurs parents. la main d'alice se pose contre son torse un instant alors qu'elle lui fait un clin d'oeil entendu. elle s'éloigne ensuite de lui, d'une démarche sauvage avant de le regarder une dernière fois. « si tu me cherches, je suis dans ma chambre à tourner un live. tu es le bienvenue. » tentation insupportable. la peau qui frémit et le coeur qui s'emballe. il aimerait la rattraper, et s'enfermer avec elle entre ses murs pour lui montrer de quoi il est capable. un jour peut-être en aura-t-il le courage. la jolie blonde referme la porte derrière elle et rejoint sa chambre, sans même avoir entretenu l'homme de ce pourquoi elle était allée dans sa chambre. elle défait les boutons de son chemisier et appuie sur le bouton play.