walkin' all day with my mind on fire (toni)

Invité

Il en a passé du temps ici quand il état ado. La maison de ses parents n'est pas loin, dans l'un des derniers groupes de pavillons respectables d'East Vista avant la bouche de l'enfer, c'est-à-dire l'autre côté des rails. Dans la journée, Blair venait là avec ses potes. Les rares fois où un train passait, leur grand jeu était de traverser les rails au dernier moment. Enfin, tu parles, ils étaient pas téméraires, ils ont jamais vraiment risqué leur vie, mais ça les grisait. Et puis il venait là à la nuit tombée aussi, seul, pour chercher les problèmes. Il venait là pour chercher les mecs qui cherchaient des problèmes. Une fois il a trouvé une fille. Fallait bien essayer.

Ça lui paraît loin. Ça l'est. À cette époque-là il avait la moitié de son âge actuel, à peu de choses près. Il s'imaginait pas qu'à vingt-huit ans il serait encore là, à arpenter la longueur de ces rails pour tromper l'ennui. Il fait semblant de s'occuper un peu, il fait semblant de chercher du boulot. Il se lève à seize heures et sort de la maison avant que ses parents ne rentrent, pour pouvoir leur faire croire qu'il a passé la journée dehors lui aussi. Il en a marre d'entendre leurs petites remarques mesquines (en langage courant : arguments raisonnables, réalistes), c'est pas qu'on n'aime pas t'avoir ici, Blair, mais t'as un prêt étudiant à rembourser. Ouais eh ben... Eh ben ça attendra. Ouais, lui il manque un peu d'arguments, c'est pour ça qu'il préfère fuir.

Clope au bec, il joue l'équilibriste sur un rail. Il attend le moment où il sentira l'acier vibrer sous ses pieds, mais les trains sont de plus en plus rares par ici, il faudrait un sacré coup de chance pour en croiser un. Ça ressemble à une sale métaphore pour sa vie. Et alors qu'il expire tristement en songeant à son sort, les épaules affaissées pour parfaire son allure de Calimero débraillé, il est surpris par la silhouette d'un autre promeneur solitaire. Tellement surpris qu'il glisse sur le rail poli par les ans et se casse la gueule en beauté.

Invité

Besoin urgent de s'évader, de remplir l'air de ses poumons, sentir cette brûlure qui signifie qu'elle est toujours en vie. La gamine, elle enfile son sweat à capuchon, capuchon qu'elle relève sur sa tête; simplement des mèches blonde encadrent son visage. Visage de poupée, petite princesse au visage tuméfié. Heureusement, ça commence à cicatriser dans quelques semaines, il n'y aura plus aucune trace et c'est comme s'il ne c'était rien passé. Toni, elle déambule sans trop savoir où aller, elle tue le temps comme elle peut; la belle est un oiseau de nuit, il a plus de choses à voir la nuit à faire aussi. Le jour, elle a l'impression que c'est mort; que les gens s'engouffrent dans leurs routines, puis quand le soleil vint à se coucher laissant place aux étoiles; y'a quelque chose qui change tranquillement. M'enfin pour l'instant, elle va devoir se contenter du soleil et de la belle journée qui s'annonce. L'air est frais, ça fait du bien; elle vint à emprunter la route qui mène à la traque de chemin de fer. Un endroit qu'elle affectionne particulièrement, elle aime jouer la funambule sur cette immense fil de fer; mettre un pied devant l'autre tendant l'oreille dans l'espoir qu'un train fasse son entrée. Comme plusieurs, elle est déjà venue passer des soirées ici avec des gens; parfois, elle s'incrustait parmi eux se taillant une place, elle faisait partie du paysage. Parfois, elle assistait comme spectatrice à ces jeux à la con, des courageux venaient à se mettre sur les rails dans l'espoir que la bête surgisse en rugissant, indiquant sa présence. Sensation grisante, l'impression d'être indestructible; une tradition qui semble se perpétuer encore et encore. La belle blonde retire son capuchon, ses cheveux d'ange qui descendent en cascade de long de son dos, à première vue; il ne semble y avoir personne, du moins elle est trop éloignée pour le constater sur le coup. Elle marche simplement, puis voilà qu'elle l'aperçoit au loin le gamin qui joue à l'équilibriste. Il semble concentré et ne constate aucunement qu'il est observé. Puis finalement, un son peut-être qu'elle créer sous ses pieds et voilà qu'elle est démasquée. Le gamin surpris vient à chuter; la gueule au sol, probablement dû au choc de sa présence, il ne s'attendait sûrement pas à voir quelqu'un d'autre. Toni qui plisse le nez, affichant une sorte de grimace; puis elle s'approche de lui; sur le coup, elle l'observe donnant l'impression qu'elle le surplombe de haut. «Ça, ça s'appelle se casser la gueule en beauté.» Simple constatation qu'elle lance comme ça, première approche. Toni la princesse n'est pas toujours aussi douce que ses traits laissent paraître. Il ne semble pas s'être blessé, plus de peur que de mal; dira-ton. « T'inquiètes pas, t'es pas mort, c'est pas un ange que tu vois là..» Qu'elle souffle et y'a un petit sourire qui se loge au coin de ses lèvres. Ah ouais non, c'est pas un ange; il est peut-être en enfer le gamin, un putain d'enfer sur terre finalement. Finalement, la gamine elle se tait et se contente de lui tendre la main pour l'aider à se relever, deux âmes errantes qui se trouvent ça pourrait presque donner quelque chose de beau, presque.

Invité

Il est pas le pire maladroit du monde, mais il s'y attendait pas, y a rarement du monde ici dans la journée. D'habitude il n'y croise que des lézards en train de se dorer la pilule au soleil, quand y en a, autrement c'est à la nuit tombée que ce bout de monde prend vie. Mais le voilà le cul par terre, une main écorchée sur un caillou trop saillant, à lever la tête vers une blonde qui le toise de toute sa hauteur. Elle a le soleil dans le dos et, à contre-jour, il ne distingue pas encore son visage, seulement le halo lumineux qui se forme autour de ses longs cheveux. Faut croire qu'elle en a conscience vu comme elle fait remarquer : « T'inquiètes pas, t'es pas mort, c'est pas un ange que tu vois là... » Bizarrement, ça l'agace un peu qu'elle plaisante. Il a pas envie de rire lui. Sa clope gît cassée en deux à côté de lui et c'était sa dernière, en plus. On peut plus même plus broyer du noir en paix dans cette ville ? Mais la jeune femme s'incline un peu pour lui tendre la main et lui révèle ses traits pas vraiment beaux à voir. Ça lui arrache une grimace, rien qu'à imaginer ce qui lui est arrivé. Il aime pas ça. En tant que poisson, il est très empathique (oui, il y croit), mais en tant que Blair Ludlow, il est plutôt égocentrique. Ça ne s'accorde pas très bien. « Nan, j'vois bien. » On n'a encore jamais vu un ange avec une gueule de boxeur. Bon, il exagère peut-être, mais dans son monde de privilégié on voit rarement des filles dans cet état-là. Des mecs, il en a vus plus souvent, principalement au lycée, puis deux ou trois potes victimes d'agressions homophobes et parfois des abrutis qui se bastonnaient à la sortie des bars — une fois pour ses beaux yeux, faut avouer que ça lui a pas entièrement déplu. Mais ça, ça lui plaît pas. Il est possible qu'elle soit simplement bagarreuse, cette fille, mais l'autre alternative le met mal à l'aise. Il n'a jamais eu de complexe du héros, mais dans son manuel de savoir-vivre personne n'a pensé à indiquer la marche à suivre quand une femme battue (peut-être) vous tend la main pour vous aider à vous relever. Est-ce que ça se fait, de prendre sa main et de faire celui qui n'a rien vu ? Et merci, au revoir, rideau. Pendant que ses deux instincts contradictoires luttent en lui, son corps agit tout seul, il ignore la main tendue et s'étend en travers des rails. « J'sais pas, j'pourrais rester là. Attendre un train... » Qui ne viendra pas avant qu'il soit mort de soif et de faim, probablement, mais de toute façon il bluffe. En voilà une solution, tout ramener à lui, pour changer, faire en sorte d'être le centre du monde et laisser les autres se préoccuper de son sort plutôt que le contraire. C'est bien plus facile comme ça.
Pour sa défense, le fait qu'il se sente un brin blessé dans sa fierté suite à sa chute magistrale n'arrange rien à son tempérament déjà rarement admirable.

» toni brar.
» DÉPOTOIR À SENTIMENTS. - toni
» Longue distance (P.V Toni)
» (fire fade)
» out of the fire (nikos)