animaux nocturnes / nevan

la fin de soirée ne se passera pas sans elle, elle le sait, s'en doute probablement depuis le début. il voulait la revoir et elle est enfin là, entre ses doigts, dans ses  bras qui s'imposent devant elle. incapable de lâcher son emprise malgré la volonté de nevan de s'en échapper. il ne peut pas, il ne veut plus la laisser filer. contradiction totale quand il sait que c'était sa décision de sortir de la ville. le loup revient sans grande conviction en ce qui concerne son avenir professionnel, mais une chose est sûre, rien ne l'empêchera de combler le manque que seule nevan a su imposer en lui. il a retourné la question un millier de fois dans sa tête, pourquoi elle et par une autre, pourquoi maintenant alors que sa vie n'est qu'un tas de ruine dont il ne s'échappera plus ? si il était honnête, il avouerait que la vie est ainsi faite, qu'il trouve en elle tout ce qu'il a jamais cherché en une personne. irrémédiablement attiré aussi bien physiquement que personnellement. sa manière d'être, ses faiblesses malgré sa force de combattre, elle est aussi sauvage que lui et c'est en grande partie la raison de son attachement. il n'a jamais aimé, n'a jamais voulu s'accrocher à une personne, se plaisant dans le désirs de posséder plusieurs femmes physiquement, celles qu'il souhaite, quand il le veut. tout est trop difficile à comprendre dans une relation, chez lui rien n'est sain. il y a seulement cette pointe de volonté de sa part, d'envoûter une femme qu'il veut détenir au plus près de lui.
elle a acquiescer sans sourciller cette fois pour enfin prendre le chemin de son appartement, deux rues plus loin. le chemin est rapidement fait, son pas les entraine automatiquement vers les escaliers, puis la porte d'entrée. le chauffage est éteint pour raison économique, mais les parquets chauffants des appartements autour suffisent pour réchauffer le lieu. une simple pièce où se chevauchent cuisine, canapé et rangements. elle doit se douter qu'il n'est pas en mesure de s'installer dans un entrée plus grand qu'une cellule de prison. mais c'est suffisant, rangé comparé à ce qu'on pourrait croire, juste un peu trop minimaliste. il la laisse entrer en premier, passe ses mains sur ses épaules pour l'aider à retirer son manteau qu'il dépose sur une chaise non loin. « tu dois être fatiguée, fais comme chez toi » ces mots sonnent par pure politesse. le loup n'a plus de raison de se montrer orgueilleux maintenant qu'elle est là, chez lui. installe-toi jolie biche égarée, tout ira bien cette fois. « tu as faim, ou soif ? » il espère intérieurement que non, son réfrigérateur est aussi vide que cette pièce l'est. au pire un fond de bouteille, un paquet de chips ou un soda qui trainerait seul.

elle rage, intérieurement, parce qu'elle a cédé. encore une fois. elle a voulue tenir tête, lui faire comprendre qu'elle n'était pas sous ses ordres, qu'elle n'était pas sa chose. mais comme d'habitude, il a su faire en sorte que les choses tournent en sa faveur. il a su la ramener ici, chez lui. alors qu'elle n'avait aucunement tête à ça. puis elle a suivit, parce que, finalement, elle a abdiqué. il lui a donné envie, de le suivre. d'entrer un peu plus dans son espace, dans sa vie. avec juste un baiser. juste un toucher. en étant insistant. en la voulant, la réclamant. alors ils ont marchés, peu de temps, rejoignant l'appartement d'aran. dans le silence, comme s'ils rentraient simplement d'une soirée. comme si tout était normal. puis les vestiges de leurs nuits passées lui reviennent de nouveau en tête, et une pointe d'appréhension lui monte au creux du vent. elle sait que quelque chose a changé. qu'elle n'est pas là simplement pour de l'argent, pour combler un lit vide le temps d'une nuit. elle ne sait pas pourquoi, mais elle le sent. c'est comme ça. puis ils arrivent, elle sort de ses pensées, plisse les yeux sous l'apparition de la lumière soudaine, qui lui agresse les yeux. elle ne s'attarde pas tellement sur ce qui se trouve à l'intérieur, et elle fonce vers son canapé, pour s'installer. épuisée. elle l'écoute d'une oreille, mais ne le regarde pas. elle hausse les épaules, fouillant son sac à la recherche de sa petite boîte magique. là, elle veut surtout fumer. "j'veux bien un truc à boire, si tu as." puis elle s'attelle à la tâche, commence à rouler son cylindré, se détend rien qu'à l'idée de savoir qu'une fois fini, elle pourra le savourer. enfin. elle lève la tête vers le brun, l'observe. arrête un instant ce q'elle fait, perd le fil de son esprit vagabond, puis reprend son atelier. fait comme si elle était à la coloc, comme si elle avait la permission. de toute façon, c'est lui qui a voulu qu'elle vienne. et qu'elle fasse comme chez elle. alors, elle ne se gêne pas, et suit ses paroles. en un rien de temps, elle a fini, et allume donc son joint. un sourire prend finalement forme sur son visage, l'odeur et le goût du cannabis l'apaisant presque immédiatement. elle peut enfin savourer, après cette longue nuit de travail, peu concluante. elle peut enfin se laisser aller. elle continue de fumer, et regarde autour d'elle. fronce les sourcils, remarque qu'il n'y a pas de lit, ni d'autre endroit où se poser. pas même un fauteuil, et elle comprend qu'elle va être collé à lui toute la nuit, sans pouvoir lui échapper de quelconque manière. doucement, elle recrache la fumée de son joint, dérivant finalement son regard vers lui une nouvelle fois. puis elle ne le lâche plus. elle l'observe, comme bien souvent, se perd dans son analyse. ses gestes, ses tics, ses manies. elle penche la tête sur le côté, les yeux perdus sur son corps. trop habillé, comparé à toutes les autres fois où elle s'est perdue de cette façon. nouvelle taffe. elle se mord la lèvre inférieure, et ses yeux commencent à se plisser sous les effets de la marijuana qui s'installent peu à peu en elle. "et sinon, j'dors où dans tout ce bordel? pas que j'sois fatigué, mais un peu, quand même. j'ai dansé toute la nuit, moi." elle a un sourire en coin qui s'ramène sur son visage. la gamine. elle aimerait même en rajouter un peu plus, mais elle se contente de ça pour le moment. parce qu'elle sait déjà qu'il va réagir. comme s'il l'avait fait venir pour dormir. douce ironie, douce inconscience.

Il reste un moment dans la cuisine, se laisse aller dans quelques pensées soudaines, pas mécontent d’avoir réussi à l’avoir fait venir jusqu’ici. j’veux bien un truc à boire, si tu as. non bébé, j’ai rien dans mon frigo, c’est un vide aussi creux qu’mon cœur à vrai dire. Il a trouvé cet appartement au dernier moment, ne s’y sent pas encore chez lui, enfin si cela arrive un jour. Plus à l’aise à l’extérieur, il ne joue pas aux décorateurs d’intérieurs juste pour son plaisir, le minimum vital est requis simplement. Ses mains entrouvrent tous les placards environnants, priant pour y trouver de quoi diminuer la soif de Nevan. Il se rend bien rapidement, un verre d’eau suffira. L’eau coule à l’intérieur du verre dans un léger bruit, il revient dans la pièce principale la main chargée du verre en question. Il toise sans gêne son invitée, désignant ses gestes de chaque mouvement oculaire. La satisfaction que lui provoque sa venue est inexplicable, il sourit légèrement. Son regard n’a rien de bienveillant cependant, comme à son habitude. Il pose le récipient sur la table devant la jeune femme. Ses poches sont apparemment remplis, ses doigts dansent et manipulent les objets avec une dextérité certaine. Aran inspecte sans avoir quelque chose à y redire, elle s’installe comme il le lui a demandé. Mais il tourne bien vite le dos, se souvenant d’un détail de dernière minute. Il range de l’autre côté de la pièce, ressentant le regard de Nevan se heurter dans son dos. Assez proche pour sentir et voir la fumée s’échapper du joint qui glisse entre ses doigts fins. Il sort un téléphone de sa poche, vérifie les notifications, pour enfin finir par la rejoindre à nouveau.
C’est alors qu’un changement brutal de comportement s’opère. Sa remarque le fait arquer un sourcil. La réponse parait logique pourtant, mais elle préfère jouer encore un peu, piquer un peu plus. Comportement capricieux qui surgit sans prévenir, le mettant peut-être sur la piste d’une bipolarité évidente. Il en sourit d’autant plus, se place à ses côtés confortablement. « C’est un canapé lit princesse, tu dormiras bien t’en fais pas pour ça » si elle était vraiment fatiguée, peut-être aurait-elle demandé à se coucher dans la foulée ? Mais non, l’ironie est trop douce, il prend la rétorque comme simple attaque. « Moi qui pensais avoir bien rangé mon appart pour une fois » il s’amuse à son tour, mimant très mal la tristesse, main sur le cœur. Un léger rire résonne dans la pièce, sa main vient se poser sur la cuisse Nevan pour mieux se frayer un chemin. « Il doit bien te rester un peu de force pour fêter nos retrouvailles » Il devient lourd et il en est bien conscient, mais il insiste malgré tout. Parce que ça l’enivre et que la situation est idéale. Sa tête se pose contre le dossier, il ne la quitte pas ses yeux tout en continuant sa course sur sa peau satinée.

elle le remarque, fouiller un peu partout, pour finalement lui donner un simple verre d'eau. elle pourrait lui en faire la remarque, lui dire que ça ne servait à rien de faire un cinéma pour ensuite simplement donner de l'eau. mais elle dit rien, préfère se perdre dans son observation temporaire, tout en continuant de fumer doucement. elle se rend compte de beaucoup de choses, notamment du manque qu'elle a ressenti sans s'en rendre compte. parce que, c'est maintenant qu'elle prend conscience qu'il lui a manqué quand même. un peu. mais elle ne préfère pas y penser, parce qu'elle ne veut pas ressentir ce genre de chose, pas pour quelqu'un. puis encore moins quelqu'un comme lui. quelle vie pourrait-il lui donner? à part quelque chose de sombre, des risques à chaque jour qui passe. mais pour autant, elle se retrouve là tout de même, chez lui, face à lui. elle lâche un espèce de rire à sa réponse. "c'est pas question de dormir bien ou pas, c'est question de dormir avec toi..." elle lui lance un regard de côté, son sourire restant en coin sur ses lèvres. puis elle hausse les épaules, l'appartement en soit n'est pas déviré, puisqu'il n'y a pas grand chose. le minimum vital. ça ne la dérange pas, mais ça lui fait bizarre. elle qui est habitué à l'agitation de la coloc, aux meubles et à la déco éparpillés un peu partout. lui aussi, il rigole. un sein qui emplit les oreilles de nevan. ça la fait chavirer, un peu. c'est la première fois que ça arrive depuis qu'elle le côtoie. du coup, elle se retrouve à le regarder encore une fois, complètement béate. comme si elle le redécouvrait, tout simplement. puis elle voit sa main s'approcher de sa cuisse, elle la suit du regard, ressent son toucher avant même qu'il la pose complètement. ça lui retourne les sens. avec rien qu'un toucher, qu'une main posé sur sa cuisse. un frisson la parcourt, qu'elle ne peut bien lui cacher longtemps. alors, elle fait comme ci il n'y avait rien, et elle reprend une taffe de son joint. recrache sa fumée vers lui, histoire de le taquiner un peu. elle instaure une ambiance de paix, ne voulant pas prendre le risque de l'énerver ici. puis elle hausse les sourcils, rigole un peu. elle veut que cela paraisse ironique, mais ça ne va pas comme elle le veut. parce que, ça commence à faire effet, la drogue. "fêter nos retrouvailles? oh, s'il te plaît. on dirait un couple, là. un peu de tenue, price." elle bouge un peu, se tortille. souffle du nez. ça y est. elle propose son cylindré au brun, puis prend son verre pour le porter à ses lèvres. juste pour faire quelque chose, pour ne pas trop penser à sa main caressant sa peau.

L'atmosphère paraît s'apaiser, un peu trop beau pour être vrai, il n'y a que leurs mots qui viennent entacher la mélodie parfaite. Ils ne savent se parlent qu'en jouant avec les mots, ça il savent le faire oui. Ils se consument à petit feu à cause de lui, initiateur de cette danse endiablée depuis qu'il a posé ses yeux sur elle. Nevan, nymphe brune parmi les âmes esseulées ou non. Le regard priant, souvent vide de se véritable personnalité. Elle n'était qu'une façade parmi tant d'autres avant qu'il ne s'empare de quelques moments en sa compagnie. Au fond, il aurait aimé la rencontrer dans d'autres conditions, rêvant secrètement d'une vie bien plus honnête. Mais le mal appelle le vice et il est tombé sur elle, comme si son image lui avait été prédit. Il ne lui dira rien de tout cela, Aran parle difficilement de ses sentiments avec ses lèvres. Se sont ses poings qui naturellement se cognent sur les peaux masculines pour évacuer toutes sortes d'humeurs. Malheureusement, l'action ne s'arrête que rarement passé le pas de sa porte. Il s'y prend mal avec elle, reconnais dans le vouloir ses multiples fautes envers cette femme. Elle ne lui a pas encore reproché sa manie du contrôle, mais il sait Aran, que ça ne saurait tarder. Un détail à changer, il le ressent, ce tiraillement qu'il l'a électrifié lorsqu'elle a tenté de se dérober quelques minutes auparavant. Ces émotions nouvelles et paradoxales s'entremêlent à ses gestes assurés, vivants en sa faveur. Impossible de décrire la satisfaction que lui procure sa présence ici, aussi à l'aise que chez n'importe qui, le phrasé naturel. Le bruit feutré du papier entre ses mains résonne agréablement, comme un moment de pause en accompagnement de quelques regards  distraits par les événements. Les yeux se croisent et il redevient un peu plus sage. Pour combien de temps ? Apparemment, l'idée de dormir en sa compagnie la gêne, malgré un rire peu démonstratif, Aran affirme. "Ah, c'est ça qui te gêne ?" Il lève les yeux au ciel, inspiré machinalement par le nez avant de reposer son regard dans le sien. "Vois le bon côté des choses, on va pouvoir se tenir chaud" Il aimerait l'entendre confirmer ses propos, aller dans son sens et que la possessivité dont il fait preuve, n'est pas vaine. Peux-t-on réellement forcer une personne à ployer devant la puissance ? Il ne sait pas plus qu'elle où cette histoire les mènera, préférant se laisser porter au grès de ses réactions impulsives sans réfléchir aux conséquences. En la regardant, il est irrémédiablement attiré par tout ce qui le transperce. Cette bouche pâle est la raison pour laquelle il a sortie des griffes ce soir, le pourquoi il a voulu la retrouver elle et pas une autre. La seule qualité dont il a disposé ce soir, c'est l'honnêteté. Il a avoué ne pas avoir oublié sa présence, il a déclarer officiellement le manque laissé béant par la distance entre eux. Mordu, griffé, sa main se perd contre sa peau tandis que ses lèvres appellent au touché. Il sent l'épiderme devenir frisson sous ses doigts, mais elle garde son impassibilité légendaire. La voir faillir est son plus grand souhait et il fera tout pour assouvir cette envie dévastatrice. Son rire le console, il relève sa tête du canapé en la voyant rire "Qui a de la tenu ici ?" Il questionne. Sa paume bouge sous ses mouvements, il l'a retire un instant pour attraper le joint tendu entre ses doigts rustres et cabossés. Ses poumons se délectent de l'épaisse fumée avant que celle-ci ne s'échappe d'entre ses lèvres. Elle aura au moins comme effet de soulager son épaule encore endolorie. "Du coup, parce qu'on est pas en couple, on ne peut pas coucher ensemble, c'est ta théorie ?" Absurde évidemment puisqu'ils l'ont déjà fait à quelques reprises avant son départ. Mais il sent bien que la drogue tente de faire sa place dans la conversation, curieux malgré tout de savoir où elle voulait en venir en lui disant cela.

elle redécouvre l'homme, un peu. une autre facette de lui, peu différente de d'habitude, mais quand même. bête moins sauvage, moins furieuse. ils se lancent quelques sourires, quelques regards. quelques bribes de rires planent même dans son petit appartement. ça change, des cris, des paroles prononcées trop vite, colériques. des mains qui volent, qui claquent. ça change des animaux. bien que la manège de la gentillesse et de la douceur ne risque pas de durer bien longtemps. elle le sait bien. ils le savent tous les deux. c'est eux, c'est tout. c'est pas d'la douceur, c'est pas d'la gentillesse. rien de tout ça. de toute façon, ça sert à rien. c'est pour les faibles. ils le sont pas, eux. eux, ce sont des durs. deux têtes brûlées. qui se chamaillent d'ailleurs bien souvent, un peu trop, même. pour que ça reste anodin. mais elle passe à autre chose, nev. ne s'attarde pas sur ça, sinon, elle risque de trop penser. et là, elle ne veut pas être en état de penser. puis lui, il répond à sa remarque. ça la fait sourire, encore une fois. même si ça l'agace un peu qu'il trouve réponse à tout. surtout pour donner de telles réponses. se tenir chaud. bah oui. comme s'ils ne se tenaient pas déjà assez chaud, même sans être collé. mais dans le fond, elle s'avoue que l'idée n'est pas désagréable, pas repoussante. l'idée de ne pas dormir dans un lit vide, froid. ça lui fait du bien, la rassure quelque peu. même si elle ne se retrouve pas avec un corps de confiance. mais elle s'en fout, au final. puis pour une fois, pour une soirée, elle peut bien se laisser aller. entrer dans le jeu de l'homme, directement, assurément. l'aide de la weed. elle perd le contact de sa main, ça lui fait bizarre, comme si sa peau retrouvait le froid de l'extérieur. bien que ça ne dure pas bien longtemps, au final. puis elle, elle le regarde fumer, apprécier ses sensations. comme si ce simple cylindré pouvait les rendre doux. mais impossible. parce que, c'est pas eux. puis sa phrase, ça lui permet de se mettre enfin en action. de lui montrer que elle aussi, elle peut se montrer joueuse, entreprenante. elle le regarde, le fixe, hausse un sourcil et lui lance un sourire enjôleur. "est ce que j'ai dit quelque part qu'on ne pouvait pas coucher ensembles?" elle penche la tête sur le côté, puis prend finalement l'initiative de se bouger d'elle-même. doucement, lentement. elle passe une jambe sur les siennes, le lâchant pas son regard. puis, toujours plongé dans ses yeux, elle se déplace, prends ses aises, s'installe carrément sur lui. ils se retrouvent face à face, et son regard s'abaisse. ses yeux deviennent moins ouverts, rougis. sa bouche devient sèche. ses lèvres aussi. elle essaie de les mouiller, tant bien que mal. les effets. puis elle reprend le joint entre ses doigts, se séparant du regard brûlant d'aran pour les fermer, savourer. consumer. se consumer. le consumer.

Etrange situation qui semble se réaliser devant leurs yeux. Une entente qu’on pourrait nommée cordiale, un moment au-dessus de tout, au-delà de leurs affrontements passés. La colère s’apaise. Trouble fait qui s’éternise pendant de longues minutes. Ils n’avaient sûrement jamais pensés jusqu’alors, qu’ils étaient capables de s’entendre un court instant. Les yeux vers le plafond, il découvre les biens-faits du cannabis avec délectation, tandis que la présence de son invitée trouble sa concentration. Son sourire le réchauffe, il se laisse porter par cette sensation inconnue et agréable. Il fait craquer sa nuque comme pour se réveiller, tenter de ne pas se laisser à trop de niaiseries. Il découvre encore aujourd’hui les pouvoirs que Nevan peut exercer sur lui, vile animal dont la destruction est le crédo. Comme un électrochoc, ses yeux se posent à nouveau sur elle, ses mots résonnent et se répètent plusieurs fois avant qu’il ne réagisse. Un nouveau sourire, un peu moins docile cette fois, qui s’étale sur ses joues blafardes. Il n’aurait pas demandé mieux que les mouvements qu’elle s’apprête à faire. Son regard transpire d’envie lorsqu’il la voit se glisser sur lui, entouré ses jambes pour dérober son entière attention. Elle s’abandonne devant lui, provoque l’action alors qu’Aran ne se fait pas prier pour retrouver le contact de sa peau. Une fois les doigts libres, ses mains effleurent ses cuisses provoquant un nouveau frisson, mais sur sa propre peau cette fois. Une fièvre s’empare de son corps, conséquences d’un désir trop longtemps gardé, la violence au bord des lèvres. Il sculpte ses courbes sans grand douceur, enivré par son déhanchement soudain. Ça lui rappelle ces heures perdues à la regarder danser, suave et élégante, aucune comparaison possible, elle a su éveiller en lui ses pires tentations. Comme ce soir. Elle lui a dit être fatiguée, mais ce changement de comportement ne va pas l’aider. Son emprise se resserre à nouveau, heureux de la voir pencher dans son sens. Ses yeux en disent long, son attention totalement portée sur son corps, ses expressions. Les yeux clos, elle fume encore et lui en profite pour se relever légèrement, emmenant Nevan avec lui pour la rapprocher un peu plus. Toujours plus. Ses pupilles s’éveillent alors qu’il lui lance un nouvel appel. « Danse pour moi » Une énième complainte alors qu’elle ne doit pas avoir l’envie de recommencer. Un ordre volontaire afin d’épancher sa soif éternelle de la voir s’exécuter pour lui. Retrouver la soumission dont elle faisait preuve auparavant.

l'ambiance est moins explosive. ça change, ça lui fait tout drôle. mais ça fait du bien. puis, elle se trouve d'humeur joueuse. tout d'un coup, sans aucune raison particulière. sa fatigue se dissipe petit à petit, et elle se sent pousser des ailes. sûrement pour ça qu'elle prend les devants, pour une fois. elle le voit, ça le surprend. mais sa surprise est vite recouverte par autre chose. quelque chose de plus profond, de plus envoûtant. le désir. vrai. elle a appris à faire la différence au fil du temps, entre le vrai désir, brut, précis et la luxure, envie puissante d'un instant. même si, dans leur cas, les deux se mélangent. parfaitement. elle ouvre les hostilités, et lui continue le jeu. sa main retrouve le contact de sa peau, mais il ne semble pas en avoir assez, jamais assez. elle se retrouve bien rapidement collé à lui, contre son torse. ça lui fait lâcher un halètement, un soupir mélangé, perdu entre évasion et désir. perdu entre ses sens et sa conscience. sa chaleur corporelle atteint chaque parcelle de son être bien qu'ils ne fassent pas peau contre peau. pas encore. elle bouge le bassin, prise dans l'étourdissement du jeu. ça la démange même presque de ne pas aller encore plus loin, mais non, elle n'y va pas. parce qu'elle se délecte de ce moment, inédit. ça a toujours été rapide, entre eux. dur, sauvage, rapide. puisqu'il n'y a jamais rien eu de plus. là, elle profite, se nourrit presque de cet instant. à ses mots, elle ouvre de nouveau les yeux, d'un coup net. le regarde, le fixe, pendant un moment. son cœur loupe deux ou trois battements, tressaute sous l'effet de telles paroles. prononcées d'une telle manière. elle n'a pas le choix, ce n'est pas une question. c'est un ordre. danse pour moi. c'est la première fois. qu'on lui demande. qu'il lui demande. elle met du temps à réagir, avant de s'exécuter. elle prend une dernière taffe de son chef d'oeuvre, puis donne ce qui reste à celui qui redevient donc client. elle se lève, lentement. heureusement, nevan, elle aime danser. c'est ce qui la tient en haleine. alors, il n'est pas difficile pour elle de danser sans musique. mais, pour que le moment soit pleinement savouré, elle prend son téléphone pour mettre l'une de ses favorites. can i, d'alina baraz. le moment est presque fait pour cette musique. et, sans lâcher son regard, elle commence à se déhancher, faisant d'abord de simples mouvements lents, sensuels. ses mains aussi, elles bougent, par-ci, par-là. elles passent sur son visage, détachent ses cheveux, ruissellent sur son cou, sa gorge. son regard ne lâche pas prise. elle descend le haut de son corps, se penche vers lui. se rapproche de lui, pose ses mains sur ses genoux. elle effleure ses lèvres des siennes, puis recule. toujours doucement. puis elle se met dos à lui. elle continue ses mouvements de hanches, tourne la tête sur le côté, lui lance un regard furtif, toujours de côté. un sourire s'place de nouveau sur son visage. elle aime ça. vraiment. se base au rythme, lent, sexy, de la voix de la chanteuse. ça lui donne des images en tête, et elle se perd dans sa danse, dans sa propre ardeur.

elle se laisse convaincre facilement, s'exécute en entendant ses paroles et aran voit dans son regard la femme qu'elle devient lorsqu'elle travaille. un instant, il se demande si cela lui suffit encore. bien qu'il aime la voir danser, l'ayant toiser un nombre incalculable de fois au sinners auparavant. ce soir, il ne veut pas la voir danser juste pour le faire, comme un client. pourtant, c'est bien ce qu'il se passe devant ses yeux. elle ondule nevan, obéissante et disciplinée, insérant le joint entre ses doigts avant de rompre leur rapprochement. il aime ça, avancer puis s'éloigner, créer le vide lorsque l'envie les pousse à se maintenir trop proche. il y prend goût grâce à elle, car lui aussi a besoin de ce changement, de cette lenteur qu'ils instaurent entre eux. il devient avide de sa proie, bête curieuse et prêt à chasser à tout moment. il ne la voit pas appuyer sur son téléphone, le son qui en sort n'est qu'un banal deuxième rôle. agréable, mais presque inutile. ses yeux ne quittent pas ses courbes, volutes et légères comme les mouvements d'un serpent. le temps se pose alors, décidant du calme ambiant. elle vient vers lui, continue ses mouvements lents dans sa direction, trouble sa vue à nouveau. il n'avance pas quand ses lèvres se trouvent à quelques millimètres, il se retient. l'envoutement est parfait, il n'y a que ses doigts qui se réveillent parfois sous quelques spasmes. spectateur averti, il savait quand lui demandant de danser pour lui, cela éveillerait bien plus que du désir. là, tous les deux dans son salon, chez lui, il n'avait pas encore osé l'imaginé. c'est de pire en pire, ça lui prend à la gorge et brûle ses lèvres, il veut plus que ce qu'ils avaient avant. sans mettre de mot sur cette émotion nouvelles, pour une fois, il se laisse guider pendant de longues minutes. croiser chaque regard, détailler toutes les parcelles de sa peau encore trop habillé. « enlève tes vêtements » qu'il lance, brutalement. il fume, puis relâche la fumée en direction du plafond. d'un coup, il se redresse, toujours assis, fait tomber les cendres dans un bol sur la table basse à sa gauche. le contact visuel s'éteins durant un court instant. il ne sait que grogner, faire en sorte que le monde autour de lui s'abaisse devant ses ordres. sa main vient toucher son front entre l'arcade et cette énième cicatrice bien encrée dans sa peau. cette parcelle d'épiderme le gratte parfois, à des moments précis, ceux qui indiquent un changement de température corporelle la plupart du temps. une impression de chaleur dans la pièce, les effets de la drogue, la douleur lancinante. un instant perdu dans ses pensées. il se ressaisit bien assez tôt, le souffle lent, reposant son regard sur le visage de son invitée.   

elle se perd finalement dans ses propres enchaînements, dos à son admirateur. elle le sent, son regard, la parcourir de long en large. ça lui donne une drôle de sensation. comme si pour une fois, c'est elle qui avait le pouvoir. comme si elle pouvait mener la danse. avoir de l'emprise sur lui. mais simple sensation. simple impression. comment peut-elle en avoir sur lui? homme tragique, torturé, torturant. meneur. depuis le début, c'est lui qui mène la barque. en même temps, pas trop le choix, quand on repense à leur relation. purement sexuelle, presque professionnelle. comme si son métier était de vendre son corps, pour quelques vas-et-viens. ça ne l'a pourtant jamais intéressé, toujours repoussé. jusqu'à lui. jusqu'à cette fameuse soirée aussi, d'où elle garde malgré tout quelques séquelles. d'obligation. parce qu'elle n'en avait pas eu envie, contrairement à lui. mais soit, elle fait avec. elle survit quand même. oublie, se laisse submergé par cet instant précis. et encore, il veut plus. toujours plus. à sa phrase, elle s'arrête. son corps ondulant devient droit, et elle fronce les sourcils, se retournant vers lui doucement. plonge dans ses yeux, pose ses mains sur ses hanches. non. ça lui rappelle trop le sinner, pour le coup. danser, c'est pas pareil, puisqu'elle danse même hors du travail, alors elle a l'habitude. mais danser en se déshabillant? non. nouveau changement d'ambiance. elle souffle du nez, en rage contre lui, qui gâche le moment. comme d'habitude. puis elle réfléchit pas. sort une réplique, presque cinglante. "si tu veux voir des meufs se déhancher et se déshabiller devant toi, tu sais où aller pour ça." elle croise les bras, recule d'un pas, se trouvant d'un coup trop proche de lui. contradiction. deux minutes plus tôt, elle n'attendait que ça, sentir sa peau, recevoir son contact. maintenant, elle veut juste partir. elle avance, reprend son téléphone pour arrêter la musique, puis tente de faire son sac tant bien que mal, les mains tremblantes. la colère. la colère.