stars can't shine without darkness. (chuck)

Il est des questions qu'il a entendues si souvent qu'elles lui filent la nausée.
« dis, pourquoi tu as toujours ton casque sur les oreilles ? t'as pas peur de devenir sourd ? » je serai sourd à trente ans, c'est pas un problème, au moins j'entendrai plus vos conneries et ta voix criarde. « t'écoute quoi comme musique ? » pas ce qu'on entend à la radio. mais c'est pas de la vraie musique, pour vous, c'est plutôt des cris. « t'es pas très bavard, non ? » je sors pas pour emplir le silence de paroles plus vides que l'air, si c'est ça que t'insinues. « t'aurais pas envie de retourner à l'école ? » et devoir fermer ma gueule quand je me fais chier ? même pas en rêve.
« mais Charles, tu fais quoi de ta vie ? » je perds ton temps et tu me fais perdre le mien.

Il aurait pu faire des grandes choses. Devenir médecin ou astronome. Ou reprendre la boîte de papa. S'il ne fait rien de tout ça, c'est parce qu'il n'a pas envie. Ça le ferait bien chier d'entrer dans un moule.
Lui, il a déjà frappé son père. Il comprend pas vraiment le tabou. Son père il a rien dit. Il a pas bougé. Il a dit "ok" et il s'est barré. De toute façon son père c'est son esclave.  Ça gêne les gens.
Mais du coup, c'est pas la peine de lui demander de retenir les règles de grammaire ou ce qui s'est passé pendant la guerre froide. Il en a rien à cirer ; et puis, de toute façon, ce n'est pas avec les mots qu'il s'exprime. C'est avec les images. Les faces rouges des chairs dénudées et les joues barbouillées de cendres. Des fois il se calme, mais des fois il se dit que vraiment, s'il y avait un taré pour lui demander s'il pourrait pas pas l'écorcher, il dirait oui, juste pour savoir comment on le fait en vrai. histoire de voir un vrai écorché vif, de ses propres yeux.
Il y a eu trop de gens pour lui dire qu'il était bizarre ; et ça l'énerve. Il est juste différent, et il n'aime pas qu'on vienne l'emmerder. Le truc, c'est que Chuck il aime être seul, mais pas tout à fait.  Il faut qu'il y ait des gens autour de lui, des oreilles à qui hurler ses malédictions.
« c'est ça ta tronche irl ? t'as tellement une tête de merde. » oui, merci, c'est les gènes, on peut pas lutter.

Dans la maison, il y a des photos. Des photos de gens de la famille, et des cadres renversés sur les meubles. Qu'on n'enlève pas, parce qu'il n'en a pas envie. Dessus, il y a l'image d'une femme avec des cheveux clairs et un visage doux. Elle lui ressemble un peu, à Chuck. C'est sa mère. Elle est la raison pour laquelle son père lui donnerait tout, parce qu'il culpabilise que sa seule façon d'exister dans cette maison, c'est à travers ces cadres. Chuck n'aime pas les voir. Mais le papa, lui, il apprécie de les retourner de temps en temps, et il a des larmes au bord des yeux.
Chuck il n'aime pas les gens qui pleurent. Quand elle est morte, il a retenu ses larmes. Il préfère les gens qui rient.

[00:07:41] 666eos: je suis trop joie, j'ai obtenu une nouvelle tablette !!!
[01:20:08] 666eos: je me fais chier, t'es là ?
[01:44:03] 666eos: tu sais aujourd'hui j'ai dessiné quelqu'un dans la rue
[01:44:57] 666eos: mais sans ses yeux
[01:45:53] 666eos: c'était beau
[03:36:17] 666eos: je me suis assis sur mon casque j'ai failli le casser
[03:59:58] 666eos: je sais que t'es là, arrête de m'ignorer
[04:27:10] 666eos: Bon, est-ce que je te fais quelque chose ? Tu as une raison valable de m'en vouloir, ou c'est juste que tu as décidé de m'emmerder ? Tu sais, c'est pas mon problème, si tu veux plus me parler, je peux très bien vivre sans toi.
[04:58:22] 666eos : Je te laisse deux minutes pour répondre
[05:00:00] 666eos : mdr bye