bitches i hope you know (girls)

On pourrait presque voir la sueur perler le long de ton front tant la concentration est grande, des réponses vives et dénuées de toute attention pour ce qui l’entoure. Ce collant en résille aura sa peau ce soir. Impossible d’en comprendre le sens, de trouver le trou adéquate -pourtant t’es plutôt une experte dans le domaine- non là, t’es dans le mal le plus vicieux et c’est ta patience que tu perds peu à patience. Tu l’es habituellement, mais à cet instant, t’aurais plutôt envie de manger ces fils noirs qui s’entrelacent comme un plat de spaghettis et ne plus jamais voir ce vêtement de ta vie toute entière.  Tu voudrais l’arracher en plein de morceau et t’as trop honte de demander à une des filles pour qu’elle vienne t’aider. L’impression d’être perdue sans cece tout à coup, elle est sur scène depuis bien trop longtemps à ton goût et toi tu l’attends, comme une brave bête, un peu démunie face à la situation. Le vêtement tombe au sol et ce soufflement sans fin qui s’évanouit avec, drapeau blanc. La féminité est parfois un mystère dont tu ne descelles pas encore toutes les facettes, le maquillage était loin d’être facile pour toi qui n’avais encore jamais touché un fard de ta vie. Pauvre biche égarée, voilà un an qu’on t’apprend à vivre, qu’elles sont là pour t’épauler et c’est souvent la même question qui revient. Comment t’aurais pu faire sans elles ?
Le besoin est devenu viscérale, t’es la moitié d’un tout, une partie en un peu plus démunies  de ces femmes fortes qui vont et viennent dans ton quotidien. Un vide énorme qu’elles ont comblé à coup de morsures au rouge à lèvres dans ton cœur où elles y ont gravé leurs prénoms au fer rouge. Tout est différent et toi tu te laisses porter par cette vague d’amour à base de douceurs immenses et de brutalités vagabondes à travers de nombreuses actions en faveur de leurs sœurs.  
La porte claque, les quelques rêveries s’égarent aussitôt, la mine réjouie de voir apparaitre la silhouette de cece dans la pièce. « Ça s’est bien passé ? » que tu lances béatement dans l’espoir de capter toute son attention et sans même lui laisser le temps de respirer. La routine somme toute. « T’as pas un collant à me prêter ? J’ai pas réussi avec… bref, j’ai qu’une jupe pour sortir dans l’froid » tu voulais faire la belle, mais c’est raté. T’aurais pas eu plus chaud avec des résilles non plus. Parfois bornée, c’est la raison qui prend le dessus, surtout que tu sais que vous êtes attendues. « gem et riley nous attendent dehors » t’aimerais déjà courir pour les rejoindre, sortir du sinners pour enfin respirer l’air frais à l’extérieur, même pollué.

@cece cartwright @gemma de salm @riley Fitzgerald

Malgré son éternelle réputation de nana complexe, joli euphémisme pour sous-entendre casse-burnes, brutale et véhémente par-dessus le marché (nouvel euphémisme signifiant un rien hystérique), Cece s'enorgueillissait pourtant de plaisirs simples.
Danser la dernière au Sinners est l'un d'eux.
Sans la pression d'opales impatientes brûlant son dos, la belle se dévoile et s'épanouit comme des pétales trop longtemps fermés. Elle ondoie plus lentement, plus longuement, laisse ses courbes électrisées dicter un rythme sensuel, yeux mi-clos et lèvres lascives, alerte au moindre frémissement de ces messieurs ... eux-mêmes réduits à l'état de vulgaires mécanismes en surchauffe derrière le rideau de ses paupières. Car c'est de là, qu'elle tire son plaisir : instigatrice et témoin privilégié d'un désir difficilement contenu, qu'elle se fait une joie ... que dis-je, une putain d'allégresse de crever tel un ballon de baudruche lorsque les fantasmes évanescents se muent en des murmures indécents. Qui n'appellent qu'un non. Un non bravache, un non revêche, un non craché, sifflé, acide ou insolent, mais une négation absolue qui ne deviendra jamais peut-être, encore moins le oui rêvé. Alors ce soir, comme tant d'autres, Cece s'amuse et entre dans son plus beau rôle de composition, l'allumeuse, la vierge un peu salope, la femme-objet dont rêvent les hommes, princesse le jour et chienne la nuit, mère, épouse et amante à la fois, crevant sous le poids que la société lui impose. Louve parmi les chiens, fauve au milieu des hyènes, elle se déhanche et concentre les efforts de son corps atomique sur sa victime d'un soir, poings serrés et mâchoires contractées, qui ne manquera pas de franchir la ligne rouge ... ou d'essayer, du moins.
Et puis la musique s'achève bien avant elle, brutalement, et Cece balance un regard noir en direction de Sil, qu'elle soupçonne d'être à l'origine de ce dysfonctionnement. Par solidarité queutarde, sans doute, un concept aussi archaïque que le patriarcat lui-même. Mais ça ne fait rien, le deuxième plaisir facile à danser la dernière est tout aussi bon : tout laisser sur place, vêtements échoués et dentelle abandonnée dans une oeuvre d'art bon marché. Et jubiler en se disant que ça sera à une silhouette masculine de se pencher en grommelant pour ramasser ses merdes, puisque nulle danseuse ne viendra fouler ces terres décadentes jusqu'au lendemain. Elle va se faire engueuler, Cecilia, et comme à chaque fois, elle prêtera une oreille faussement attentive et jurera qu'on ne l'y reprendra plus.
Elle abandonne la scène, non sans une dernière œillade brûlante à l'abruti qui risque de crever son pantalon à force de rêver à un extra, et glisse derrière les lourdes tentures pourpres, pour retrouver la ruche bourdonnante et bienveillante mais surtout Kit, reine parmi les abeilles, dont l'aura singulière vient électriser son âme. "La routine. On sait bien qu'il ne leur faut pas grand chose pour être captivés." s'amuse Cece, la moquerie facile au bord des lèvres. Elle se fend d'un sourire canaille en direction de sa complice, avant de renfiler ses fringues à la hâte, bercée par le soprano mélodieux de Kitty et sa requête. Elle songe à ses bas abandonnés sur scène alors qu'elle enfile les collants tant désirés par sa belle et à combien il coûterait à sa fierté de retourner d'où elle vient pour les ramasser. Son caractère de cochon combat ses instincts de louve et Cece tranche sans tarder. Ses gambettes se dénudent sous sa jupe en (faux) cuir et ses collants neufs deviennent siens. "Tiens chaton, j'ai le sang chaud t'inquiètes." Elle n'aura pas froid Cece qui bouillonne, qui exulte, qui éructe, explose au rythme de ses veines qui pulsent et de ses organes qui se compriment ou tambourinent. Elle tend le Graal à Kit non sans laisser ses lèvres taquines papillonner pour déposer un baiser sur le haut de son crâne, alors que sa copine emploie les mots magiques, capables de chasser jusqu'à l'orage cloué au-dessus de son crâne. "Génial ! On a de quoi célébrer en plus, avec Eliott qu'a été coffré." Un des connards de la période lycée de Gemma, soupçonné d'être abusif avec sa nana à la peau bleuie. Beau travail d'équipe, d'infiltration, de séduction, de menaces, d'entraide à cette jolie fleur fanée entre ses mains et d'incursions jusqu'à son historique internet, pour finir par cette conclusion en apothéose. Une raclure de moins dans ce trou maudit.
Les filles se hâtent de glisser dans leurs étoffes puis de nouer leurs mains pour rejoindre comme un seul homme la centre de leur univers : les coeurs qui battent à l'unisson, les voix qui s'élèvent comme une seule et les bras qui s'abattent, qui vengent et ne pardonnent pas. Jamais. Cece embrasse de ses yeux de chat brillant de fierté chacune des filles qui compose son univers, s'attarde longuement sur sa plus vieille amie, la moitié de son âme, Dylan, et a l'impression de mieux respirer, près d'elles. Comme si le poids qui écrasait en permanence sa poitrine se dissipait un peu, sous leurs parfums entêtants. "Vous devriez faire ça plus souvent, y a pas mieux comme comité d'accueil." Surtout après avoir partagé les dernières heures aux côtés de sales glands. Elle sourit Cece, librement, simplement, avant d'agiter presque délicatement le sac anormalement gonflé qui pend à son épaule. "J'ai acheté du champagne pour fêter notre victoire !" Bon, par acheté, elle entendait "subtilisé" au Sinners en comptant sur la négligence des uns et des autres pour fermer les yeux mais l'intention était là, non ?