la lumière vagabonde et mon coeur avec elle (tim)

t'as insisté pour qu'il se couche parmi les draps.
tu lui as demandé de t'y rejoindre.
mais l'enfant-soleil, il a refusé.
il s'est allongé sur le sol et n'a plus bougé
alors t'as fait la même chose,
le gardant enlacé contre toi,
toute la nuit.
et les suivantes aussi ;
s'il veut bien rester.

les paupières qui se soulèvent,
sous l'attaque des rayons lumineux
tu l'observes un sourire aux lèvres.
le bonheur dans l'âme.

pour une fois, t'es bien
le dos crispé d'avoir côtoyé le parquet,
le crâne qui résonne contre la dureté du sol
mais hyacinthe à tes côtés
il rend les choses belles.

c'est pas compliqué, finalement
de s'laisser aller.
d'oublier les tracas sans intérêt.
de caresser ces mèches soyeuses et sans défauts
tout en recevant ces baisers réconfortants.
la prochaine fois, on dort sur le lit.
tu fermes à nouveau les yeux, te nichant un peu plus contre lui.
trop mal aux épaules...

hyacinthe et tim
tim et hyacinthe
ils ont pas grand-chose en commun, finalement.
si ce n'est les vers et les baisers tout doux.
l'un s'empare des rues pour en faire son chez-soi,
l'autre se perd dans sa propre maison qui l'étouffe par sa grandeur.
l'un déclame des jolies phrases spontanées au possible,
l'autre bafouille quand il comprend que sa vie ne rime à rien.

y'a rien d'joli ici ;
un ramassis d'connerie, bon à j'ter.
peut-être que tu ne te rends pas compte
de la chance que tu as.
parce que t'as jamais compris qu't'avais une vie
bien plus lumineuse que la majorité.
et au lieu de t'en réjouir, tu passes ton temps à rêver d'mieux.

mais pas aujourd'hui.
reposé et épanoui, t'as qu'une chose en tête ;
son visage.
ses traits magnifiques qui te hantent
ses lèvres amoureuses qui chatouillent les tiennes
et te font presque oublier,
qu't'es loin d'mériter tout ça.

tu l'écoutes attentivement, laissant chaque mot
s'inscrire et graver ton esprit au fer blanc.
puis t'attrapes le fameux carnet
accompagnateur de tes balades et de tes insomnies.
t'y notes les paroles de hyacinthe
bourrées d'un sens trop beau.

tu lui montres ses vers couchés sur le papier,
puis t'attends
qu'la suite vienne.
un sourire indélébile
gardant sa place sur tes lippes fragiles.

et cette fois-ci, c'est toi qui l'embrasses
doucement, tendrement
t'as envie d'penser à rien,
juste à cette sensation
d'apaisement, presque.

tout parait bien trop simple
bien trop agréable bien trop beau.
pourtant, au fond, tu l'sais
que demain surviendront les plaintes
de nouveau.
parce que hyacinthe il sera pas là
tu te retrouveras seul dans cette chambre
marmot fragile perdu et solitaire.

t'essayes de pas y penser,
parce que le jeune homme à tes côtés,
il te fait rayonner.
peut-être que l'amour c'est facile ;
des mots doux
des baisers volés
des sourires trop grands
et des bras qui enlacent.
tu sais pas, finalement
t'es trop inexpérimenté pour te douter
de quoi que ce soit.
et puis, t'as l'habitude de tout compliquer.

alors t'imagines ton monde à toi,
avec hya pour l'illuminer
pour l'embraser.
et c'est tellement mieux.
tu lies tes doigts aux siens
parce que t'as sans cesse besoin de ce contact, maintenant.
et t'as toujours envie de l'embrasser, aussi
mais ça c'est un autre problème.

et moi, j'la vois seulement dans tes yeux
la suite du poème.
alors tu ne quittes par son regard
tu t'y noies sans regrets,
pour émerger bourré d'idées.
tu griffonnes le tout, cachant la page
des yeux du concerné.
t'as pas l'droit de lire
avant que ça soit fini.
tu dis, malicieux.

tu peux pas t'empêcher d'rire
quand hya tente par tous les moyens d'accéder aux lignes cachées
jusqu'à s'en coincer la tête entre tes bras.
mais t'as pas envie qu'il lise
parce que ça veut rien dire
c'est qu'une succession d'mots qui s'enchaînent bien
qui s'entremêlent et se soutiennent.
des syllabes qui résonnent joliment dans l'creux du crâne.

peut-être qu'un jour, tu le laisseras y accéder
peut-être bien que oui.
mais pas maintenant.
alors tu luttes, et il finit par abandonner.

pour s'atteler à un jeu beaucoup plus fourbe
mais ça, tu le comprends pas de suite.
et comme un con, tu te laisses embobiner
enivré par ces lèvres dorées.
tu te perds, te noies dans ce baiser
bien loin de l'innocence habituelle.
sa main sur ta nuque te maintient un minimum les pieds sur terre
mais pas assez.

et ces vers qui glissent sur toi
qui attirent tes yeux dans les siens.
t'es tellement faible face à lui
que tu voudrais juste rester là à sourire, pendant une éternité
les mains qui s'accrochent à sa taille et les lèvres qui capturent leurs amantes.

puis tu remarques le carnet dans sa main
l'objet maudit.
alors, amusé et surtout rancunier,
tu pousses doucement son torse pour que son dos s'appuie
contre le sol.
et, tel le serpent vicieux,
tu captures ses jambes entre les tiennes
te dressant fièrement au dessus de lui
joueur, les joues qui brûlent et les yeux qui embrasent.
tu fonds sur ses lèvres comme un faucon sur sa proie
bien décidé à ne pas lui laisser le loisir de déchiffrer tes lettres.

vous ne faîtes que vous renvoyer la balle.
si t'as voulu renverser la situation pour avoir le dessus
t'es peut-être bien en train de te faire avoir une nouvelle fois.
parce que là, avec cet air malicieux et ses doigts qui parcourent ton dos
tu pourrais bien te laisser aller
oublier le fameux carnet et tous ses secrets
et simplement te concentrer
sur hya et son visage d'ange.

mais, à la place, tu secoues la tête
d'un air convaincu et quelque peu railleur
tu préfères frôler ses lèvres plutôt que mouvoir les tiennes
pour en sortir des sons.
de toute façon, t'as toujours pensé que,
parfois
les gens parlent bien trop.

mes vers sont juste médiocres
ils ont pas de sens
pas de couleurs
tes yeux en ont plus.
tes yeux sont beaux comme les étoiles
ils brillent encore plus qu'elles, d'ailleurs.
ayant déjà oublié les pages griffonnées,
tu ne perds pas de vue cette étincelle
qu'il a allumée
et tu sais pas bien ce que tu fais,
quand tu passes doucement, presque sensuellement
ta langue sur ses doigts près de ta bouche.
hésitant, un peu timide aussi
mais surtout envoûté par ce regard.
par ces sensations inconnues qu'il déclenche en toi
ces rafales de frissons que tu contiens difficilement
chaque fois que ses paumes effleurent ton épiderme.

peut-être qu'il a un pouvoir magique, hya
ou peut-être que c'est juste lui, qui est magique.
toujours à califourchon au dessus du garçon,
tu passes ta main sur sa joue
jusque dans ses cheveux.
t'as vraiment les joues en feu.
fait trop chaud ici.