le fruit de la convoitise. (blue)

la convoitise.
on pourrait croire qu’entre amies, on reste clean et on ne convoite pas ce qui appartient à une autre. et pourtant, dans la vie de rory raynes et de niki moon, ça ne fonctionne absolument pas comme ça. parait qu’il arrive toujours un moment où on passe la ligne – borderline – et qu’après c’est foutu. ça, niki, elle l’a déjà vécu… juste que rory le sait pas. nox et niki qui se sont aimés ardemment pendant une soirée pour que niki finisse par le chasser avec un coup de pied au cul et quelques mots acidulés. alors avoir envie se taper son jardinier, c’est quoi à côté ?
niki s’est ramenée chez rory pour la journée – ensemble depuis le jardin d’enfants, les parents raynes se sont habitués à voir la petite moon débarquer un peu n’importe quand, n’importe comment. pas que niki ait quelque chose à faire avec rory particulièrement mais bel et bien pour blue.
- rory n’est pas là aujourd’hui.
rétorque papa raynes. alors niki fait une fausse moue attristée avant de demander, de son air le plus candide et affable – une façon de rappeler à cet homme que niki a été enfant un jour, perdue dans l’innocence aujourd’hui piétinée par la mode et le luxe.
- je peux rester un peu pour prendre le soleil s’il vous plaît ?
certes, niki aurait très bien pu s’amouracher des rayons chauds sur sa peau chez ses propres parents, qui possèdent eux-mêmes une villa dans le style de celle-là. mais monsieur raynes ne pose pas de question : niki fait plus ou moins partie de la famille, comme c’est le cas de rory chez les moon.
le père raynes accepte donc et niki s’en va dans les jardins – gigantesques, comme tout le reste ici – à la recherche de blue. un sourire carnassier prend possession de ses lèvres pleines lorsqu’elle le remarque.
- alors, ça travaille dur ?
elle demande, ronronnement léger qui remonte de sa gorge. elle prend une chaise et se place à quelques mètres de lui, ne le quittant pas des yeux.
- il fait chaud aujourd’hui… n’oubliez pas de vous rafraîchir surtout.
la suggestion qu’elle ne prend pas la peine de masquer outre-mesure. elle se relève même rapidement pour aller prendre le tuyau d’arrosage et le glisser dans sa paume. au cas où il n’aurait pas compris les idées tendancieuses qui passent par l’esprit de niki. et elle se rassoit, croise les jambes avec élégance avec une expression qui ne peut vouloir dire qu’une chose : « alors, j’attends ».

blue ne se considérait pas comme chanceux d’avoir trouvé ce job chez les raynes, mais il était vrai que ce n’était pas le pire travail qu’on puisse trouver sur le marché. après tout, il n’y avait pas des conditions de vie discutables, la paye n’était pas minable et son employeur pas trop imbuvable, il s’en sortait bien, il vivait dans un logement plus correct que ceux dans lesquels il avait vécu enfant et il pouvait prendre le soleil tous les jours, il passait son temps à l’extérieur et ce n’était pas négligeable quand on venait de passer treize années de sa vie derrière les barreaux. il était dans le jardin depuis l’aube maintenant, la faim commençait à lui faire gronder l’estomac, mais blue n’avait pas encore fini ce qu’il avait commencé et il détestait que les choses soient inachevées. « alors ça travaille dur? » la voix d’une gamine à peine sortie de la puberté vient l’interrompre dans son travail, les bras levés, la tronçonneuse dans les mains, il était sur le point de couper les branches gênantes comme abel lui avait expressément demandé hier. apparemment, celles-ci nuisent au bronzage de sa fille et il était impensable que celle-ci reste contrariée plus de quelques heures. « il fait chaud aujourd’hui, n’oubliez pas de vous rafraîchir surtout. » enjôleuse, allumeuse sont les premiers mots qui passent à l’esprit de blue et il se demande si c’est le fric qui rend les gens tordus. il pousse un profond soupir, et se retourne pour lui faire face. il connaît presque tous les visages des gens qui viennent par ici fréquemment maintenant. certains plus que d’autres d’ailleurs. le sien en fait partie. « qu’est-ce que tu veux? » il questionne en roulant des yeux bien qu’il sache pertinemment la réponse à cette question. la gamine est en train de jouer avec le tuyau d’arrosage comme si c’est sa queue qu’elle avait entre les doigts et ça lui coupe le souffle autant que ça l’emmerde. il voudrait qu’elle déguerpisse rapidement ou du moins avant que quelqu’un ne remarque qu’elle est ici et qu’elle joue avec ses nerfs, il ne peut pas croire qu’elle ait autant d’audace pour son âge. mais, il commence à être habitué à se farcir des gosses de riches puisque ici ils passent la porte comme s’ils étaient tous chez eux. la pire étant sûrement la gamine du patron, une insupportable petite princesse qui geint dans les bras de papa dès que quelque chose ne lui convient pas. au moins, la brune qu’il a en face de lui semble assez grande, assez mature pour se procurer ce qu’elle souhaite plus que tout d’elle-même et non avec l’aide de quelqu’un. malheureusement, tu n’es pas décidé à rentrer dans son jeu. « dégage d’ici avant que quelqu’un ne te voit et que je ne sois envoyé en prison une deuxième fois. pour un troisième putain de meurtre, tu veux? » il arque un sourcil pour bien lui faire comprendre qu’il ne plaisante pas, il démêle rapidement le fil de la tronçonneuse qui s'est emmêlé et tourne le dos à la môme avant de l’allumer et de se mettre à bosser.

« qu’est-ce que tu veux? »
palabre incisive, la gamine moon en aurait presque un mouvement de recul si elle ne s’y était pas foutrement attendue. après tout, c’est pour sa plastique presque parfaite mais également pour ses réparties que niki aime tant venir voir le jardinier. comme un papillon attiré par la lumière, niki est incapable de ne pas gambader dans le jardin à sa recherche. niki, c’est pas la douceur des caresses qui l’intéresse ; niki, elle aime quand c’est violent, quand ça casse le quotidien, quand ça casse les reins.
« dégage d’ici avant que quelqu’un ne te voit et que je ne sois envoyé en prison une deuxième fois. pour un troisième putain de meurtre, tu veux? »
la franchise du jardinier parvient quelques instants à la déstabiliser mais elle recouvre bien vite l’expression hautaine qui ne quitte presque jamais son minois gracile. un troisième meurtre ? si les palabres du garçon étaient destinées à faire fuir la moon, c’est pourtant tout l’inverse qui se produit. tester les limites des gens – et prendre des risques – c’est le péché mignon de niki. et puis l’attrait du danger excite terriblement ses sens, comme tous les enfants qui jouent avec le feu parce qu’ils n’ont jamais été brûlés.
- tu devrais être plus poli, chéri.
elle ronronne, hausse les épaules et balaie ses cheveux d’un coup d’épaule nonchalant. elle lâche le tuyau et lui tourne quelques instants autour, prédatrice analysant sa proie du moment.
- j’ai passé une grande partie de ma vie ici. rory est comme une sœur pour moi et abel…
le choix des mots l’oblige à un silence théâtral qu’elle ne vient pourtant pas remplir avec davantage d’informations à propos d’une quelconque relation. elle-même n’est pas véritablement capable de mettre des mots sur ce qui les lie ou les sentiments – éphémères, comme toujours – qui l’habitent.
- un mot de ma part et tu peux oublier ta place ici.
un sourire carnassier vient s’amouracher de ses lèvres. bon, niki n’est pas certaine qu’un seul et unique mot soit suffisant mais elle est suffisamment proche des raynes pour que ses mots aient un certain poids, et un poids certain. le chantage ne fait absolument pas horreur à la blonde, même si l’idée d’avoir ce qu’elle veut par ce biais la dégoûte un tantinet. toujours est-il que le chantage n’est là que pour le forcer à apprécier sa présence encore quelques minutes ou quelques heures…
- allons chaton, je ne vais pas te manger.
elle murmure dans son dos près de son oreille avec une inflexion mystérieuse. mais niki, elle veille à rester suffisamment loin de la tronçonneuse pour ne pas se prendre un éclat qui ne lui est pas destiné – à moins que le jardinier n’ait changé ses plans.