death is in love with us

- la tête tournée vers les étoiles -
i. trailer home
des fois, ce sont les arbres du parc d’à côté qui le saluent à chaque réveil – et les junkies qui pissent en dessous, ceux qui n’hésitent jamais à lui rendre les signes de la main un peu trop enthousiastes qu’il leur adresse. le plus souvent ce sont des arbres différents, étrangers et toujours mobiles, ce sont les stations service et leur nourriture pourrie mais aussi familière que les plats de maman,  c’est le paysage qui défile sous ses yeux de gosse émerveillé et sous les roues de la caravane qui sert d’habitation à lui et ses parents.

ii. leather jacket
elle ne le quitte jamais, ni quand il va en cours ni en soirée. elle lui rappelle l’ambiance rockabilly de la caravane et les airs de greaser de ses parents. toujours sur son dos, comme sa mère qui l’aurait été aussi s’il n’avait pas choisi de la laisser faire le tour du continent avec son mari pendant qu’il retournerait au berceau pour y faire ses études.

iii. got2b invincible styling gel
objet fétiche, toujours appliqué généreusement sur le bout des doigts puis le long des cheveux pour se donner un style qui rendrait danny zuko jaloux. puis, délaissé car exclu de son uniforme de travail, ses cheveux le plus souvent couverts par un bonnet. domaine de la médecine, summum de la bonne hygiène et du sérieux. concept trop difficile pour lui, alors malgré son talent il finit par jeter l’éponge. le jour de son départ on l’aura entendu dire j’vais démissionner mec, j’en peux plus, ils me laissent même pas jouer avec les cadavres.

iv. gas station sandwich
danger sanitaire. archi dégueulasse, on sait jamais ce qu’ils foutent dedans. et ça le fait sourire, de voir que c’est toujours aussi infecte. que ça n’a pas changé, et lui non plus d’ailleurs. ça a un goût familier – à part celui d’œuf pourri, ça a le goût des trips avec les parents et de son incapacité à rester au même endroit. deux ans sur la route, entre les motels pourris, les squats douteux et son impala d’occasion qui lui sert le plus souvent de toit. alors il se force à avaler la dernière bouchée avant de faire le plein et repartir, se refaire tout seul le tour du continent qu’il a raté.

v. mailbox
il a pas d’adresse et ça lui va. alors forcément quand y a besoin de le contacter, c’est vers ses parents qu’on se tourne. l’enveloppe avec son nom marqué dessus atterrit chez eux et sa mère n’attend pas de la lui remettre pour en découvrir le contenu. ça dit que… oh bah, t’as hérité d’un manoir à crescent heights ! il sait pas de la part de qui mais ça, il s’en fiche, son gps calé sur le tableau de bord a déjà commencé à lui indiquer les directions.

vi. gargoyles
ça pue l’arnaque, en fait, et vu l’allure de la baraque n’importe qui croirait que c’en était une. mais non, l’adresse est bien à son nom maintenant grâce au grand-oncle de sa mère qu’il n’a rencontré qu’une fois et qui, au moment de sa mort, aurait eu une vision d’un géant qui lui a dit quoi faire de son manoir. en tout cas même si les bardeaux sont pas très stables et que l’électricité déconne un peu, les gargouilles ornant la façade sont toujours quasi intactes. y a même un garage pour la chevrolet, et un sous-sol spacieux dont il compte bien se servir.